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Bienheureuse CÉLESTINE (KATARZYNA CELESTYNA) FARON, vierge religieuse et martyre

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Bienheureuse Célestine Faron

Religieuse polonaise martyre à Auschwitz ( 1944)

Jeune religieuse polonaise, elle était entrée à 16 ans chez les Petites Servantes de l'Immaculée Conception. Elle avait offert sa vie pour le retour d'un prêtre qui s'était éloigné de la foi. Dieu l'entendit. Arrêtée en février 1942 par la Gestapo allemande, elle fut déportée à Auschwitz où elle mourut le jour de Pâques 1944, des suites des tortures qu'elle avait courageusement supportées.


Au camp de concentration d’Auschwitz (Oswiecin), près de Cracovie en Pologne, l’an 1944, la bienheureuse Célestine Faron, vierge, de la Congrégation des Servantes de l’Immaculée Conception et martyre, qui, sous le régime nazi d’occupation, fut mise en prison à cause de la foi et succomba aux sévices.


Martyrologe romain



Bienheureuse Célestine Faron

(Publié: janvier 20, 2013)


Cette année, chaque mois, nous publierons les articles sur les saints ou des bienheureux, qui d’une manière spéciale étaient liés à l’idée de la prière pour les prêtres.

Célestine (Catherine) Faron a été née le 24 IV 1913.

Elle était éduquée dans tres religieuse polonaise famille. Elle perdait sa mère à l’âge de 5 ans.

Elle était une étudiante honnête et studieux. Jeune religieuse polonaise, elle était entrée à 16 ans chez les Petites Servantes de l’Immaculée Conception. Elle participait à un certain nombre de cours et de formation. Elle était une catéchiste. En plus: elle aidait les personnes âgées qui habitaient près du monastère. Elle avait soin des enfants dans la maternelle.

Un jour elle renseignait qu’il avait le prêtre avec le même nom – ce prêtre abandonait la prêtrise. Elle avait offert sa vie pour le retour d’un prêtre qui s’était éloigné de la foi. Elle priait pour son conversion. Dieu l’entendit. Arrêtée en février 1942 par la Gestapo allemande, elle fut déportée à Auschwitz. Elle était aimée – elle adait tous prisonniers, qui avaient besoin. Dans le camp de concentration, les gens avaient les conditions terribles: beaucoup d’insectes, de rats; une capable de prendre soin de l’hygiène était négligeable. Les prisonniers en Auschwitz souffraient, parce que ils étaient malade (c’ était possible d’observer les maladies: le froid, la fièvre typhoïde, la gale). Elle mourut le jour de Pâques 1944, des suites de souffrance, qu’elle avait courageusement supportées.

Le prêtre, Wladyslaw Faron, retournait à l’église – il était le prêtre encore. Son ministère devenait fidèle, sérieux, digne, pieux, dévoué et zélé. Célestine (Catherine) Faron devenait bienheureuse le 13.06.1999 (elle était emmi 108 martyrs polonais, qu’ils étaient béatifiés à cette jour à Varsovie).

Les sources: http://www.gron.com/





Katarzyna Celestyna Faron


Religieuse, Martyre, Bienheureuse

1913-1944

Katarzyna Celestyna Faron naquit le 24 avril 1913 dans la ville polonaise de Zabrzez.
Plus tard, elle entra chez les Petites Servantes de l’Immaculée Conception et, après ses vœux perpétuels et après avoir acquis une maturité spirituelle indéniable, elle devînt supérieure de la communauté de Brzozow.
Après l’avènement du régime nazi et, comprenant les conséquences que cette utopie pourrait engendrer, elle offrit sa vie pour un prêtre qui en était devenu adepte. La Gestapo ayant eu connaissance de l’aversion de sœur Katarzyna envers le nazisme, l’arrêta et l’envoya aux travaux forcés à Auschwitz.
Dans ce camp de concentration de triste mémoi-re ― situé tout près de la frontière polonaise ― sœur Katarzyna affronta héroïquement les souffrances les plus horribles, venant à mourir des suites de celles-ci le jour de Pâques, 9 avril 1944, alors qu’elle allait bientôt (le 24 avril) fêter ses trente-et-un ans.
Elle fait partie de la “cohorte” des 108 martyrs des camps de concentration nazis, durant la Seconde Guerre mondiale, que le 13 juin 1999, à Varsovie, sur la place Pilsudski, le Pape Jean-Paul II l’éleva aux honneurs des autels, “ad perpetuam rei memoriam”.
« Les martyrs du nazisme sont morts pour la plupart dans les camps de concentration. Des prêtres diocésains et religieux furent arrêtés parce qu’ils refusaient de renoncer à leurs activités pastorales, défendaient les Juifs ou les communistes, des prêtres furent fusillés par raillerie le Vendredi Saint. »
Mais, ce n’est pas tout. Un chroniquer explique que, « le nombre élevé de prêtres est lié au fait que le nazisme s’acharnait tout particulièrement contre les hommes d’Église qui par leur témoignage dénonçaient un système basé sur la violence et la haine ».
Ce même jour, fut aussi celui de la glorification du fondateur de la Congrégation à laquelle appartenait sœur Katarzyna, le laïc Edmund Bojanowski.


Le martyrologe romain fait mémoire, le 9 avril, de la bienheureuse polonaise, martyre, victime du nazisme, Célestine Faron(1913-1944).

Célestine (Catherine) Faron est née le 24 IV 1913.

Cette jeune polonaise perdit sa mère à l’âge de 5 ans.

Elle fut une étudiante honnête et studieuse. Elle entra dès l'âge de 16 ans chez les Petites Servantes de l'Immaculée Conception. Elle participa à un certain nombre de cours et fut catéchiste. Elle exerça par la suite la charge de maîtresse à la crèche où avait soin des enfants. En plus, elle aidait les personnes âgées qui habitaient près du monastère. Elle devint plus tard supérieure de la maison religieuse de Brzozow.
 
 Elle s'était donné ce programme de vie consacrée: "Par le moyen de la profession (religieuse), devenir un holocauste pour Jésus sur le chemin de l'amour et du sacrifice, et suivre l'Agneau immaculé".

Elle avait aussi le souci des vocations sacerdotales.

Elle apprit qu'il y avait un prêtre qui portait le même nom qu'elle. Ce prêtre allait abandonner la prêtrise. Elle décida d'offrir sa vie pour le retour à la foi de ce prêtre. Elle se mit à prier pour sa conversion.

Dieu l’entendit. Après l'invasion de la Pologne par les troupes du IIIe Reich, elle fut arrêtée le 19 février 1942 par la Gestapo et finalement déportée à Auschwitz. Elle y fut très aimée – elle aidait tous prisonniers qui en avaient besoin. Dans le camp de concentration, les gens vivaient dans des conditions terribles : beaucoup d’insectes, de rats ; les conditions d'hygiène étaient déplorables.

 A Auschwitz, les prisonniers  souffraient, parce qu' ils étaient malades (le froid, la fièvre typhoïde, la gale).

Célestin Faron mourut le jour de Pâques 1944, des suites des tortures qu’elle avait courageusement supportées.

Le prêtre, Wladyslaw Faron, retourna à l’église – il resta prêtre. Son ministère devint fidèle, sérieux, digne, pieux, dévoué et zélé.

Célestine (Catherine) Faron fut béatifiée, en tant que martyre, le 13 juin 1999, à Varsovie, par le pape Jean-Paul II, avec 107 autres martyrs polonais du XXe s.

Blessed Katarzyna Faron

Also known as
  • Celestyna Faron
  • Catherine Faron
  • Celestine Faron
  • prisoner #27989
Profile

Orphaned at age five, Katarzyna was raised by childless relatives. Entered the Congregation of the Sisters Servants of Mary Immaculatein 1930, taking the name Celestyna and making pertual vows on 15 September1938. Catechist and kindergarten teacher. During World War II she ran an orphanage, led a religious house, and continued to work as a catechist. Arrested by the Gestapo on 19 February1942 at Brzozów, Poland, charged with conspiracy against the Nazi regime. Imprisoned in Jaslo, Poland, then Tarnów, Poland, and finally shipped to Auschwitz-Birkenau extermination camp where she was put to work digging ditches. Developed tuberculosis and typhoid, and her health finally collapsed completely. Martyr.

Born

Blessed Katarzyna Faron

Katarzyna Faron’s early life was filled with sadness and loss as she was orphaned at the age of just five years old. She was brought up by an aunt who was unable to have children. As a teenage girl she developed a vocation to the religious life. It was in 1930 that she entered the Congregation of the Sister Servants of Mary Immaculate and made her final profession eight years later. Her name in religion was Celstyna. She was encouraged to train as a teacher and developed a particular heart for the younger children. Because of her own difficult and traumatic experiences in early life, Katarzyna cared greatly for those who had lost her parents. During the occupation of Poland she was the local superior of a religious house and oversaw the running of an orphanage.

As with Blessed Bronislaw Koskowski, the Gestapo arrived one day and searched the orphanage. Katarzyna was arrested and charged with conspiracy. After imprisonment in two camps she was transported to Auschwitz where she was given hard manual work to complete which included ditch digging. Weakened by this back breaking labour, she developed tuberculosis and typhoid. She died on Easter Sunday in 1944. Katarzyna provides a wonderful model for those who have experienced a traumatic childhood. Despite a difficult start in life she achieved a great deal and cared for the most vulnerable. Her invincible faith brought her through her early life and sustained her throughout her final suffering.


The blessed sister Celestine (Katherine) Faron

Sister Katherine (Celestine) Faron was born 24 VI 1913 in Zabrzez in Poland. When she was 5 years old, her mother died. Katherine was brought up by relatives, who didn’t have their own baby. These relatives were very religious people and they shared all religious and moral rules with Katherine. Little Katherine was especially impressed by Mary and saint Thérèse of the Child Jesus. In 1920 she began her education in primary school; she took Holy Communion for the first time in the first year of her education in this school. She was always faithful to her vocation, so when her father and her aunt gave her permission, Katherine submitted a request to join the congregation of the Little Servant Sisters of the Immaculate Conception in Stara Wies. In April 1929 she got permission to join the congregation. She took final vows in 1938. Katherine participated in many courses in Lviv, Poznan and Przemysl – with such qualifications she could work as a teacher, tutor and catechist.

She was said to be a devoted, united with God person, who had prayed with a great faith. Katherine worked in kindergartens for kids from poor families, so she cared especially about children and called them “treasures”. She wanted to know what is going on in fatherland and in Church. She was interested in a service for the conversion of human souls. In Lviv she got an information that there was a priest with the same name as her; this priest decided to abandoned a priesthood. Katherine resolved to devote her life in the intention of his conversion. In January 1938 she worked in the kindergarten in Brzozow. What is more: she looked after old people, who lived in the vicinity.

Katherine lived in Brzozow in September 1939, when the Second World War began. In this period, she managed a monastic house for nuns from Brzozow, she worked in kindergarten (in this time there was an additional task of fatten children). Somebody informed against her. On 19th February 1942 sister Celestine got a directive to come to the headquarters of gestapo in Brzozow. When a nun from their monastic house advised her to escape and to hide somewhere, Katherine said that it wouldn’t be a good solution, because it could result in many troubles for congregation. She preferred to suffer on her own. She went to the headquarters of gestapo and never came back. From the moment of being arrested, she began her Stations of the Cross (God accepted her request to become “a burnt offer for Jesus Christ and to devote her life in the intention of a conversion of the priest”). Till August 1942 she have been in prison in Jaslo, then in prison in Tarnow. On 6th January 1943 she was transported to concentration camp in Auschwitz – Birkenau. Her number in concentration camp was 27989; she got stripped uniform and wooden shoes. She was to live in barrack number 7. Katherine dug trenches – it was extremely hard work for her, because she had to stand in deep pool and throw away heavy sand. Soon, she became ill – a cold, a spotted fever, a scabies. She was moved to the barrack number 24 (she rested there until she died).

Because of bad conditions in concentration camp, Celestine’s illness developed and eventually it turned out that she had a tuberculosis and hemorrhages. From time to time she got some packages from nuns from congregation – she shared received things with other prisoners. The hygienic conditions in concentration camp were a hard experience – there were: fleas, bedbugs and a plague of rats. Ill prisoners were in the worst situation, so Katherine (because of her health problems) had to suffer a lot. Her companions tried to do as much as possible to help her – many times they tried to hide Celestine, because they were afraid that she would be destined to crematory. Katherine’s companions wanted her to survive.

All testimonies of her companions and other prisoners, letters from concentration camp (censored by occupation forces) gave a possibility to get to know many things about Celestine. She praised God in suffering and she advised other people to do the same. In her last letter she pointed out that it was important to glorify God, irrespective of the circumstances. She didn’t feel any grief, she didn’t look for enemies or people, who were “responsible” for her suffering. She repeated: “this is God’s will and His will!“ She went through many difficulties and suffering because of her persistent prayer – she prayed for conversion of sinners, for fatherland, for congregation and especially: for priests (they were treated badly and destined to crematories). Katherine was sad that there wouldn’t be anybody to celebrate Holy Masses. In addition: she prayed for Hitler – main author of this cruel plan. Development of illness could be a sign that an end of her life was approaching. Sister Celestine believed that she wouldn’t die without taking Holy Communion (she celebrated nine successive First Fridays). Eventually, she took Holy Communion as a viaticum on 8th December 1943. Holy Communion was secretly brought to concentration camp by a priest, who came to camp with other prisoners from Lviv. After taking Holy Communion, Katherine started to maintain that she wouldn’t survive until the release of prisoners.

 Sister Celestine died on Easter (on 9 April 1944 at 2:20 am). She was sincerely missed by her companions. Her dead body was wrapped in a fabric – Katherine’s companions took it to special car going to crematory. Sister Lidia wrote: “Her body became a handful of dust, but we believe that she is participating in eternal delight with Jesus Christ”.

God answered Celestine’s prayers: father Wladyslaw Faron (with two other men, who abandoned priesthood) came back to Church and fervently continued his service; for many years he worked in Diocese of Szczecin.

Sister Celestine (Katherine) Faron was beatified by pope John Paul II on 13th June 1999 (she was in a group of 108 polish martyrs).

Information based on articles from website: http://www.gron.com/


Beata Caterina Celestina (Katarzyna Celestyna) Faron Vergine e martire


Zabrzez, Polonia, 24 aprile 1913 – Auschwitz, Polonia, 9 aprile 1944

Caterina Celestina Faron, nata nel 1913, fa parte della schiera dei martiri polacchi del nazismo. La suora aveva offerto la sua vita per la conversione di un sacerdote. Arrestata dalla Gestapo fu condannata ai lavori forzati nel campo di Auschwitz. Affrontò eroicamente le sofferenze, morendo il giorno di Pasqua del 1944. La giovane religiosa è stata beatificata da Giovanni Paolo II in Polonia il 13 giugno del 1999 insieme ad altri 107 martiri e a Edmund Bojanowski (1814-1871), fondatore della sua Congregazione di appartenenza, le Ancelle dell'Immacolata Concezione. (Avvenire)

Martirologio Romano: Nel campo di sterminio di Auschwitz vicino a Cracovia in Polonia, beata Celestina Faron, vergine della Congregazione delle Piccole Serve dell’Immacolata Concezione e martire, che, durante l’occupazione militare della Polonia in tempo di guerra, fu gettata in carcere per la sua fede in Cristo e, dopo essere stata sottoposta a torture, ottenne la corona gloriosa.

Katarzyna Celestyna Faron nacque il 24 aprile 1913 nella città polacca di Zabrzez. Entrò fra le Suore Ancelle dell’Immacolata Concezione e divenne superiora della comunità di Brzozow. Con l’avvento del regime nazista, la religiosa aveva offerto la sua vita per la conversione di un sacerdote. Arrestata dalla Gestapo, fu condannata ai lavori forzati nel lager di Auschwitz. Affrontò eroicamente le sofferenze, morendo in seguito alle numerose torture subite il giorno di Pasqua 9 aprile 1944, ancora in giovane età.


Papa Giovanni Paolo II l’13 giugno 1999 elevò agli onori degli altari ben 108 vittime della medesima persecuzione nazista, tra le quali la Beata Katarzyna Celestyna Faron, che viene dunque ora commemorata dal Martyrologium Romanum in data odierna. In quell’occasione fu beatificato anche il fondatore della congregazione di appartenenza di Suor Celestina, il laico Edmund Bojanowski.



Autore: Fabio Arduino



Saint DAVID URIBE VELASCO, prêtre et martyr

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Saint David Uribe Velasco Chapelle, église Saint François d’Assise,
 Iguala de la Independencia, Guerrero, Mexico

Saint David Uribe

Prêtre et martyr au Mexique ( 1927)

David Uribe Velasco, né en 1888, ordonné prêtre en 1913, a été exécuté le 12 avril 1927 parce qu'il refusait le schisme créé par le gouvernement mexicain.

Béatifié le 22 novembre 1992, canonisé le 21 mai 2000 (homélie de Jean-Paul II) avec saintCristóbal Magallaneset ses compagnons.


À San José, sur la territoire de Chilpancingo au Mexique, en 1927, saint David Uribe, prêtre et martyr, qui pendant la persécution religieuse en ce pays, fut tué d’un coup de revolver dans la nuque.


Martyrologe romain




Saint David URIBE VELASCO

Nom: URIBE VELASCO
Prénom: David
Pays: Mexique

Naissance: 29.12.1888  à Buenavista de Cuéllar (Guerrero – Diocèse de Chilapa)
Mort: 12.04.1927  à San José Vistahermosa (Morelos – Diocèse de Cuernavaca)

Etat: Prêtre  -  Martyr du Groupe des 25 martyrs du Mexique (1915-1937)  2

Note: Prêtre le 02.03.1913. Curé d’Iguala (Guerrero). Arrêté, on lui propose une large liberté s’il accepte de devenir évêque de l’église schismatique créée par le gouvernement. Il refuse, est emprisonné et exécutéà San José Vistahermosa.

Béatification: 22.11.1992  à Rome  par Jean Paul II
Canonisation: 21.05.2000  à Rome  par Jean Paul II
Fête: 21 mai

Réf. dans l’Osservatore Romano: 1992 n.48  -  2000 n.22 p.5-7
Réf. dans la Documentation Catholique: 1993 n.1 p.49
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/hagiographie/fiches/f0656.htm

Saint David Uribe

 David Uribe naquit le 29 décembre 1889 dans le diocèse de Chilapa au Mexique.

Il fut curé à Iguala ( Chilapa ) et exerça son ministère de façon exemplaire, mettant en garde ses paroissiens contre le protestantisme venu du Nord ainsi que la maçonnerie.

Lorsqu' il fut arrêté pendant la guerre civile, les soldats lui offrirent la liberté s' il renonçait à l' Eglise.
" Si j' ai été oint par l' huile sainte qui m' a fait ministre du Très-Haut, pourquoi ne serai-je pas oint avec mon sang et le sang du Christ rédempteur ? "

Il écrivit en prison : " Je déclare n'avoir commis aucun des crimes qui me sont imputés. Je suis entre les mains de Dieu et de la Vierge de Guadalupe. Je demande pardon à Dieu et à ceux que j' ai offensés, et pardon pour mes ennemis. "

Il fut exécuté le 12 avril 1927 et canonisé le 21 mai 2000.

Mexique: une violente persécution anti-catholique

Et l’innocence d’un prêtre, martyr


Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire de saint David Uribe Velasco, prêtre mexicain et martyr (1889-1927).

Il était curé d’Iguala, près de Guerro, dans le diocèse de Chilapa. Or, la promulgation de la constitution de 1917, anticléricale, fut le signal d’une persécution anti-catholique: la protestation des évêques provoqua une réaction violente du gouvernement.

La persécution s’aggrava en 1926: gouvernement créa une « Eglise schismatique » à sa botte, les évêques étrangers furent expulsés, les écoles privées et les œuvres de bienfaisance fermées. Les plus pauvres étaient frappés.

Le P. David fut arrêté: les soldats lui proposèrent la vie et un épiscopat dans l’Eglise schismatique de la République. Il répliqua qu’il ne manquait à son onction sacerdotale que l’onction du martyre.

« Je déclare ne pas avoir commis les délits qui me sont imputés, déclara-t-il en prison. Je suis dans la main de Dieu et de la Vierge de Guadalupe. Je demande pardon à Dieu et je pardonne à mes ennemis. Je demande pardon à tous ceux que j’ai offensés ».

Il fut exécuté d’une balle dans la nuque, près de la gare de San Jose de Vistahermosa, dans le diocèse de Cuernavaca, le 12 avril 1927.


David Uribe-Velasco

1888-1927

Né le 29 décembre 1888 à Buenavista de Cuellar (Guerrero, Mexique), David fut le septième des onze enfants de Juan Uribe Ayal et Victoriana Velasco Gutierrez, une famille qui ne vogua pas particulièrement sur la richesse.

David reçut le baptême le 6 janvier suivant, fête de l’Epiphanie, il entra au séminaire de Chilapa en 1903, fit d’excellentes études et fut ordonné prêtre en 1913.

Il fut successivement curé de sa propre paroisse native, puis secrétaire de l’évêque.

Quand ils reçurent l’ordre de se replier à Chilapa à cause de la persécution, leur bateau chavira, mais ils furent des rescapés. 

David fut ensuite curé à Zirandaro, qu’il dut abandonner à cause de la persécution ; de nouveau à Chilapa, à Buenavista, puis à Telotsapan et Iguala.

Le père David avait une grande dévotion à Notre-Dame de Guadalupe.

En 1926, les évêques du Mexique décidèrent par prudence de suspendre l’exercice du culte public dans les églises. David obéit, quoiqu’à contre-cœur, mais chercha à revenir incognito dans la paroisse, pour soutenir les paroissiens avec les Sacrements.

Le 7 avril 1927, il fut arrêté et enfermé à Cuernavaca. On lui offrit la liberté, s’il acceptait l’épiscopat dans une église schismatique, séparée de Rome et inféodée au gouvernement, ce qu’il ne pouvait accepter. 

Le 11 avril, il écrivit des dernières volontés et fut conduit le jour suivant à San Jose Vidal (Morales). Il priait pour lui-même et ses persécuteurs, il leur donna ses affaires, leur promit de prier pour eux dans l’autre vie, et reçut le martyre.

Il fut abattu d’un coup de feu derrière la tête, le 12 avril 1927.

Il a été béatifié en 1992, et canonisé en 2000. 

Saint David Uribe-Velasco est fêté avec ses Compagnons, martyrs de cette époque, le 21 mai.

SOURCE : http://www.samuelephrem.eu/article-04-12-115784180.html


Saint David Uribe Velasco was born on December 29, 1888 in the small town of Buenavista de Cuellar in the State of Guerrero, Mexico. He was the son of Juan Uribe Ayala and Victoriana Velasco Gutierrez, a humble married couple of few material resources but with proven and exemplary virtues. David was the seventh of eleven children. He was baptized on January 6, 1889. He enrolled in the Seminary of Chilapa in 1903 and in 1909 received Minor Orders. The following year he became sub-deacon and in 1911, a deacon. On March 2, 1913 he was ordained a priest by D. Francsico Campos, Bishop of Chilapa. After ordination, he left for his hometown. There, he said his first Mass on March 12, 1913. Sometime later he left to become the personal secretary to His Excellency Antonio Hernandez Rodriguez, Bishop of Tabasco.


A persecution of the Church was unleashed in Mexico that found its way to the State of Tabasco by 1914. Father David Uribe, along with the Bishop received orders to move to the city of Chilapa, Guerrero. During their journey, the boat that was taking them to Veracruz sank. Only six people survived, including the Bishop and Father David. Some time later, Father David became the parish priest for Zirandaro, where he began his Pastoral Ministry with zeal and prudence. He was forced, however, to return to the city of Chilapa because of the continuous Zapatista uprisings in the region.

Father David became the parish priest for not only his native town but also for Teloloapan and Iguala in Guerrero. He had a great and profound love for the Eucharist and for the Virgen of Tepeyac. In his speeches and sermons he extolled Mexico's devotion to her Queen and the hope that this devotion would be preserved.

On July 30, 1926 by order of the Mexican Bishops and with the approval of the Roman Pontiff, all public worship was stopped and the churches closed. Father David submissively obeyed the order and recommended that the faithful maintain calm and prudence.

April 7, 1927 Father David was taken prisioner and later held incommunicado in the city of Cuernavaca. It was here on April 11th that he wrote his "Last Will and Testament".

The following day he was taken to a place close to San Jose Vidal in the State of Morelos where he would be shot.

He had hardly gotten out of the car when he kneeled down and from the depths of his soul begged God for forgiveness for his sins and for the salvation of Mexico and its Church. He got up slowly, and addressing the soldiers with a paternal tone, said to them, "Brothers, kneel down so that I may bless you. With all my heart I forgive you and I only ask that you pray to God for my soul. As for me, I will not forget you when I am before Him."

He firmly raised his right hand and in the air traced the sign of the Cross; after he divided among them his watch, his rosary, a crucifix and other objects.

His relics rest in the Church of Saint Anthony of Padua in his native town of Buenavista de Cuellar.



San David Uribe Velasco Martire Messicano



Emblema: Palma

Martirologio Romano: Nei pressi di San José nella regione di Chilpancinga in Messico, san Davide Uribe, sacerdote e martire, che in tempo di persecuzione contro la Chiesa patì il martirio per Cristo Re.

Nacque a Buenavista de Cuéllar, Guerrero (Diocesi di Chilapa) il 29 dicembre 1889. Parroco di Iguala, Guerrero (Diocesi di Chilapa). Esercitò in modo esemplare il suo ministero in una regione attaccata dalla massoneria, dal protestantesimo e dallo scisma. Il militare che lo catturò gli propose ampia libertà nel caso mai avesse accettato le leggi e fosse diventato vescovo della chiesa scismatica creata dal governo della repubblica. Il Padre David, ribadi ciò che già aveva scritto, appena un mese prima, e che denota tutta la forza della sua fede e della sua fedeltà: "Se sono stato unto con l'olio santo che mi fa ministro del`Altissimo, perchè non essere unto con il mio sangue in difesa delle anime redente con il sangue di Cristo?. .. Quale felicità morire in difesa dei diritti di Dio!. Morire prima di rinnegare il Vicario di Cristo!". Ormai in carcere, scrisse le sue ultime parole: "Dichiaro di non aver commesso i delitti che mi vengono imputati .... Sto nelle mani di Dio e della Vergine di Guadalupe. Domando a Dio perdono e perdono i Miei nemici; chiedo perdono a tutti quelli che ho offeso". Condotto in un luogo vicino alla stazione di San José Vistahermosa, Morelos (Diocesi di Cuernavaca) fu sacrificato con un colpo alla nuca il 12 aprile 1927.


Autore: Mons. Oscar Sánchez Barba, Postulatore



DAVID URIBE VELASCO

Nació en Buenavista de Cuéllar, Gro. (Diócesis de Chilapa), el 29 de diciembre de 1889. Párroco de Iguala, Gro. (Diócesis de Chilapa). Ejerció ejemplarmente su ministerio en una región atacada por la masonería, el protestantismo y un grupo de cismáticos. El militar que le apresó le propuso toda clase de garantías y libertad si aceptaba las leyes y el ser obispo de la Iglesia cismática creada por el Gobierno de la República, pero el Padre David reafirmó lo que había escrito un mes antes, y que revela toda la fuerza de su fe y de su fidelidad: «Si fui ungido con el óleo santo que me hace ministro del Altísimo, ¿por qué no ser ungido con mi sangre en defensa de las almas redimidas con la sangre de Cristo? !Qué felicidad morir en defensa de los derechos de Dios! ¡Morir antes que desconocer al Vicario de Cristo!» Ya en la prisión escribió sus últimas palabras: «Declaro que soy inocente de los delitos que se me acusa. Estoy en las manos de Dios y de la Virgen de Guadalupe. Pido perdón a Dios y perdono a mis enemigos; pido perdón a los que haya ofendido». Llegado a un lugar cercano a la estación de San José Vistahermosa, Mor. (Diócesis de Cuernavaca), fue sacrificado con un tiro en la nuca el 12 de abril de 1927.

Sainte IDA (IDE) de BOULOGNE, veuve

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Sainte Ide disant adieu à ses fils, 1295

Sainte Ida de Louvain

Femme du Comte de Boulogne ( 1113)

ou Ide. 

Fille du duc de Basse Lotharingie, elle épousa à dix-sept ans Eustache II, comte de Boulogne en Flandres. Leurs possessions s'étendaient des Ardennes au Pas-de-Calais, du Luxembourg à l'Atlantique. 

Très pieuse, elle recevait conseils et visites desaint Anselme, archevêque de Cantorbery. Elle échangea avec lui de nombreuses lettres spirituelles que l'on possède encore. Elle fut la mère de Godefroy de Bouillon et de Baudoin, les chefs de la première croisade. 

Elle était très soucieuse de la beauté de la maison de Dieu et elle fonda de nombreuses abbayes. 


Illustration: Sainte Ida disant adieu à ses fils (d'après BNF)

Elle priait tellement bien que le chroniqueur Guillaume de Tyr attribuait pour bonne part à ses prières le succès de la 1ère croisade. Elle dota richement les anciennes abbayes de Saint Bertin, de Bouillon et d’Afflinghem, situées dans ses états. Elle en fonda trois nouvelles, Saint Wulmer, à Boulogne, Waast à Vasconvilliers et ND de la Capelle, près de Calais. Ce fut à Wast qu’on l’enterra et qu’elle commença bientôt, dit-on, à opérer des miracles. (source: Saints du Pas de Calais - diocèse d'Arras )

Un internaute nous signaleun article la concernant.

Au monastère de La Capelle près de Wast, au pays de Boulogne, en 1113, la bienheureuse Ida. Veuve du comte de Boulogne Eustache, elle s’illustra par sa libéralité envers les pauvres et son zèle pour la beauté de la maison de Dieu.


Martyrologe romain


Bienheureuse Ida (1040-1113)
Surnommée « Ida de Boulogne » ou « Ida de Lorraine », elle est mère de Godefroy de Bouillon et de Baudouin Ier, premiers rois de Jérusalem après la première croisade, dont la victoire est attribuée à ses prières. Elle protégea les églises, comme Notre-Dame de Boulogne, et fonda plusieurs abbayes en Picardie. Ses reliques sont visibles au couvent des bénédictines de Bayeux (Calvados).

SAINTE  IDE

Fête le 13 avril. 

Née en 1040, morte à Boulogne (Pas-de-Calais) le 13 avril 1113, fille de Godefroy, Basse-Lotharingie (Lorraine), Ide épousa à 17 ans Eustache II, comte de Boulogne. Leurs immenses possessions s'étendaient, en passant par les Ardennes, le Tournaisis et le Pas-de-Calais, du Luxembourg à l'Atlantique. Très pieuse, elle reçut les conseils de saint Anselme .qui lui rendait visite à Boulogne et lui écrivait des lettres spirituelles qu'on possède encore Elle eut deux fils et un gendre qui ont marqué dans l'histoire.

Ses fils, Godefroy de Bouillon (1100) et Baudouin 1er (1118) prirent une part glorieuse à la première croisade et furent les premiers souverains du royaume franc de Jérusalem (1099-1187). Son gendre fut Henri IV, empereur d'Allemagne, dont le nom reste lié à la « querelle des Investitures ». Vaincu, il alla implorer et obtint le pardon de Grégoire VII à Canossa (1077) ; redevenu plus fort, il rouvrit les hostilités, s'empara de Rome et envoya le pape mourir en exil(1085).. Ide fut généreuse envers les pauvres, soucieuse de la beauté de la maison de Dieu.

Elle priait tellement bien que le chroniqueur Guillaume de Tyr attribuait pour bonne part à ses prières le succès de la 1ère croisade. Elle dota richement les anciennes abbayes de Saint Bertin, de Bouillon et d’Afflinghem,  situés dans ses états. Elle en fonda trois nouvelles, Saint Wulmer, à Boulogne, Waast à Vasconvilliers et ND de la Capelle, près de Calais. Ce fut à Wast qu’on l’enterre, et qu’elle commença bientôt, dit-on, à opérer des miracles.



Blessed Ida of Boulogne, Widow (AC)


Died 1113. Ida, daughter of Duke Godfrey IV (Dode) of Lorraine, was a descendent of Blessed Charlemagne. At age 17, she became the wife of Count Eustace II of Boulogne. She was the mother of Godfrey and Baldwin de Bouillon. After her husband's death, Ida endowed several monasteries in Picardy, and became a Benedictine oblate under the obedience of the abbot of Saint Vaast (Attwater2, Benedictines, Encyclopedia, Gill).



Saint Ida of Boulogne

Also known as
  • Ida of Lorraine
Profile

Daughter of Duke Godfrey IV of Lorraine. Descendent of BlessedCharlemagne. MarriedCount Eustace II of Boulogne at age 17. Mother of Godfrey and Baldwin de Bouillon. Widow. Endowed several monasteriesin Picardy (part of modern France). Benedictineoblate.

Born

Beata Ida di Boulogne Contessa


1046 - 13 aprile 1113

Nata nel 1046, sposò il conte di Boulogne, al quale diede tre figli diventati illustri: Goffredo di Buglione, comandante della prima Crociata e conquistatore di Gerusalemme, di cui fu il primo re cristiano, Eustachio III che succedette al padre come conte di Boulogne e Baldovino, a sua volta re di Gerusalemme dopo il fratello; ebbe anche varie figlie. Si era sposata a 17 anni, per obbedire ai genitori; il marito non ostacolò mai la sua attività religiosa e la sua carità. Volle allattare essa stessa i figli nella speranza che ricevessero col primo nutrimento la disposizione alla religione; e quando crebbero ne curò personalmente l’educazione. Disprezzava le vanità, il futile splendore mondano; mortificava il corpo sotto il ricco abito che portava per forza. Spargeva i suoi doni sui bisognosi d’ogni sorta: indigenti, malati, pellegrini, vedove, orfani. La sua delizia era occuparsi di loro. Ma altresì si occupava delle chiese da restaurare e salvare dalla distruzione. Morto il conte suo marito, poté disporre liberamente dei suoi beni e fondare diversi monasteri. Ebbe un direttore di coscienza eccezionale, sant’Anselmo, futuro arcivescovo di Canterbury, sotto la cui influenza favorì la riforma monastica nelle Fiandre. Non prese l’abito benedettino, come si è creduto, ma ottenne da sant’Ugo l’aggregazione spirituale a Cluny, così da potersi considerare oblata secolare dell’Ordine benedettino. Morì il 13 aprile 1113. Molti fatti gloriosi della prima Crociata furono attribuiti alle sue preghiere.

Martirologio Romano: Nel monastero di Santa Maria presso Wast nella regione di Boulogne in Francia, beata Ida, che, vedova di Eustachio conte di Boulogne, rifulse per la sua generosità verso i poveri e per lo zelo del decoro della casa di Dio.


Sposa di Eustachio II, conte di Boulogne, Ida fu madre di Eustachio III, di Goffredo di Buglione e di Baldovino, re di Gerusalemme. Grande benefattrice delle chiese e dei poveri, dopo la morte del marito fondò diversi monasteri: Saint-Wulmer a Boulogne per i Canonici Agostiniani, Saint-Michel-du-Wast per i monaci cluniacensi. Fece considerevoli donazioni alle abbazie di Saint-Bertin, Bouillon e Afflighem, favori la riforma di Cluny sotto l'influenza di s. Anselmo di Canterbury che con lei rimase in corrispondenza epistolare. Questo particolare sottolinea il ruolo che il santo arcivescovo ebbe nella riforma monastica nelle Fiandre.

Ida non prese l'abito benedettino, come si è creduto (Holweck, p. 500), ma ottenne da s. Ugo l'aggregazione spirituale a Cluny, cosi da potersi considerare oblata secolare dell'Ordine Benedettino. Morì il 13 apr. 1113 e fu sepolta nella chiesa di Wast (notiamo che molte notizie biografiche leggono, a torto, Saint-Waast, invece di Wast). Nel 1669 le sue reliquie vennero trasferite presso i Benedettini del S.mo Sacramento a Parigi, i quali le portarono con loro quando, nel 1808, si stabilirono a Bayeux, luogo in cui sono ancora custodite (una reliquia, tuttavia, venne lasciata a Wast).

La festa di Ida che si celebrava nell'antica diocesi di Boulogne, venne poi autorizzata nelle diocesi di Arras e di Bayeux, quando queste adottarono il rito romano. La commemorazione della santa si trova in molti calendari medievali al 13 apr. Pure in quel giorno si ricorda la beata Ida di Lovanio, di cui si ignora però la data della morte.

Per la santa madre di Goffredo di Buglione non si ha una rappresentazione iconografica ben caratterizzata, anche perché scarse sono le figurazioni che si hanno di lei. Tra queste, in genere assai tarde, è degna di nota la scultura lignea del settecentesco Georg Ueblherr nella chiesa austriaca di Engelszell che rappresenta la santa in adorazione del crocifisso.


Bienheureux ROLANDO RIVI, séminariste et martyr

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Bienheureux Rolando Rivi

Jeune martyr séminariste ( 1945)

Rolando Rivi (7 janvier 1931 - 13 avril 1945) martyr,béatifié le 5 octobre 2013 à Modène(site du diocèse, en italien)

Site officiel dubienheureux Rolando Rivi(en italien)

Né en 1931 dans une famille paysanne, garçon vif et intelligent, il mûrit assez tôt sa vocation au sacerdoce et c'est en 1942 alors que l'Italie est déjà en guerre qu'il entre au séminaire et revêt la soutane qu'il ne quittera pas jusqu'à son martyre.

Quand en 1944 le séminaire est occupé par les soldats allemands, Rolando, rentré chez lui, continue ses études sous la direction du curé de la paroisse qui a été pour lui un guide et un enseignant.

Son amour pour le Christ est un témoignage pour les jeunes de la région et les attire. Mais le 10 avril 1945, il est capturé dans un climat de haine envers les prêtres, il est torturé, battu et emmené dans la forêt le 13 avril à 14 ans, après avoir été dépouillé de sa soutane, il est abattu de 2 balles dans la tête et dans le cœur, réaffirmant à cet ultime instant son appartenance à Jésus et sa confiance en son amour et en sa miséricorde.


Le pape François à l'Angelus du 6 octobre 2013: Rolando Rivi, un séminariste de cette terre, l’Émilie, tué en 1945, à l’âge de 14 ans, en haine de la foi, coupable uniquement de porter la soutane en cette période de violence déchaînée contre le clergé, qui élevait sa voix pour condamner au nom de Dieu les massacres de l’immédiat après-guerre. Mais la foi en Jésus vainc l’esprit du monde! Rendons grâce à Dieu pour ce jeune martyr, témoin héroïque de l’Évangile. Et combien de jeunes de 14 ans ont aujourd’hui devant les yeux cet exemple: un jeune courageux, qui savait où il devait aller, qui connaissait l’amour de Jésus dans son cœur, et qui a donné sa vie pour Lui. Un bel exemple pour les jeunes!




- Rolando Rivi presto Beato, diocèse de Reggio Emilia Guastalla (en italien)


PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS 

Place Saint-Pierre


Dimanche 6 octobre 2013



Chers frères et sœurs, bonjour !

Tout d’abord, je veux rendre grâce à Dieu pour la journée que j’ai vécue à Assise, avant-hier. Pensez que c’était la première fois que je me rendais à Assise et cela a été un grand don de faire ce pèlerinage précisément pour la fête de saint François. Je remercie la population d’Assise pour son accueil chaleureux, merci beaucoup !

Aujourd’hui, le passage de l’Évangile commence ainsi : « Les apôtres dirent au Seigneur : “Augmente en nous la foi” » (Lc 17, 5-6). Il me semble que nous pouvons tous faire nôtre cette invocation, en particulier en cette Année de la foi. Nous aussi, comme les apôtres, disons au Seigneur Jésus : « Augmente en nous la foi ! ». Oui, Seigneur, notre foi est petite, notre foi est faible, fragile, mais nous te l’offrons telle qu’elle est pour que tu la fasses grandir. Voulez-vous répéter tous ensemble cela : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » ? On le fait ? Tous : Seigneur, augmente en nous la foi ! Seigneur, augmente en nous la foi ! Seigneur, augmente en nous la foi ! Qu’il l’augmente !

Et que répond le Seigneur ? Il répond : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà : Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi » (v. 6). Le grain de sénevé est tout petit, mais Jésus dit qu’il suffit d’avoir une foi comme cela, petite, mais vraie, sincère, pour faire des choses humainement impossibles, impensables. Et c’est vrai ! Nous connaissons tous des personnes simples, humbles, mais avec une foi très forte, qui déplacent vraiment les montagnes ! Pensons par exemple, à certaines mamans et papas qui affrontent des situations très difficiles ; ou à certains malades, même très graves, qui transmettent la sérénité à ceux qui vont les trouver. Ces personnes, précisément en raison de leur foi, ne se vantent pas de ce qu’elles font, au contraire, comme Jésus le demande dans l’Évangile, elles disent : « Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17, 10). Combien de gens parmi nous ont cette foi forte, humble, et qui fait tant de bien !

En ce mois d’octobre, qui est consacré en particulier aux missions, nous pensons aux nombreux missionnaires, hommes et femmes, qui, pour apporter l’Évangile, ont surmonté des obstacles en tous genres, ont vraiment donné leur vie ; comme le dit saint Paul à Timothée : « Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais souffre plutôt avec moi pour l’Évangile, soutenu par la force de Dieu » (2 Tm 1, 8). Mais cela nous concerne tous : chacun de nous, dans sa vie de chaque jour, peut rendre témoignage au Christ, avec la force de Dieu, la force de la foi. La foi toute petite que nous avons, mais qui est forte ! Avec cette force, témoigner de Jésus Christ, être chrétiens à travers notre vie, à travers notre témoignage !

Et comment puisons-nous à cette force ? Nous la puisons à Dieu, dans la prière. La prière est le souffle de la foi : dans une relation de confiance, dans une relation d’amour, ne peut manquer le dialogue, et la prière est le dialogue de l’âme avec Dieu. Octobre est aussi le mois du Rosaire, et, en ce premier dimanche, il est de tradition de réciter la Supplique à la Vierge de Pompéi, à la bienheureuse Vierge Marie du Saint-Rosaire. Unissons-nous spirituellement à cet acte de confiance dans notre Mère, et recevons de ses mains le chapelet : le chapelet est une école de prière, le chapelet est une école de la foi !


Chers frères et sœurs,

Hier, à Modène, a été proclamé bienheureux Rolando Rivi, un séminariste de cette terre, l’Émilie, tué en 1945, à l’âge de 14 ans, en haine de la foi, coupable uniquement de porter la soutane en cette période de violence déchaînée contre le clergé, qui élevait sa voix pour condamner au nom de Dieu les massacres de l’immédiat après-guerre. Mais la foi en Jésus vainc l’esprit du monde ! Rendons grâce à Dieu pour ce jeune martyre, témoin héroïque de l’Évangile. Et combien de jeunes de 14 ans ont aujourd’hui devant les yeux cet exemple : un jeune courageux, qui savait où il devait aller, qui connaissait l’amour de Jésus dans son cœur, et qui a donné sa vie pour Lui. Un bel exemple pour les jeunes !

Je voudrais rappeler avec vous les personnes qui ont perdu la vie à Lampedusa, jeudi dernier. Prions tous en silence pour nos frères et sœurs : femmes, hommes, enfants… Laissons pleurer notre cœur. Prions en silence.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche. Bon déjeuner et au revoir !



© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2013/documents/papa-francesco_angelus_20131006.html


Rolando Rivi, modèle de foi pour les jeunes de 14 ans

Béatification à Modène


Le pape François a donné le jeune Rolando Rivi (1931-1945), béatifié le 5 octobre au Palais des sports de Modène, comme modèle aux jeunes du même âge.  Il a été tué le 13 avril 1945, à Piane di Monchio (province de Modène), où un massacre fit 131 morts.

Milan et Turin seront libérées du joug nazi une douzaine de jours plus tard, le 25 avril 1945, date retenue comme l’anniversaire, chaque année, de la Libération du pays.

Mais des massacres ont accompagné cet immédiat après-guerre. Et le clergé a élevé la voix contre des exécutions sommaires de civils italiens par d’autres civils italiens, provoquant l’hostilité des « partisans », selon le terme désignant la Résistance en Italie. Il fallait avoir du courage pour continuer de porter la soutane dans cette région qui a alors été appelée « le triangle de la mort ».

Le 10 avril 1945, un groupe de « partisans » communistes vinrent chercher le jeune Rolando chez lui, laissant un billet aux parents: « Ne le cherchez pas, il vient un moment avec nous, les partisans ».

Pendant trois jours, il a été battu, il a subi humiliations et sévices, avant d’être tué par un partisan à coups de pistolet dans le bois de Piane di Monchio. Sur les indications des partisans et de son assassin lui-même, Roberto Rivi et le curé de San Valentino, don Alberto Camellini, ont retrouvé le corps du petit Rolando le lendemain, 14 avril. Le jeune garçon avait le visage couvert de bleus, le corps torturé, et deux blessures mortelles, l’une à la tempe gauche et l’autre à la hauteur du coeur. Il l’emportèrent à Monchio pour des obsèques et une digne sépulture.

Après la Libération, le 29 mai 1945, son corps fut transféré au cimetière de San Valentino, puis en 1997, comme le pèlerinage était constant, dans l’église de San Valentino, le 26 juin.

Une série de guérisons reconnues comme « miraculeuses » ayant été obtenues par son intercession, son procès de canonisation a été ouvert le 7 janvier 2006, mais c’est en raison de son martyre qu’il a été béatifié et non pas en raison de ces guérisons.

Après l’angélus de ce 6 octobre, le pape a évoqué la béatification du jeune petit-séminariste en disant : « Le bienheureux Rolando Rivi, un séminariste de cette région, l’Emilie, a été béatifié hier à Modène. Il a été tué en 1945, alors qu’il avait 14 ans, par haine de sa foi, coupable, uniquement, de porter la soutane en cette période de violence déchaînée contre le clergé, qui élevait sa voix pour condamner au nom de Dieu, les massacres de l’immédiat après-guerre. Mais la foi en Jésus vainc l’esprit du monde ! Rendons grâce à Dieu pour ce jeune martyre, témoin héroïque de l’Evangile. Et tant de jeunes de 14 ans ont devant les yeux aujourd’hui cet exemple : un jeune courageux, qui savait où il devait aller, qui connaissait l’amour de Jésus dans son cœur, et il a donné sa vie pour Lui. Un bel exemple pour les jeunes ! »

SOURCE : https://fr.zenit.org/articles/rolando-rivi-modele-de-foi-pour-les-jeunes-de-14-ans/

 Bx Rolando Rivi

Jeune séminariste et martyr

« Modèle de foi pour les jeunes de 14 ans »

Rolando Rivi naît le 07 janvier 1931 à San Valentino, bourgade rurale de Castellarano (Reggio d'Émilie, Italie), dans une famille profondément catholique ; il est le deuxième des trois enfants de Roberto et Albertina Canovi.

Enfant de chœur dès cinq ans, il assiste à la Messe tous les jours et confie à son curé, à la fin des écoles élémentaires, son désir ferme d’être prêtre. Il rentre alors, au début du mois d’octobre 1942, au petit séminaire épiscopal de Marola (Carpineti), où il revêt la soutane comme c’était alors l’usage dans de telles maisons.

En juin 1944, suite à la destitution de Mussolini et aux troubles qui s'en suivent, le séminaire doit fermer ses portes et est occupé par les troupes allemandes. Rolando retourne chez ses parents où il continue avec autant de ferveur que possible à mener la vie d’un petit séminariste. Et en particulier, il porte toujours sa chère soutane… alors que les nombreux partisans communistes de la région voulaient abattre la religion chrétienne et faisaient régner un climat fortement anticlérical.

Quatre prêtres de la région de Reggio d'Émilie avaient déjà été assassinés et le clergé était invité à la prudence face aux multiples menaces. Par la suite, ce ne sont pas moins de 130 ecclésiastiques qui seront exécutés par les « brigades garibaldiennes» dans ce triangle (Modène, Reggio, Bologne) surnommé « triangle de la mort» entre 1943 et 1945.

Bien conscients du danger qui devient de plus en plus pressant (les intimidations sur les prêtres se succèdent), les parents de Rolando, comme ses amis, lui conseillent de retirer sa soutane ; la réponse du jeune Rolando est nette : « Je ne fais de mal à personne, je ne vois pas pourquoi j'enlèverais ma soutane qui est le signe de ma consécration à Jésus ».

Le matin du 10 avril 1945, Rolando joue de l’orgue à la messe du village, à laquelle il assiste comme d'habitude, avant de prendre la route du retour vers sa maison. Son Père ne le voyant pas rentrer se met à sa recherche et trouve ses affaires sur le sol avec un mot laissé par terre où il était écrit : « Ne le cherchez pas, il vient un moment avec nous, les partisans ».

Kidnappé par les partisans, Rolando sera livré à de véritables hyènes (expressions du card. Angelo Amato lors du sermon de la béatification). Ses bourreaux commencèrent par le dépouiller de sa soutane ; pendant trois jours, ils le battront à coups de ceinture, lui faisant subir humiliations et sévices, avant de le tuer, finalement, à coups de pistolet dans le bois de Piane de Monchio (Modène) : c’était le vendredi 13 avril à trois heures de l’après-midi.

Un des partisans, touché par son jeune âge, tentera de lui sauver la vie, mais le chef du groupe répliquera pour justifier l’assassinat : « demain, cela fera un prêtre de moins ». Avant d’être exécuté, le jeune séminariste demandera à pouvoir prier pour son père et sa  mère. C’est quand il se mettra à genoux à côté de la fosse vide, que les partisans avaient creusée pour lui, qu’il sera mis à mort. Sa soutane sera pendue comme trophée sur le fronton d’une maison.

Sur les indications des partisans et de son assassin lui-même, le père et le curé de San Valentino, don Alberto Camellini, retrouveront, le lendemain 14 avril, le corps de Rolando. Le jeune garçon avait le visage couvert de bleus, le corps torturé, et deux blessures mortelles, l'une à la tempe gauche et l'autre à la hauteur du cœur. Ils l'emportèrent à Monchio pour des obsèques et une digne sépulture.

Après la Libération (25 avril : jour de fête en Italie), le 29 mai 1945, son corps fut transféré au cimetière de San Valentino, puis, le 26 juin 1997, dans l'église de San Valentino.

Ses deux meurtriers furent condamnés à 16 et 26 ans de prison avant d'être amnistiés, six années plus tard, par le ministre (communiste) de la justice italienne.

Une série de guérisons reconnues comme « miraculeuses » ayant été obtenues par son intercession, son procès de canonisation a été ouvert le 7 janvier 2006, mais c'est en raison de son martyre qu'il a été béatifié et non pas en raison de ces guérisons.

Rolando Rivi a été béatifié le 05 octobre 2013 dans le Palais des sports de Modène.La messe solennelle et le rite de béatification ont été présidés par le card. Angelo Amato s.d.b., Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape François (George Mario Bergoglio, 2013-).
On ne garde écrite de lui qu’une phrase : « j’appartiens à Jésus».

Pour un approfondissement biographique :


Sources principales : confraternite.fr/ ; zenit.org/fr  (« Rév. x gpm »).
©Evangelizo.org 2001-2017


SOURCE : http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20170413&id=17028&fd=0

Blessed Rolando Rivi

Profile

Born to a farm family. Seminarian in the dioceseof Reggio Emilia-Guastalla, Italywith a plan to become a missionarypriest. Abducted, abused and tortured for three days, and then murdered by Communist partisans for being a Christian. Martyr.

Born
SOURCE : http://catholicsaints.info/blessed-rolando-rivi/

 |  Oct. 10, 2013
The First Beatified Seminarian: Rolando Rivi, a Martyr for the Faith
Killed by communists in 1945 because of their hate of faith, Rivi was proclaimed ‘blessed’ Oct. 5.

ANDREA GAGLIARDUCCI

MODENA, Italy — “Tomorrow, one priest less,” said the political commissioner of one of the Communist Party’s “Garibaldi Brigades” of Monchio, a small town in the northern Italian province of Modena. Those words uttered in 1945 signaled the commissioner’s decision that seminarian Rolando Rivi had to be executed. Rivi was only 14, and now he is the Church’s first beatified seminarian.

Rivi’s beatification took place Oct. 5 in Modena, and it was a true “feast of faith.” Nearly 20,000 people attended the event, coming from the Emilia Romagna region of northern Italy, also known as “the triangle of death.”

From 1943-1949, approximately 4,500 people were killed in this region by communists. Among them were 93 priests, who were accused of several offenses, including collaboration with the fascist government, giving aid to fascist refugees or simply being priests or studying to become one. The latter was the case of Rivi.

Rivi’s Story

Born in 1931 to a deeply Catholic family, Rivi discovered his vocation very early and entered the seminary when he was only 11 years old. At that time, all seminarians wore cassocks, and so did he.
After the Sept. 8, 1943, Italian armistice with the Allies and subsequent Nazi occupation of northern Italy, groups of partisans were formed to support the Allies’ liberation effort. The movement was initially composed of independent troops (members of political parties previously outlawed by the fascist regime) or by former officers of the Royal Italian Army.

In Modena, partisan formations were mostly composed by communists, socialists and members of Partito d’Azione (a republican liberal-socialist party), and they were united by animosity toward fascists and an anti-Catholic spirit. Communist partisans, in particular, thought that clergy could be an obstacle for their revolutionary project, and this fed their anticlericalism.

In June 1944, Nazis troops occupied the seminary, and so all the seminarians were sent home. Rivi returned to his hometown of San Valentino, carrying his books with him to continue his studies there.
In San Valentino, the young seminarian never stopped wearing his cassock, despite the rising climate of violence. When his parents suggested he refrain from wearing it for his own safety, Rivi reportedly replied: “I study to be a priest, and these vestments are the sign that I belong to Jesus.”

The situation grew more difficult: Four priests were killed by the communist partisan brigades, and Father Olinto Marzocchini, San Valentino’s parish priest and Rivi’s spiritual father, was attacked and subsequently transferred to a more secure place.

Nevertheless, Rivi’s days were spent between service in his parish and his studies. On the morning of April 10, 1945, after serving Mass, the 14-year-old took his books and went to the nearby woods, where he was accustomed to studying. Yet this time, he never returned. At noon, his parents, worried because Rivi had not come back for lunch; they went to the woods and found his books on the ground and a sheet of paper, where the following words were written: “Do not search for him. He just came with us partisans for a while.”

Kidnapped and stripped of his cassock, Rivi was imprisoned and tortured by partisans for three days. Some of the partisans proposed to let him go, since he was only a young boy. But the majority sentenced him to death, in order to have “one less future priest.”

On April 13, Rivi was taken to a forest in the surroundings of Modena. The partisans dug a grave and had Rivi kneel on its edge. While he was praying, the young seminarian was killed by gunshots to the heart and head. His cassock was rolled into a ball, kicked around and then hung as a war trophy in the front door of a house.

Reconciling With History

After the Second World War, the official history of the so-called “Italian Resistance” exalted the partisan resistance to Nazi fascism and hid the crimes brought on in the name of this resistance.

This is exactly the reason why the “feast of faith” of Rivi’s beatification is such a blessed day for Italy, and it even can be considered a high point in the process of reconciliation in the so-called triangle of death.

After the Second World War, Rivi’s death was immediately described as a “private crime.” Yet journalist and historian Emilio Bonicelli gave great impetus to the cause of beatification. He read about the story of an English child who was miraculously healed of leukemia thanks to Rivi’s intercession, and this story brought wider recognition of the young martyr.

“This is how I met Rolando,” recounted Bonicelli, “and from then on, I fought to shed light on his story. In the forest where Rolando was killed, it seemed that hate won and that Rolando had been extinguished from history. But the Lord taught us there is no great evil that cannot lead to a greater good.”

Sergio Rivi, a cousin of Rolando, was among the very first to search for the truth of the young seminarian’s death. It had been explained that the boy was killed because he was suspected of being a Nazi spy, but Sergio asserted that “nobody in our family ever believed it.”

Sergio’s search led him to the work of Paolo Risso, a researcher in Italian history. Risso had become familiar with the young boy’s life after reading a book that referenced him in 1976. Intrigued, Risso researched the documentation about Rolando, and he was put in touch with Sergio by then-Bishop Paolo Gibertini of Reggio Emilia.

Risso wrote the first biography of Rivi in 1991. Describing the challenges he met as he tried to research the boy’s death, he said, “I met so many hurdles and slaps in the face.”

Risso also stressed that “there were four other seminarians killed for hate of the faith in Emilia Romagna during the same period. Further investigations on their lives should be continued.”

“I was struck by Rolando Rivi’s story because he was the youngest of the killed seminarians, and there were no doubts about his martyrdom,” said the biographer.

Martyrdom for Hate of Faith

That Rivi’s execution was inspired by hate of his faith is also clear in the verdict of the court that sentenced his killers, Giuseppe Corghi and Delciso Rioli, to 16 years and 26 years of imprisonment, respectively. (They were freed after six years in prison. Italy’s then-Minister of Justice Palmiro Togliatti, a fellow communist, granted them amnesty.)

In the judge’s verdict, it is written that Rivi was killed because he was “very young and of a pious and irreprehensible conduct,” and “he sympathized with Catholic partisans and opposed the spread of communism.”

For Risso, Rivi’s martyrdom is clear. The verdict, he said, “seems to be written by a pope, but it has been written by an Italian judge.”

As a martyr of the faith, a miracle was not needed to proclaim Rivi "blessed."

During the homily of the beatification Mass, Cardinal Angelo Amato, prefect of the Congregation for the Cause of Saints, proclaimed that “human ideologies fall down, but the Gospel of love never goes down because it is the Good News.”

Cardinal Amato also spoke of the “hyenas, fed with hate, looking for prey to bite and devour, who stripped Rivi of his vestments as Jesus’ executioner did.”

Those “hyenas,” Cardinal Amato said, “forgot the commandments of the Lord,” and they were “indoctrinated to fight Christianity, humiliate priests, kill the parish priests and destroy the Catholic teachings.”
Andrea Gagliarducci writes from Rome.


Rolando Rivi: The testimony of the bloodied cassock

 Contemporary historiography is always presenting more deeds of blood that involve priests and seminarians in the Italian post-war and of which the communist party was responsible. One very moving and particular example that is the young Rolando Rivi, selected, kidnapped and killed because of the cassock that he used to love and that he used to call the intact vestiges of Christ and because of his desire to imitate and celebrate Christ once he would become a priest.

A small church of Visignolo di Baiso, in Emilia, upon the first mountain range of the Apennines, in a large picture frame of a crucifix surrounded by saints, there is noted the presence of a seminarian with the clothing and the hat of a priest.

The painting was made 30 years ago by the pastor of the parish; he was convinced that the young aspirant to the priesthood would sooner or later become a canonized saint.

His clean face and his vision is striking. It is the seminarian Rolando Rivi, one of the victims of the immediate post war, who happened to die just a few kilometres from this place as a result of the homicidal rage of the communist party members.

The story was not spoken of until recently, but it is impossible to deny that the Emilia region was especially bathed with the blood of priests and seminarians, who were victims in that period of the persecution and hatred against Christ and the Church.

Just a few weeks before his assignation, a member of the party, armed to the teeth, who was around the town of Rolando spoke openly saying: “The fascists and Germans are almost extinct… our fight must now be made against the masters, the rich and certain priests… These are now our enemies.”

The hatred which had spread during the war was still alive among many and was producing the death of many innocents, because of the ideology of class wars and the proletariat revolution made by a group of violent men, who even today, decades later are still celebrated even in school history books, as national heroes and liberators.

Rolando Rivi was kidnapped, tortured and killed for his fidelity in the use of the cassock, which made such hatreds arise from the members of the party, making him a very vulnerable person and easy to individuate.

They wanted to silence a future priest, but the eloquence of his martyrdom became an even stronger message after his death.

Rolando Rivi was born in San Valentino in the Emilia region January 7th, 1931. His parents, Roberto and Albertina Canovi were humble farmers whose only treasure was the faith. He was baptized the following day and he received the second name of Maria because in the last part of the Rite he was entrusted to Our Lady. After the transmission of physical life, the supernatural life received in baptism was the greatest gift he received from his parents. It was a simple gesture, but it was animated by a correct sense of Christian doctrine and by a strong faith that was able to recognize original sin and its consequences together with the justification and sanctifying grace received in baptism.  The pastors of St. Valentino, Fr. Luigi Jemmi and later Fr. Olinto Marzocchini had the privilege to form a generation of their parishioners in doctrine and Christian piety.

Their apostolate was fruitfully fed by a rich, transparent interior life and perceptible also to the eyes of a child.

In fact, Rolando was fascinated with his pastor Fr. Olinto: “How beautiful -he thought- to become like him! To celebrate the Mass with Jesus in my hands, to carry the soul of Jesus…”

He gave everything of himself with the intention of guiding his people to the Christian life; he was very active with the Catholic Action movement, distributing the meetings on different days so that different categories of people could participate; his presence among children and young people invited them to an intense life of prayer focused on the Eucharist and Mary; his catechesis to the adults every Sunday afternoon was very frequented; the charity that he used to exercise toward the poor people; his continual availability for confession and spiritual direction, his constant visits to sick people; his long prayers in front of the tabernacle, where even in late hours, he stayed awake praying for his parishioners, especially those who were killed fighting in the war.

The most beautiful memories of his childhood (Rolando remembered) were when he used to help serve the mass as an altar boy. He was deeply touched by the words of the priest. Brief homilies, but directed to the heart, messages that really made one consult, question and reflect about the sense of existence and eternal destiny.

Sacerdos propter Eucharistiam” The priest according to the Eucharist

Rolando used to ask himself: “Why can’t I become like him?”

When he was just eleven he entered to the diocesan seminary of Marola. It was October 1st 1942, that same day as was the custom; the young man wore the cassock with happiness for the first time.

Guided by his spiritual director Fr. Alfedo Castagnetti, he entrusted his new life to Our Lady in the month of October that is dedicated to the rosary. Actually in that year it was the 25th anniversary of the apparitions of Our Lady at Fatima (1917-1942).

The Rector Msgr. Luigi Bronzoni, a very educated priest, authoritative and paternal, used to teach more by his life than with words, offering a healthy example of love towards God and towards each one of the boys entrusted to his care.

When vacations were approaching he would explain to the seminarians that they had to be very careful not to associate with bad companions and occasions of sin, but moreover they had the obligation to distinguish themselves by prayer and service in the parish, in study and in purity, in good works and dedication to the Lord.

Even in vacations  - he used to recommend - the seminarians must always wear the cassock which is the sign of our belonging to Jesus.

Rolando used to encourage his peers saying: “Someday with the help of the lord we will be priests. I will be a missionary. I will go make Jesus known to those who do not know him yet. Our duty as priests is to pray a lot and to save many souls and to bring them to paradise.”

His father always admired him deeply: “My son is so good and studious.”

Rolando wore his cassock and white collar with pride, even in vacations in the hot month of summer. Some of his peers who normally sought comfort didn’t wear the cassock and even some of his relatives told him: “You are on vacations, take off your cassock, be freer to move and play…” He answered: “I don’t have to take my cassock off, I can’t, it is the sign that I belong to Jesus!”

His cassock was not for him a human or social barrier for relationships with others. It was not an impediment for the development of his activities, even the recreational ones. The seminarian Rolando Rivi was a very active young man. A witness of this was one of his classmates from seminary, who is now a priest and pastor, Fr. Vezzosi: “Rolando was vivacious and smart in all the games: at soccer, at volleyball, he was the champion of the class. He was very attentive in school, an exemplary student, deeply in love with Jesus. Everything in him was a superlative, it was a big joy to be with him, he transmitted to all his happiness and optimism. He was the perfect image of a holy young man and rich with all possible virtues in daily life, a “hero.

After having “amazed” the kids of his town with his abilities and his virtues he used to propose to them: “Now let’s go to pray to Jesus in the church.” He took the opportunity to lead them to the front of the altar and teach them to relate to Jesus, who was his best friend.

Everyone knew how affectionate he was to his cassock. He wore it always.

It was very common to see him walking the streets of San Valentino, normally going towards the Church alone or with others, always smiling in peace, ready to say hello to everyone, always with his austere cassock.

But not everything in his life was cheerful, carefree and worriless. In his personal and family life there was the reality of the Great War in which three of his uncles died. More than anyone else, he was the consoler of the heart of his grandma, who deeply mourned the loss of her sons.

Another sad surprise arrived on the horizon…in September 1944 the seminary was occupied by a hundred German soldiers. The seminarians had to flee and return home.

Rolando Rivi returned to his family in San Valentino just like his friends, but he brought books with him, intending to study Italian, Latin and Mathematics with the intention of not losing time, but waiting for better times.

In his house he continued to feel like a seminarian. He was like a little twig flying around in a storm, his biggest joy was daily Mass and Communion, meditation, afternoon adoration and the rosary. His favourite place was the rectory. Besides sports, another passion of his was music. Whenever he placed his hands over the keyboard of a harmonium he was in ecstasy.

 Even the time of trial was for him peaceful and he always knew how to be happy. He was never an introvert in his seminary years, but always very friendly, alive and very sociable even to the point that everyone was happy with him. He was so amicable that everyone used to talk to him. He had contact with all the people and children of his town. In his house, in the afternoon, he used to lead the rosary together with his grandma Anna.

To the children and little cousins and to those of five or six years old, he used to teach them to serve Mass and he would play with the smaller ones to create in them a sense of serenity on their sadder days.

Rolando was very sure of his role as tutor, so to speak, in his relationship with the youth.

The daily life in the town of San Valentino was very calm until the summer of 1944. After this many groups, Germans, fascists and partisans began to pass through. Many bad things began to occur, robberies and violence, even against the priests.

The priest, a servant of the Gospel, became the true sign of contradiction before, during and after the war. Anyone who denied love made this witness of Christ the target of his anger.

In this way hatreds were becoming stronger against priests, who worked for the pacification of souls and denounced violence from whatever source.  The priests who were killed were the real friends of the people in the most difficult times, when there was lack of food, protection work and help they always offered everything, even depriving themselves of these goods. But the system of “Striking the shepherd that the sheep may be dispersed” (Zc. 13,7) is characteristic of the enemies of God from any country or any race.

Rolando was a witness of these events when he was insulted by the communist partisans who were passing through the mountains.

One of his friends today remembers: “The Communist partisan who encountered us on the road, threatened us with obscene phrases about our future that in reality were not very reassuring.”

Rolando perceived everything and suffered without allowing himself to be weakened by anyone, he was really proud to belong to Jesus and of the fact of having been chosen by him for a very important mission.

He continued to be the good and sociable young man that everyone knew. In his simplicity he believed in the goodness of everyone, it seemed impossible that anyone was able to do something bad.

In San Valentino, the pastor Fr. Marzocchini, the one who was a strong inspiration for the vocation of Rolando was targeted. One morning, it came to be known that during the preceding night the priest was humiliated and suffered a beating. They robbed everything, even the shoes he was wearing.

During the mass that he celebrated after the brutal aggression, Fr. Olinto was feeling ill: Rolando and the other altar boy serving Mass understood that something bad had happened. When Rolando came to know what happened, he felt this like an offense against his own father.

He did not say a word of hatred against the partisans.

In the meantime that Fr. Olinto Marzocchini was moved to a more secure place, a very young priest, Fr. Alberto Camellini age twenty five, arrived in the town to provide his priestly service.

Even today it is recounted: “It was an atmosphere of fear and tension which made relationships between the people very difficult. To be able to know parishioners, visits normally took place in the company of seminarians and Rolando Rivi took part in these.”

The seminarian did not hesitate to explain what his future plans were (…I will be a priest and missionary).  As well he was very open showing his heart, his love for Jesus Christ, the Church and even his vivacity and his talents together with his musical gifts. Fr. Alberto began to know him and to appreciate him.

Everyone used to see the young seminarian walking in the streets, everyone knew his life style, he was known as: “The little priest.” His parents used to tell him: “Don’t wear the cassock, at least don’t wear it during these times…” They used to explain that it was not prudent to wear it in such unstable moments.

But Rolando used to answer: “But why, what is so wrong with me wearing it? I don’t have any reason not to wear it. I am studying to be a priest and this cassock is the sign that I belong to Jesus.”

Belong to Jesus, belong only to Jesus, It was the only desire of his whole existence to belong only to Jesus every day.

 “Jesus of my life. Jesus of my heart” he used to write. He was always ready for Jesus, not only to work hard for him but even to sacrifice himself.

It is true that this clothing which symbolizes the eternal God and Christ, who is the savoir and judge, was a motivation of hatred for those who wanted to know nothing about it. It is a motivation of hatred even today. It constricts those who just want to speak blasphemies and forget whatever they have said.

  Notwithstanding the risk, Rolando did not ever want to take off the cassock, but for him it already meant a lifelong duty.

  He really loved that cassock. To wear it was for him a true honor and a glory. It was like an open declaration of love and belonging to Jesus.

It was clear for him what it meant in that time to prepare himself for being a priest. He knew that the future was not supposed to be easier. But he was not discouraged nor closed in his house, he was without fear. We can say today that he really showed his love to fulfil the mission, walking around the town with his cassock very visible in his unique style and clear identity, always in peace. Even in that horrible, unsafe environment, he continued wear his cassock.

He used to say: “No I can’t I can’t take away my cassock, I have no fear, I am not afraid or worried, I cannot hide myself. I belong to the Lord.”

He was only fourteen years old, a little older than a child, but he never hid his clear identity of being a passionate aspirant to the priesthood. He continued wearing the black robes and the biretta.

In a very instinctive way he already knew that to camouflage oneself harms the apostolic work in which signs and symbols, in the same way as gestures, are a very important part.

Yesterday like today, the ecclesiastic habit is not indifferent both to the user and the one having seen it.

It may not be hated in itself, but because of the deepest reality that reminds people of something they do not always like.

It can be rejected because of requirements that it carries for the one who wears it and who has to become a witness of coherence and who has to be a worker before God and men.

 If it doesn’t produce admiration in everybody, it causes respect, because more so in hostile environments to Christianity, it is a sign that the one who wears it serves a reality that he believes more than using it to his advantage.

Msgr. Giuseppe Mora said: “It was frequent in the town that certain disputes arose and it was not easy to reply to them. Sometimes it was easier to be silent, it happened that in a discussion some people attacked the Church unjustly and the activity of the priest. Rolando defended directly the  Pope, Jesus, the Church and the priests without any fear.”

In the same way he used to defend the pastor, Fr. Marzocchini from calumny provoked by the communist partisans.

He was known for his faith and courage; he was admired but as well seen in a bad light, because openly he showed that he wanted to become a priest.

On Holy Thursday of 1945 he wrote: “Thank you Jesus because you have given us yourself in the Holy Host and you are always with us…help me to return soon to seminary and become a priest.”

Friday in the meantime that he was kissing the crucifix, he repeated the offering to his best friend: “My whole life is for you o Jesus, to love you and to become love.”

On April 10, 1945 on the morning of the Tuesday after Low Sunday, he was already in the Church.

He was happy because he already received communion, he didn’t know that this was his viaticum.

He went back to his house and bringing with him some books, he went to the forest to study. As usual he was wearing his cassock.

At noon when he had not returned his parents started looking for him. With his books they found a note:

 “DO NOT LOOK FOR HIM HE IS COMING WITH US FOR A LITTLE WHILE.” – The partisans.

His father and the priest Fr. Camellini were looking for him everywhere.

The partisans had taken him to their base in the Emiliano Mountains. They took his cassock which made him very upset. They insulted him and hit him on his legs with his belt.  Right now in front of them, they had a small child covered in wounds and crying. In fact these same things happened to Jesus. For three days Rolando was in the hands of those godless men.

Mountains of blasphemies and insults against the church and the priesthood and other kinds of vulgarities fell on him, the poor little one. In this way the fear of flagellation in the poor body of this child became his own way of the cross.

Rolando was innocent, crying and whimpering like a little lamb taken to slaughter, he prayed from the depths of his heart and he asked for mercy. Still his soul was possessed by Christ and he was strong and in peace. Someone really touched by this testimony suggested to allow him go because he was just a child and there was no real motivation behind killing him.

But others denied this possibility and said: “Shut up or you will have this same fate.” The hatred against the priest and the cassock that represents him was stronger. They decided to kill him: “Tomorrow we will have one less priest.”

Nightfall came and they took him, bleeding into a forest in Piane di Monchio (Modena).

In front of the grave that was already dug, Rolando understood everything. He whimpered and implored for forgiveness and mercy, he was answered by a kick but he then said: “I want to pray for my mom and dad.”

He knelt next to the grave pit and he prayed for himself, for the people that he loved and possibly for the assassins. Two revolver shots sent him to the earth in his own blood. One last thought and one last beat of his heart for Jesus, he was completely in love…then the end.

  The partisans covered him with shovels of earth and some dry branches from the trees.

His cassock became a soccer ball, later seen as a “trophy of war,” under the door of a neighbouring house.

It was April 13, 1945, the anniversary of the young martyr St. Ermenegildo (+585 A.D.) Friday, like the one on which Jesus gave himself on the cross. Rolando was 14 years and 3 months old.

Rolando Maria Rivi with his life, his word and moreover with his blood had proclaimed “What is more dear to me in this world is Christ.”

On that bloody day, Fr. Alberto Camellini went to see the diocesan bishop, Eduardo Bertoni.

The Bishop was sick on his bed, weakened because of pain and the assignation of ten of his priests. April 19, Fr. Giuseppe Jemmi, an associate pastor in Felina had been killed. Msgr. Bretoni heard and then began to cry without consolation and exclaimed: “Now they are killing my seminarians too!”

Pius XII on March 19, 1958 addressing 100,000 youths from the Catholic Action in St. Peter’s square in Rome said: “The earth which has been irrigated with tears will smile with pearls of love and once the blood of the martyrs has been dispersed, it will make new Christians grow… after one of the hardest and most difficult winters will come a spring which will be the announcement of a very rich and light summer.”

The partisans who hated the Church and the priest thought that for Rolando everything was finished with the two shootings and with the shovels of earth that were thrown on his martyred body, in the grave in the forest of Piane di Monchio.

But no, this was just the beginning.

John Paul II on Sept. 23 1990 was in Ferrara, he spoke about the priest and seminarian martyrs saying: “The tortures and sufferings have made more evident the footprints of the ancient witness of faith…one word I want to say to the youth in preparation for the priesthood is that it is necessary to cultivate a sincere and deep love for Christ and one’s brothers, it is necessary to dispose the old heart to total donation.”

It is the message of Rolando that like a living seed bears fruit and is being fulfilled.

Rolando Rivi lived only fourteen years, he lived only to become a priest, to celebrate in the altar and offer the Holy Sacrifice of the Mass and to announce to his brothers, like a real missionary, the real Jesus Christ.

There is an empty altar in which this young man never celebrated the Mass, but there are so many other youths that have been called to the priesthood and with enthusiasm, driven by this example, will celebrate on this same altar.

Rolando has gone directly to the altar of glory, making of himself a pure host, holy and immaculate, offered to God for the salvation of his brothers.  

P. Alfonso M.A. Bruno FI

SOURCE : http://www.clerus.org/clerus/dati/2010-05/11-13/The_Testimony_of_the_Bloody_Cassock.html

Beato Rolando RiviSeminarista, martire


San Valentino, Castellarano, Reggio Emilia, 7 gennaio 1931 – Piane di Monchio, Modena, 13 aprile 1945

«Domani un prete di meno», questa la motivazione che venne data dal commissario politico della formazione partigiana garibaldina che uccise nel 1945 il seminarista Rolando Rivi di 14 anni. Ci furono molte vittime fra il clero italiano durante la Seconda guerra mondiale e la guerra civile. Vittime dei nazisti, come don Giuseppe Morosini (1913-1944), accompagnato al supplizio dal Vescovo che lo aveva ordinato sacerdote, il futuro Cardinale Luigi Traglia (1895-1977), oppure come tanti sacerdoti e parroci assassinati dai partigiani e militanti comunisti, anche oltre il 25 aprile, come don Umberto Pessina (1902-1946).


Scrisse il Vescovo di Reggio Emilia, Beniamino Socche (1890-1965), nel suo diario: «…la salma di don Pessina era ancora per terra; la baciai, mi inginocchiai e domandai aiuto (…). Parlai al funerale (…) presi la Sacra Scrittura e lessi le maledizioni di Dio per coloro che toccano i consacrati del Signore. (…) Il giorno dopo era la festa del Corpus Domini; alla processione in città partecipò una moltitudine e tenni il mio discorso, quello che fece cessare tutti gli assassinii. Io  ̶  dissi  ̶  farò noto a tutti i Vescovi del mondo il regime di terrore che il comunismo ha creato in Italia». In Emilia Romagna e soprattutto nel «Triangolo della morte» (Bologna, Modena, Reggio Emilia) perirono barbaramente 93 sacerdoti e religiosi; la maggior parte a seguito delle vendette dei «rossi». Fra le vittime anche Rolando Rivi, colpevole di indossare la talare.

Il Papa, il 27 marzo scorso, ha autorizzato la Congregazione delle Cause dei Santi a promulgare i Decreti riguardanti 63 nuovi Beati e 7 nuovi Venerabili: molti sono martiri della guerra civile spagnola, dei regimi comunisti dell’Europa Orientale e del nazismo. Fra di loro c’è anche il giovane seminarista, del quale libri di storia e mass media hanno debitamente taciuto… per non sporcare l’ “eroica” memoria della Resistenza rossa.

Rolando Maria Rivi nacque il 7 gennaio 1931 a San Valentino, borgo rurale del Comune di Castellarano (Reggio Emilia), in una famiglia profondamente cattolica. Brillante e vivace, di lui si diceva:  «o diventerà un mascalzone o un santo! Non può percorrere una via di mezzo». Con la prima Comunione e la Cresima divenne maturo e responsabile. Rolando, ogni mattina, si alzava presto per servire la Santa Messa e ricevere la Comunione. All’inizio di ottobre del 1942, terminate le scuole elementari, entrò nel Seminario di Marola (Carpineti, Reggio Emilia). Si distinse subito per la sua profonda fede. Amante della musica, entrò a far parte della corale e suonava l’armonium e l’organo.
Quando stava per terminare la seconda media, i tedeschi occuparono il Seminario e i frequentanti furono mandati alle loro dimore. Rolando continuò a sentirsi seminarista: la chiesa e la casa parrocchiale furono i suoi luoghi prediletti. Sue occupazioni quotidiane, oltre allo studio, la Santa Messa, il Tabernacolo, il Santo Rosario. I genitori, spaventati dall’odio partigiano, invitarono il figlio a togliersi la talare; tuttavia egli rispose: «Ma perché? Che male faccio a portarla? Non ho voglia di togliermela. Io studio da prete e la veste è il segno che io sono di Gesù».

Questa pubblica appartenenza a Cristo gli fu fatale. Un giorno, mentre i genitori si recavano a lavorare nei campi, il martire Rolando prese i libri e si allontanò, come al solito, per studiare in un boschetto. Arrivarono i partigiani, lo sequestrarono, gli tolsero la talare e lo torturarono. Rimase tre giorni loro prigioniero, subendo offese e violenze; poi lo condannarono a morte. Lo condussero in un bosco, presso Piane di Monchio (Modena); gli fecero scavare la sua fossa, fu fatto inginocchiare sul bordo e gli spararono due colpi di rivoltella, una al cuore e una alla fronte. Poi, della sua nera e immacolata talare, ne fecero un pallone da prendere a calci. Era venerdì 13 aprile 1945.


Autore: Cristina Siccardi




Nella primavera del 1977, preparando l’esame di abilitazione in filosofia, mi imbattei in un libro di Mino Martelli, Una guerra, due resistenze (Ed. Paoline, Alba, 1976), che, tra l’altro, narrava la storia di un seminarista di Reggio Emilia, ucciso dai partigiani comunisti. Immaginai subito che doveva essere un ragazzo esemplare – Rolando Rivi, questo il suo nome – che meritava di conoscere più a fondo, e mi proposi, una volta terminati i miei studi di allora, di occuparmene per saperne di più.
A scuola presi a narrare di Rolando ai miei allievi che ne rimanevano commossi e pensosi. Finalmente nel 1991, cominciai a muovermi e mi trovai presto a contatto di persone che lo avevano conosciuto assai da vicino: alcuni suoi compagni di Seminario, i suoi maestri, alcuni familiari, persino il suo papà. La figura di Rolando apparve ai miei occhi in tutta la sua bellezza e il suo fascino singolare.


Un uomo appassionato



Seppi che il suo papà si chiamava Roberto Rivi ed era nato a S. Valentino di Castellarano (Reggio Emilia), il 30 ottobre 1903, primo di numerosi fratelli. Crebbe, alla scuola di mamma Anna, una donna di fede ardente, a pregare ogni giorno la Madonna con il Rosario e a incontrare tutte le domeniche Gesù nella S. Messa e Comunione. La sua guida era il parroco don Jemmi.

Dopo le elementari, Roberto rimase a casa a lavorare la campagna e a testimoniare la fede cristiana tra la sua gente. A 20 anni, prestò servizio militare, passando anche alcuni mesi a Zara, nell’Istria, assai lontano da casa, vivendo in ambienti difficili, sempre in fedeltà a Gesù, a costo di qualsiasi sacrificio.

A metà degli anni ’20, era rientrato in famiglia a S. Valentino, proprio nel periodo in cui la Chiesa, guidata da Papa Pio XI, organizzava la gioventù nell’Azione Cattolica: anche Roberto fece parte di quei giovani appassionati. Ogni giorno, con la mamma Anna, partecipava alla Messa con la Comunione. Lo farà sino all’ultimo giorno della sua vita, preparandosi alla Comunione quotidiana con la Confessione settimanale e la preghiera personale.

Ventiquattrenne, Roberto aveva incontrato Albertina e la sposò, deciso a farsi una famiglia, che avesse come centro Gesù, Luce, Amore e Guida.

Quindi erano venuti i figli che furono la sua più grande gioia.



Il piccolo chiamato



Il 7 gennaio 1931, gli nacque Rolando che si dimostrò subito un figlio speciale. A 5 anni, il piccolo già serviva la Messa al parroco don Olinto Marzocchini, e si vedeva che gli piaceva proprio stare in chiesa a pregare e a cantare le lodi del Signore.

Nella festa del Corpus Domini, 16 giugno 1938, Rolandino ricevette la I Comunione e fu davvero per lui festa umile e solenne: Gesù diventava il suo intimo Amico. A scuola, guidato dalla maestra Clotilde Selmi, giovane donne dalla Comunione quotidiana, preparata e tutta dedita alla sua missione di educatrice cristiana, seppe dare buoni risultati: sostenuto da una vivace intelligenza, imparava con facilità e aiutava volentieri i compagni.

Era generosissimo con i poveri di passaggio ai quali donava con larghezza, dicendo: “La carità non rende povero nessuno. Ogni povero per me è Gesù”. Il 24 giugno 1940, dal Vescovo diocesano di Reggio Emilia, Mons. Edoardo Brettoni, Rolando ricevette la Cresima. Si sentì ancora più obbligato con il Signore Gesù, “un soldato di Cristo”, come allora si diceva, e prese forti impegni con Lui: la Messa e Comunione quotidiana, la Confessione settimanale, il Rosario alla Madonna ogni giorno, da solo e in famiglia.

I suoi piccoli amici del borgo, Rolando cercava di portarli in chiesa, al catechismo, davanti al Tabernacolo, per crescere nella fede e nell’amore al Signore. Papà Roberto si chiedeva: “Chi mai sarà questo bambino?”. Rolando finì le elementari in modo brillante. La maestra ricorderà sempre “i suoi occhi vivi, espressivi al massimo, cui non sfuggiva nulla, la sua intuizione immediata, la logica serrata dei suoi ragionamenti, la sua ottima memoria”.

A lui, però, ciò che più importava, era il rapporto, intenso, sempre più intenso con Gesù. Il sacerdote all’altare – don Narzocchini, sua guida e modello di vita – quando consacrava il Pane e il Vino nella Messa, gli appariva grande da toccare il Cielo: “Perché – si domandava – non avrebbe potuto essere come lui?”.

S. Pio X, il papa dell’Eucaristia ai bambini in giovanissima età, un giorno previde: “Ci saranno tanti ragazzi santi e tanti chiamati al sacerdozio, grazie a Gesù Eucaristico adorato e santamente ricevuto da loro”.

Per tutta la prima metà del secolo XX – e oltre – grazie a una pedagogia davvero eucaristica da parte delle parrocchie e dell’Azione Cattolica, la “profezia” di S. Pio X si è avverata largamente: lo scrivente, ricercatore di “santità giovane”, lo può ampiamente documentare, appoggiandosi anche sulla testimonianza scientifica e teologica di illustri Maestri della psicologia, del dogma e dell’ascetica cristiana, quali P. Agostino Gemelli, P. Garrigou-Lagrange, il Card. Pietro Palazzini (si veda il testo di L. Castano, Santità giovanile, LDC, Torino, 1989).

Ebbene, proprio nell’ambito della profezia di S. Pio XII, Rolando Rivi, decenne, a contatto di Gesù vivo nel Tabernacolo e del suo parroco don Marzocchini, vero “sacerdos propter Eucaristiam”, sentì la voce di Gesù che lo chiamava alla santità e al sacerdozio. A 11 anni, decise: “Voglio farmi prete. Papà, mamma, vado in Seminario”.

Così all’inizio dell’ottobre 1942, entrò in Seminario, a Marola (Reggio Emilia), vestendo subito l’abito talare, come allora si usava. Studiava con serietà e, con la sua bella voce, faceva parte del coro. Stava assai volentieri davanti all’Eucaristia, appassionato sempre di più della sua vocazione, sentendosi un prediletto di Dio.


A casa, in vacanza, durante l’estate, continuava a vivere da seminarista, con fedeltà ai suoi impegni, la Messa e la Comunione quotidiana, la meditazione al mattino, la visita al SS.mo Sacramento e il Rosario alla Madonna, ogni sera, in una vita di studio e di purezza, e facendo apostolato tra i compagni. Portava sempre con orgoglio l’abito religioso, spiegando: “È il segno che io sono di Gesù”.

Suonava in chiesa l’harmonium e accompagnava i cantori, tra i quali il suo ottimo papà, Roberto Rivi, fiero di cantare con il suo “tesoro” che si preparava, più convinto che mai, a diventare “un altro-Gesù” nel sacerdozio. Lo si vedeva spesso circondato da piccoli amici, con i quali il discorso era caldo di luce e di amore: voleva raccoglierli tutti attorno a Gesù, insegnare loro ad amarlo come Lui solo merita di essere amato.


Giovanissimo martire



Ha testimoniato di lui un suo compagno di Seminario, ora prete e parroco: “Rolando era vivace e svelto in tutti i giochi, a pallone a pallavolo. Il campione della classe, della sua camerata. Attentissimo a scuola, molto studioso, esemplare, innamoratissimo di Gesù. Tutto in lui era superlativo. Si stava volentieri con lui: contagiava gioia e ottimismo. Era l’immagine perfetta del ragazzo santo, ricco di ogni virtù, portata nella vita quotidiana all’eroismo”.

Papà Roberto era orgoglioso che il buon Dio gli avesse dato un figlio così e già pregustava la gioia di vederlo sacerdote. Ma nel 1944, il Seminario, a causa della guerra, fu chiuso. Rolando, rientrato in famiglia a S. Valentino, viveva, nonostante le difficoltà, la sua stessa vita ardente e luminosa, intessuta di preghiera e di studio, di amore intenso a Gesù Eucaristico, di pietà mariana.

Il momento era difficilissmo, per le scorribande di tedeschi, fascisti e partigiani; l’odio alla Chiesa e ai preti diffuso e rabbioso. Venne a sostituire il parroco, un givoane curato, don Alberto Camellini. Rolando con i suoi amici seminaristi di S. Valentino, diceva spesso: “Preghiamo per tornare al più presto in Seminario. Quando sarò prete, partirò come missionario a portare Gesù a quelli che non lo conoscono”.


Non temeva né derisione né minacce – che non gli mancavano – segnato a dito, come “il pretino”. A chi gli chiedeva di vestire come gli altri ragazzi, rispondeva: “Non posso lasciare la mia veste: è il segno che io appartengo al Signore”.

Il 10 aprile 1945, finì in mano a un gruppo di partigiani comunisti a Monchio (Modena). Lo portarono nella loro base e lo processarono come un colpevole (colpevole della sequela Christi!). Poi emisero la sentenza: “Uccidiamolo, avremo un prete in meno”. In un bosco, presso Piane di Monchio, dopo averlo percosso e malmenato senza pietà, gli scavarono la fossa… Mentre Rolando, inginocchiatosi, pregava il suo Gesù per sé, per i suoi genitori, forse per gli stessi aguzzini, questi lo presero a calci, poi, con due colpi di rivoltella al cuore e alla fronte, lo finirono barbaramente.

Era il 13 aprile 1945, un venerdì, quando Rolando Rivi, a 14 anni appena, fu freddato nel clima di odio contro la Chiesa e i sacerdoti.

L’indomani, papà Roberto e don Camellini ritrovarono il suo corpo martoriato. Sepolto provvisoriamente a Monchio, un mese dopo, tornava a S. Valentino tra la sua gente in lacrime che guardava a lui, come a un piccolo angelo, della razza dei martiri, uccisi dai senza-Dio, dai primi secoli cristiani a quelli contemporanei della Russia, del Messico e della Spagna. Sulla sua tomba, papà Roberto fece scrivere le parole da lui composte: “Tu che dalle tenebre e dall’odio fosti spento, vivi nella luce e pace di Cristo”.


Al di là dell’odio



Su quell’immane tragedia, papà Roberto disse soltanto: “Perdono”. Era straziato, ma con la sua fede grandissima riprese a vivere infondendo coraggio ai suoi e illuminando il dolore con la preghiera incessante, sentendosi quasi chiamato a compiere il bene al posto di Rolando.

Il martirio del figlio seminarista lo spinse a fondo, a impegnarsi in prima persona, negli anni del dopoguerra affinché l’Italia non cadesse sotto un’altra dittatura, e a costruire una società cristiana. Nel tempo del conflitto, gli erano morti al fronte, lontanissimo da casa, i due fratelli Rino e Adolfo, e in casa, la sorella Lina. Negli anni che verranno, altri lutti e dolori proveranno la sua forte tempra e la sua fede invincibile.

Stupiva chi lo avvicinava, persino i sacerdoti che lo stimavano e ne amavano la compagnia, e la sorella suora. “Con tutto quanto ha patito, come piò essere così forte e sereno?”. La sua risposta era la Croce di Cristo. Così papà Roberto portava la sua fede davanti a chiunque, sempre “uno con Gesù”: nella famiglia, nel lavoro, nei rapporti sociali, nel modo di intendere le cose e le scelte quotidiane. Una vera mentalità di fede, la sua, tradotta nelle opere, in semplicità e letizia.

Gli anni passavano e la sua esistenza si faceva sempre più traboccante di preghiera: la Messa e la Comunione quotidiana, in un colloquio prolungato con Gesù, per la Chiesa, per i sacerdoti, per la conversione del mondo, fino al punto di riconoscere, con il suo amico don Ugolini: “Io starei sempre davanti al Signore del Tabernacolo”.

La via Crucis diventò la sua preghiera prediletta: la ripeteva anche sette volte al giorno, tenendo la foto di Rolando tra le mani, ricordando al divino Sofferente i suoi familiari, gli amici, i sacerdoti e… coloro che gli avevano fatto del male.

Il 22 ottobre 1992, a 89 anni, papà Roberto rivedeva il suo Rolando e i suoi cari che lo avevano preceduto in Paradiso. Chi lo ha conosciuto di persona o semplicemente lo ha sentito qualche volta per telefono è rimasto incantato dalla sua fede granitica e dolce: anche lui, la sua vita, come Rolando, l’aveva consumata per Gesù, nostro Re e Signore.



“Un angelo della terra”



Raccolte numerose testimonianze su Rolando, abbiamo pubblicato la sua biografia: “Un ragazzo per Gesù” (Ediz. Del Noce, Camposampiero – PD – 1997).

Il volumetto si è diffuso per ogni dove e continua a diffondersi.

Il 29 giugno 1997, solennità dei SS. Pietro e Paolo, Apostoli e i più grandi Martiri della Fede cattolica, dal cimitero, la salma di Rolando è stata traslata nella chiesa di S. Valentino, dove era stato battezzato ed era sbocciata la sua vocazione al sacerdozio. Da quel giorno, la sua tomba è diventata meta di pellegrinaggio da ogni parte d’Italia e da più lontano, e luogo di preghiera.

Nell’aprile del 2001, i giornali hanno parlato a lungo di un bambino inglese di tre anni, James Blacknel, guarito dalla leucemia per l’intercessione di Rolando. Da allora sono assai frequenti le testimonianze di grazie, guarigioni e celesti favori ottenuti da chi lo prega. Si tratta di umile gente, ma anche di uomini di cultura che si rivolgono a lui, certi di essere esauditi (Gente, 31 maggio 2001, pp. 113-115; Famiglia Cristiana, 17 giugno 2001, pp. 72-73; Il giornale, 13 aprile 2002, p. 31, oltre le pubblicazioni locali dell’Emilia e della Toscana).

Nel settembre 2002 e nel settembre 2003, si sono svolti a S. Valentino due convegni per ricordarlo e approfondire la conoscenza della sua nobile figura che emerge sempre più luminosa e affascinante nello splendore del martirio. Anche l’Osservatore Romano ha scritto più volte di lui (12 aprile 2000; 16 gennaio 2004). Il 7 maggio 2000, nella solenne celebrazione dei martiri del XX secolo, voluta a Roma da papa Giovanni Paolo II, anche Rolando Rivi è stato ricordato.

È diffusa ormai di lui una larga “fama sanctitatis”, in Italia e all’estero, fino al lontano Brasile. Il 1 Dicembre 2003, il Card. José Saraiwa Martins, Prefetto della Congregazione della Cause dei Santi, letta la piccola biografia di Rolando, or ora citata, in una lettera allo scrivente lo ha definito “splendida figura di seminarista e vero angelo della terra”, augurando che si possa al più presto iniziare la sua causa di beatificazione. Il suo esempio verrebbe a indicare l’unica via davvero affascinante per educare i ragazzi alla fede e all’amore a Cristo e far sbocciare autentiche vocazioni al sacerdozio in un vero cammino di santità.

È proprio di questo che abbiamo oggi immensamente bisogno.

Rolandi Rivi, a 14 anni, ha proclamato a fronte alta davanti al mondo che continua a perseguitare gli amici di Gesù: “Vitam et sanguinem pro Christo nostro Rege”. Solo ragazzi e giovani come lui saranno capaci anche oggi di una nuova rivoluzione cristiana davanti a cui nessuno potrà chiudere gli occhi e tanto meno chiudere il cuore.


Autore: Paolo Risso




Il ruolo e la sofferenza della Chiesa durante la II Guerra Mondiale

Dalla grande tragedia che fu la Seconda Guerra Mondiale, con tutto il suo strascico di orrori contro l’umanità, emergono ormai sempre più chiaramente, tante belle figure di sacerdoti, religiosi, seminaristi, laici d’Azione Cattolica, che testimoniarono la loro fede cattolica e l’amore per i fratelli sofferenti in quella situazione, a qualunque parte i belligeranti appartenessero.

Oltre gli eroi, che giustamente sono stati riconosciuti e onorati dalle Nazioni in guerra, vi furono anche eroi più silenziosi, nascosti o rimasti a lungo trascurati nel ricordo ufficiale, ma che pur diedero la loro vita per la salvezza di altri, in virtù dell’amore totale verso Dio e di riflesso verso i fratelli nell’umanità; in molti casi pagarono con la vita, la loro fedeltà a Cristo ed alla Chiesa, denunciando e lottando contro la barbarie ideologica imperante. 

E la Chiesa Cattolica, fu come sempre in prima fila, per la sua posizione di ricercatrice di pace, di avvocata dei deboli, di soccorritrice in ogni sofferenza, persecuzione, ingiustizia, si trovò sempre fra le opposte ideologie totalitarie e in senso pratico fra i contendenti, sia essi invasori ed oppressori, sia perdenti ed oppressi, anche quando i ruoli si invertirono, a seguito del capovolgersi delle situazioni di guerra e delle mutate condizioni politiche. 

E da ambo le parti, i suoi figli e figlie consacrati e i fedeli impegnati in ogni campo dell’apostolato, subirono alternativamente persecuzioni, arresti, torture e morte violenta. 


I martiri del tempo

La Chiesa, passata la disastrosa bufera e mettendo insieme notizie, testimonianze, scritti, verificando ed approvando virtù e miracoli ottenuti per la loro intercessione, ha provveduto ad elevare alla gloria degli altari o avviando le cause per la beatificazione, molti di questi suoi figli, martiri per la fede, uccisi con le armi o lasciati morire nei famigerati campi di sterminio. 

Si citano alcuni: S. Massimiliano Maria Kolbe (1894-1941), frate conventuale francescano polacco; beato Giuseppe Kowalsky († 4 luglio 1942), salesiano polacco; santa Edith Stein (1891-1942), carmelitana olandese di origine ebrea; beato Tito Brandsma (1881-1942), carmelitano olandese; beato Marcello Callo (1921-1945), laico cattolico francese; beato Secondo Pollo (1908-1941), sacerdote italiano, cappellano degli Alpini; servo di Dio Salvo D’Acquisto (1920-1943), brigadiere dei carabinieri; servi di Dio Flavio Corrà (1917-1945) e Gedeone Corrà (1920-1945), fratelli veronesi, giovani d’Azione Cattolica; servo di Dio Gino Pistoni (1924-1944), partigiano d’Ivrea, giovane d’Azione Cattolica; servo di Dio Giuseppe Rossi (1912-1945), parroco di Castiglione d’Ossola; ecc. 



La situazione in Italia
L’Italia fu particolarmente colpita dalle tragiche vicende, prima con l’affermarsi del regime fascista, con le leggi razziali, con la sciagurata alleanza col nazismo hitleriano, poi con la partecipazione alla II Guerra Mondiale, che tante vittime e distruzioni apportò al popolo italiano e infine con la perdita della guerra, il dissolvimento dell’esercito, l’invasione alleata con centinaia di bombardamenti, il ritiro delle truppe tedesche con stragi e rappresaglie sulla popolazione, la Repubblica di Salò nell’Alta Italia, il movimento della Resistenza, gli scontri sanguinosi tra fascisti, tedeschi e partigiani, la caduta definitiva del Fascismo, le vendette finali con migliaia di esecuzioni-omicidi. 
È impossibile in questa limitata scheda, annoverare le vittime cattoliche innocenti o ritenute colpevoli da una delle parti contendenti, perché espletavano la carità di Cristo anche con gli appartenenti all’altra parte, oppure alzavano la voce in difesa di quanti subivano vendette, violenza e soprusi. 



Il martirio della Chiesa Italiana

Ci furono vittime dei nazi-fascisti, come don Giuseppe Morosini (1913-1944), fucilato a Roma e don Pietro Pappagallo, ucciso alle Fosse Ardeatine († 24-3-1944), come i tanti parroci uccisi dai tedeschi insieme ai loro fedeli, a S. Anna di Stazzena, Boves, Marzabotto, ecc. e i tanti sacerdoti e parroci uccisi dei partigiani e militanti comunisti, anche oltre il 25 aprile 1945, come don Umberto Pessina, parroco di San Martino di Correggio († 18 giugno 1946). 

In Emilia Romagna e soprattutto nel famigerato “Triangolo della morte” (Bologna, Modena, Reggio Emilia), perirono di morte violenta, vittime da ambo le parti, ben 93 sacerdoti e religiosi; la maggior parte a seguito delle vendette dei ‘rossi’ contro le ex ‘camicie nere’, fra i quali inclusero spesso anche le tonache nere, cioè i preti, a volte accusati di aver collaborato con il regime, oppure di aver aiutato qualche fascista fuggitivo.E in questo clima di strisciante Guerra Civile, bagnato dal sangue di migliaia di vittime delle vendette, s’inquadra la vicenda terrena e il martirio del quattordicenne seminarista Rolando Rivi, colpevole solo di indossare la veste talare in quel periodo di odio scatenato contro il clero, che alzava la voce a condannare in nome di Dio gli eccidi dell’immediato dopoguerra. 



Rolando Rivi; le origini, la vocazione al sacerdozio

Rolando Rivi nacque il 7 gennaio 1931 a San Valentino, villaggio del Comune di Castellarano (Reggio Emilia), borgo campagnolo, posto a 300 metri d’altitudine sulle prime alture dell’Appennino, tra il torrente Tresinaro e il fiume Secchia. 

Secondo dei tre figli di Roberto Rivi e di Albertina Canovi, al battesimo, amministrato dal parroco don Luigi Lemmi, gli fu imposto il nome di Rolando Maria. 

Il giovane papà di 28 anni, Roberto, era figlio di Alfonso Rivi e di Anna Ferrari, che dall’inizio del Novecento, provenienti da Levizzano-Baiso, si erano trasferiti a San Valentino a lavorare la terra, e verso gli anni Venti si erano spostati nell’ampio casolare di campagna del “Poggiolo” con i loro nove figli, dei quali Roberto era il primogenito, nato nel 1903 anche lui a San Valentino. 

Il papà di Rolando era cresciuto educato alla fede genuina e forte della sua mamma Anna Ferrari, e nei tempi eroici dell’Azione Cattolica degli anni Venti, aveva fatto parte dei giovani iscritti della sua parrocchia; prima di andare a lavorare nei campi, ogni mattina assisteva alla celebrazione della Messa e si accostava alla Comunione. 

In questa atmosfera di forte religiosità e fede concreta, crebbe Rolando, insieme al fratello maggiore Guido e alla sorella minore Rosanna. 

Sano di salute ed esuberante nel carattere, con la sua vivacità procurava spesso ansia ai genitori, ma la nonna Anna aveva intuito il suo temperamento e diceva: “Rolando o diventerà un mascalzone o un santo! Non può percorrere una via di mezzo”. 

A sei anni nel 1937, iniziò a frequentare le scuole elementari e nel contempo la parrocchia; sia la maestra Clotilde Selmi, sia la catechista Antonietta Maffei, profusero nella giovane anima di Rolando l’amore per la vita, per la famiglia, per Gesù, per i fratelli, completando ed integrando l’educazione che riceveva dai suoi familiari. 

Fu ammesso a ricevere l’Eucaristia quasi subito, perché era tra i fanciulli che si erano preparati meglio ed in fretta; fece la Prima Comunione il 16 giugno 1938 festa del Corpus Domini; dopo quel giorno Rolando cambiò, pur rimanendo vivace divenne più maturo e responsabile, cambiamento che si accentuò dopo aver ricevuto la Cresima il 24 giugno 1940. 

Intanto il suo parroco don Olinto Marzocchini, che dal marzo 1934 aveva preso il posto del defunto parroco Lemmi, divenne il suo maestro e modello di vita, indirizzando da padre spirituale, la sua giovane e innocente anima verso la scoperta di Cristo. 

Rolando si accostava ogni settimana al Sacramento della Penitenza e ogni mattina si alzava presto per servire la Messa e ricevere la Comunione. 

Aveva quasi 11 anni, quando non potendo più contenere dentro di sé la voce di Gesù che lo chiamava, disse ai genitori e nonni: “Voglio farmi prete, per salvare tante anime: Poi partirò missionario per far conoscere Gesù, lontano, lontano”. 

I suoi pii genitori non si opposero, e Rolando completato il ciclo delle elementari, all’inizio dell’ottobre 1942 entrò nel Seminario di Marola (Carpineti, Reggio Emilia) per le medie-ginnasio; come allora si usava, vestì subito la tonaca talare e Rolando ne fu orgoglioso, portandola con dignità e amore. 

L’avvertiva come segno della sua appartenenza a Cristo e alla Chiesa e ne era fiero, e proprio l’amore che portava all’abito talare, sarà la causa della sua prematura fine. 



In Seminario; la guerra entra nella sua vita; il ritorno forzato a casa

Si distinse subito per lo studio, per la bontà verso tutti, per la sua gioia verso Gesù, per le preghiere prolungate davanti al Tabernacolo; divideva con i compagni, cibo, frutta, dolci, che spesso erano portati dai suoi genitori in visita. 

Amante della musica, entrò a far parte della corale e cominciò a suonare l’armonium e l’organo per rendere più solenni le cerimonie liturgiche; quando tornava a casa, aiutava i genitori nei lavori di campagna e suonando l’armonium accompagnava il coro parrocchiale, dove cantava anche il padre Roberto; organizzava i ragazzi nei giochi, partecipò ai pellegrinaggi mariani che don Marzocchini organizzava. 

Intanto la guerra infuriava e anche il tranquillo villaggio di San Valentino ne era scosso; dopo l’8 settembre 1943 con la caduta di Benito Mussolini e l’occupazione della Penisola da parte dei tedeschi, si erano aggregate, specie nelle province emiliano-romagnole, formazioni partigiane, che a parte gruppi minoritari di cattolici democratici, erano in maggioranza composte da comunisti, socialisti, aderenti al Partito d’Azione, tutti accomunati oltre che dall’odio verso i fascisti, anche da una forte connotazione anticattolica. 

La frangia più estrema, quella dei comunisti, non si limitava a combattere i tedeschi; vedendo nel clero un pericoloso argine al proprio progetto rivoluzionario, l’anticlericalismo diventò violento e man mano sempre più minaccioso. 

Nel giugno 1944, quando Rolando finì la II Media, i tedeschi occuparono il Seminario di Marola e i seminaristi furono mandati a casa. 

Anche Rolando dovette tornare a San Valentino, portando con sé i libri per poter continuare a studiare a casa e per non perdere l’anno scolastico. 

Continuò a sentirsi seminarista, la chiesa e la casa parrocchiale furono i luoghi prediletti per il trascorrere del suo tempo: la Messa quotidiana con la Comunione, la meditazione, la visita pomeridiana a Gesù nel Tabernacolo, il rosario alla Madonna, suonava con letizia l’armonium; simpatico a tutti, riprese i contatti con i bambini, con i coetanei, insegnando loro a fare i chierichetti, a sera in casa, guidava vicino alla nonna, la recita del rosario. 


Il parroco l’osservava compiaciuto del suo fervore, che non veniva meno fuori dell’ambiente specifico del seminario, d’altra parte Rolando Rivi non smise di portare la tonaca, pur restando a casa, in attesa di poter ritornare nel Seminario. 

I genitori, spaventati da quanto succedeva nei dintorni, con le scorribande di tedeschi, fascisti e partigiani, accompagnate anche da furti, razzie e violenze, insistevano col figlio di togliersi quella benedetta veste nera, perché i tempi non erano buoni per il momento; ma Rolando rispondeva: “Ma perché? Che male faccio a portarla? Non ho voglia di togliermela”; “Io studio da prete e la veste è il segno che io sono di Gesù”. 


La situazione in paese precipita

Intanto a San Valentino anche don Olinto Marzocchini era stato aggredito una notte, e giacché già altri preti (Donatelli, Ilariucci, Corsi, Manfredi), erano stati uccisi dai partigiani comunisti (nella sola provincia di Reggio Emilia si conteranno alla fine 15 sacerdoti uccisi), fu opportunamente trasferito in luogo più sicuro e al suo posto fu inviato un giovane sacerdote, don Alberto Camellini. 

Rolando si trovò ancora più spaesato, venendo meno la sua guida spirituale, ma soprattutto era addolorato per la violenza che don Olinto aveva subito; comunque prese a collaborare col nuovo vice curato, con la consueta disponibilità ed entusiasmo. 

In paese scoppiavano spesso discussioni politiche, alle quali non era facile rispondere, meglio tacere, ma in un’occasione in cui era presente l’adolescente seminarista, alcuni attaccarono ingiustamente la Chiesa e l’attività dei sacerdoti e Rolando con impulsività, ne prese le difese davanti a tutti senza alcuna paura. Così a quanti già l’ammiravano in paese, si alternarono taluni che lo presero a malvedere. 

Trascorse così l’inverno a San Valentino, allietando e solennizzando le funzioni religiose dell’Immacolata, del Natale, dell’Epifania, con le armoniose note dell’organo da lui suonato. 

Il 1° aprile 1945, Pasqua di Resurrezione, ritornò in parrocchia don Marzocchini e al suo fianco rimase il giovane curato don Capellini, e come previsto, Rolando partecipò alle solenni funzioni della Settimana Santa, alternandosi al servizio dell’altare e al suono dell’organo; il parroco insistendo, volle dargli un piccolo dono in denaro, per ricompensarlo di tutti servizi fatti in quell’intenso periodo di celebrazioni. 



Il martirio del giovane seminarista

C’era ancora la guerra, ma nell’aria si avvertiva che stava finalmente avviandosi alla fine; Rolando nei giorni successivi, non mancò mai alla Messa e alla Comunione e dopo con i libri sottobraccio, nel fiorire della primavera, si spostava in un vicino boschetto a studiare. 

E anche martedì 10 aprile al mattino presto, era già in chiesa per la Messa cantata in onore di s. Vincenzo Ferreri, che non si era potuta celebrare il 5 aprile, perché cadeva nell’Ottava di Pasqua, suonò e accompagnò all’organo i cantori, fra i quali suo padre; ricevette come al solito la Comunione e al termine della celebrazione, dopo aver preso accordi con i cantori per la Messa dell’indomani, ritornò a casa. 

Mentre i genitori si recavano a lavorare nei campi, Rolando prese i libri e si allontanò come al solito a studiare nel boschetto, indossando sempre la sua veste nera. 

A mezzogiorno, i genitori l’attendevano per il pranzo e non vedendolo si recarono nel vicino boschetto a cercarlo; trovarono a terra i libri e un biglietto: ”Non cercatelo; viene un momento con noi partigiani”. 

I partigiani comunisti che l’avevano sequestrato, lo portarono nella loro ‘base’; il padre e il cappellano don Camellini, angosciati presero a cercarlo dovunque nei dintorni, intanto Rolando era stato spogliato della veste nera, che li irritava particolarmente, percosso con la cinghia sulle gambe e schiaffeggiato. 

Rimase tre giorni prigioniero dei partigiani, subendo offese e violenze; davanti a quel poco più di un ragazzino piangente, qualcuno di loro mosso a pietà, propose di lasciarlo andare, perché in effetti era soltanto un ragazzo; ma altri si rifiutarono e lo condannarono a morte, per avere “un prete futuro in meno”. 

Lo portarono in un bosco presso Piane di Monchio (Modena); scavata lì una fossa, Rolando fu fatto inginocchiare sul bordo e quando lui, avendo ormai compreso, singhiozzando implorò di risparmiarlo, ebbe come risposta dei calci e mentre pregava per sé e per i suoi cari, due scariche di rivoltella, una al cuore e una alla fronte, lo fecero stramazzare colpito a morte nella fossa. 

Fu ricoperto con pochi centimetri di terra e foglie secche; era venerdì 13 aprile 1945 e Rolando aveva solo 14 anni e 3 mesi: la sua veste da seminarista fu arrotolata come un pallone da calciare e dopo appesa come un trofeo di guerra, sotto il porticato di una casa vicina. 

Solo il giorno dopo, su indicazione di uno dei partigiani, il padre Roberto e il cappellano ritrovarono il corpo, la salma ricomposta, fu posta in una bara improvvisata e portata nella chiesa parrocchiale di Monchio per la funzione liturgica, e poi sepolta nel locale cimitero parrocchiale. 

Solo dopo, il padre e il cappellano ritornarono a San Valentino a portare la notizia alla desolata madre e al villaggio; la notizia suscitò uno sgomento generale di fronte a tanta barbarie. 

A guerra ultimata, il 29 maggio 1945, la salma del giovane martire fu riportata nel suo villaggio, posta in una bara bianca e fra le lacrime di tutta la popolazione, fu tumulata in località Montadella. 

I suoi genitori scrissero sulla sua tomba: “Tu che dalle tenebre e dall’odio fosti spento, vivi nella luce e nella pace di Cristo”. 

Rolando Rivi fu, ed è, una delle tante stelle luminose del firmamento affollato dei martiri, specie del XX secolo, che passando dalla Rivoluzione Messicana, alla Guerra Civile Spagnola, alla Rivoluzione e persecuzione in Russia o vittime delle due Guerre Mondiali, hanno testimoniato con il loro sangue innocente, la fede in Cristo seguendolo lungo il Calvario. 

Dopo 60 anni, il 7 gennaio 2006, l’arcivescovo di Modena mons. Benito Cocchi, ottenuto il nulla osta dalla Santa Sede il 30 settembre 2005, ha dato inizio, nella chiesa modenese di Sant’Agostino, al processo diocesano per la beatificazione del seminarista Rolando Rivi, martire innocente, caduto sotto l’odio anticlericale e anticristiano del tempo, per aver voluto testimoniare, indossando l’abito talare fino all’ultimo, la sua appartenenza a Cristo.

E' stato beatificato a Modena il 5 ottobre 2013.

La ricorrenza liturgica per le diocesi di Reggio Emilia-Guastalla e di Modena-Nonantola è stata fissata al 29 maggio.



Autore: Antonio Borrelli



Presto beato il seminarista ucciso dai partigiani
Papa Francesco ha promulgato il decreto per la beatificazione del quattordicenne Rolando Rivi, morto nel «triangolo rosso» alla fine della guerra


C'è anche il suo nome tra quelli che il nuovo Papa Francesco ha deciso di inserire nell'albo dei beati: Rolando Rivi, seminarista quattordicenne, assassinato il 13 aprile 1945 da una pattuglia di partigiani rossi. 



Rivi era nato il 7 gennaio 1931 a San Valentino, un paese di campagna all’inizio dell’Apennino, nel comune di Castellarano e in diocesi di Reggio Emilia. Figlio di contadini, era cresciuto in un ambienta familiare imbevuto di cristianesimo. Il piccolo vedeva che il papà, anche quando tornava la sera dai campi molto stanco, pregava la Madonna con il rosario tra le mani. 



E la mattina presto, prima di andare a lavorare, andava spesso in chiesa a «cantare Messa» perché faceva parte del coro parrocchiale. Rolando «cresceva aperto e sereno, anzi felice – scrive Paolo Risso, autore di una piccola biografia intitolata Rolando Rivi, un ragazzo per Gesù – e si scatenava di frequente in corse sfrenate e in giochi anche spericolati, rispondendo “a tono” a chi si permetteva commenti su di lui o lo interrogava. Combinava birichinate allegrissime e stargli insieme era uno spasso». Insomma, era un bambino vivacissimo e pieno di allegria. 



Nel 1934, in paese arriva un nuovo parroco, don Olinto Marzocchini, un prete il cui esempio sarà decisivo per la vocazione di Rolando. A sei anni, in prima elementare, sapeva già ripetere a memoria poesie o brani delle prediche di don Olinto. A Natale lo videro presentarsi con un sacchetto davanti al Gesù Bambino del presepio, e lo sentirono dire: «Questi sono i miei peccati, sono cento, li ho contati. Ma ti prometto, o buon Gesù, che un altr’anno ti porterò un sacchetto di virtù!». Vista la sua preparazione e la sua fede, viene ammesso in anticipo alla Prima Comunione. 



Ai genitori e alla nonna promette: «Adesso sarò buono, come voi desiderate, come Gesù vuole». Da quel giorno, il 16 giugno 1938, festa del Corpus Domini, i familiari notano in lui l’inizio di una trasformazione: rimaneva vivacissimo, ma cominciava a dominarsi. «Quando cominciava a fare qualche capriccio – ricorda il papà, Roberto Rivi – bastava dirgli: “Gesù così non è più contento di te”, perché il ragazzo cambiasse subito atteggiamento. Sentiva per Gesù un’attrattiva sempre più intensa». 



Imparava a suonare, a cantare, serviva Messa, era diventato uno dei collaboratori più assidui e preparati del parroco. Ormai ripeteva spesso davanti al tabernacolo: «Vorrei farmi prete…». Un giorno della primavera del 1942, quando è in quinta elementare, Rolando avverte ancora più chiara la voce di Gesù che dice: «Vieni e seguimi». Lui lo confida prima al parroco don Olinto: «Ho deciso, voglio farmi prete».



I genitori sono entusiasti della bella notizia, che arriva in un periodo difficile per la famiglia: uno zio è appena stato ucciso sul fronte di guerra in Africa, un altro morirà sul fronte russo l’anno successivo, mentre una giovane zia si spegnerà stroncata dal dolore per questi lutti. In autunno Rolando entra nel seminario minore di Marola e veste per la prima volta l’abito talare, la lunga tonaca nera dei sacerdoti, che oggi quasi nessuno porta più, ma che allora era d’obbligo indossare. Viene subito notato per la sua fede profonda e per l’esempio che lui, appena undicenne, sa dare ai suoi compagni. 



Diventa anche un piccolo campione di calcio, durante le partite della ricreazione, la sua vivacità e la sua esuberanza s’impongono nei momenti di svago. «Il giocatore di pallone, il campione della camerata – racconta uno dei compagni di seminario – in ginocchio, ai piedi del tabernacolo, sembrava diventato un altro. Era il ragazzo migliore. Non aveva malizia, un puro di cuore. Un vero agnello». C’è una vecchia e ormai sbiadita foto che ritrae Rolando con la talare nera e il cappello a tesa larga da prete: ha gli occhi nerissimi e penetranti, il volto sereno. È fiero dell’abito che porta, desidera ardentemente con tutto il suo essere di poter celebrare Messa sull’altare.



Al termine della seconda ginnasio, nel giugno 1944, il seminario viene occupato dai tedeschi e gli studenti sono costretti a ritornare a casa. Rolando torna al paese, portando con sé i libri di latino, italiano e matematica, per poter continuare a studiare. Si dedica all’apostolato tra i bambini in parrocchia. Chi lo avvicina in quei giorni, dice: «Questo ragazzo riuscirà a diventare prete e sarà un prete esemplare». 



Nel settembre di quell’anno iniziano le scorribande dei tedeschi, dei fascisti e dei partigiani. Molti sacerdoti inermi finiscono purtroppo nel mirino di tutti. Rolando, che non voleva mai distaccarsi dalla sua tonaca nera, anche se più di un amico gli aveva consigliato di farlo per prudenza. I genitori lo supplicano: «Togliti la veste nera, non portarla ora…». «Ma perché? Che male faccio a portarla? Non ho motivo di togliermela». Non voleva distaccarsi da quel segno: «Io amo Gesù e ho la passione di servirlo nel sacerdozio. Io per Lui sono nel mondo, ma non del mondo». 



Un giorno viene deriso dai partigiani comunisti che scorrazzano per le colline attorno a San Valentino. Il parroco don Olinto è costretto a fuggire e a nascondersi. In quel periodo le simpatie del ragazzo seminarista andavano per gli uomini delle «Fiamme Verdi» della brigata «Italia», una formazione partigiana di ispirazione cattolica organizzata da don Domenico Orlandini, che aveva il nome di battaglia «Carlo».



Il 7 gennaio 1945, Rolando compie quattordici anni. La nonna Anna lo guarda piena di speranza, dice: «Chissà se ti vedrò salire l’altare…». «Oh, sì, nonna! – rispondeva lui – Canterò la Messa a San Valentino… Lo pensi che bello, nonna?». Arriva la Pasqua, e il Venerdì Santo Rivi si china a baciare il crocifisso ripetendo l’offerta al suo grande amico: «Tutta la mia vita per Te, o Gesù, per amarti e farti amare». 



Il 10 aprile, martedì, al mattino presto Rolando va in chiesa, assiste alla celebrazione, prega, suona l’organo accompagnando i cantori, tra i quali c’è suo papà Roberto. Quindi torna a casa e mentre i suoi genitori vanno a lavorare i campi lui prende i libri sottobraccio e si reca come al solito a studiare nel boschetto a pochi passi da casa. Indossa come sempre la talare nera. A mezzogiorno, non vedendolo tornare il padre il parroco vanno a cercarlo. Trovano un biglietto: «Non cercatelo, viene un momento con noi partigiani». Alcuni partigiani comunisti lo hanno portato nella loro base, lo hanno spogliato della tonaca, lo sbeffeggiano. 



Lui dice: «Sono un ragazzo, sì, un seminarista… e non ho fatto nulla di male». Viene percosso a cinghiate. Rolando piange, prega, chiede pietà. È soltanto un ragazzo. Qualcuno dei partigiani si commuove e propone di lasciarlo andare, ma gli altri si rifiutano. Decidono di ucciderlo. Lo portano in un bosco presso Piane di Monchio, in provincia di Modena. Rivi si ritrova davanti alla fossa già scavata, implora di avere salva la vita. Gli rispondono con un calcio. Allora si inginocchia e dice: «Voglio pregare per la mia mamma e il mio papà». Forse prega per i suoi stessi uccisori. Due scariche di rivoltella lo fanno rotolare a terra in una pozza di sangue. I partigiani lo coprono con qualche palata di terra e di foglie secche. La veste da prete diventa prima un pallone con cui giocare, poi viene appesa come trofeo di guerra sotto il porticato di una chiesa vicina. È il 13 aprile 1945.



Papà Roberto e il giovane curato di San Valentino, vanno a cercarlo nei boschi e per i paesi. Mentre camminano, incrociano un capo partigiano. Gli domandano: «Dov’è il seminarista Rivi?». Quello risponde: «È stato ucciso qui, l’ho ucciso io, ma sono perfettamente tranquillo». 



La scena del ritrovamento è straziante. Il padre abbraccia l’esile corpo del figlio tutto sporco di terra e di sangue, con addosso solo una maglietta e un paio di pantaloni rattoppati, legati al ginocchio. Il volto è coperto di lividi. Sarà Roberto a dettare l’epigrafe per la pietra tombale: «Vivi nella luce e nella pace di Cristo, tu che dalle tenebre e dall’odio fosti spento».


Andrea Tornielli



Voir aussi : http://www.pievesanvalentino.it/it/biography-of-blessed-rolando-rivi/

Saint BERNARD de THIRON, abbé bénédictin

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Saint Bernard de Thiron

Abbé près de Chartres ( 1117)

ou Bernard d'Abbeville.

AvecRobert d'Arbrisseldans le Maine-Anjou, Pierre de l'Étoile en Berry, Vitalen Normandie et Raoul de la Fustaieen Bretagne, il fut l'un des animateurs du mouvement monastique au XIe siècle, en fondant dans une forêt du diocèse de Chartres un monastère qui devint, plus tard, le centre d'une congrégation bénédictine. Originaire d'Abbeville dans le Nord de la France, il se fit moine à Saint Cyprien près de Poitiers, se préoccupa de l'abbaye de Saint Savin dont les moines se conduisaient d'une manière peu monastique. Il y rétablit l'austérité, mais il lui fallait en même temps éviter de se laisser absorber par la tentaculaire abbaye de Cluny afin de respecter l'originalité de sa Congrégation bénédictine dans l'Ouest de la France. Au XVIIe siècle, elle s'agrégea à la Congrégation de Saint Maur.

Au monastère de Tiron près de Chartres, en 1117, saint Bernard, abbé, qui mena d’abord une vie d’ermite en divers endroits, en forêt et à l’île Chausey, mais, des disciples venant à lui en foule, il se fixa avec eux dans la forêt de Tiron, les forma et les conduisit à la perfection selon l’Évangile.


Martyrologe romain



Saint Bernard de Tiron.

Bernard d’Abbeville ou de Tiron naquit près d’Abbeville en 1046. Il montra dès sa jeunesse un attrait pour la vie monastique. A vingt ans, ayant une connaissance approfondie des Ecritures, il partit pour le Poitou, avec trois compagnons, à la recherche d’une vie sainte. On leur conseilla le monastère de Saint Cyprien, fondé par Saint Robert de la Chaise-Dieu et gouverné par l’abbé Raynauld. 

Après dix ans de vie dans cette communauté, Bernard fut envoyé avec un autre moine à l’abbaye de Saint Savin afin d’y instaurer la réforme. Vers 1096 Bernard n’aspirait qu’à une vie plus solitaire, lorsque les moines de Saint Savin espéraient faire de lui leur abbé. L’ayant su, Bernard s’enfuit et, conseillé par un ermite il se réfugia dans la forêt de Craon. 

Lorsque l’abbé Raynauld sentit sa fin prochaine, il demanda à Bernard de revenir à Saint Cyprien. Il le nomma son prieur et le désigna comme son successeur au choix de la communauté. Cette fois Bernard accepta la charge. En 1100 il assista au concile de Poitiers qui excommunia Philippe Ierà cause du scandale de son divorce. 

Suite à une dispute entre Saint Cyprien et Cluny,l'abbé se démit de ses fonctions en vue de retourner dans la forêt de Craon, Un monastère fut construit près de la source du Tiron, pour Bernard et ses disciples, en 1113. 

Les religieux vécurent dans une grande pauvreté, ce qui n’empêchait pas les disciples de venir se joindre à Bernard. Les religieux étaient désignés sous le nom de « moines gris » à cause de la couleur de leur vêtement. Lorsque leur nombre dépassa les 500, 200 furent envoyés fonder divers prieurés. 
La congrégation naissante eut bientôt des couvents en Angleterre, en Allemagne, en Ecosse. 
Bernard mourut le 14 avril 1117.




Bernard of Thiron, OSB Abbot (AC)
(also known as Bernard of Abbeville)

Born near Abbeville, France, in 1046; died in Thiron, 1117; cultus confirmed in 1861. Saint Bernard professed the Benedictine Rule at Saint Cyprian's, Poitiers, and later was appointed prior of Saint Sabinus. After some 20 years in this office, Bernard became a hermit at Craon. He was recalled to a more public life as abbot of Saint Cyprian's. Shortly thereafter he resigned following a quarrel with Cluny. This time he retired to the forest of Thiron in Picardy, where he built a Benedictine monastery and founded a Congregation (Benedictine Tironian) which featured hard manual labor. The Congregation spread rapidly throughout France, England, and Scotland (Attwater2, Benedictines, Coulson). Saint Bernard is depicted in art as an abbot with a turner's lathe and tools. Sometimes a wolf is shown bringing him a stray calf (Roeder). He is the patron of captives and turners (Roeder).



San Bernardo di Tiron Abate


Martirologio Romano: Nel monastero di Tiron presso Chartres in Francia, san Bernardo, abate, che a più riprese si diede alla vita eremitica tra i boschi e sull’isola di Chausey, ma si dedicò anche a istruire e guidare alla perfezione evangelica i discepoli che in gran numero accorrevano a lui.

Nato nel territorio di Abbeville nel 1046, a venti anni, avendo già fatto buoni studi e conoscendo in particolar modo la Sacra Scrittura, Bernardo entrò nel monastero di S. Cipriano a Poitiers. Dopo dieci anni egli fu inviato, insieme col monaco Gervasio, a riformare l'abbazia di S. Savino, donde, per ti­more di esserne eletto abate, fuggì nascostamente andando a far l'eremita nella foresta di Craon, ai confini della Bretagna e del Maine, in un luogo chiamato Tiron. Scoperto dopo tre anni dai mo­naci di S. Savino, che ancora desideravano averlo come abate, Benedetto andò a vivere in perenne contem­plazione nell'isola di Chausey. Solo dopo tre anni, avendo saputo che i monaci di S. Savino avevano eletto un altro, ritornò a Tiron. Non vi rimase però a lungo, che, a richiesta del suo antico abate di S. Cipriano, Rinaldo, accettò l'ufficio di priore di quel cenobio e poi, alla morte di Rinaldo, quello di abate. Prese parte al concilio di Poitiers del 1100 ed ottenne da Roma che il suo monastero fosse dichiarato indipendente da Cluny.

Dopo ciò, fece ritorno nell'isola di Chausey, che però dovette lasciare perché disturbato dai pirati, e accettò allora la terra di Brunelles, donatagli da un benefattore, nella foresta di Tiron, fon­dandovi un monastero (1109). Essendo però sorta una lite coi monaci di Nogent, della Congregazione cluniacense, che pretendevano la decima, egli an­ziché cedere abbandonò il monastero e andò a fondarne un altro alla foce del Tiron (1113), nel quale ben presto i religiosi raggiunsero il numero di cinquecento. Questo monastero diede origine a una Congregazione benedettina che si diffuse in Germania, in Inghilterra, in Scozia e altrove, e che cessò di esistere nel sec. XVII.

Benedetto morì il 14 o il 25 apr. 1117. Il suo culto, prima limitato a Tiron, si estese a tutta la sua Congregazione. Pio IX autorizzò le diocesi di Chartres e di Amiens a celebrarne la festa il 14 apr., festa che si trova anche nei Propri di Poitiers, di Séez, di Lavai e di Bourges.


Autore: Ildebrando Mannocci



Saint MARON (MARO), saint EUTYCHÈS et saint VICTORINUS de ROME, martyrs

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Saint Maro of Rome

Saint Maron

Martyr (1er s.)

Martyr avec Eutyche et Victorin, ils faisaient partie du groupe qui suivit sainte Flavia Domitilla dans l'île de Ponza en Italie, ils furent martyrisés après leur retour à Rome.

Au Mont d’Or dans le Picenum, saint Maron, martyr.


Martyrologe romain


LE MARTYRE DE LA VIERGE SAINTE FLAVIA DOMITILLA ET DES SAINTS NÉRÉE ET ACHILLÉE

Domitilla, qui était chrétienne, avait été fiancée à Aurélien, fils d'un consul. A l'approche du jour de ses noces, elle préparait ses riches parures pour la fête, ses diamants et ses robes tissues d'or et de pourpre. Or, elle avait attaché à sa personne deux serviteurs, Nérée et Achillée, que le bienheureux apôtre de Dieu Pierre avait gagnés à Jésus-Christ. Ceux-ci, témoins de ces préparatifs, en prirent occasion pour enseigner à leur maîtresse l'excellence de la virginité, qui réjouit les cieux et que le Seigneur aime, parce qu'elle nous rend semblables aux anges. « Les vierges chrétiennes, ajoutaient-ils, ont un époux qu'aucun prince ne saurait égaler en beauté, en richesses, en puissance. C'est le Seigneur Jésus-Christ, le Roi de gloire, le Fils du Tout-Puissant, qui leur offre et son amour et sa foi. Dès ici-bas, il les comble de ses divines caresses et les revêt du riche manteau de ses vertus, en attendant qu'un jour il les couronne lui-même de sa gloire, au sein d'éternelles délices.

Domitilla, en vierge très prudente, leur répondit : « Oh ! si cette science de Dieu était venue plus tôt jusqu'à moi, jamais je n'aurais admis de fiancé, et j'aurais pu prétendre à ce beau titre de sainteté que vous m'apprenez aujourd'hui à connaître,

De même que dans le baptême j'ai renoncé au culte des idoles, mieux instruite, j'eusse méprisé aussi les voluptés sensuelles. Mais puisque Dieu, en ce moment, vous a ouvert la bouche pour obtenir mon amour, j'ai la confiance qu'il vous inspirera aussi sa sagesse, et que je pourrai par vous obtenir un bonheur que je désire désormais uniquement. »

Aussitôt Nérée et Achillée se rendirent auprès du saint évêque Clément, et lui dirent : a Vous avez mis toute votre gloire en Notre-Seigneur Jésus-Christ, et pour lui vous avez foulé aux pieds les honneurs de ce monde. Cependant nous savons que le consul Clément était le frère de votre père. Or, sa soeur Plautilla nous avait pris à son service ; et quand le le bienheureux apôtre Pierre lui fit connaître la parole de vie et la baptisa, nous deux avec elle, ainsi que sa fille Domitilla, nous reçûmes en même temps le saint baptême, La même année, le bienheureux apôtre Pierre alla recevoir des mains du Christ la couronne du martyre, et Plautilla le suivit au ciel, laissant à la terre sa dépouille mortelle. Cependant Domitilla sa fille était fiancée à un illustre Romain, nommé Aurélien. Tout chétifs que nous sommes, nous lui avons appris la parole sainte que nous avions nous-mêmes recueillie des lèvres de l'apôtre : que la vierge qui, pour l'amour du Seigneur, garde la virginité, mérite d'avoir le Christ pour époux, et qu'elle vivra avec lui dans cette heureuse union pendant l'éternité comblée de bonheur et de gloire. Domitilla, dès qu'elle a connu cette promesse, a demandé à être consacrée vierge, et à recevoir de vos mains le voile saint de la virginité. » L'évêque Clément leur répondit : « Dans les jours où nous vivons, une telle demande m'assure que Dieu nous appelle à lui, et que vous et moi et la noble vierge nous touchons à la palme du martyre; mais le Seigneur Jésus nous a ordonné de ne pas craindre ceux qui tuent le corps,. de mépriser au contraire l'homme mortel, et de nous efforcer, quoi qu'il arrive, d'obéir au Prince de la vie éternelle. » Le saint évêque Clément vint donc trouver Domitilla et la consacra vierge du Christ.

Il serait trop long de raconter en détail les fureurs d'Aurélien, et toutes les persécutions qu'il fit endurer à Domitilla. Enfin il obtint de l'empereur Domitien que, si elle refusait de sacrifier, elle serait envoyée en exil dans l'île Puntia. Il se flattait d'ébranler la constance de la noble vierge par les ennuis de l'exil (1).

Ici commencent les actes du martyre des saints.

« Eutychès, Victorinus et Maro, serviteurs de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Marcellus. Lorsque tes lettres aux bienheureux Nérée et Achillée sont arrivées ici, il y avait déjà trente jours qu'ils avaient reçu la couronne. Ils avaient enseigné à leur maîtresse, la très illustre vierge Flavia Domitilla, l'excellence de la virginité ; c'est pourquoi Aurélien, son fiancé, qui se vit rejeté par elle, l'avait fait reléguer dans cette île, sous prétexte d'attachement à la religion chrétienne. Il y vint lui-même peu après, et chercha à gagner par des présents Nérée et Achillée, espérant par leur moyen ébranler le coeur de la noble vierge. Mais les deux saints, ayant rejeté de telles offres avec horreur, et fortifié davantage encore Domitilla dans sa fidélité, Aurélien les condamna à une cruelle flagellation, puis les fit conduire à Terracine, où ils furent remis aux mains du consulaire Memmius Rufus. Celui-ci employa le chevalet et les torches ardentes pour les forcer à sacrifier aux idoles ; mais tous deux répétaient qu'ayant été baptisés par le bienheureux apôtre Pierre, rien ne pourrait les faire consentir à ces sacrifices impies. On finit par leur trancher la tète.

« Leurs corps furent enlevés par Auspicius, un de leurs disciples, et qui avait servi de père nourricier à la sainte vierge Domitilla. Il les transporta sur une barque et vint les ensevelir dans l'arenarium de la maison de campagne de Domitilla, sur la voie Ardéatine, à un mille et demi des murs de la ville, non loin du tombeau de Pétronilla, la fille de l'apôtre Pierre. Nous avons su tous ces détails par Auspicius lui-même. Nous prions votre charité de ne point nous oublier et de vouloir bien nous envoyer quelqu'un qui nous donne de vos nouvelles et console notre exil. C'est le quatre des ides de mai que les deux martyrs sont nés à la vie bienheureuse du ciel. »

Quand Marcellus eut reçu cette lettre, il envoya dans l'île Pontia un de ses parents, qui resta une année entière avec les confesseurs du Christ, et lui fit connaître, à son tour, les faits qui vont suivre. Après le martyre de Nérée et d'A chinée, on vint dire à Aurélien, qui cherchait toujours à obtenir le consentement de Domitilla, que Eutychès, Victorinus et Maro possédaient l'affection et la confiance de l'illustre vierge, plus encore que n'avaient fait Nérée et Achillée. Il demanda donc à l'empereur Nerva de lui abandonner ces trois chrétiens, s'ils ne voulaient pas sacrifier aux idoles. Eutychès, Victorinus et Maro résistèrent avec courage aux séductions et aux menaces d'Aurélien, qui les enleva de l'île, les sépara et les envoya servir, comme esclaves, dans ses terres: Eutychès à seize milles de la ville, sur la voie Nomentane; Victorinus à soixante milles et Maro à cent trente milles ; ces deux derniers sur la voie Salaria. Durant tout le jour, ils creusaient la terre, et le soir seulement ils recevaient une nourriture grossière. Mais le Dieu tout-puissant, dans ces durs séjours de leur exil, leur donna sa grâce : Eutychès délivra du démon la fille d'un conducteur des esclaves ; Victorinus guérit par ses prières un intendant que la paralysie retenait sur le lit depuis trois ans, et Maro rendit la santé au gouverneur de la ville de Septempeda, qui était hydropique.

En même temps, ils parlaient au peuple et enseignaient à un grand nombre la foi du Christ. Bientôt tous trois furent ordonnés prêtres, et ils multiplièrent encore davantage le nombre des fidèles. Alors le diable souleva la colère d'Aurélien, qui envoya des bourreaux avec ordre de les faire périr chacun dans des supplices différents. Eutychès fut arrêté au milieu d'un chemin et accablé de coups, jusqu'à ce qu'il expirât; son corps fut enlevé par les chrétiens et enseveli avec honneur. Pour Victorinus, il fut pendu, la tète en bas, auprès d'un lieu appelé Cotiliae, d'où découlent des eaux sulfureuses d'une odeur méphitique ; son supplice dura trois jours, au bout desquels il alla rejoindre, dans les cieux, le Seigneur, pour le nom duquel il avait souffert. Aurélien avait ordonné que le corps ne fût point enseveli, et il resta un jour entier à terre sans sépulture; mais les chrétiens d'Amiternum vinrent l'enlever et le transportèrent sur leur territoire, où ils lui rendirent les derniers honneurs. Enfin Turgius, ami d'Aurélien, avait ordre d'écraser Maro sous le poids d'un énorme quartier de roche. On laissa donc tomber sur les épaules du martyr une pierre que soixante-dix hommes auraient eu peine à remuer. Mais le saint la souleva sans effort, comme il eût fait d'une paille légère, et n'en souffrit même aucune contusion. A ce spectacle, tout le peuple de la province, saisi d'admiration, crut à Jésus-Christ et demanda le baptême. Cependant le consulaire Turgius, qui avait tout pouvoir d'Aurélien, fit périr le saint martyr. Les fidèles creusèrent son tombeau dans la pierre même sous laquelle on avait voulu l'écraser.

Aurélien, après avoir ainsi enlevé à Domitilla tous les serviteurs de Dieu qui étaient sa consolation et son appui, dit à Sulpitius et à Servilianus, jeunes Romains de grande naissance : « Je sais que vous êtes fiancés à des vierges d'une haute sagesse, Euphrosine et Théodora, toutes deux sœurs de lait de Domitilla. Mon dessein est de transporter Domitilla de son île en Campanie; que vos deux fiancées viennent alors la visiter et et qu'elles usent de leur influence pour lui persuader de me rendre son affection. » En effet, Domitilla ayant été conduite de l'île Pontia à Terracine, Euphrosine et Théodora vinrent la visiter; et ce fut une grande joie pour les trois soeurs. Cependant, vint l'heure du repas, et Domitilla, tout entière à la prière et aux jeûnes, ne mangeait pas. Ses sœurs lui dirent : « Nous qui allons dans les festins et qui avons été fiancées, nous ne pouvons plus honorer ton Dieu. » Domitilla leur répondit : « Vous avez pour fiancés des personnages illustres; que feriez-vous si des hommes grossiers et de la lie du peuple voulaient vous enlever à leur amour pour vous épouser? » Elles dirent : « Dieu nous préserve d'un tel malheur ! — Qu’il en délivre donc aussi mon âme, reprit Domitilla ; car j'ai un noble fiancé, le Fils de Dieu, qui est descendu du ciel. Il a promis à celles qui aiment la virginité, et qui la gardent pour son amour, d'être leur époux et de leur donner la vie éternelle. Au sortir de ce monde, il introduira leurs âmes au ciel et pour toujours, dans le palais nuptial ; là, partageant le bonheur des anges, au milieu des fleurs dont les délicieux parfums embaument le paradis, dans un festin dont les douceurs se renouvelleront sans cesse. elles rediront éternellement les hymnes de la joie et de la reconnaissance. Lorsque le Fils de Dieu fit ces promesses, personne n'y voulut croire. Ma's bientôt on le vit rendre la vue aux aveugles et la santé à tous-les malades, guérir les lépreux et même ressusciter les morts; il se montrait à tous véritablement Dieu. Tous alors reçurent ses divins enseignements et crurent en lui. »

Théodora répondit à ce discours : « J'ai un jeune frère, Hérodes, que tu connais. Voilà un an qu'il a perdu la vue; si ce que tu dis est vrai, au nom de ton Dieu, guéris-le. » Euphrosine, s'adressant à Théodora, lui dit : « Toi, ton frère aveugle est resté à Rome ; mais moi j'ai ici la petite fille de ma nourrice qu'une grave maladie a rendue muette: elle a conservé l'ouïe, mais elle a perdu complètement la parole. » Alors Domitilla, se prosternant la face contre terre, pria longtemps avec larmes; puis, se levant, elle étendit ses mains vers le ciel et dit : a Seigneur Jésus-Christ, qui avez dit : Voilà que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles, montrez que le témoignage que je rends à ma foi est véritable. » Après cette prière, elle fit le signe de la croix sur les lèvres de la petite muette, en disant : « Au nom de Jésus-Christ, mon Seigneur, parle. » Aussitôt l'enfant dit en jetant un grand cri : « Il est le vrai Dieu, celui que tu adores, Domitilla; et toutes les paroles sorties de tes lèvres sont véritables. » A ce cri, Euphrosine et Théodora se jetèrent aux pieds de la sainte, firent profession de leur foi aux mystères du Christ et furent consacrées. Cependant, on amena l'aveugle, le frère de Théodora ; ses yeux s'ouvrirent à la prière de Domitilla, et en même temps son intelligence fut éclairée des lumières de la foi. Tous les païens, hommes et femmes, esclaves et libres, qui étaient accourus en grand nombre de la ville, crurent au Christ, à la vue de ces miracles, et furent baptisés. La maison où demeurait Domitilla devint comme une église.

Sur ces entrefaites, Aurélien vint avec les deux fiancés. Il amenait aussi avec lui trois musiciens, espérant faire célébrer en un même jour le mariage des trois vierges. Mais Sulpitius et Servilianus voyant la muette qui parlait, et le frère de Théodora, Hérodes, dont les yeux s'étaient ouverts à la lumière, et apprenant en même temps tout ce qui s'était dit et fait, embrassèrent la foi. En vain Aurélien redoubla ses exhortations et ses prières, pour leur faire épouser le même jour leurs aïeux fiancées; Sulpitius et Servilianus, en hommes sages et prudents, lui dirent : « Rends gloire au Dieu dont nous voyons la puissance dans cette muette qui parle et dans cet aveugle qui voit. » Aurélien, insensible à ces conseils, fit enfermer Domitilla dans une salle, espérant triompher d'elle par la violence, plus facilement et sans danger. En attendant, les musiciens, après le repas, jouèrent de leurs instruments, et Aurélien, tout joyeux, ouvrit la danse, selon la coutume au jour des noces. Mais à peine avait-il commencé, qu'il fut saisi dans tous ses membres d'une violente agitation, dont il mourut au bout de deux jours. Un châtiment si visible du ciel fit embrasser la foi à tous ceux qui en furent les témoins.

Cependant le frère d'Aurélien, nommé Luxurius, obtint de l'empereur Trajan un plein pouvoir pour contraindre tons ces chrétiens à sacrifier aux idoles, ou pour les faire périr dans des supplices de son choix, s'ils refusaient. En conséquence, il fit livrer Sulpitius et Servilianus au préfet de la ville, Anianus. Celui-ci, après avoir entendu leur profession de foi et fait de vains efforts pour les amener à sacrifier aux idoles, leur fit trancher la tête. Les chrétiens ensevelirent leurs corps dans un terrain qui leur appartenait, à deux milles de la ville, sur la voie Latine; et Dieu honore tous les jours leur tombeau par de nouveaux miracles.

Luxurius se rendit ensuite à Terracine, auprès des vierges du Christ; sur leur refus de sacrifier aux dieux, il ferma la chambre où elles étaient réunies et y fit mettre le feu. Le lendemain, un saint diacre nommé Caesarius trouva les corps des trois vierges intacts; la flamme les avait respectés. Prosternées la face contre terre, elles avaient rendu leurs âmes au Seigneur dans la prière. Caesarius enferma leurs corps dans un sarcophage qui n'avait pas encore servi, et l'enfouit profondément dans la terre.

(1). J'omets tout ce qui a trait à Simon le Magicien. Les compositions de cette nature appelleraient une étude spéciale sur le personnage de Simon et tout sa rapporte à lui dans la littérature apocryphe primitive.

LES MARTYRS, TOME II. LE TROISIÈME SIÈCLE, DIOCLÉTIEN. Recueil de pièces authentiques sur les martre depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle traduites et publiées par le B. P. DOM H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough. Imprimi potest FR. FERDINANDUS CABROL, Abbas Sancti Michaelis Farnborough. Die 15 Martii 1903. Imprimatur. Pictavii, die 24 Martii 1903. + HENRICUS, Ep. Pictaviensis.


Maro, Eutyches & Victorinus MM (RM)

Died c. 99. Maro, Eutyches, and Victorinus belonged to the entourage of Saint Flavia Domitilla, whom they accompanied in her exile to the island of Ponza. Eventually they returned to Rome and were martyred under Trajan. Eutyches was stabbed; Victorinus, hung upside down over a sulphur spring; Maro, beheaded (Benedictines).


Saint Eutyches of Rome

Profile

Friend of SaintFlavia Domitilla, whom they accompanied in exileto the island of Ponza. Martyredin the persecutionsof Trajan.

Saint Maro of Rome

Also known as
  • Marón
  • Marone
Profile

Friend of SaintFlavia Domitilla, whom they accompanied in exile to the island of Ponza. Martyred in the persecutions of Trajan.

Saint Victorinus of Rome

Memorial
Profile

Friend of Saint Flavia Domitilla, whom they accompanied in exileto the island of Ponza. Martyredin the persecutionsof Trajan.

Died
Canonized

San Marone Martire


Le più antiche notizie rinviano al tempo in cui a Roma sul trono imperiale sedeva Domiziano (81-96), della dinastia dei Flavi. Apparteneva alla famiglia dei Flavi anche Domitilla, giovanissima cugina dell'imperatore, "pecora nera" nella famiglia imperiale, perché cristiana. Promessa sposa, già da bambina, ad Aureliano, di nobile famiglia senatoria, venne dissuasa dalle nozze da Marone, insieme ai suoi amici Eutiche e Vittorino, cristiani anch'essi. Aureliano spinse così l'imperatore a condannarla all'esilio sull'isola di Ponza. Accompagnarono Domitilla, per curarne la formazione, anche i tre amici cristiani Marone, Eutiche e Vittorino, che agli occhi di Aureliano apparvero come i responsabili del rifiuto da parte di Domitilla. Marone fu condannato ai lavori forzati e inviato sulla Salaria, a 130 miglia da Roma, dove morì nell'anno 100. (Avvenire)

Patronato: Civitanova Marche

Emblema: Palma

Martirologio Romano: Sul Monte d’Oro nelle Marche, san Marone, martire.

Le più antiche notizie su San Marone le troviamo negli Acta SS. Nerei et Achillei e rinviano al tempo in cui a Roma sul trono imperiale sedeva Domiziano (81-96), della dinastia dei Flavi. Apparteneva alla famiglia dei Flavi anche Domitilla, giovanissima cugina dell'imperatore, "pecora nera" nella famiglia imperiale, perché cristiana. A Roma c'era già una comunità cristiana organizzatasi in seguito alla predicazione di San Pietro, martire nella persecuzione scatenata nel 64 da Nerone (54-68). Domitilla era orfana di padre e di madre. La allevava lo zio Flavio Clemente, zio anche dell'imperatore. Clemente l'aveva promessa sposa, già da bambina, ad Aureliano, di nobile famiglia senatoria, che con quel matrimonio avrebbe stretto vincoli di parentela con la famiglia imperiale, avrebbe messo le mani sul cospicuo patrimonio della fanciulla orfana e, chissà, avrebbe potuto aspirare a divenire imperatore dopo Domiziano, che già gli aveva conferito la carica di console. 

Marone, insieme ai suoi amici Eutiche e Vittorino, cristiani anch'essi, era ben inserito nell'ambito dei Flavi, almeno quel ramo della famiglia che si era convertito al Cristianesimo. Quando ormai Domitilla, poco più che una bambina, avrebbe dovuto sposarsi, alcuni, tra cui Marone, le consigliarono di non farlo, e Domitilla rifiutò di sposare Aureliano, che tanto contava su quel matrimonio e sul patrimonio della nobile orfana. Aureliano andò su tutte le furie e volle che Domitilla fosse punita, non perché aveva rifiutato di sposarlo, ma perché era cristiana. Domitilla era però una Flavia come Domiziano, l'imperatore suo cugino, che non poteva mettere a morte la cugina. Trovò un modo per cavarsi d'impaccio, pur rispettando le leggi persecutorie contro i cristiani: condannò Domitilla all'esilio sull'isola di Ponza. Ma è probabile che fosse un espediente concordato col console promesso sposo, perché la ragazza, allontanata dalla comunità cristiana di Roma e relegata su un'isola, ci ripensasse e consentisse alle nozze. 

Domitilla si recò a Ponza, ed essendo una nobile della famiglia imperiale, fu accompagnata nel quasi esilio o quasi villeggiatura, da un seguito al suo servizio, ancelle e servitori, fra cui Nereo e Achilleo, due cristiani, che finirono però martiri a Ponza stessa, per contrasti con aderenti alla setta religiosa fondata da Simon Mago, diffusasi dall'Oriente e ben radicata sull'isola. Nell'occidente dell'impero romano, col paganesimo in totale crisi di credibilità, col continuo afflusso dall'Oriente di militari, mercanti e schiavi, pullulavano ovunque svariate sette e movimenti religiosi di origine orientale. Accompagnarono Domitilla a Ponza, per curarne la formazione, anche i tre amici cristiani Marone, Eutiche e Vittorino, ai quali Aureliano raccomandò di convincere la ragazza a sposarlo.
 
A Roma intanto il potere dell' imperatore Domiziano degenerò in violenta dittatura, finche nel 96 fu ucciso, vittima di una congiura ordita da senatori. Il potere imperiale fu preso da Nerva (96-98), un senatore che attenuò le persecuzioni contro i cristiani e fece rientrare dall'esilio i perseguitati per motivi religiosi. Anche Domitilla potè rientrare a Roma col suo seguito, ma Aureliano, l'aspirante sposo di Domitilla, riconquistò potere politico e con Nerva divenne ancora una volta console. Non avendo potuto piegare Domitilla al suo volere, si accanì contro Marone, Vittorino e Eutiche, responsabili ai suoi occhi dello scacco matrimoniale subito. Li condannò come cristiani ai lavori forzati, ognuno in un suo diverso possedimento. Marone fu inviato sulla Salaria, a 130 miglia da Roma, perche zappasse tutto il giorno su poderi che Aureliano possedeva nel Piceno, ma egli, nonostante fosse trattato come schiavo, godeva di prestigio e aumentava il numero dei cristiani. Nel frattempo era divenuto sàcerdote e compiva anche miracoli. 

Il quadro storico fin qui delineato può essere considerato attendibile, ma nel corso del Medioevo la figura del santo si colorò di elementi chiaramente leggendari, anche se "leggendario" non significa necessariamente "falso", perche ogni leggenda si forma per trasformazione o rielaborazione di un nucleo originario corrispondente a verità. Comunque, il culto del martire San Marone mise salde radici nelle città romane lungo il corso del Chienti e del Potenza: a Septempeda, oggi San Severino, fu venerato e ricordato anche per aver guarito dall'idropisia il "procurator" della città. A Tolentino il suo culto è testimoniato dal fatto che è protettore della città insieme a San Catervo. Identica situazione si ritrova ad Urbisaglia, ove San Marone è ancor oggi comprotettore della cittadina insieme a San Giorgio; questo, forse, ha fatto attribuire a San Marone il miracolo della principessa liberata dal drago, altrove attribuito sempre a San Giorgio: alla foce del Chienti, un drago sarebbe emerso dal mare per mangiarsi una principessa, in questo caso la figlia del re di Urbisaglia, probabile evocazione popolare dei locali re carolingi o sassoni. San Marone la salvò. 

Nell'anno 100 dopo Cristo San Marone morì martire in VaI di Chienti, nei pressi del santuario del dio Granno. 

Marone si fece araldo del vangelo sul territorio piceno attraversato da quel tratto della Salaria che, diramandosi dalla valle del Tronto, si addentrava nel Piceno costeggiando i Sibillini. Subì il martirio sul territorio dell'attuale Urbisaglia, ove sorgeva il santuario dedicato all'antico dio italico Granno, identificato poi col dio greco Apollo. 

All'interno del themenos o recinto sacro del tempio, sgorgavano sorgenti di acque calde, e i pagani credevano che il dio conferisse loro virtù curative; era quindi molto frequentato. Al santuario del dio Apollo-Granno inviò più volte donativi, per ottenere la guarigione, anche l'imperatore romano Caracalla (212-217), che una volta vi si recò anche in pellegrinaggio. Lo riferisce lo scrittore greco Dione Cassio. Le rovine del Palazzo di Carlo Magno in VaI di Chienti erano ancora visibili nel 1500. In quel secolo Andrea Dacci di Sant'Elpidio additava nella piana del Chienti i resti di un "Palazzo antico" che la tradizione riteneva "il Palazzo di Re Carlo". 

Nell'anno 100 dopo Cristo, a Roma Aureliano si convinse che per Marone non era sufficiente la condanna ai lavori forzati. Doveva morire. Il favore con cui le masse del Piceno accoglievano la predicazione del Cristianesimo comprometteva gli interessi di chi viveva dei proventi del culto del dio Grannus, e anche quelli personali del console Aureliano, che nel Piceno aveva possedimenti e quindi interessi da tutelare. A Roma dovettero anche giungere formali proteste e Aureliano inviò Turgio, un ex console suo amico, per far processare Marone. Avevano già tentato di linciarlo facendolo morire schiacciato da un grosso macigno ma, stando alla tradizione, non ci erano riusciti per la protezione di Dio. Turgio, in qualità di magistrato romano, fece applicare la legge, che per la condanna a morte di un cittadino romano prevedeva la decapitazione, e Marone fu decapitato. Gli antichi martirologi concludono il racconto del martirio con queste parole: il popolo cristiano prese il suo corpo e gli diede onorevole sepoltura. Era il 15 aprile dell'anno 100. 

I cristiani del Piceno poterono certamente dar sepoltura al corpo del martire, perche la legge romana, per il seppellimento dei morti prevedeva disposizioni da rispettare come sacre, emanate già nel periodo repubblicano di Roma, quando erano state redatte le leggi delle Dodici Tavole: Deorum Manium jura sancta sunto, i diritti degli dei Mani (dei defunti) siano rispettati come sacri.


Autore: Don Marco Tesi



Sainte BASILISSA (BASILISSE) et sainte ANASTASIA (ANASTASIE) de ROME, martyres

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Sainte Anastasie

Martyrisée à Rome, au Ier siècle ( v. 64)

et son amiesainte Basilisse, martyres romaines qui furent condamnées à mort pour avoir enseveli, selon la tradition, les saints Apôtres Pierre et Paul. Elles connurent les supplices habituels et cruels de la part de l'empereur Néron.

Sainte Basilisse

Martyre à Rome ( v. 64)

En compagnie de son amie Anastasie, martyres romaines qui furent condamnées à mort pour avoir enseveli, selon la tradition, les saints Apôtres Pierre et Paul. Elles connurent les supplices habituels et cruels de la part de l'empereur Néron.



Les Saintes-femmesBasilissaetAnastasiaont vécuà Rome etont été convertiesau Christianismepar les apôtresPierre et Paul.Elles se sontconsacrées au servicedu Seigneur.

          Quand les chrétiens sous l'Empereur Néron(54-68) furent persécutés etlivrés àla tortureet à l'exécution,SaintesBasilissaetAnastasiaont pris lescorps des saintsmartyrset leur ont donnél'enterrementrespectueux.Les rumeurs dececi atteignirentNéron, de sorte que Saintes BasilissaetAnastasiaont été enfermésen prison.Ils les ontsoumis àde cruelles tortures:ils les ontfouettésavec des fouets,grattéleur peauavec des crochets,etles brûlèrent au feu.Les saintes martyressont restéinflexibles, cependant, et ont courageusementavouéleurFoi dans le ChristSauveur.Par l'ordre deNéron,ellesfurent décapitéspar l'épée(+ca.68).




Basilissa & Anastasia MM (RM)

Died c. 62. The story is told that these two noble Roman women were converted to Christianity by the preaching of SS. Peter and Paul. After each of the apostles was martyred in Rome, Basilissa and Anastasia found their bodies and buried them secretly under the screen of night. This infuriated the authorities, who discovered who had buried the apostles and cast the two women into jail, eventually bringing them before the tribunal of Nero. Neither Basilissa nor Anastasia would renounce their Christian faith. In consequence, both were sentenced to be savagely mutilated--tongues ripped out and limbs cut off--before they were beheaded. Only the Greeks have recorded their story; many modern hagiographers doubt the existence of these ladies (Attwater2, Benedictines, Bentley, Butler, Coulson, Delaney, Encyclopedia, Husenbeth).


In art, SS. Basilissa and Anastasia are portrayed with their hands, feet, and heads cut off. They may also be shown burying the bodies of SS. Peter and Paul (Roeder).

Ss. Basilissa and Anastasia of Rome

Commemorated on April 15

The Holy Women Martyrs Basilissa and Anastasia lived in Rome and were converted to Christianity by the holy Apostles Peter and Paul. They devoted themselves to the service of the Lord.

When Emperor Nero persecuted the Christians and gave them over to torture and execution, Ss. Basilissa and Anastasia took the bodies of the holy apostles and gave them a reverent burial. Rumors of this reached Nero, and he ordered that Ss. Basilissa and Anastasia be locked up in the prison. The women were subjected to cruel tortures: were scourged with whips, had their skin scraped with hooks, and were burned with fire. However, the holy martyrs remained unyielding, and bravely confessed their faith in Christ the Savior.

By Nero’s command, they were beheaded with the sword in 68.


Sante Anastasia e BasilissaMartiri


m. Roma, 68 circa

Etimologia: Anastasio = risorto, dal greco; Basilissa = regina, dal greco

Emblema: Palma

Le sante Anastasia e Basilissa, nobili matrone romane, furono discepole dei Santi apostoli Pietro e Paolo, dei quali ebbero il singolare incarico e privilegio di seppellirne i corpi martoriati.

Persistettero costanti nella professione della loro fede e, dopo esser stata loro tagliata la lingua ed essere state percosse con la spada, conseguirono anch’esse la corona del martirio sotto l’imperatore Nerone, attorno all’anno 68.

I resti delle due gloriose martiri, secondo il Diario Romano del 1926, sarebbero ancora oggi custoditi in Santa Maria della Pace.

Il Martyrologium Romanum nelle passate edizioni ricordava le sante Anastasia e Basilissa al 15 aprile, ma le ultime riforme in materia hanno accomunato tutti i primi martiri cristiani di Roma in un’unica commemorazione posta al 30 giugno.


Autore: Fabio Arduino



Bienheureux LORENZINO SOSSIO, martyr

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Blessed Laurentinus Sossius M (AC)

Died 1485; cultus approved in 1867. Laurentinus was a five-year-old boy presumed to have been killed by the Jews on Good Friday. Laurentinus died at Valrovina (diocese of Vicenza), Italy (Benedictines).


Blessed Laurentinus Sossius

Also known as
  • Lorenzo Sossio
  • Lorenzino (Little Lawrence)
Profile

Martyred five-year-old boy. Though anti-Semitic groups have claimed that Lorenzo was killed by Jews as part of some ill-defined Passover need, it’s a lie.

Born

Beato Lorenzino Sossio Martire


XV secolo

Nell’aprile 1485 fu rinvenuto nei campi tra Bassano e Marostica il cadavere d’un bambino di cinque anni perito in circostanze misteriose.

L’infuocato clima antisemitico, provocato e alimentato da interessate calunnie di infanticidi rituali a carico degli ebrei e da conseguenti tragiche montature giudiziarie in tutta Europa, fece pensare e gridare ad un ennesimo infanticidio rituale perpetrato da ebrei di Bassano.

Mancano notizie sicure di un processo, tuttavia l’accusa portò all’espulsione degli ebrei da Vicenza e da tutto il territorio vicentino decretata dal doge Marco Barbarigio il 21 aprile 1486.

L’ignoto bambino, che fonti assai tardive chiamarono Lorenzino Sossio, fu subito venerato come martire analogamente agli altri presunti martiri bambini dell’odio israelitico, quali Simone di Trento, Andrea di Rinn, Werner di Oberwesel ed altri, e il suo corpo fu trasportato a Marostica.

I verbali della visita pastorale compiutavi dal vescovo di Padova, Pietro Barozzi, il 14 ottobre 1488, indicano infatti nella chiesa di S. Sebastiano il corpo di un bambino “anonimo”, ritenuto dagli abitanti vittima degli ebrei, e perciò in grande venerazione. Il vescovo, esaminato il corpo, ne disapprovò il culto e dichiarò non esservi alcun miracolo.

Il culto però continuò, nonostante la proibizione, col successivo tacito consenso dei vescovi di Padova e più tardi di Vicenza, quando Marostica passò a questa diocesi, e infine con l’approvazione della S. Sede. Già Benedetto XIV nella Bolla “Beatus Andreas” del 22 febbraio 1755 diretta a confermare il culto di Anrea di Rinn, aveva ricordato che il b. Lorenzino Sossio godeva di un culto immemorabile.

In data poi 31 agosto 1867 la Congregazione dei Riti procedeva alla conferma del culto a lui reso “ab immemorabili”, concedendo Messa ed Ufficio propri per le diocesi di Vicenza e di Padova, e fissando la festa liturgica al 15 aprile e la festa esterna alla seconda domenica dopo Pasqua.

Frattanto nel 1810, dopo la soppressione del convento e annessa chiesa di S. Sebastiano decretata dalle leggi napoleoniche, il corpo era stato trasportato nella chiesa arcipretale di S. Maria Assunta, sempre in Marostica, dove oggi è conservato in una ricca cappella appositamente eretta in onore del protettore.

Il culto liturgico ufficiale ora è stato abbandonato a norma delle disposizioni postconciliari, come del resto è avvenuto anche per Simone di Trento. Si celebra invece ancora, purtroppo, e con grande solennità, la festa esterna nella seconda domenica dopo Pasqua.


Autore: Benedetto Cignitti




Bienheureuse CHIARA (CLAIRE) BOSATTA, vierge religieuse

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Bienheureuse Claire Bosatta

Religieuse des Filles de Sainte Marie de la Divine Providence ( 1887)

Dina Bosatta est née en 1858 dans la province de Côme, elle prend le nom de Claire à son entrée chez les Filles de Sainte Marie de la Divine Providence en 1878.

béatifiée le 21 avril 1991 à Rome par Jean-Paul II -homélie en italien.

Sites de Filles de sainte Marie de la Providence(en anglais) - (en italien).

À Pianello, dans le pays de Côme en Lombardie, l’an 1887, la bienheureuse Claire Bosatta, vierge, qui, avec l’aide desaint Louis Guanella, fonda la Petite Maison de la divine Providence.


Martyrologe romain




châssede Claire Bosatta, Santuario del Sacro Cuore di Gesù, Como


Bienheureuse Claire BOSATTA

Nom: BOSATTA
Prénom: Dina
Nom de religion: Claire (Chiara)

Pays: Italie
Naissance: 27.05.1858  (Province de Côme)
Mort: 20.04.1887

Etat: Religieuse
Note: Des Filles de Sainte Marie de la Divine Providence.

Béatification: 21.04.1991  à Rome  par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 20 avril

Réf. dans l’Osservatore Romano: 1991 n.16 & 17
Réf. dans la Documentation Catholique: 1991 p.564

Dina Bosatta

1858-1887
 
Née le 27 mai 1858 à Pianello del Lario (Côme, Italie-nord) de Alessandro Bosatta (un producteur de soie) et de Rosa Mazzucchi, Dina était la sœur de Marcellina Bosatta. Elle avait aussi un frère.

Elle fut très vite orpheline de son père, qui mourut d’un infarctus à quarante-sept ans, en 1861. La Maman confia la soierie à son fils aîné, et la petite Dina à sa grande sœur, qui avait quinze ans. 

Dina reçut la Confirmation en 1868, et la Première communion l’année suivante.

Dina dut d’abord se contenter de l’enseignement que donnait le brave curé de Pianello chaque dimanche après-midi ; en contre-partie, elle lui rendait des services à la cuisine et à la sacristie.

Puis elle fut confiée aux Filles de la Charité (Canossiennes) de Gravedona Lario. Elle pensait entrer en religion chez elles, et commença le noviciat à Côme. Mais Dina, qui avait une faible constitution, se montrait trop introvertie, trop refermée sur elle-même et semblait plutôt destinée à une vie plus contemplative. Elle revint dans son pays, assez découragée.

Elle se lia, avec sa sœur Marcellina, à l’œuvre fondée par leur curé pour assister les vieillards et l’enfance abandonnée, l’hospice du Sacré-Cœur. Marcellina l’aida à dépasser son «blocage» et Dina put s’occuper avec fruits de l’instruction des petites filles. Elle y montra un zèle admirable pendant sept années.

A la mort de ce bon prêtre, arriva en 1881 don Luigi Guanella (voir au 24 octobre), qui donna un nouvel élan à l’œuvre : les pieuses femmes qui y travaillaient purent se consacrer, et Dina prit le nom de Chiara (Claire). Elle qui était si timide, fut chargée de la formation spirituelle des autres Sœurs et, comme telle, considérée comme co-fondatrice des Filles de Marie de la Providence, dont la devise était In omnibus caritas, en toutes choses l’amour du prochain.

Chiara n’était pas seulement maîtresse des novices : elle fut active à la paroisse auprès des enfants et des jeunes, et auprès des malades. Entre 1881 et 1882, elle rejoignit les Sœurs canossiennes de Gravedona, où elle pensait suivre une formation pour le diplôme d’enseignante de premier degré, qui était alors obligatoire. Mais le ministre de la culture retira cette obligation et Chiara resta dans cet hospice jusqu’en juillet, avant de revenir à Pianello, où on l’attendait : elle fut tour à tour infirmière, enseignante, formatrice de couture et broderie, et représentante de l’hôpital.

En 1884, les Canossiennes (qui, on s’en souvient, l’avaient écartée quand elle avait dix-huit ans), la rappelèrent pour diriger des travaux d’embellissement dans leur église. Elle pensait venu le moment de re-solliciter son admission chez elles, mais don Guanella eut la claire inspiration de lui dire que sa place était à Pianello, à l’hospice du Sacré-Cœur. 

Il y avait là tout un monde de Religieuses, postulantes, orphelines, vieillards, malades, mourants aussi… sans oublier la catéchèse des filles et les soins aux malades.

Cela ne suffisait pas. Chiara fut envoyée dans une école de Dongo, sur le lac de Côme, pour remplacer une institutrice. Elle y alla chaque jour à pied, exposée parfois aux moqueries des passants. Ce qui la soutint, fut son amour de l’obéissance, par laquelle Dieu lui donna beaucoup de grâces.

Don Guanella avait un frère, Lorenzo, qui voulait ouvrir une Citadelle de la Charitéà Ardenno, et où le rejoignit Chiara. Elle devait se partager entre Ardenno et Pianello. Puis don Guanella put louer une maison à Côme, qu’il appela la Petite Maison de la Divine Providence. Ce fut encore Chiara qui fut appelée à diriger cette fondation, la future maison-mère de l’œuvre de don Guanella.

Celui-ci finit par transformer sa petite communauté en congrégation des Filles de Marie de la Providence.

Chiara fut frappée par beaucoup d’épreuves et de tentations intérieures ; elle se sentit coupable, une voix intérieure l’accusait. Cela dura plusieurs années, sans que personne ne s’aperçut de rien, sinon qu’on pouvait supposer qu’elle souffrait de sa faible constitution.

A l’automne 1886, la mauvaise saison fut la cause de plusieurs maladies parmi les patients. On manquait de couvertures et Chiara donna la sienne à une vieille dame. Elle en contracta une broncho-pneumonie, et une forte irritation des voies respiratoires, qui aboutirent à une phtisie généralisée.

Revenue à Pianello, elle dut garder le lit pendant cinq mois, et offrit sa vie pour la conversion des pécheurs et l’avenir de l’Œuvre. Le médecin lui conseilla de ne plus quitter son Pianello natal ; elle s’établit dans la cure de Pianello. La maladie empira et elle mourut saintement le 20 avril 1887, à vingt-neuf ans.

Elle a été béatifiée en 1991, gratifiée du titre de martyre de la charité, que lui donna le pape dans son homélie.

Blessed Chiara Bosatta

Also known as
  • Clare
  • Dina
Profile

Daughter of Alexander Bosatta and Rosa Mazzocchi. Her father was a silk manufacturer, and diedwhen the girlwas still young. She studiedwith the Daughters of Charity at age 13. Began a novitiate in the Canossiansbut felt that their charism was not what she was called to do. She returned home, and with her sister joined the Daughters of Mary and worked at a charity hospice, serving neglectedelderlypeople and children. Teacherto the childrenat the hospice. Co-founded the Daughters of Saint Mary of Providence with her sister and SaintLuigi Guanella; she took the name Chiara. Worked at the spiritual formation of the sisters.

Born


Blessed Clare Bosatta was beatified by St. John Paul II on April 21, 1991. On April 20th we celebrate her feast day. Twenty-six years ago we were delightedly surprised by the Holy Father’s decision to beatify our Sister Clare. In expectation of the celebration of the event we lived intensely a period of great enthusiasm in order to acquire a deeper knowledge of our Sister’s holiness and, as from the day of her beatification, we have certainly experienced her protection as well as her encouragement to deepen our knowledge of her message and to imitate her example.

As the years have passed, she has become ever more familiar to us and has enabled us to better understand the holiness and spirituality of St. Louis Guanella. Indeed, we might say that her beatification gave a further impetus to promoting our Founder’s canonization. There is no doubt that Blessed Clare contributed with her prayers from heaven to ensure that Fr. Guanella was declared a Saint. We know that Blessed Clare had a crucial influence on the Founder’s journey to sainthood. Still today, those who kneel before their urns at the Shrine of the Sacred Heart in Como cannot but receive that holy incentive to integrate hard-working charity with the contemplation of the sources from which the grace of our activity comes. May the memory of Sr. Clare’s beatification revive in all of us gratitude to the Lord for our holy origins. Faithfulness to living their spirit and putting it into practice will increase our faith and love.

Walking towards holiness together, as Fr. Guanella, Sr. Clare and all the good people of God did will reinforce communion and collaboration among the people of God. We also want to renew our commitment of spreading the devotion to Blessed Clare and to ask our Blessed for her intercession so that her holiness may be proposed to the entire Christian world with her canonization. St. Louis Guanella loved Sr. Clare. In the beginning he was puzzled by Sr. Clare’s religious life style. He had an inspiration that Sr. Clare was a mystic. Fr. Guanella was moved to intensely study the works of St. Theresa of Avila. From then on, he understood that Sr. Clare was a saint and a mystic. She was the “little flower” of Guanellian spirituality.

Fr. Guanella wrote a biography of Blessed Clare. It is available at the St. Louis Center upon request.
Prayer for the Intercession of Blessed Clare Bosatta

O Jesus, Savior of the lowly, who made Blessed Clare Bosatta shine through the spirit of sacrifice, by rendering her an untiring apostle of Your Gospel among the poor; teach us her total abandonment in Divine Providence, her love of prayer, her patience in suffering, and her spirit of dedication to the most needy. Grant us, through her intercession, the grace … that we ask you for trustingly through Christ our Lord. Amen!

Our Father … Hail Mary … Glory Be … Blessed Clare, intercede for us!



Beata Chiara Bosatta Vergine


Pianello Lario (Como), 27 maggio 1858 - Pianello, 20 aprile 1887

La breve vita di Chiara Bosatta, al secolo Dina, fu segnata dall'incontro con il beato Luigi Guanella. Avvenne quando lei era già avviata alla vita religiosa. Infatti la giovane - nata a Pianello Lario, nel Comasco, nel 1858 - dopo aver lavorato nelle filande della seta era entrata nelle Canossiane, ma era poi tornata a casa. Sull'esempio di una sorella aveva poi aderito alle Pia Unione delle Figlie di Maria, legata al carisma delle Orsoline, prendendo il nome di Chiara. Morto il parroco del paese, che aveva dato vita al sodalizio, subentrò don Guanella, il quale trasformò la Pia Unione in una congregazione, le Figlie di Santa Maria della Provvidenza. Nel 1886 suor Chiara andò a Como per occuparsi di anziane bisognose e giovani operaie. Ammalatasi di tisi, fu riportata a casa, dove morì nel 1887. È venerata insieme a don Guanella nel santuario del Sacro Cuore a Como. È beata dal 1991. (Avvenire)
Martirologio Romano: A Pianello sul lago di Como, beata Chiara (Dina) Bosatta, vergine, che, con l’aiuto del beato Luigi Guanella, fondò la Piccola Casa della Divina Provvidenza.

Nata a Pianello Lario (Como) il 27 maggio 1858, ultima di 11 fratelli, fu chiamata Dina. A tre anni, rimasta orfana di padre, un piccolo industriale della seta, la bambina fu presto avviata ai lavori della filanda. Ma la sorella Marcellina convinse i fratelli a lasciarla andare all'Istituto delle Madri Canossiane di Gravedona (1871), perché proseguisse gli studi, prestandosi contemporaneamente ai servizi domestici. Vi trascorse 6 anni che lasciarono una traccia assai profonda (1871-77). Dina ammirava la vita delle suore, ne maturò lo spirito, visse giorni di fervida pietà. Si credette chiamata alla vita religiosa, conforme al programma di S. Maddalena di Canossa che proclamava: “Dio solo!”. Le canossiane erano lusingate di accoglierla nel loro noviziato di Como. Per il suo carattere timido e riservato, incline al silenzio e alla contemplazione, più che all'azione, fu giudicata non idonea per quell'istituto e ritornò in famiglia. 

A Pianello Lario il parroco don Carlo Coppini aveva nel frattempo messo insieme un gruppetto di giovani: la Pia Unione delle Figlie di Maria, sotto la protezione di s. Orsola e s. Angela Merici (10 luglio 1871), ed aveva invitato ad entrarvi la sorella di Dina, Marcellina, che ne divenne superiora; con alcune di quelle fu possibile al parroco inaugurare (ottobre 1873) un provvidenziale ospizio per vecchi e bambini abbandonati. Dina entrò con fatica nella pia casa della quale non conosceva molto, ma che vedeva immersa in una grande attività per le bambine, le anziane e per aiutare i bisognosi del paese, mentre lei avrebbe preferito una casa tutta dedicata alla preghiera e alla contemplazione. Il 27 ottobre 1878 emise la professione, prendendo il nome di Chiara. Nel luglio 1881 morì il parroco e gli succedette il beato don Luigi Guanella.

Nell'anno scolastico 1881-82 Dina completò la preparazione al diploma di maestra elementare, senza poter dare gli esami. Quindi, stabilitasi nell'ospizio di Pianello, attese all'educazione delle orfanelle con squisitezza materna e guidava la formazione delle postulanti e delle prime novizie. Il b. Luigi Guanella si dedicò alla trasformazione della Pia Unione delle Orsoline in una congregazione col titolo di Figlie di S. Maria della Provvidenza. Si dedicava anche alla formazione delle suore e fu direttore spirituale di suor Chiara, guidandola sulle vie della contemplazione più alta, specialmente della passione di Cristo, e impegnandola nel servizio della carità verso i più bisognosi.

Il beato Luigi Guanella, su invito di don Lorenzo Guanella, suo fratello e prevosto ad Ardenno (Sondrio), avviò in quella parrocchia un'opera nella quale si alternarono suor Marcellina e suor Chiara, con un'altra suora. Fu un'esperienza che preparò suor Chiara al passaggio dell'istituzione da Pianello a Como (1886). Suor Chiara divenne subito il centro propulsore e amorevole di quella casa: delle suore, delle postulanti, delle ospiti, delle anziane bisognose, delle ragazze operaie in città. Nell'autunno 1886 si ammalò di etisia polmonare. Sperando che l'aria nativa le potesse giovare, fu trasportata a Pianello, dove morì il 20 aprile 1887. Lo stesso beato Guanella promosse l'apertura della causa di beatificazione di suor Chiara. Il processo informativo fu aperto a Como nel 1912; fu beatificata il 21 aprile 1991 da papa Giovanni Paolo II. Il suo corpo è venerato nel Santuario del S.Cuore in Como, accanto a quello del Beato Luigi Guanella.


Autore: Piero Pellegrini



GIORNATA MONDIALE DI PREGHIERA PER LE VOCAZIONI 
E BEATIFICAZIONE DI TRE RELIGIOSE: ANNUNCIATA COCCHETTI, 
MARIE-THÉRÈSE HAZE E CHIARA BOSATTA


OMELIA DI GIOVANNI PAOLO II

Basilica Vaticana - Domenica, 21 aprile 1991


Nel nome di Gesù Cristo il Nazareno” (At4, 10).

1. Desideriamo oggi ritornare su queste parole di Pietro. Le prendiamo dalla lettura degli Atti degli Apostoli. L’Apostolo si rivolge “ai capi del popolo e agli anziani” (cf. At 4, 8), testimoniando la risurrezione di Cristo. Proprio nel suo nome sta innanzi a loro un uomo sano, prima storpio fin dalla nascita. Egli ha ottenuto la salute nel nome di questo Cristo - dice Pietro - “che voi avete crocifisso e che Dio ha risuscitato dai morti” (At 4, 10).

“Questo Gesù è . . . la testata d’angolo . . . non vi è, infatti, altro nome dato agli uomini sotto il cielo nel quale sia stabilito che possiamo essere salvati” (At 4, 11-12).

Nel nome di Gesù Cristo crocifisso e risorto la Chiesa si rallegra oggi per la glorificazione di tre nuove Beate:

Annunciata Cocchetti, 

Marie-Thérèse Haze 

e Chiara Bosatta.


Le nuove Beate sono state salvate con la forza della grazia della Croce di Cristo e della sua Risurrezione.

2. L’amore grande del Padre, che consente a noi di chiamarci suoi figli, non cessa di suscitare nella Chiesa il desiderio di continuare l’opera di Cristo nella ricerca delle pecore e nel ricondurle sotto la guida dell’unico Pastore, affinché ascoltino la sua voce e diventino gregge del suo pascolo.

Fu questo il desiderio costante ed intenso della Beata Annunciata Cocchetti, Fondatrice delle Suore di Santa Dorotea di Cemmo, in Val Camonica, in diocesi di Brescia.

Colpita dalla predicazione delle missioni al popolo e dal programma apostolico di uno zelante sacerdote, Don Luca Passi, iniziatore della Pia Opera di Santa Dorotea, decise di dedicare la propria vita al bene delle anime, applicando nella sua opera educativa il metodo della “correzione fraterna secondo il Vangelo”. “Amerò Dio con tutto il cuore, perché egli fu il primo ad amarmi”, fu questo il programma che ispirò tutta la sua fervida vita spirituale. Espresse il suo amore a Dio e alle giovani con una pietà soda; con una fedeltà a tutta prova; con un’ascesi robusta, che le faceva superare le difficoltà incontrate lungo l’arco della sua giornata. Le prime esperienze giovanili nell’oratorio e nella scuola di Rovato fecero di lei una saggia educatrice, alimentando la passione per la formazione umana e cristiana delle giovani, secondo lo spirito del Vangelo. L’azione educativa, mediante la scuola e le iniziative parrocchiali, divenne, così, nella vita di Annunciata Cocchetti la maniera concreta di far imitare Cristo, Pastore delle anime. Anch’essa le cercò, le condusse all’unità nella Chiesa, ne fece delle donne e maestre di vigorosa personalità cristiana, affinché divenissero, a loro volta, fermento e testimonianza dell’infinito amore di Dio. “Fatevi sante - è questo il testamento spirituale lasciato alle sue figlie - facendo del bene alle giovani a voi affidate”.

3. “Quale grande amore ci ha dato il Padre” (1 Gv 3, 1).

Madre Marie-Thérèse Haze ha saputo accogliere questo amore, ha saputo rispondergli giornalmente. Ha conosciuto la prova, ma, vicino a Nostra Signora dei Dolori, contemplava continuamente il Cuore di Cristo, trafitto sulla Croce, per la salvezza del mondo. Mostrando la via alle sue sorelle, ha potuto dire “che un cuore travagliato diventa il trono della grazia” (cf. Articuli a post., 89). La presenza del Redentore nel Santo Sacramento era per lei una sorgente costante di sottomissione serena alla volontà di Dio, di saggezza per dirigere la sua azione, di coraggio per cominciare numerose fondazioni.

Nell’umiltà dell’Incarnazione, nella generosità dell’amore che ci fa tutti “figli di Dio” (1 Gv 3, 2), le Suore della Croce trovano un esempio per mettersi al servizio del prossimo più povero. La Beata Marie-Thérèse le invita a mettere in opera l’appello evangelico a servire Cristo nella persona dei membri del suo Corpo più deboli e più sofferenti. Questa ispirazione segue quella di Pietro, che proclama, dopo la guarigione dell’infermo, che la salvezza viene dal Signore, crocifisso e risuscitato: “Non vi è infatti altro nome dato agli uomini sotto il cielo nel quale è stabilito che possiamo essere salvati” (At 4, 12). A modo suo, Marie-Thérèse seguiva la lezione degli Apostoli, per il suo desiderio ardente di aprire gli animi alla gioia e alla fede, quando alleviava le sofferenze del corpo, e attraverso la sua passione per l’educazione religiosa dei più diseredati.

In questa domenica pasquale, rendiamo grazie con il discepolo diletto che ci guida nella speranza: “Quando il Figlio di Dio si manifesterà, noi saremo simili a lui, perché lo vedremo così come egli è” (1 Gv 3, 2). La figura di Marie-Thérèse Haze e la sua testimonianza di fedeltà instancabile ci fanno scoprire la bellezza dei figli di Dio, illuminati dalla grazia e trasformati dall’amore del Salvatore.

4. Quale grande amore ci ha dato il Padre, che sa suscitare nelle anime la capacità di ripetere i gesti del Buon Pastore che dà la vita per la salvezza del mondo!

Segno della carità di Dio fu anche la Beata Chiara Bosatta, discepola del Beato Luigi Guanella, e con lui partecipe del carisma della dedizione agli ultimi, nella piena e incrollabile fiducia nella Provvidenza divina.

Chiara ritenne per sé un dono della Provvidenza la formazione alla pietà ricevuta nella parrocchia e la chiamata a dedicarsi all’infanzia abbandonata ed agli anziani lasciati nella solitudine. Veramente provvidenziale fu per lei l’incontro con Don Guanella, alla cui scuola si rese disponibile per la realizzazione delle opere di assistenza spirituale e materiale fino alla consumazione delle sue energie, con l’ultima malattia, contratta proprio nel servizio ai sofferenti ed offerta come dono e sacrificio in favore dei più miseri.

Nella sua mitezza e fragilità, nella semplicità dei modi e nella delicatezza del tratto, Chiara nascondeva la forza indescrivibile di una carità veramente evangelica. Perciò “Iddio la condusse - come testimoniò il Beato Guanella, suo direttore spirituale - per la via delle anime forti, via aspra e per sé pericolosa, ma la guidò così che non ponesse piede in fallo. Ed ella non cadeva, perché si arrendeva con assoluta docilità alla mano che la guidava”.

5. L’attualità del messaggio di queste Beate sta nel fatto che hanno compiuto con amore le semplici azioni di ogni giorno, stando in continua sintonia con Dio e santificando così il quotidiano. Nella loro vita non ci sono stati fenomeni o gesti straordinari; straordinario, invece, è stato il loro modo di porsi in relazione con Dio, lasciando spazio a Lui in tutto il loro essere.

La loro umanità era affascinata dalla carità di Cristo, così da renderle solidali con la sofferenza dei poveri, nei quali vedevano splendere il volto di Cristo. In un mondo secolarizzato come il nostro, così povero di speranza, esse ci dicono con la loro vita che Dio è Padre, il quale ci ama e permette ogni cosa per il nostro bene. A chi rischia di naufragare nel mare dell’egoismo, esse propongono l’ideale della carità, della solidarietà e della condivisione; là dove non di rado viene a mancare il senso della vita, dono di Dio, esse ricordano la necessità del rispetto per la vita e la cura di essa, anche nelle situazioni di grande povertà umana. Le Beate, infine, dicono che la santità è possibile, è accessibile a tutti, purché si resti fedeli a Dio e fedeli all’uomo.

6. “Io sono il buon Pastore” (Gv 10, 11).

La quarta domenica di Pasqua, detta del Buon Pastore, è la domenica delle vocazioni sacerdotali. È, inoltre, la domenica della vocazione alla santità. “Il Buon Pastore conosce le sue pecore e le sue pecore lo conoscono, come il Padre conosce il Figlio e il Figlio il Padre” (Gv 10, 14-15).

La santità è il frutto di questa conoscenza che mette le radici nell’amore del Padre e del figlio. Il Figlioè buon Pastore perché offre la vita per le sue pecore (cf. Gv 10, 11).

Gesù aggiunge: “Nessuno mi toglie (questa vita), ma la offro da me stesso, poiché ho il potere di offrirla e il potere di riprenderla di nuovo” (Gv 10, 18).

Queste parole spiegano pienamente il mistero dell’amore del Padre e del Figlio. Gesù dice: “per questo il Padre mi ama: perché io offro la mia vita, per poi riprenderla di nuovo” (Gv 10, 17).

È, quindi, nel buon Pastore l’amore del Figlio per il Padre, e anche l’amore del Padre: l’amore eterno e rivelatonel tempo per mezzo dell’offerta della vita per le pecore: mediante il sacrificio pasquale.

Da questo amore siamo costantemente abbracciati.

Per questo amore siete accolte voi, e siete beate:

Annunciata, Marie-Thérèse e Chiara!

La Chiesa intera si rallegra oggi perché, mediante la risposta alla vocazione alla santità delle nuove Beate, ci fa partecipare più profondamente alla gioia pasquale del Buon Pastore.

“Celebrate il Signore, perché è buono; 

perché eterna è la sua misericordia” (Sal 118, 1). 

Amen!


© Copyright 1991 - Libreria Editrice Vaticana


Bienheureux NDOC SUMA, prêtre et martyr

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BienheureuxNdoc Suma

Prêtre et martyr en Albanie  

 (*Nenshat, 31 juillet 1887 † Pistull, 22 avril 1958)

 Ndoc Suma, inséré dans le groupe de 38 martyrs tués en Albanie sous le régime communiste, a été béatifiée à Shkodër (Albanie) le 5 novembre 2016 (>>>BBx Vinçens (Kolë) Prennushi et 37 compagnons, martyrs), sur la place St Etienne de la cathédrale.

Le card. Angelo Amato s.d.b., Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, représentant le Pape François, a présidé la Messe de béatification en présence de dix mille fidèles, beaucoup arrivés de l’étranger. Parmi les participants figuraient le Chef de l’État, Bujar Nichani, le Président du Parlement, plusieurs ministres et représentants d’autres religions.


Martyrs de l’Église d’Albanie (Les 40)

XXe siècle

40 Martyrs du Christ de l’Église en Albanie

Fête le

† en Albanie de 1913 à 1974

Groupe : « Vinçenc Prendushi et 37 compagnons avec Luigj Paliq et Gjon Gazulli»

Le procès canonique pour les Martyrs Albanais a été ouvert fin 2002, victimes de la persécution religieuse en Albanie durant les années de dictature communiste (1943-1989). Le procès concerne le père Luigj Paliq, Franciscain, assassiné au Kosovo en 1913, et du P. Gjon Gazulli, pendu sur une place de Shkodrë en 1927, ainsi que 38 autres martyrs de la période de la dictature communiste 1945-1990, dont des Franciscains et des Jésuites. Cela concerne sept évêques, de nombreux prêtres diocésains (Mark Gjani), trois jésuites, treize franciscains, un séminariste. Outre le Frère Gjon Pantalia, les autres martyrs jésuites sont les Pères Giovanni Fausti et Daniel Dajani.

Les 40 témoins de la foi tués en Albanie durant la persécution communiste :

Vinçenc Prendushi, O.F.M., Frano Gjini (1948), Jul Bonati, Dom Alfons Tracki, Dom Anton Muzaj, Dom Anton Zogaj, Dom Dedë Maçaj, Dom Dedë Malaj, Dom Dedë Plani, Dom Ejell Deda, Dom Jak Bushati, Josif Mihali, dom Josef Marksen, Dom Lazër Shantoja, Dom Lekë Sirdani, Dom Luigj Prendushi, Dom Marin Shkurti, Dom Mark Xhani, Dom Mikel Beltoja, Dom Ndoc Suma, Dom Ndre Zadeja (Tirana, Albanie), Dom Pjetër Çuni, Dom Shtjefën Kurti, Bernardin Palaj, O.F.M., Çiprian Nika, O.F.M., Gaspër Suma, O.F.M., Gjon Sllaku (Shllaku), O.F.M., Karl Sarreqi, O.F.M., Mati Prenushi, O.F.M., Serafin Koda, O.F.M., Daniel Dajani, S.J., Giovanni Fausti, S.J., Gjon Pantalia, S.J., Fran Miraku, Mark Çuni, Gjelosh Lulashi, Qerim Sadiku, Maria Tuci, Luigj Paliq (assassiné au Kosovo en 1913), O.F.M. et Dom Gjon Gazulli (Scutari en 1927).




Lindi në Sumë (Nënshat) më 31.07.1887. I dioqezës së Sapës. Ka ndjekur Seminarin Papnor Shqiptar deri në vitin e dytë të Teologjisë. Dy vitet e fundit i bëri në Insbruk (Austri) pranë Kolegjit Canisianum të Jezuitëve. U shugurua meshtar në Shkodër më 21.09.1911. Ka qenë famullitar në Koman, Kçirë, Nënshat, Naraç, Laç i Vaut të Dejës, Pistull e Plezhë. U arrestua në Laç të Vaut të Dejës dhe u burgos në Shkodër më 08.12.1946. U dënua më 16.12.1946 me 30 vjet burg dhe punë të detyruar. Pasi u sëmur rëndë u lirua më 25.11.1954. Vdiq në Pistull më 22.04.1958.
It.
Nacque a Suma (Nënshat) il 31.07.1887. Della diocesi di Sappa. Ha frequentato le scuole presso il Seminario Pontificio Albanese fino al secondo anno di Teologia. Ha frequentato gli ultimi 2 anni a Innsbruck (Austria) presso il Collegio Canisianum retto dai Gesuiti. Fu ordinato sacerdote a Scutari il 21.09.1911. E’ stato parroco a Koman, Kçirë, Nënshat, Naraç, Laç di Vau i Dejës, Pistull e Plezhë. Fu arrestato a Laç di Vau i Dejës e imprigionato a Scutari l’8.12.1946. Fu condannato il 16.12.1946 a 30 anni di carcere e di lavori forzati. In seguito a grave malattia, fu liberato il 25.11.1954. Morì a Pistull il 22.04.1958.


Beato Ndoc Suma Sacerdote e martire



Nenshat, Albania, 31 luglio 1887 – Pistull, Albania, 22 aprile 1958

Don Ndoc Suma, sacerdote della diocesi di Scutari, esercitò il suo ministero in molti villaggi della diocesi di Sappa. Arrestato quand’era parroco a Pistull, venne accusato di contatti con agenti sovversivi inviati dallo straniero. Condannato a trenta anni di lavori forzati, ne scontò solo una parte, morendo il 22 aprile 1958. Compreso nell’elenco dei 38 martiri albanesi capeggiati da monsignor Vinçenc Prennushi, è stato beatificato a Scutari il 5 novembre 2016.

Ndoc Suma nacque a Nenshat, nel nord dell’Albania, il 31 luglio 1887. Frequentò il primo anno degli studi filosofici al Pontificio Seminario di Scutari, poi fu trasferito a Innsbruck in Austria. Fu ordinato sacerdote nella cappella del Seminario di Scutari il 21 settembre 1911 e celebrò la prima Messa tre giorni dopo al suo paese.

Si dedicò senza risparmi al popolo, vivendo in mezzo ad esso e raccogliendo le leggende e le antiche tradizioni albanesi. Energico ma calmo, dotato di una voce sonora, fu molto apprezzato dai fedeli delle parrocchie di Kçira, Koman, Narac Lac Vau Deja e Pistull, nella diocesi di Sappa.

In quest’ultima località, l’8 dicembre 1946, venne arrestato. Ne apprese il motivo durante il suo processo: era accusato di contatti con agenti sovversivi inviati dallo straniero. Rientrato nella sua cella, commentò amaramente: «Solo ora ho capito cosa io abbia mai fatto». La sua condanna fu di trent’anni di lavori forzati, ma intervenne la morte a liberarlo, il 22 aprile 1958.

Compreso nell’elenco dei 38 martiri albanesi capeggiati da monsignor Vinçenc Prennushi, dei quali fanno parte altri diciannove sacerdoti diocesani, è stato beatificato a Scutari il 5 novembre 2016.

Autore: Emilia Flocchini

Saint ACEPSIMAS et ses compagnons, martyrs

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Saints Martyrs Aeithalas, diacre; Acepsimus, évêque de Naeson; et Joseph 

Saint Acepsimas et ses douze compagnons

Martyrs perses ( 378)

Saint Acepsimas et ses douze compagnons, dont saint Joseph, saint Aïthala, sainte Tarbula, martyrs durant la persécution perse du roi Sapor. L'Eglise latine les fête à d'autres dates et les Eglises d'Orient les réunissent au 22 avril. Les actes de martyrs perses forment une des plus belles pages de l'histoire de l'Eglise, de par le courage et la foi qu'ont montrés ces martyrs. Tarbula, sœur desaint Syméon, accusée d'avoir provoqué la maladie de la femme du roi par sorcellerie, fut sciée en deux puis les restes de son corps furent pendus. Joseph et Aïthala eurent le corps écrasé, les genoux brisés et les bras coupés. Puis on les décapita et, pour l'exemple, leurs têtes furent suspendues devant le temple de Nabitis.



ACTES DU MARTYRE DES SAINTS AKEBSCHEMA, JOSEPH ET AITALLAHA.

En la trente-septième année de notre persécution, un édit cruel fut porté contre tous les chrétiens. On ordonna aux préfets de sévir contre les disciples de Jésus-Christ, à l'aide des supplices les plus inusités, de les accabler de coups de bâton, de les lapider, de les abreuver d'outrages et de misères. Les magnanimes pasteurs, qui dans cette persécution ,avaient eu le courage de ne pas craindre ceux qui la dirigeaient et de ne pas fuir dans les cavernes pour les éviter, furent accusés. Leurs accusateurs disaient : « Juges, les chrétiens qui enseignent le culte d'un seul Dieu mettent tous leurs soins à détruire notre religion. Ils n'adorent ni le soleil ni le feu. Ils font servir l'eau à des lotions obscènes. Ils défendent aux hommes le commerce de leurs femmes, de crainte qu'ils élèvent des enfants qui entrent dans les armées du roi et tuent quelqu'un. Mais ils permettent de tuer indistinctement tous les animaux, et d'enterrer les cadavres. Ils disent, en outre, que les animaux rampants ont été faits non par les démons, mais par Dieu, sans en excepter les serpents et les scorpions. Ils ont détourné beaucoup de ceux qui ont des devoirs publics à remplir, pour les porter à étudier leurs livres empoisonnés, qu'ils nomment les Ecritures. » Quand les délateurs, trouvant les oreilles des juges disposées, leur eurent dit bien souvent des choses semblables, ceux-ci entrèrent en colère et s'enflammèrent comme du bois qui brûle au feu.

Or, dans ces jours mêmes, un vénérable vieillard, né dans le bourg de Phacaa, et évêque de la ville d'Honite, fut arrêté par leurs satellites. Il était plus qu'octogénaire, cependant d'une bonne et forte santé. Il avait un air et une tenue agréables. Il était, comme le voulaient les usages d'alors, issu de parents nobles. C'était un homme né pour les oeuvres de charité; il était le refuge des pauvres et des voyageurs, plus touché des misères du voisin que des siennes propres. Par la prédication de la parole divine, il avait attiré plusieurs païens à la religion chrétienne. Il jeûnait fort souvent, et tous les jours il vaquait si continuellement à la contemplation et à la prière, que le lieu où il se prosternait pour prier était sans cesse humide de ses larmes. Peu avant qu'il fût arrêté par les satellites, un prêtre, de ses frères, qui avait le don de prophétie, lui peignant par hasard les cheveux, chose que lui-même ne pouvait faire, tant il était obèse et gras, lui embrassa le sommet de la tête en disant : O bienheureuse tête qui dois mourir martyre de Jésus-Christ ! Akebschema embrassant le prêtre : « Puisse ta prédiction s'accomplir, mon fils ; puisse Dieu avoir pour agréable de m'accorder le sort que tu m'annonces ! » II y avait un autre évêque assis auprès d'Akebschema ; celui-ci dit comme en plaisantant au prêtre : « Voyons, pendant que vous êtes en train de prophétiser sur nous, ne craignez pas de me dire quel sort m'est réservé. » Le prêtre lui dit : « Vous vous mettrez en chemin pour la terre d'Aran et vous mourrez pendant le voyage. » Le genre de mort des deux évêques prouva la vérité des prédictions du prêtre. Car Akebschema mourut entre les mains des bourreaux, martyr de Jésus-Christ ; et l'autre évêque, étant parti pour la province d'Aran, mourut en route.

Les satellites qui conduisaient Akebschema l'avaient chargé de chaînes pesantes qui le serraient très fort. Comme par hasard il passait devant sa maison, un chrétien, qui l'accompagnait, lui dit de confier le soin de cette maison à quelqu'un, de peur qu'étant déserte elle ne se détériorât. Saint Akebschema, la montrant du doigt, dit : « Cette maison a en effet été la mienne ; mais je renonce à elle comme à tout ce que j'ai possédé jusqu'ici. Désormais, le Christ me tiendra lieu de tout, en lui je place tous mes désirs. »

Arrivé enfin à la ville d'Arbelles, il fut amené devant le préfet Adarcurkasciarus, qui lui demanda s'il était chrétien, et auquel il répondit d'une voix élevée : « Je suis chrétien et j'adore le vrai Dieu.

Tout ce qu'on m'a rapporté de toi dernièrement est donc vrai : c'est par toi qu'en cette province est dirigée la secte qui refuse d'obéir aux édits du roi des rois ?

— Tout ce qu'on t'a dit de moi à cet égard est à peu près vrai ; car je prêche un seul Dieu à tous les mortels, et je les engage à aller à lui de tout leur coeur ; à corriger leurs moeurs dépravées par les vices et à vivre suivant les règles du bien qui sont tracées dans nos livres saints.

« Le préfet lui répondit : « On m'a dit depuis longtemps que tu étais un sage, et je vois que tes travaux t'ont amené presque à la vieillesse. C'est pourquoi je m'étonne que tu sois si loin de la vraie religion, que tu n'adores pas le soleil, qui est l'objet du culte de presque tous les peuples qui sont à l'Orient, et que tu le juges indigne de ton hommage.

— Tout l'Orient se trompe assurément, car celui qui préfère les créatures au Créateur ne lui rend aucun culte et les vénère, arrive à cette superstition stupide, à cette corruption du sens humain qui existe chez vous et chez ceux qui ont embrassé les idées de cette fausse religion ; il croit que toutes les choses qui procèdent de la volonté et de l'esprit de Dieu, participent de la nature de Dieu, qui par sa puissance éternelle a créé dès le commencement l'univers et toutes ses parties, et le gouverne toujours.

— Ainsi, malheureux que le supplice attend, toutes les choses que le roi regarde comme vraies et comme raisonnables, toi, tu les nommes fausses et insensées ?

— Que puis-je voir de vrai et de raisonnable dans vos dogmes qui nient la vérité elle-même, et qui enseignent que les choses faites et créées sont par leur nature dignes de recevoir un culte religieux ?
— Renonce à tout cela, suivant l'édit du roi ; adore le soleil, si tu veux échapper aux supplices qui te menacent. Quant à moi, j'ai pitié de ta vieillesse, et je répugne à t'envoyer aux enfers par un supplice sanglant.

— Cesse ce langage d'une bouche impie et coupable, n'afflige pas plus longtemps mes oreilles par ce discours. La piété dont mon jeune âge s'est imprégné, je ne l'abandonnerai pas, lorsque je suis à cet âge de la vie où il me convient le mieux de garder un nom jusqu'ici sans tache et d'acquérir, par mon courage, la couronne qui m'est promise. Quant à ce que tu me conseilles, je le regarde comme impie et je le méprise. »

Sur l'ordre du tyran, le bienheureux Akebschema fut couché par terre, les pieds attachés ave de lourdes chaînes, et frappé avec une telle cruauté, qu'à tous les coups qu'on lui donnait la chair déchirée laissait jaillir le sang.

Pendant ce temps, le préfet lui dit : «Dans quel lieu de la terre est donc maintenant ton Dieu ? que ne se hâte-t-il de venir t'arracher de mes mains ?

— Certes, mon Dieu pourrait m'arracher de tes mains impures ; ne te laisse pas aller à des discours extravagants, reconnais plutôt que tu es une plante débile et qui va bientôt mourir. Bien plus, regarde-toi comme déjà mort, puisque cette vie que tu as reçue en Dieu, notre Créateur, tu n'en jouiras jamais, puisque la mort va t'arracher bientôt cette vie d'un jour dont tu jouis, et que suivra nécessairement, quand ton corps descendra dans le cercueil, une mort éternelle au milieu des feux de l'enfer. Et ce feu lui-même que tu crois digne des honneurs divins, te saturera de douleurs, lorsque, ministre des justes châtiments du Dieu que tu outrages, il fera subir à ton corps et à ton âme les plus cruels supplices. »

Enfin Akebschema, par l'ordre du préfet, fut jeté enchaîné dans une prison obscure.

A la même époque, Joseph, prêtre du bourg de Beit Cathuba, vieillard septuagénaire, à cheveux blancs, plein de ferveur pour la gloire de Dieu et rempli de sa crainte, respectable par son caractère sacré et par la pureté de ses mœurs, d'ailleurs plein de savoir et de courage, était tombé entre les mains des satellites.

Aitallaha, diacre du pays de Bethnuhadra, fut pris aussi ; c'était un vieillard plus que sexagénaire, très éloquent et maniant très bien la controverse ; du reste, très aimable à cause de son extrême modestie et agréable à tout le monde par sa gaîté égale et constante. Il était enflammé de l'amour de Dieu, et aimait Jésus-Christ du plus profond de son coeur.

Quand les satellites eurent conduit ces saints martyrs à la ville d'Arbelles, ils les amenèrent devant le préfet Adarcurkasciarus, qui leur dit : « Vous êtes coupables et destinés aux plus cruels supplices ; jusques à quand empoisonnerez-vous de votre doctrine le vulgaire ignorant et grossier ? »

Le bienheureux Joseph : « Chrétiens, nous haïssons les maléfices, nous ne sommes pas empoisonneurs, nous enseignons aux hommes de saintes doctrines, afin que, renonçant au culte des simulacres morts, ils commencent à se servir de la vie. »

Le préfet : « Dis-moi donc, espèce d'insolent, laquelle de ces deux religions crois-tu la vraie, de celle que le roi, le maître de toutes choses, les grands du royaume et les riches professent, ou bien de celle que vous autres hommes de rien, pauvres et manquant de tout, pratiquez ?

— En effet, notre Dieu n'est pas un Dieu qui préfère les richesses et le faste ; par conséquent, pour lui être agréable, nous préférons la misère, la pauvreté et la privation de toute fortune et de tout luxe, afin de mériter, par cette pieuse disposition de nos âmes, la gloire du siècle à venir qui succédera, en l'anéantissant, à celui dans lequel maintenant nous vivons.

— En effet, vous faites bien voir le peu que vous valez, en méprisant les richesses, les utiles travaux qui les acquièrent, et en prêchant la pauvreté comme préférable.

— Quant à ce qui regarde notre pauvreté, que tu nous reprochais tout à l'heure en nous appelant pauvres, cherches-en la cause, et tu trouveras que nous serions beaucoup plus riches que vous, s'il nous était donné de recevoir et d'accumuler le prix du travail de nos mains. Ce que vous possédez vous vient de vos rapines et de vos exactions. Mais nous, nous donnons nos richesses aux pauvres ; vous, vous les leur extorquez.

— Le propre des richesses, c'est d'attirer fortement les convoitises des hommes ; n'importe quel mortel les désire. Qui donc croira celui qui vient dire : Nous, chrétiens, détestons les richesses ?
— Nous savons qu'elles sont passagères, et qu'elles ne restent pas à ceux qui les ont ; c'est pourquoi nous pensons qu'elles ne sont pas désirables : et vous-mêmes qui les aimez tant, ne les posséderez pas longtemps. Les richesses et les honneurs des cours échappent aux riches et aux superbes ; tout cela devient poussière qu'on foule aux pieds, sous les coups du sort commun à tous les mortels.

— Assez ; je n'ai pas envie de t'entendre davantage. Réponds en peu de mots à mes questions. Dis, te convient-il d'adorer le soleil ou non ? Si tu le fais, je promets de te délivrer des tourments qui te sont destinés.

— Il faut que tu sois aveugle pour croire que je sacrifierai jamais au soleil, moi qui ai enseigné à tant de monde que le soleil est une vaine créature, n'ayant rien de la divinité. »

Alors le préfet se mit dans une grande colère et ordonna que Joseph, couché par terre, serait frappé alternativement par dix licteurs armés de branches de grenadier, auxquelles préalablement on aurait enlevé les épines. Cet ordre fut exécuté avec une si grande cruauté, qu'on crut que le saint martyr était mort entre les mains des bourreaux. Mais lui, levant les yeux au ciel, implorait tacitement de Dieu la grâce et le courage : et voyant le sang qui coulait de toutes les parties de son corps, il dit à haute voix : «Je vous rends grâces, Jésus-Christ, Fils de Dieu, autant que je le puis, de ce que vous m'avez jugé digne d'un tel bienfait, qui me permet de laver dans un second baptême les souillures de mon âme et les taches de mes péchés. » Ces paroles ne faisaient qu'animer davantage la fureur des bourreaux qui le brutalisaient plus furieusement encore. Aussi, pas une place de son corps ne demeura intègre et sans blessure. Enfin, brisé par les tourments, il fut chargé de chaînes et jeté dans la prison où saint Akebsehema était détenu.

Le courageux Aitallaha fut ensuite interrogé. Le préfet lui dit : « En peu de mots, voici ce que je veux : adore le soleil, mange du sang, marie-toi et obéis au roi, tu n'encourras aucune peine, tu échapperas aux supplices et à la mort cruelle que les fois décrètent contre les chrétiens. »

Aitallaha lui répondit à haute voix : « Je préfère mourir pour vivre éternellement, que de vivre pour mourir éternellement. Cette détermination est irrévocable chez moi. Mange du sang situ veux, chien vorace, adore le soleil, stupide que tu es, qui fermes les yeux à l'éclatante lumière qui depuis déjà longtemps éclaire le monde, et dont le nom et la renommée sont parvenus dans les pays divers jusqu'aux confins de l'univers. »

Le préfet, contenant la colère qui bouillonnait en lui et dissimulant, lui dit avec tranquillité : « Malheureux qui cherches la  mort comme si elle était préférable à la vie, quelqu'un peut-il te croire quand tu lui dis de détester la vie et d'aimer la mort, à moins qu'il ne soit aussi fou que tu l'es ? » — Aitallaha lui dit : Tu te reconnais insensé ainsi que tes coreligionnaires. en avouant que vous ne connaissez pas la vérité. Notre Maître nous a enseigné des préceptes contraires aux vôtres : il veut que nous aimions cette vie que vous nommez la mort, et que nous détestions cette mort que vous nommez la vie. »

Le tyran, qui s'était contenu jusque-là, laissa déborder sa colère et commanda aux bourreaux d'attacher au martyr les mains sous les genoux et qu'ensuite on lui mît sur les épaules un gros madrier sous lequel douze hommes le presseraient en appuyant successivement aux deux extrémités. Ce cruel supplice disloquait d'une manière étrange le corps et tous les membres du saint vieillard. On en vint ensuite aux coups de branches d'arbre. Le corps du saint martyr fut déchiré par une longue flagellation, durant laquelle, insultant au préfet avec une constance étonnante, il le traitait de chien impur, qui se délectait à boire du sang, de corbeau vorace qui se jetait sur n'importe quelle victime. Le préfet, grinçant des dents, et frémissant, reprochait aux bourreaux leur mollesse, parce qu'ils n'avaient pas encore pu faire taire cet homme et briser son courage. Le saint martyr, dans cette torture, perdit l'usage de ses membres; ses jointures étaient luxées ou rompues, au point qu'on fut obligé de le porter dans la prison avec ses compagnons.

Cinq jours après, le préfet fit de nouveau comparaître les saints martyrs, qu'à cet effet on tira de la prison pour les amener, dans un jardin qui était proche. Il leur dit : « Eh bien, misérables empoisonneurs, avez-vous renoncé à votre erreur détestable ? avez-vous enfin résolu d'obéir aux édits du roi ? »

Les bienheureux martyrs lui répondirent d'une voix unanime : « Une même et sainte pensée nous unit tous trois ; un même esprit de vérité nous anime et une même foi qui ne variera pas. Toutes les fois que tu nous adresseras la même question, toutes les fois tu nous trouveras constants et fermes dans le même sentiment, car nous avons résolu de ne point obéir à l'édit injuste du roi. Quant à toi, emploie contre nous, au gré de ta haine, les moyens que tu voudras ou que tu pourras. »

Alors, à l'ordre du préfet, les bourreaux, jetant par terre les saints personnages, les attachent avec des cordes de lin, qu'avec des bâtons, pour les tourner, ils leur serraient tellement fort aux jambes, aux cuisses, aux côtés, qu'on entendait le bruit des os qui se rompaient. Ceux qui présidaient à la question, au milieu des atroces douleurs qu'enduraient les martyrs, les exhortaient à conserver leur vie en obéissant aux édits du roi ; mais eux répondaient avec une constance que prouvaient leurs paroles et leurs gestes: «Nous mettons notre espérance en Dieu seul, nous n'obéirons pas aux ordres du roi. » C'est ainsi que pendant tout le temps que dura ce supplice atroce, la gloire et le triomphe des saints martyrs recevaient à chaque instant un nouvel éclat. Chaque jour, leurs exécrables bourreaux inventaient contre eux quelque supplice plus effroyable ; les coups, la faim, la soif, tout fut employé pour les tourmenter. Pendant ce temps-là, nul ne pouvait leur porter de vêtements, de lits, de pain, d'aliments. Le préfet l'avait défendu par un édit terrible, qui portait que quiconque serait pris en flagrant délit recevrait cent coups de bâton et de plus aurait les mains et le nez coupés. Or, ceux qui étaient dans la même prison tâchaient d'aller de porte en porte mendier des vivres qu'ils leur apportaient, et cela avec l'aide des gardiens de la prison, qui ne pouvaient voir sans pitié les souffrances des saints martyrs dans un âge si avancé.

C'est ainsi qu'au milieu de ces souffrances, ils passèrent trois années en prison. On annonça que le roi venait en Médie. Pour la circonstance, le préfet les fit sortir de la prison publique. On n'eût plus dit des hommes, mais des fantômes, de sorte qu'ils attiraient la compassion même des gens les moins miséricordieux, et faisaient couler leurs larmes, par le spectacle de leur misère et des témoignages de leurs douleurs. Ils furent amenés de la prison au palais du roi, devant Adarsapor, prince des préfets de toutes les provinces d'Orient. Ils refusèrent de l'adorer. Là ils furent ainsi interrogés, en présence d'une grande quantité de préfets et de grands de la cour : « Dites, n'êtes-vous pas chrétiens ? » Alors les saints martyrs : « Oui, nous sommes chrétiens et nous adorons un seul Dieu et Seigneur, créateur de tout l'univers. — Vous êtes des vieillards, dit le préfet, et je vois sur votre visage les traces des souffrances que vous avez endurées.

Je vous avertis de ne pas courir à une mort certaine ; adorez le soleil, obéissez au roi, vous agirez dans l'intérêt de votre salut. Car la peine capitale est portée contre ceux de votre religion qui refusent de sortir de leur erreur. » Alors Akebschema : « Vous aurez beaucoup de mal, si ne renonçant pas à ce dessein, vous espérez, à l'aide de cette puissance dont vous faites un sacrilège usage, amener qui que ce soit d'entre nous à adopter cette erreur que vous vous efforcez de faire prévaloir. Que ne nous laissez-vous en paix ? Que n'employez-vous les supplices? Hâtez-vous de nous y conduire. Vos menaces ne nous effraient pas, aucune crainte ne nous amènera à abjurer honteusement la foi du vrai Dieu pour obéir aux ordres du roi, soit qu'on nous laisse la vie, soit qu'on nous mène à la mort. » Le préfet leur dit : « La mort délivre les coupables. Je ne suis pas étonné que vous la demandiez. Aussi ne veux-je pas vous tuer, mais vous faire souffrir; et ne vous ferai-je mourir que quand, à force de supplices, je vous aurai rendu la vie plus insupportable que la mort même. Mais déjà, malheureux, quelle existence traînez-vous ? Je veux par votre supplice glacer d'horreur ceux qui font partie de votre secte d'empoisonneurs. » Akebschema lui dit : «Tu insistes en vain, nous ne craignons pi menaces, ni tourments, ni glaives ; nous espérons en Dieu que nous posséderons un jour et qui nous a rendus, par sa propre force et par sa grâce, invincibles et parfaitement indifférents aux supplices terribles que déjà avant toi tes collègues nous ont fait endurer. Nous avons l'espoir de nous montrer plus forts que vos supplices. Fais donc subir à ce corps chargé d'ans, mais non pas encore dépourvu d'énergie, les tortures les plus cruelles que tu pourras imaginer. Eprouve notre patience qui a sa force dans l'espérance certaine que nous avons. Tu trouveras toujours en nous un courage invincible, et notre constance te révélera l'erreur honteuse qui te domine. »

Alors le tyran dit en montrant quatorze cordes neuves qu'il avait fait apporter à dessein en ce lieu : « J'en jure par le dieu soleil et par la vertu du roi Sapor, si vous n'obéissez promptement, je détruirai vos corps, je rougirai de sang vos cheveux blancs, je n'aurai aucun respect pour vos restes, et je les ferai broyer jusqu'à ce qu'ils soient réduits en poussière. » Akebschema lui dit : « Comme tu as engagé ta foi à un témoin qui n'est pas Dieu et juré par la fortune d'un nom vide, je doute que tu fasses ce que tu as dit. Quant à nous, nous aurons la même foi en Dieu, soit que tu nous laisses la vie, soit que tu nous fasses mourir. Nos corps sont à toi, nos âmes à Dieu ; hâte-toi donc d'exécuter ce que tu as décidé : crois que nous ne désirons rien plus ardemment. »

Le préfet fit écarteler le bienheureux Akebschema par trente hommes : quinze tiraient de chaque côté. Pendant ce temps-là, deux licteurs le frappaient à coups redoublés sur le dos et la poitrine. Ce supplice fut exécuté avec tarit de cruauté que, la peau enlevée, chaque coup faisait voler avec le sang des lambeaux de chair. Comme quelqu'un par derrière, pour lui sauver la vie, l'engageait à obéir, il put encore parler et dit à haute voix : « Ce que je vais dire. est ma volonté formelle : les édits iniques du roi ne sont rien pour moi, je ne veux que demeurer fermement attaché à la foi sainte de mon Dieu. » Lorsqu'à bout de force, il ne put plus articuler une seule parole, et qu'il ne pouvait plus contredire par ses réponses ses adversaires qui l'engageaient encore à se désister de sa résolution, et qui lui promettaient la vie sauve, s'il voulait obéir aux ordres du roi, il éleva la tête, et fit signe qu'il improuvait tout ce qu'on lui disait. Ce fut en montrant ce courage invincible que le saint martyr succomba ; et cependant ceux qui le frappaient ne s'arrêtèrent pas, ceux qui tiraient sur son corps pour l'écarteler, ne cessèrent pas leurs efforts, et bien que le saint eût rendu l'âme, ils s'acharnèrent sur ses membres, et tirèrent avec tant de violence, qu'ils lui désarticulèrent les épaules. Ce ne fut qu'au bout d'un moment, que, voyant que le saint martyr était mort, les bourreaux se retirèrent. Et on vit s'affaisser sur son corps la tête que ne supportaient plus que les vertèbres dénudées et disloquées du cou. On traîna le cadavre hors de la ville et on mit des gardes auprès du lieu où on l'avait jeté. Cependant, au bout de trois jours, il fut enlevé clandestinement par les soins de la fille du roi d'Arménie, qui était retenue comme otage dans une des citadelles de la Médie. L'illustre Akebschema fut couronné le dix de la lune d'octobre.

Après Akebschema, ce fut au bienheureux Joseph d'être  interrogé. Le préfet Adarsapor lui dit : « As-tu vu comment ton collègue a péri misérablement ? Il a porté la peine de son crime envers le roi. Quant à toi, cesse de te tromper ainsi, écoute nos conseils : adore le soleil, obéis aux édits du roi ; ainsi tu sauveras ta vie et échapperas à une mort terrible.

— Je n'adore pas le soleil, parce qu'il n'est pas Dieu ; je n'obéis pas aux édits du roi, parce qu'ils sont injustes. Car il n'est pas permis d'enlever à Dieu, souverain créateur de l'univers, l'hommage qu'on lui doit, pour le transporter aux créatures. Fais ce que tu as dessein de faire, et comme il te conviendra. »

Alors le préfet ordonna que lui aussi fût écartelé par trente hommes et frappé pendant ce temps-là par des bourreaux jusqu'à ce que, la peau étant enlevée de toutes parts, son corps ne parût plus qu'une plaie. Aux spectateurs de cette boucherie qui suppliaient le saint martyr de racheter sa vie et sa liberté en obéissant aux ordres du roi, il répondait : « Il n'y a qu'un seul Dieu ; hors celui-là point. Il n'y a qu'une seule foi, une seule vérité ; nous les connaissons et les confessons. Nous sommes trois compagnons unis dans une même volonté, dans un même courage. » Comme les tourments n'avaient pas de relâche, et que les bourreaux précipitaient leurs coups, la respiration et la circulation furent momentanément suspendues par suffocation, et on crut que le saint avait rendu l'âme. Les bourreaux s'approchant, il s'affaissa comme un cadavre. Enlevé de ce lieu, il fut jeté hors des murs ; peu après, comme on s'aperçut qu'il respirait encore, on mit auprès de lui des gardes qui durent veiller.

Pendant ce temps-là, l'intrépide Aitallaha fut amené devant le préfet. Celui-ci ayant regardé le saint vieillard, lui dit : « A moins que tu n'aimes encore bien ta croyance coupable qui a causé la mort de tes deux compagnons, adore le soleil et obéis aux ordres du roi. Si tu le fais, tu éviteras la mort qui te menace. »

Aitallaha lui dit : « J'admire vraiment que ton esprit soit aveuglé et dépourvu de raison à ce point que tu puisses te montrer à moi aussi privé de sens et d'intelligence qu'un animal stupide. Comment, après que ceux qui, plus âgés que moi, plus faibles par conséquent, n'en ont pas moins vaincu tes tourments et conquis une gloire immortelle par la mort que tu leur as procurée, et qu'ils ont volontairement acceptée, je n'aurais pas honte d'agir moins courageusement, et de perdre par une ignoble lâcheté le titre glorieux et la couronne immortelle qu'ils ont su gagner ? Au reste, voici ma volonté irrévocable : Je ne trahirai ni ma foi, ni mon Dieu, je n'obéirai pas aux édits du roi, qui depuis longtemps fait une guerre honteuse à la vertu et à l'honnêteté. » A cette réponse, le préfet, pensant que la majesté royale avait été outragée, ordonna que le saint fût tiré en sens contraire par quarante hommes divisés en deux bandes, et pendant ce temps-là cruellement frappé par les bourreaux armés de lanières neuves. Cet ordre fut exécuté avec tant d'inhumanité, que, frappant sur le saint martyr comme si t'eût été une pierre ou un tronc d'arbre, les bourreaux en un instant mutilèrent, déchirèrent tout son corps. Pendant ce temps l'infatigable athlète interpellant à haute voix le préfet : « Tyran sans vigueur, lui disait-il, tes supplices sont trop doux et trop légers. Si tu en connais de plus terribles, ordonne qu'on les emploie, car mon âme devient plus forte par la douleur et mon corps prend de l'énergie dans les plaies qu'on lui fait. »

Alors le préfet, regardant les assesseurs : « Comment se fait-il que ces empoisonneurs aiment la mort et les tourments, comme si c'étaient des festins ? »

Ils dirent : « C'est que leurs dogmes leur promettent une autre vie, que les yeux d'ici-bas ne peuvent connaître. »

A la fin de cet horrible supplice, pas une place du corps du saint martyr ne resta intacte : tous ses membres furent disloqués, et parurent comme arrachés de leurs places naturelles. Ses os étaient luxés, leurs ligaments rompus par cette épouvantable et cruelle distension de tout le corps. On aurait cru que les membres n'adhéraient plus, ne tenaient plus qu'à la peau. Les deux licteurs l'ayant ramené an préfet, il fut de nouveau sollicité à abjurer la religion chrétienne.

« Si tu obéis aux ordres du roi. je te donnerai des médecins qui panseront tes plaies, et qui certainement te rendront à la santé.

— Bagatelles, dit le saint vieillard, que promesses et médecins ; mais quand bien même tu pourrais réparer tout le mal que tu m'as fait, et me rendre mes forces perdues, jamais je n'abjurerais devant toi ma foi ; jamais je n'abjurerais le Seigneur Dieu, créateur de l'univers, et n'adorerais le soleil qu'il a fait pour l'usage du monde. »

Le préfet lui dit : « Tes membres te restent, disloqués mais non rompus, tu peux encore nous obéir et tu refuses de vivre? Je ferai par ton supplice un horrible exemple, terrifiant pour ceux qui te ressemblent et qui ont ta témérité et ton arrogance.

Tu rends de vrais oracles, imprudent que tu es, car j'espère que nous resterons un excellent exemple et que nous laisserons à imiter à ceux qui nous suivront un triomphe qui ne sera pas sans gloire'; enfin par notre courage dans le combat et par notre égalité d'âme dans les souffrances, nous aurons conquis dans notre vieillesse des palmes verdoyantes et une couronne formée de fleurs qui ne périront pas, et dont la verdeur parfumant nos corps cassés de vieillesse, leur communiquera, au dernier jour du monde, une force toute juvénile, et les rendra bien portants pour l'éternité. »

Alors Adarsapor ayant appelé Adarcurkasciarus, préfet de l'Adiabène, lui parla en ces termes : « Si ces misérables survivent, je veux qu'ils soient ramenés dans leur patrie, et que là ils meurent lapidés par les gens de la même secte qu'eux. C'est pourquoi je n'ai pas voulu qu'ils fussent tués en ce lieu. » On fit venir deux chevaux sur lesquels on hissa les martyrs comme deux corps inertes, au point qu'il fallut les attacher avec des cordes sur le dos de ces animaux, de peur que les secousses de la marche ne les fissent tomber : cela fût arrivé, tant leurs corps avaient été disloqués par les tortures, leurs os luxés, leurs articulations rompues, et leurs membres déchirés. Quand on fut arrivé au lieu où on devait s'arrêter et que les chevaux durent être soulagés de leurs fardeaux, les satellites, qui étaient ennemis des martyrs et qui étaient encore animés de colère contre eux, les jetèrent à terre, où ils restèrent gisants comme eussent fait des pierres ou des madriers. Ce fut ainsi qu'ils allèrent jus-qu'à Arbelles, où on les jeta en prison. Les saints vieillards, étendus comme de froids cadavres, étaient, à cause de leurs plaies, mouillés de sanie sanguinolente. Les gardiens avaient ordre de ne laisser pénétrer auprès d'eux aucun chrétien.

Il y avait dans la ville d'Arbelles une femme illustre qui était chrétienne, dont la mémoire est restée en vénération et dont le nom est cité avec éloge dans un ancien discours. Elle avait en grande vénération les martyrs du Seigneur. On rapporte, en outre, qu'elle fournissait à ses frais des aliments aux chrétiens qui étaient détenus dans la prison publique de la ville d'Arbelles, pour le nom de Jésus-Christ. Cette noble femme, ayant donc appris les souffrances et les infirmités des bienheureux martyrs, fit venir le geôlier de la prison et obtint de lui, par ses prières et en lui donnant une forte somme d'argent, de les emmener de la prison chez elle, de sorte qu'elle jouit quelque temps de leur présence. Cela ne lui fut accordé qu'avec peine et avec crainte par ce geôlier. Ce fut pendant la nuit qu'elle envoya ses serviteurs pour les apporter chez elle. Elle pansa elle-même leurs plaies, embrassant leurs membres disloqués par les tortures, contemplant l'état déplorable dans lequel on les avait mis, elle ne pouvait retenir ses larmes et ses gémissements. Ils étaient couchés comme exsangues et complètement privés de sensibilité. Mais le bienheureux Joseph la voyant pleurer : a Ce ne serait pas de la vertu, lui dit-il, que de verser sur notre mort des pleurs inopportuns. — Ce n'est pas votre mort que je pleure, répondit-elle ; bien au contraire, je vous féliciterais si vous eussiez été tués aussitôt que condamnés ; mais mon chagrin violent vient de voir qu'on vous ait laissés dans l'état où vous êtes... » Le bienheureux Joseph : « La persécution des méchants procure la tranquillité à ceux qui se souviennent des paroles du Seigneur : « Combien est étroit et difficile le chemin qui conduit à la vie éternelle, et combien peu y arriveront ! » et ailleurs : « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, sera sauvé. » L'Apôtre a dit de lui-même : « Trois fois j'ai été flagellé, une fois lapidé, et encore les tribulations ont été de la part des hommes de qui le monde n'était pas digne. » C'est pourquoi, étant chrétienne, il est convenable que vous vous réjouissiez, quand des chrétiens soutiennent de longs combats ; plus ils auront souffert de supplices cruels, plus leur récompense sera grande, plus leurs couronnes illustres. »

A l'aurore du jour suivant, ils furent ramenés en prison, où pendant six mois, jusqu'en avril, ce qu'ils eurent à souffrir de la puanteur du lieu et des autres incommodités ne saurait se rendre. Pendant ce temps-là, le préfet qui avait assisté à l'interrogatoire des martyrs, s'en alla et eut pour successeur un certain Zarusciates, beaucoup plus méchant que lui, plus méchant même que les bêtes sauvages. Le roi lui avait donné des ordres furibonds contre les chrétiens. Entre autres choses, il avait commandé aux préfets de forcer, par toutes sortes de supplices, les laïques qui professaient la religion chrétienne à lapider leurs pasteurs. Cet édit jeta un grand trouble parmi les chrétiens, et fit que beaucoup d'hommes et de femmes nobles, bien qu'indigènes, quittèrent les villes pour se réfugier dans les montagnes et dans les cavernes, de peur d'être forcés à verser le sang innocent.

Or il arriva que le nouveau préfet Zarusciates vint dans la ville, et entra dans le temple, pour y adorer le feu. Les gardiens du temple en prirent occasion pour accuser devant lui les saints martyrs : « Il y a ici, disaient-ils, deux hommes de cette secte d'empoisonneurs qu'on nomme des chrétiens ; ils ont déjà passé trois ans et demi en prison, et le préfet Adarcurkasciarus leur a fait subir divers supplices pour les amener à sa religion. » A ces mots, le préfet ordonna qu'on lui amenât les saints martyrs. Quand ils furent présents, les regardant d'un air terrible et cruel, il dit : « O race d'entêtés, pleine d'insolente constance ! quoi ! rien ne vous émeut, ni les lois sévères, ni les édits publics de Sapor roi des rois, seigneur de toutes choses, qui a renversé le plus grand des royaumes, pris d'assaut tant de villes si bien fortifiées, et vaincu toutes les nations du monde ? Ainsi donc, vous qui demeurez dans son royaume et dans ses villes, vous méprisez ses édits et ses lois ? » Le bienheureux Joseph lui répondit d'une voix haute et assurée en ces termes : « Si nous conspirons, comme tu le dis, contre le roi, pourquoi ne fait-il pas la guerre aux rebelles ? Pourquoi n'a-t-il pas une armée choisie? Pourquoi ne conduit-il pas contre nous des soldats armés d'arcs et de lances pour nous forcer à faire ce qu'il commande, comme il a fait à l'égard des nations que toi et lui avez subjuguées ? Oh ! non, pour cette campagne c'est toi qu'il a choisi; toi le plus lâche des hommes qu'un frémissement de feuilles ferait trembler. Homme sans énergie, au lieu d'aller chasser dans les forêts avec les hommes, tu te livres à un repos honteux, ici, an milieu des femmes. Rougis, misérable, aie honte de ton inique emploi, car tu n'es pas venu comme un brave général pour combattre des peuples rebelles à ton roi, mais pour encourager à renier leur Dieu, quelques chrétiens encore moins courageux qu'il ne le faudrait, moins intrépides qu'ils ne devraient l'être. Mais tu perds tes efforts, si tu crois pouvoir faire entrer dans nos oreilles ce fiel mortel, car notre volonté insurmontable est de rester fidèles à notre Dieu. »

Alors le préfet : « Empoisonneur, dit-il, discoureur impie, je supporterai patiemment tes injures et tes malédictions ; tu espères que je vais te faire bien vite couper la tête, et échapper par ce supplice aux longs tourments qui t'attendent ; mais je ne le veux pas faire ainsi, j'attendrai une meilleure occasion. Pour le moment, je m'en tiendrai à ce qu'on m'a ordonné de faire. » Le saint martyr lui répondit : « Je vois la guerre que tu veux nous faire ; semblable à une vipère sourde, tu dissimules à l'instant de mordre. Je le vois à ta couleur livide, semblable à celle des vipères quand elles se préparent à mal faire. Que ne te sers-tu de ta science, inventeur de tortures ? Que ne montres-tu ton autorité et ta puissance ? Tire ton fer mortel et rassasie dans notre sang innocent les cruelles passions de ton coeur. O toi qui es dévoué aux supplices et aux peines éternelles, je t'en prie, envoie-moi à la mort que j'aime, envoie-moi, chargé de riches dépouilles, à ce séjour que nous autres chrétiens désirons, comme tous aussi nous désirons ce royaume, dont la puissance brisera celle du vôtre qui de toutes parts déjà voit ses forces chanceler. » Alors le préfet commanda de suspendre le saint martyr la tête en bas, par les gros orteils ; puis il ordonna que ses membres, labourés par les tortures précédentes, fussent frappés à coups de cordes neuves par les bourreaux, jusqu'à ce que le dos, les côtés et la poitrine du saint martyr fussent couverts de sang et de sanie, ce qui fit couler abondamment les larmes des spectateurs. Pendant ce temps-là, les mages lui disaient tout bas : « Si au milieu de cette grande assemblée tu as honte de te soumettre en abjurant, nous allons te porter immédiatement au temple du feu, et là, en adorant le soleil sans témoins, tu conquerras la liberté. » Le saint martyr repoussa énergiquement les auteurs d'un si mauvais conseil, en criant à haute voix : « Allez-vous-en d'ici, adorateurs du feu, qui l'aimez ; allez l'alimenter ce feu qui vous dévorera ; rendez-lui votre culte, pendant que vous avez le temps encore. »

Après que le bienheureux vieillard eut été suspendu, comme nous l'avons dit, pendant deux heures, au milieu des plus cruels supplices, le préfet ordonna qu'on le détachât, et s'adressant à lui de nouveau : « Est-ce que tu ne fléchiras pas ton esprit à l'obéissance, en prenant conseil de tes intérêts, espèce d'effronté? » Le saint martyr lui dit : « Non, certainement, la grâce et le salut qui me viendraient de toi ne me seraient ni agréables, ni utiles. » Alors le préfet : « Et la mort que je te ferai subir ne te sera donc pas pénible ? » Joseph répondit : « La mort que tu me donneras, c'est pour moi la vie ; au contraire, si tu me donnais la vie, j'estimerais alors recevoir la mort. » Le préfet reprenant : « Tu vois en quel état j'ai mis ton corps, il ne peut plus être utile à rien pour les besoins de la vie. Mais l'âme qui te reste, je vais la détruire et la perdre certainement par les supplices répétés que tu vas endurer. » Joseph lui dit : « Tu ne peux certes détruire mon âme, car nous avons l'Ecriture qui nous dit : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et ne peuvent tuer l'âme ; mais plutôt craignez celui qui peut précipiter l'âme et le corps dans l'enfer ». Tu as pu torturer mon corps qui est en ton pouvoir, mais tu ne peux arracher à mon âme l'espérance qui fait ses délices ; c'est celle que nous avons, nous chrétiens, de la résurrection future des corps, hors de laquelle, vous autres ennemis de la vraie piété, aurez pour part les gémissements éternels et les grincements de dents. » Alors le tyran, se moquant du saint vieillard : « Si cela arrive comme tu le dis, à quelle peine serai-je exposé de votre part ? » Mais le saint lui répondit : « Notre-Seigneur, le Dieu de miséricorde, nous a dit : « Priez pour vos ennemis, bénisse ceux qui vous maudissent ; faites du bien à ceux qui vous haïssent et qui vous persécutent. « Alors le préfet, poursuivant sa moquerie : « Là je serai donc muni de la grâce que vous m'accordez, pour tous les maux que je vous fais endurer? » — « Il n'y aura plus alors de grâce à espérer, dit le saint. Mais dans ce monde actuel je prierai mon Dieu de t'envoyer sa grâce, demandant qu'il te prenne en pitié, et qu'il tourne ton esprit à le reconnaître, et à comprendre qu'il n'y a pas d'autre Dieu que lui. » Alors le préfet lui dit sérieusement : « Tu t'occuperas de cela dans ce monde que tu désires et vers lequel je vais t'envoyer. En attendant, obéis au roi. » Le saint vieillard lui dit : « La mort dont tu me menaces fut toujours l'objet de mes désirs; car c'est pour ce siècle à venir que j'endure tous ces tourments. » Le préfet ajouta : « Je te ferai endurer des tourments tels que tu ne les imagines pas, tes semblables en auront peur et céderont à mes ordres. » Alors le saint martyr : « Les tourments que jusqu'ici vous m'avez fait souffrir, je les ai supportés, je supporterai courageusement ceux que tu pourras m'infliger, laissant un bel exemple aux jeunes gens témoins de ces combats de ma vieillesse. Les chrétiens plus jeunes apprendront par là à ne pas craindre ta vaine puissance, quand ils verront que moi, pauvre et faible vieillard, je t'aurai vaincu avec la grâce de Dieu, qui met une si grande force dans mon âme que non seulement je n'ai pas succombé devant toi, mais que j'arriverai à la mort sans succomber. »

Le préfet ordonna d'emmener le vieillard, et comme il ne pouvait marcher, des soldats le portèrent à la prison.

Le préfet s'adressa alors au bienheureux Aitallaha : « Toi aussi, tu persistes dans cette croyance d'hommes perdus, et tu refuses d'adorer avec moi le soleil, afin de te sauver ?

— Tant que vivra le Christ Fils de Dieu et mon unique espérance, jamais je n'abandonnerai cette croyance qui est la seule vraie : mais j'y resterai attaché avec autant de fidélité et de constance qu'il soit possible à un homme. Jamais je ne préférerai les créatures au Créateur de toutes choses, et ne rendrai point aux oeuvres l'honneur qui n'est dû qu'à l'ouvrier. »

Alors, sur l'ordre du préfet, les satellites suspendirent égale-ment le saint martyr la tête en bas, et il criait à haute voix durant ce supplice : « Je suis chrétien, je suis chrétien, sachez tous que je suis chrétien, et que c'est pour cela que je souffre. »

Dans la même prison, était détenu un homme de la secte des Manichéens, qui, amené à la question, fit ce que les Manichéens ont coutume de faire, parce que ce sont des hommes lâches et versatiles ; sans aucune hésitation, il renia les dogmes de sa vaine croyance. Saint Aitallaha fut détaché afin de voir cet homme ; et les païens lui disaient : « Vois cet homme, comme il nous a immédiatement obéi ». Mais, voyant que le manichéen avait abjuré sa religion, et tuait des fourmis que ceux de la secte croient avoir une âme, il ne put contenir la joie qu'il éprouvait ; mais il la fit voir sur son visage qui se colora d'un reflet rose, et se mit à rire. Ses bras en furent remués, quoiqu'ils eussent perdu tout mouvement par suite des tourments, et qu'ils fussent appendus à son corps comme des masses inertes. En même temps il fit éclater sa joie par ses paroles en disant : « Malheur à toi, Manès ! malheur ! car, vaincu, tu viens de succomber, et ta chute a entraîné celle de ton dieu, qui n'en est pas un. Moi, bienheureux au contraire, j'ai vaincu ; et en moi le Christ saint, fils de la Vierge Marie, a vaincu, lui qui 'sera toujours et a toujours été. » Ces paroles mirent le tyran en si grande colère, qu'il fit immédiatement apporter des verges et fit de nouveau frapper le saint si cruellement qu'il se trouva mal. On l'emporta évanoui, et on le jeta nu dans un lieu éloigné, et il fût resté nu ainsi, car, privé de l'usage de ses mains, il ne pouvait mettre un vêtement, si un mage, ému d'un sentiment de pitié et d'humanité, en le couvrant de son propre manteau, ne l'eût soustrait à cette honte et aux insultes de la populace.

Quelques mages fort méchants, irrités de cela, accusèrent leur collègue devant le préfet. Celui-ci ordonna que le coupable fût soumis à la traction, et flagellé pendant ce temps-là. Le bon mage reçut deux cents coups qui furent comptés. Alors il tomba sans connaissance. Il est probable qu'il fut, à cause de cela, l'objet de quelque grâce spéciale de la part de Dieu. Bientôt saint Aitallaha fut emporté en prison.

Cinq jours après, on annonça que Thamsapor était arrivé dans son château de Beit-Thabaha. Or ce mot, qu'on peut traduire par maison du boucher, avait une signification bien adaptée. Ce fut dans ce château qu’en ce temps-là furent fabriquées les lanières qui servirent à faire périr un grand nombre de chrétiens. Les deux martyrs, par l'ordre du préfet, furent amenés devant Thamsapor. Il leur dit : « Mangez du sang, et je vous rendrai la liberté ; ayez pitié de votre vieillesse.

— Mange du sang toi-même, dirent les saints martyrs, toi qui en particulier comme en public te délectes dans des festins sanguinaires. » — Comme le tyran insistait, et que les martyrs refusaient, on en vint aux coups. Pendant que le bourreau apprêtait les verges, plusieurs assistants, qui avaient dessein de sauver les saints martyrs, leur suggéraient un subterfuge. « Nous prendrons, disaient-ils, du jus de raisin noir, nous ferons qu'il se fige comme du sang, vous le mangerez et échapperez ainsi au supplice. » Les saints vieillards leur dirent : « Dieu vous garde de couvrir notre vieillesse d'une telle infamie; nous ne dissimulerons pas notre foi, vaincus parla crainte d'hommes méchants ut audacieux. » Après cette réponse, ils reçurent chacun quarante coups de verges. Malgré cela, l'interrogatoire ne fut pas interrompu, mais le tyran, les pressant de nouveau, ordonna d'apporter de la chair d'un animal étouffé : « Mangez au moins celle-là, et je vous renverrai. » Les martyrs lui dirent : « Toute chair qui vient de vous, nous la tenons pour impure ; car obéir à vos conseils, c'est assurément commettre une impiété et se faire une souillure. Ne vous arrêtez pas à ces puérilités, et pensez quel genre de mort doit nous être infligé. Cela ne vous sera pas difficile à vous qui êtes habitués à inventer des tortures. »

Ayant délibéré entre eux, le préfet et Thamsapor rendirent enfin une sentence, qui portait que les chrétiens nobles de la ville d'Arbelles et ceux du peuple des environs seraient réunis et forcés de lapider l'un et l'autre martyrs. C'est pourquoi, une grande multitude d'hommes, de femmes et d'enfants, pris par les soldats, vint au lieu du supplice, pour que cette exécution eût lieu. Cette femme si sainte et si digne de laquelle il a été question, Yazdândocht, tomba entre les mains des soldats, et on voulait la contraindre à lapider les saints. Or il arriva que, pendant ce temps-là, saint Joseph comparut de nouveau devant Thamsapor, qu'environnaient les grands. Il avança au milieu d'eux, semblable à un animal, car le séjour de la prison et les tourments avaient tellement changé son visage, qu'il ne ressemblait plus â un homme. Au milieu de cette cruelle assemblée privée de sens et de pitié, le préfet, les grands, les nobles, les mages étaient assis. Un esclave soutenait avec peine Joseph, que ses pieds ne pouvaient porter. Alors le bienheureux vieillard pria le préfet de s'approcher, comme s'il eût voulu lui dire quelque chose à l'oreille. Sans hésiter le préfet se leva, impatient de savoir ce qui allait arriver et croyant que Joseph voulait lui dire secrètement qu'il avait changé d'avis. Il mit bien près son oreille ; alors Joseph, toussant fortement, lui envoya au milieu du visage un crachat qui le lui couvrit entièrement : « Va, lui dit-il, homme impur et cruel ! tu n'as pas honte de me ramener presque mourant à l'interrogatoire ? Il ne te suffisait donc pas des précédentes questions, pour être bien sûr, bien convaincu, qu'aucune violence, qu'aucun danger ne pourraient me faire abandonner ma religion ? » Cela fit que Thamsapor et tous les grands qui étaient présents, partirent d'éclats de rire immodérés, et se moquèrent de l'empressement inconsidéré du préfet, qui demeura fort confus. « Qui vous a engagé, disaient-ils, à aller près de lui? vous l'avez bien voulu. »

On ordonna que le saint vieillard fût emmené au lieu du supplice, pour y être accablé de pierres, et on entraîna au même lieu, de force, environ cinq cents chrétiens qui devaient exécuter la sentence. Quand on fut arrivé au lieu de l'exécution, on mit le saint vieillard enchaîné dans une fosse préparée à l'avance et on l'y enterra jusqu'aux épaules. Alors les soldats, se tournant vers les assistants : « Lapide-le », disaient-ils. Dans cette circonstance, la constance généreuse de Yazdândocht fut mise à l'épreuve. On voulait qu'elle se joignît aux autres pour lapider le martyr. Mais elle persista dans son refus avec un courage tout viril, et parlant à haute voix à ceux qui lui donnaient ce conseil : « Jamais, dit-elle, on n'en est encore venu à ce point, de vouloir que des femmes remplissent contre des hommes l'office de bourreaux, ainsi que vous le voulez aujourd'hui. Ainsi la guerre qu'on doit faire aux ennemis, vous la faites à vos concitoyens ; vos armes, vous les tournez contre eux ; vous troublez, vous ensanglantez une province qui jouissait d'une paix profonde. » Alors les soldats, présentant à cette sainte femme une plume taillée en pointe : « Si ta religion, lui dirent-ils, te défend de jeter des pierres à cet homme, étends seulement la main, pique-le avec cette plume, afin de paraître obéir aux ordres du roi. » Mais elle leur répondit avec gémissement et à haute voix : « J'aimerais mieux qu'on m'enfonçât toute cette lance dans le corps, que de commettre un tel crime sur cet athlète du Seigneur. Dans tous les cas, si vous êtes autorisés à m'ôter la vie, rien ne m'arrête ; je mourrai plutôt avec lui que de sembler vouloir tremper avec vous dans cette effusion du sang d'un innocent. » Pendant ce temps-là, les pierres volaient, et déjà elles formaient un monceau, au centre duquel tout le corps étant couvert apparaissait seulement la tête du saint martyr, de laquelle coulaient du sang et la matière cérébrale. Un des assistants les plus considérables, voyant qu'il laissait aller sa tête dans un sens, puis un autre, et qu'il avait ainsi peine à mourir, obtint d'un soldat comme une grâce qu'il lui brisât complètement la tête avec une pierre moins cruelle que les autres. Le saint martyr rendit l'âme. On mit pendant deux jours des gardes autour de la fosse ; mais, dans la nuit du troisième jour, une tempête horrible s'éleva. Le ciel commença à gronder d'une façon terrible et entre les coups de tonnerre, la grêle, les éclairs et les tourbillons d'ouragan. Tout le pays fut terrifié de cette colère des cieux. Le feu et le soufre qui pleuvaient durant la tempête, étouffèrent et consumèrent les gardes. Dans cette confusion de toutes choses, le corps du saint martyr fut enlevé, cela est certain ; fut-il inhumé par Dieu ou par les hommes ? on l'ignore. Jusqu'à présent on n'a pu découvrir le lieu de sa sépulture. Le bienheureux Joseph reçut la couronne du martyre le sixième jour de la première semaine de la Pentecôte.

Saint Joseph étant mort comme nous l'avons dit, Thamsapor ordonna de conduire Aitallaha dans la ville populeuse de Dastgarar, en la province de Beit-Nuhadra. On rassembla les hommes et les femmes nobles parmi les chrétiens, le seigneur même du lieu qui s'était converti au Christ ; ils conduisirent le saint martyr hors des murs de la ville, et l'ayant enchaîné, ils le firent mourir sous une grêle de pierres, au lieu qu'on leur avait désigné. Ils exécutèrent cela avec une souveraine impiété et accablèrent le bienheureux Aitallaha sous un monceau de pierres Des gardes furent mis auprès de son corps. Après deux jours, pendant une nuit orageuse, les chrétiens enlevèrent clandestinement son corps, et l'ensevelirent en toute hâte et tremblants, profitant de l'occasion, au premier endroit qui leur parut convenable. Dans le même temps et au même lieu, arriva un grand miracle. Là où saint Aitallaha avait été accablé sous les pierres, crut un myrte qui poussa de nombreux rameaux, qui, recueillis par les gens du pays et employés avec foi par eux, guérissaient les malades. Cela dura cinq ans. Au bout de ce temps, une main coupable arracha le myrte. Eu outre, plusieurs témoins dignes de foi affirmaient avoir vu plusieurs nuits durant, au lieu où le saint martyr avait été lapidé, une cohorte d'anges descendant des cieux et ensuite y remontant en faisant entendre d'ineffables concerts. Saint Aitallaha reçut la couronne du martyre le quatrième jour de la dernière semaine de la Pentecôte.

CONCLUSION


Voilà l'histoire des combats de nos martyrs, à commencer par ceux qui se sont levés les premiers pour cette guerre jusqu'à ceux qui sont entrés les derniers dans la lice : tous généreux et magnanimes, couverts d'armes invincibles, ils luttèrent avec gloire, et comme de vaillants guerriers, ils tombèrent blessés par devant, et le visage tourné vers l'ennemi. A nous qui venons après eux ils ont laissé, au prix de leur sang, honneur et gloire, repos et prospérité.

Armés des armes de la foi, de la cuirasse de la vérité, de l'épée de là parole de vie, de la lance des saintes Ecritures, ils ont vaincu les tyrans. Siméon ouvrit la carrière, glorieusement fermée par les trois vénérables vieillards dont nous venons de raconter le martyre. Après quarante années d'une atroce persécution, le glaive qui s'enivrait du sang des saints a cessé enfin de luire sur nos têtes : les martyrs qu'il a immolés brillent d'une splendeur nouvelle, tandis que le tyran est couché dans son tombeau. Ceux qu'il a écrasés sous la pierre se sont relevés, et lui il est renversé dans la poussière ; au contraire ils vivent, ils vivent glorieux ceux qui furent ses victimes. Il commença la persécution la trente et unième année de son règne, et la soixante-dixième il cessa de vivre.

Il grandit dans le sang, il parvint à la vieillesse à travers les massacres. Son glaive, aiguisé contre Siméon Bar-Sabâé, s'émoussa enfin contre Acepsimas et ses compagnons ; main-tenant il attend son jugement, et eux leur résurrection ; il attend ! enfer, et eux le ciel ; il attend la damnation, et eux l'éternel royaume.

Quant à moi, homme impuissant, homme de néant, si j'ai osé, malgré ma faiblesse, raconter leur histoire, oh ! ce n'est pas présomption ni audace ; mais je voulais entrer en communion avec ces saints martyrs, et j'espérais de leur mémoire le pardon de mes péchés ; je voulais répondre aussi à un désir ardent de quelques âmes pieuses qui brûlent d'entendre le récit des combats et des triomphes des saints, de ceux surtout qui ont illustré nos provinces d'Orient. Si mon style est pâle et décoloré, leur sang, mêlé à ma parole, lui donnera, je l'espère, assez d'éclat, d'éloquence et de beauté.

Au reste, tout ce que j'ai raconté des martyrs, de leurs tortures, de leurs flagellations ; de leurs différents genres de mort, soit par le glaive, soit par la lapidation ; de leur patience, de leurs magnanimes réponses devant les juges, tout cela m'a été raconté par des vieillards ; j'ai eu aussi entre les mains une histoire écrite avec simplicité, mais sans aucun ordre.

On dira peut-être : Tout ce que vous avez raconté de la cruauté des tyrans contre les martyrs de Dieu est incroyable ; il est impossible qu'on ait imaginé contre eux de tels supplices, et qu'on leur ait fait souffrir de si affreuses morts. Je répondrai que je n'ai pas dit la centième partie de;la vérité. Ceux qui étaient condamnés par le roi lui-même périssaient par le glaive ; mais ceux que les gouverneurs faisaient mourir, et dont on ne connaît ni les noms ni le nombre, étaient tourmentés de la manière que j'ai rapportée. Quant à ceux dont j'ai retracé le martyre et les actes judiciaires, quelques-uns étaient mes contemporains, et j'ai été témoin oculaire de leur martyre ; pour les autres, je n'en ai rien dit que sur le témoignage d'évêques, de prêtres et de témoins très dignes de foi, qui m'avaient raconté des choses arrivées de leur temps et sous leurs yeux. Je prie donc le lecteur, au nom de notre amour commun pour les martyrs, de demander et pour celui qui le premier a rassemblé les matériaux de cette histoire, et pour celui qui l'a rédigée après lui, la grâce et la miséricorde de Dieu, et la puissante intercession des martyrs, dont ils ont dévoilé les glorieux combats ensevelis dans l'ombre de leur prison.

LES MARTYRS. TOME III. JULIEN L'APOSTAT, SAPOR, GENSÉRIC. Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle.Traduites et publiées Par le R. P. Dom H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough, 1921, DEUXIÈME ÉDITION. Imprimatur. Turonibus, 18 Octobris 1920. P. BATAILLE, V. G. Imprimi potest. FR. FERDINANDUS CABROL, Abbas Sancti Michaelis Farnborough. Die 19 Martii 1904. IVLIO CREZ S. J. LEONI CAPART S. J. AEMILIO ETTERLÉ S. J. D.D.



Acepsimas of Hnaita BM (RM)
(also known as Acesimus of Honit)

Died October 10, 376. Saint Acepsimas, an octogenarian bishop of Hnaita (Honita) in Assyria (western Persia), was racked and flogged to death under Shapur II. His acta are quite authentic-- recorded by Saint Maruthas, a near contemporary, and mentioned by Sozomen. The priests Aithala and Joseph suffered with him. The Roman Martyrology commemorates many others who suffered about this time in the same persecution. Maruthas writes that in the 37th of the 40 years of persecution a new edict was published that stated: "They abolish our doctrine; they teach men to worship one only God, and forbid them to adore the sun or fire; they use water for profane washing; they forbid persons to marry, to be soldiers in the king's armies, or to strike any one; they permit all sorts of animals to be killed, and they suffer the dead to be buried; they say that serpents and scorpions were made, not by the devil, but by God himself."


These were the charges laid upon the ancient Bishop Acepsimas, who was arrested and taken to the governor in Arbela. When asked how he could deny the divinity of the sun, the bishop expressed astonishment that any man would prefer a creature to the Creator. For this insolence he was thrown to the ground, scourged, and then imprisoned.

Meanwhile the priest Joseph of Bethcatuba and Deacon Aithalas of Beth-nudra, who was renowned for his eloquence, sanctity, and learning, were brought before the same governor. Joseph answered the charges much as Acepsimas did: that he was a Christian, and had always taught the sun to be an inanimate creature. This response resulted him Joseph being stretched on the ground and beaten successively by ten executioners until his body seemed to be one open wound. Seeing what they had done to his body, Joseph said: "I return you the greatest thanks I am able, Christ, the Son of God, who have granted me this mercy, and washed me with this second baptism of my blood, to wipe away my sins." This infuriated his persecutors, who redoubled their efforts to tear his body apart (Benedictines). In art, Saint Acepsimas is an Oriental bishop loaded with chains. He is venerated in the Eastern Church (Roeder).

Saint Aceptismas of Hnaita

Also known as
  • Acepsimas
Profile

Bishop of Hnaita, Persia. Over 80 years old, he was tortured and martyred in the persecutions of KingSapor II.



Chapter XIII.—Martyrdom of St. Acepsimas and of his Companions.

About this period they arrested Acepsimas the bishop, and many of his clergy. After having taken counsel together, they satisfied themselves with the hunt after the leader only; they dismissed the rest after they had taken away their property. James, however, who was one of the presbyters, voluntarily followed Acepsimas, obtained permission from the Magi to share his prison, and spiritedly ministered to the old man, lightened his misfortunes as far as he was able, and dressed his wounds; for not long after his apprehension, the Magi had injuriously tortured him with raw thongs in forcing him to worship the sun; and on his refusal to do so had retained him again in bonds. Two presbyters named Aithalas and James, and two deacons, by name Azadanes and Abdiesus, after being scourged most injuriously by the Magi, were compelled to live in prison, on account of their opinions. After a long time had elapsed, the great Arch-Magi communicated to the king the facts about them to be punished; and having received permission to deal with them as he pleased, unless they would consent to worship the sun, he made known this decision of Sapor’s to the prisoners. They replied openly, that they would never betray the cause of Christ nor worship the sun; he tortured them unsparingly. Acepsimas persevered in the manly confession of his faith, till death put an end to his torments. Certain Armenians, whom the Persians retained as hostages, secretly carried away his body and buried it. The other prisoners, although not less scourged, lived as by a miracle, and as they would not change their judgment, were again put in bonds. Among these was Aithalas, who was stretched out while thus beaten, and his arms were torn out of his shoulders by the very great wrench; and he carried his hands about as dead and swinging loosely, so that others had to convey food to his mouth. Under this rule, an innumerable multitude of presbyters, deacons, monks, holy virgins, and others who served the churches and were set apart for its dogma, terminated their lives by martyrdom. The following are the names of the bishops, so far as I have been able to ascertain: Barbasymes, Paulus, Gaddiabes, Sabinus, Mareas, Mocius, John, Hormisdas, Papas, James, Romas, Maares, Agas, Bochres, Abdas, Abdiesus, John, Abramins, Agdelas, Sapores, Isaac, and Dausas. The latter had been made prisoner by the Persians, and brought from a place named Zabdæus.11621162   Am. Marcell. 20. 7, 1, Zabdiceni; 25. 7, 9, Zabdicena.He died about this time in defense of the dogma; and Mareabdes, a chorepiscopus, and about two hundred and fifty of his clergy, who had also been captured by the Persians, suffered with him.

The Ecclesiastical History of Sozomen Book 2, Chapter 13 by Salaminius Hermias Sozomen]

Butler’s Lives of the Saints – Saints Acepsimas, Bishop; Joseph, Priest; and Aithilahas, Deacon, Martyrs

Article

Saint Maruthas closes with the acts of these martyrs, his history of the persecution of King Sapor, which raged without intermission during forty years. The venerable author assures us, that, living in the neighbourhood, he had carefully informed himself of the several circumstances of their combats from those who were eye-witnesses, and ushers in his account with the following address: “Be propitious to me, O Lord, through the prayers of these martyrs. Being assisted by the divine grace, and strengthened by your protection, O ye incomparable men, I presume to draw the outlines of your heroic virtues and incredible torments. But the remembrance of your bitter sufferings covers me with shame, confusion, and tears, for myself and my sins. O! you who hear this relation, count the days and the hours of three years and a half which they spent in prison, and remember they passed no month without frequent tortures, no day free from pain, no hour without the threat of immediate death. The festivals and new moons were black to them by fresh racks, beatings, clubs, chains, hanging by their limbs, dislocations of their joints, etc.” In the thirty-seventh year of this persecution, a fresh edict was published, commanding the governors and magistrates to punish all Christians with racks, scourges, stoning, and every sort of death, laying to their charge the following articles: “They abolish our doctrine; they teach men to worship one only God, and forbid them to adore the sun or fire; they use water for profane washing; they forbid persons to marry, to be soldiers in the king’s armies, or to strike any one; they permit all sorts of animals to be killed, and they suffer the dead to be buried; they say that serpents and scorpions were made, not by the devil, but by God himself.”

Acepsimas, bishop of Honita in Assyria, a man above fourscore years old, but of a vigorous and strong constitution of body, was apprehended, and conducted in chains to Arbela, before the governor. This judge admired how he could deny the divinity of the sun, which all the East adored. The martyr answered him, expressing his astonishment how men could prefer a creature to the Creator. By the orders of the governor he was laid on the ground with his feet bound, and in that posture barbarously scourged, till his whole body was covered with blood; after which he was thrown into prison.

In the mean time one Joseph, a holy priest of Bethcatuba, and Aithilahas, a deacon of Beth-nudra, famed for eloquence, sanctity, and learning, were brought before the same governor. To his interrogatories, Joseph answered that he was a Christian, and had always taught the sun to be an inanimate creature. The issue was, that he was stretched flat on the ground, and beaten with thick twigs stripped of the thorns, by ten executioners, who succeeded one another, till his body seemed one continued wound. At the sight of himself in this condition the martyr with joy said: “I return you the greatest thanks I am able, Christ, the Son of God, who have granted me this mercy, and washed me with this second baptism of my blood, to wipe away my sins.” His courage the persecutors deemed an insult, and redoubled their fury in tearing and bruising his blessed body. After he was loosened, loaded with heavy chains, and cast into the same dungeon with Acepsimas, Aithilahas was called upon. The governor said to him: “Adore the sun, which is a divinity, eat blood, marry, and obey the king, and you shall live.” The martyr answered: “It is better to die, in order to live eternally.” By the judge’s command, his hands were tied under his knees, and his body fastened to a beam: in this posture it was squeezed and pulled many ways, and afterwards scourged. His bones were in many places broken or dislocated, and his flesh mangled. At length, not being able to stand, he was carried back to prison on mens’ shoulders. On the next day, they were all three again brought forth, and stretched on the ground, bound fast with cords, and their legs, thighs, and ribs so squeezed and strained by stakes, that the noise of the bones breaking filled the place with horror. Yet to every solicitation of the judge or officers, their answer was: “We trust in one God, and we will not obey the king’s edicts.” Scarcely a day passed in which some new torture or other was not invented and tried upon them.

After they had for three years suffered the hardships of imprisonment and daily torments, the king coming into Media, the martyrs were brought before Adarsapor, the chief of all the governors of the East, several other satrapes and governors sitting with him in the palace. They were carried thither, for they were not able to walk, and they scarcely retained the figure of human bodies. The very sight of such spectacles moved all who saw them to compassion, and many to tears. They courageously professed themselves Christians, and declared that they would never abandon their faith. Adarsapor said, he saw by their wounds what they had already suffered, and used both threats and entreaties to work them into a compliance with the law. When they begged him to hasten the execution of his threats, he told them: “Death frees criminals from pain: but I will render life to you as grievous as a continued death, that others of your sect may tremble.” Acepsimas said: “In vain do you threaten. God, in whom we trust, will give us courage and constancy.” At this answer, fury flashed in the eyes of Adarsapor, and he swore by the fortune of King Sapor, that if they did not that instant obey the edicts, he would sprinkle their grey hairs with their blood, would destroy their bodies, and would cause their dead remains to be beaten to powder. Acepsimas said: “To you we resign our bodies, and commend to God our souls. Execute what you threaten. It is what we desire.” The tyrant, with rage painted in every feature of his countenance, ordered the venerable old man to be stretched on the ground, and thirty men, fifteen on each side, to pull and haul him by cords tied to his arms, legs, and other limbs, so as to dislocate and almost tear them asunder; and two hangmen in the mean time to scourge his body with so much cruelty, as to mangle and tear off the flesh in many parts: under which torment the martyr expired. His body was watched by guards appointed for that purpose, till after three days it was stolen away by the Christians, and buried by the care of a daughter of the king of Armenia, who was at that time a hostage in Media.

Joseph and Aithilahas underwent the same punishment, but came alive out of the hands of the executioners. The latter said to the judge under his torments: “Your tortures are too mild, increase them as you please.” Adarsapor, struck with astonishment at their courage, said: “These men are greedy of torments as if they were banquets, and are fond of a kingdom that is invisible.” He then caused them to be tormented afresh, so that every part of their bodies was mangled, and their shoulders and arms disjointed. Adarsapor gave an order that if they did not die of their torments, they should be carried back into their own country, to be there put to death. The two martyrs, not being able to sit, were tied on the backs of beasts, and conveyed with great pain to Arbela, their guards treating them on the way with no more compassion than if they had been stones. Jazdundocta, an illustrious lady of the city of Arhela, for a great sum of money, obtained leave of the governor, that they should be brought to her house, to take a short refreshment. She dressed their wounds, bathed their bodies with her tears, and was exceedingly encouraged by their faith and extortions. The blessed martyrs were soon taken from her house to prison, where they languished six months longer. A new governor at length came into that province, the most savage of men, bringing an edict of the king, commanding, that Christians who were condemned to death, should be stoned by those who professed the same religion. The news of his arrival drove the Christians into the woods and deserts, that they might not be compelled to imbrue their hands in the blood of martyrs. But soldiers there hunted them like wild beasts, and many were taken. The two confessors were presented before this new judge. Joseph was hung up by the toes, and scourged during two hours in the presence of the judge, who hearing him discourse on the resurrection, said: “In that resurrection how do you design to punish me?” The martyr replied: “We are taught meekness, to return good for evil, and to pray for enemies.” “Well,” said the judge, “then I shall meet with kindness from your hands for the evil which you here receive from me.” To which the martyr answered: “There will be then no room for pardon or favour: nor will one be able to help another. I will pray that God may bring you to the knowledge of himself in this life.” The judge said: “Consider these things in the next world, whither I am going to send you: at present obey the king.” The old man answered: “Death is our desire.” The emperor then began to interrogate Aithilahas, and caused him to be hung up by the heels a long time together. He was at length taken down, and to move him to a compliance, he was shown a certain Manichæan heretic who had renounced his religion for fear of torments, and was killing ants, which those heretics held unlawful, teaching that insects and beasts have rational souls. The saint, lying on the ground, was scourged till he fell into a swoon, and then was hauled aside like a dog. A certain Magian, out of pity, threw a coat over his wounds to cover his naked body; for which act of compassion he received two hundred lashes till he fainted. Thamsaphor arriving at his castle of Beth-Thabala, in that country, the governor caused the martyrs to be carried before him. They were ordered to eat the blood of beasts: which they refused to do. One told them, that if they would eat the juice of red grapes curdled, which the people might think to be blood, this would satisfy the judges. They answered: “God forbid we should dissemble our faith.” We have elsewhere taken notice that the Christians then observed in many places the positive temporary law of the apostles. Thamsapor and the governor, after a short consultation, condemned both to be stoned to death by the Christians. Joseph was executed at Arbela. He was put into the ground up to the neck. The guards had drawn together five hundred Christians to his execution. The noble lady Jazdundocta was brought thither, and earnestly pressed to throw but a feather at the martyr that she might seem to obey the order of the king. But she resolutely resisted their entreaties and threats, desiring to die with the servant of God. Many, however, having the weakness to comply, a shower of stones fell upon the martyr, which put an end to his life. When he was dead, guards were set to watch his body; but the Christians found means to steal it away on the third night, during a dark tempest. Saint Aithilahas suffered in the province of Beth-Nuhadra; the lord of that country, who had been a Christian, by a base apostasy, becoming one of his murderers. Saint Maruthas adds, that angels were heard singing at the place of this martyrdom, and many miracles wrought. These martyrs suffered in the year 380, the seventieth and last of the reign of Sapor, and the fortieth of his persecution. They are mentioned by Sozomen, and are named in the Roman Martyrology on the 22nd of April.

MLA Citation
  • Father Alban Butler. “Saints Acepsimas, Bishop; Joseph, Priest; and Aithilahas, Deacon, Martyrs”. Lives of the Fathers, Martyrs, and Principal Saints, 1866. CatholicSaints.Info. 14 March 2013. Web. 22 April 2017. < http://catholicsaints.info/butlers-lives-of-the-saints-saints-acepsimas-bishop-joseph-priest-and-aithilahas-deacon-martyrs/>

Martyr Akepsimas the Bishop of Persia

Commemorated on November 3


Martyrs Akepsimas the Bishop, Joseph the Presbyter and Aethalas the Deacon of Persia were leaders of the Christian Church in the Persian city of Naesson. His flock devotedly loved their hierarch for his ascetic life and tireless pastoral work.

The emperor Sapor ordered his men to seek out and kill Christian clergy. Saint Akepsimas also was arrested, even though he was already an eighty-year-old man. They took him to the city of Arbela, where he came before the judge Ardarkh, a pagan priest of the sun god. The holy Elder refused to offer sacrifice to the Persian gods. For this he was fiercely beaten and thrown into prison, where on the following day the seventy-year-old priest Joseph and the deacon Aethalas were severely beaten and thrown into jail with him. For three years the saints were held in confinement, and suffered from hunger and thirst.

Emperor Sapor came to the temple of the god of fire, located not far from Arbela, and wanted to take a look at the three holy martyrs. Exhausted and covered with festering wounds, the saints were brought before the emperor. When he asked them to worship the pagan gods they firmly refused, confessing their faith in Christ instead.

The holy bishop was beheaded, but the presbyter and deacon were taken into the city to be stoned.
The execution of the presbyter Joseph was prolonged for several hours. A guard was placed near the place of execution, so that Christians would not take the body of the holy martyr. On the fourth night a strong windstorm raged near the city, lightning killed the guard, the wind tossed stones about, and the body of Saint Joseph disappeared.

Deacon Aethalas was taken to the village of Patrias, where he was stoned. Christians secretly buried his body. A tree grew on the saint’s grave, and its fruit brought healings.



Article 1

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Bienheureux François Venimbeni de Fabriano

Franciscain ( 1322)

Remarquable prédicateur de la parole de Dieu, disciple de saint Bonaventure il fonda la première bibliothèque franciscaine à Fabriano dans les Marches.



Blessed Francis Venimbene, OFM (AC)
(also known as Francis of Fabriano)

Born at Fabriano, Italy, in 1251; died c. 1322; cultus confirmed in 1775. Francis, the son of a doctor, joined the Franciscans in 1267. He was a disciple of Saint Bonaventure. He founded the first Franciscan library and wrote a defense of the Portiuncula indulgence (Attwater2, Benedictines).


Beato Francesco da Fabriano


Fabriano, 1251 - Fabriano, 22 aprile 1322

Predicatore francescano della famiglia Venimbeni, soprattutto in Umbria e nel Piceno. Nella sua città eresse una chiesa e un convento con una notevole biblioteca.

Culto approvato nel 1775.


Martirologio Romano: A Fabriano nelle Marche, beato Francesco Venimbeni, sacerdote dell’Ordine dei Minori, insigne predicatore della parola di Dio.

Il Beato Francesco nacque a Fabriano (Ancona) da Compagno Venimbene, medico, e Margherita di Federico. Dopo aver compiuto gli studi di filosofia, all'età di 16 anni, entrò nell'Ordine Francescano. Mentre era novizio a Fabriano, ebbe il permesso di recarsi ad Assisi per lucrarvi l'indulgenza della Porziuncola. Qui incontrò frate Leone, uno dei primi compagni di San Francesco, e ne lesse gli "scritti". Per ben due volte, nel 1316 e nel 1318-21, fu superiore del nuovo convento costruito dai confratelli a Fabriano. L'eredità paterna gli permise di costruire una biblioteca dove raccolse una copiosa quantità di manoscritti e in seguito a ciò divenne il primo fondatore delle biblioteche in seno all'Ordine Francescano. 

Tutta la sua vita fu devoluta all'attenzione verso i poveri, gli emarginati e gli ammalati. Egli stesso si prendeva cura dei bisognosi a cui forniva il sostegno materiale e spirituale. Infaticabile era il suo zelo per le anime: trascorreva molte ore in confessionale o nell'annunzio della parola di Dio. Vestiva una rozza tunica, si flagellava con aspre discipline , dormiva poco per dedicare più tempo possibile alla preghiera. Argomento della sua contemplazione erano i misteri della Passione di Cristo, che lo commuovevano fino al pianto. Celebrava la santa Messa con fervore ed era devotissimo delle anime del Purgatorio. Morì, come aveva previsto il 22 aprile 1322, all'età di 61 anni. Il suo culto fu riconosciuto da Pio VI il 1 aprile 1775.


Autore: Elisabetta Nardi


JEAN-PAUL II. CENTESIMUS ANNUS

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LETTRE ENCYCLIQUE 

CENTESIMUS ANNUS 

DU SOUVERAIN PONTIFE

JEAN-PAUL II 

À SES FRÈRES DANS L'ÉPISCOPAT 

AU CLERGÉ 

AUX FAMILLES RELIGIEUSES
 
AUX FIDÈLES 
DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE 

ET À TOUS LES HOMMES 
DE BONNE VOLONTÉ 

À L'OCCASION DU CENTENAIRE 
DE L'ENCYCLIQUE
 
RERUM NOVARUM




Frères vénérés,
chers Fils et Filles,
salut et Bénédiction apostolique !


INTRODUCTION

1. Le centenaire de la promulgation de l'encyclique de mon prédécesseur Léon XIII, de vénérée mémoire, qui commence par les mots Rerum novarum (1) marque une date de grande importance dans la présente période de l'histoire de l'Eglise et aussi dans mon pontificat. En effet, cette encyclique a eu le privilège d'être commémorée, de son quarantième à son quatre-vingt-dixième anniversaire, par des documents solennels des Souverains Pontifes : on peut dire que le destin historique de Rerum novarum a été rythmé par d'autres documents qui attiraient l'attention sur elle et en même temps l'actualisaient (2).

En faisant de même pour le centième anniversaire, à la demande de nombreux évêques, d'institutions ecclésiales, de centres universitaires, de dirigeants d'entreprises et de travailleurs, à titre individuel ou comme membres d'associations, je voudrais avant tout honorer la dette de gratitude qu'a toute l'Eglise à l'égard du grand Pape et de son « document immortel » (3). Je voudrais aussi montrer que la sève généreuse qui monte de cette racine n'a pas été épuisée au fil des ans, mais qu'au contraire elle est devenue plus féconde. En témoignent les initiatives de natures diverses qui ont précédé, qui accompagnent et qui suivront cette célébration, initiatives prises par les Conférences épiscopales, par des Organisations internationales, des Universités et des institutions académiques, des associations professionnelles et d'autres institutions ou personnes dans de nombreuses régions du monde.

2. La présente encyclique prend place dans ces célébrations, pour rendre grâce à Dieu de qui vient « tout don excellent, et toute donation parfaite » (Jc 1, 17 ), parce qu'il s'est servi d'un document venant du Siège de Pierre il y a cent ans pour faire beaucoup de bien et répandre beaucoup de lumière dans l'Eglise et dans le monde. La commémoration que l'on fait ici concerne l'encyclique de Léon XIII, et en même temps les encycliques et les autres documents de mes prédécesseurs qui ont contribué à attirer l'attention sur elle et à développer son influence au long des années en constituant ce qu'on allait appeler la « doctrine sociale », « l'enseignement social » ou encore le « magistère social » de l'Eglise.

Deux encycliques que j'ai publiées au cours de mon pontificat se réfèrent déjà à cet enseignement qui garde sa valeur : Laborem exercens sur le travail humain, et Sollicitudo rei socialis sur les problèmes actuels du développement des hommes et des peuples.

3. Je voudrais proposer maintenant une « relecture » de l'encyclique de Léon XIII, et inviter à porter un regard « rétrospectif » sur son texte lui-même afin de redécouvrir la richesse des principes fondamentaux qui y sont formulés pour la solution de la question ouvrière. Mais j'invite aussi à porter un regard « actuel » sur les « choses nouvelles » qui nous entourent et dans lesquelles nous nous trouvons immergés, pour ainsi dire, bien différentes des « choses nouvelles » qui caractérisaient l'ultime décennie du siècle dernier. J'invite enfin à porter le regard « vers l'avenir », alors qu'on entrevoit déjà le troisième millénaire de l'ère chrétienne, lourd d'inconnu mais aussi de promesses. Inconnu et promesses qui font appel à notre imagination et à notre créativité, qui nous stimulent aussi, en tant que disciples du Christ, le « Maître unique » (cf. Mt 23, 8), dans notre responsabilité de montrer la voie, de proclamer la vérité et de communiquer la vie qu'il est lui-même (cf. Jn 14, 6).

En agissant ainsi, non seulement on réaffirmera la valeur permanente de cet enseignement, mais on manifestera aussi le vrai sens de la Tradition de l'Eglise qui, toujours vivante et active, construit sur les fondations posées par nos pères dans la foi et particulièrement sur ce que « les Apôtres ont transmis à l'Eglise » (5) au nom de Jésus-Christ : il est le fondement et « nul n'en peut poser d'autre » (cf. 1 Co 3, 11).

C'est en vertu de la conscience qu'il avait de sa mission de successeur de Pierre que Léon XIII décida de prendre la parole, et c'est la même conscience qui anime aujourd'hui son successeur. Comme lui, et comme les Papes avant et après lui, je m'inspire de l'image évangélique du « scribe devenu disciple du Royaume des cieux », dont le Seigneur dit qu'il « est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien » (Mt 13, 52). Le trésor est le grand courant de la Tradition de l'Eglise qui contient les « choses anciennes », reçues et transmises depuis toujours, et qui permet de lire les « choses nouvelles » au milieu desquelles se déroule la vie de l'Eglise et du monde.

De ces choses qui, en s'incorporant à la Tradition, deviennent anciennes et qui offrent les matériaux et l'occasion de son enrichissement comme de l'enrichissement de la vie de la foi, fait partie aussi l'activité féconde de millions et de millions d'hommes qui, stimulés par l'enseignement social de l'Eglise, se sont efforcés de s'en inspirer pour leur engagement dans le monde. Agissant individuellement ou rassemblés de diverses manières en groupes, associations et organisations, ils ont constitué comme un grand mouvement pour la défense de la personne humaine et la protection de sa dignité, ce qui a contribué, à travers les vicissitudes diverses de l'histoire, à construire une société plus juste ou du moins à freiner et à limiter l'injustice.

La présente encyclique cherche à mettre en lumière la fécondité des principes exprimés par Léon XIII, principes qui appartiennent au patrimoine doctrinal de l'Eglise et, à ce titre, engagent l'autorité de son magistère. Mais la sollicitude pastorale m'a conduit, d'autre part, à proposer l'analyse de certains événements récents de l'histoire. Il n'est pas besoin de souligner que la considération attentive du cours des événements, en vue de discerner les exigences nouvelles de l'évangélisation, relève des devoirs qui incombent aux Pasteurs. Toutefois, on n'entend pas exprimer des jugements définitifs en développant ces considérations, car, en elles-mêmes, elles n'entrent pas dans le cadre propre du magistère.

I. TRAITS CARACTÉRISTIQUES DE "RERUM NOVARUM"

4. Vers la fin du siècle dernier, l'Eglise dut faire face à un processus historique qui avait déjà commencé depuis quelque temps mais atteignait alors un point critique. Parmi les facteurs déterminants de ce processus, il y eut un ensemble de changements radicaux qui se produisirent dans le domaine politique, économique et social mais aussi dans le cadre de la science et de la technique, sans oublier les influences multiples des idéologies dominantes. Dans le domaine politique, ces changements engendrèrent une nouvelle conception de la société et de l'Etatet, par conséquent, de l'autorité. Une société traditionnelle disparaissait tandis qu'une autre commençait à voir le jour, marquée par l'espoir de nouvelles libertés, mais également par le risque de nouvelles formes d'injustice et d'esclavage.

Dans le domaine économique, où convergeaient les découvertes et les applications des sciences, on avait progressivement atteint de nouvelles structures pour la production des biens de consommation. On avait assisté à l'apparition d'une nouvelle forme de propriété, le capital, et d'une nouvelle forme de travail, le travail salarié, caractérisé par de pénibles rythmes de production, négligeant toute considération de sexe, d'âge ou de situation familiale, uniquement déterminé par l'efficacité en vue d'augmenter le profit.

Ainsi, le travail devenait une marchandise qui pouvait être librement acquise et vendue sur le marché et dont le prix n'était établi qu'en fonction de la loi de l'offre et de la demande, sans tenir compte du minimum vital nécessaire à la subsistance de la personne et de sa famille. De plus, le travailleur n'était pas même certain de réussir à vendre sa « marchandise » et il se trouvait constamment sous la menace du chômage, ce qui, en l'absence de protection sociale, lui faisait courir le risque de mourir de faim.

La conséquence de cette transformation était « la division de la société en deux classes séparées par un profond abîme » (6). Cette situation s'ajoutait aux transformations d'ordre politique déjà soulignées. Ainsi, la théorie politique dominante de l'époque tendait à promouvoir la liberté économique totale par des lois adaptées ou au contraire par une absence voulue de toute intervention. Simultanément, commençait à se manifester, sous une forme organisée et d'une manière souvent violente, une autre conception de la propriété et de la vie économique qui entraînait une nouvelle structure politique et sociale.

Au paroxysme de cette opposition, alors qu'apparaissaient en pleine lumière la très grave injustice de la réalité sociale telle qu'elle existait en plusieurs endroits, et le risque d'une révolution favorisée par les idées que l'on appelait alors « socialistes », Léon XIII intervint en publiant un document qui traitait de manière systématique la « question ouvrière ». Cette encyclique avait été précédée par d'autres, consacrées davantage à des enseignements de caractère politique, tandis que d'autres encore devaient suivre (7). C'est dans ce contexte qu'il convient d'évoquer en particulier l'encyclique Libertas praestantissimumdans laquelle était rappelé le lien constitutif de la liberté humaine avec la vérité, lien si fort qu'une liberté qui refuserait de se lier à la vérité tomberait dans l'arbitraire et finirait par se soumettre elle-même aux passions les plus dégradantes et par s'autodétruire. D'où viennent, en effet, tous les maux que veut combattre Rerum novarum sinon d'une liberté qui, dans le domaine de l'activité économique et sociale, s'éloigne de la vérité de l'homme ?

D'autre part, le Souverain Pontife s'inspirait de l'enseignement de ses prédécesseurs ainsi que de nombreux documents épiscopaux, des études scientifiques dues à des laïcs, de l'action de mouvements et d'associations catholiques et des réalisations concrètes dans le domaine social qui marquèrent la vie de l'Eglise dans la seconde moitié du XIXème siècle.

5. Les « choses nouvelles » examinées par le Pape étaient rien moins que positives. Le premier paragraphe de l'encyclique décrit en termes vigoureux les « choses nouvelles » dont elle tire son nom : « A l'heure où grandissait le désir de choses nouvellesqui, depuis longtemps, agite les Etats, il fallait s'attendre à voir la soif de changements passer du domaine de la politique dans la sphère voisine de l'économie. En effet, l'industrie s'est développée et ses méthodes se sont complètement renouvelées. Les rapports entre patrons et ouvriers se sont modifiés, la richesse a afflué entre les mains d'un petit nombre et la multitude est dans l'indigence. Les ouvriers ont conçu une opinion plus haute d'eux-mêmes et ont contracté entre eux une union plus étroite. Tout cela, sans parler de la corruption des moeurs, a eu pour résultat de faire éclater un conflit » (8).

Le Pape et l'Eglise, ainsi que la communauté civile, se trouvaient face à une société divisée par un conflit d'autant plus dur et inhumain qu'il ne connaissait ni règle ni norme, le conflit entre capital et travail ou, comme le dit l'encyclique, la question ouvrière. Précisément sur ce conflit, dans les conditions critiques que l'on observait alors, le Pape n'hésita pas à donner son jugement.

Ici intervient la première réflexion suggérée par l'encyclique pour notre temps. Face à un conflit qui opposait les hommes entre eux, pour ainsi dire comme des « loups », jusque sur le plan de la subsistance matérielle des uns et de l'opulence des autres, le Pape ne craignait pas d'intervenir en vertu de sa « charge apostolique » (9), c'est-à-dire de la mission qu'il a reçue de Jésus-Christ lui-même de « paître les agneaux et les brebis » (cf. Jn 21, 15-17), de « lier et délier sur la terre » pour le Royaume des cieux (cf. Mt 16, 19). Son intention était certainement de rétablir la paix, et le lecteur d'aujourd'hui ne peut que remarquer la sévère condamnation de la lutte des classes qu'il prononça sans appel (10). Mais il était bien conscient du fait que la paix s'édifie sur le fondement de la justice : l'encyclique avait précisément pour contenu essentiel de proclamer les conditions fondamentales de la justice dans la conjoncture économique et sociale de l'époque.

Léon XIII, à la suite de ses prédécesseurs, établissait de la sorte un modèle permanent pour l'Eglise. Celle-ci, en effet, a une parole à dire face à des situations humaines déterminées, individuelles et communautaires, nationales et internationales, pour lesquelles elle énonce une véritable doctrine, un corpus qui lui permet d'analyser les réalités sociales, comme aussi de se prononcer sur elles et de donner des orientations pour la juste solution des problèmes qu'elles posent.

Du temps de Léon XIII, une telle conception des droits et des devoirs de l'Eglise était bien loin d'être communément admise. En effet, deux tendances prédominaient : l'une, tournée vers ce monde et vers cette vie, à laquelle la foi devait rester étrangère ; l'autre, vers un salut purement situé dans l'au-delà, et qui n'apportait ni lumière ni orientations pour la vie sur terre. En publiant Rerum novarum, le Pape donnait pour ainsi dire « droit de cité » à l'Eglise dans les réalités changeantes de la vie publique. Cela devait se préciser davantage encore par la suite. En effet, l'enseignement et la diffusion de la doctrine sociale de l'Eglise appartiennent à sa mission d'évangélisation ; c'est une partie essentielle du message chrétien, car cette doctrine en propose les conséquences directes dans la vie de la société et elle place le travail quotidien et la lutte pour la justice dans le cadre du témoignage rendu au Christ Sauveur. Elle est également une source d'unité et de paix face aux conflits qui surgissent inévitablement dans le domaine économique et social. Ainsi, il devient possible de vivre les nouvelles situations sans amoindrir la dignité transcendante de la personne humaine ni en soi-même ni chez les adversaires, et de trouver la voie de solutions correctes.

A cent ans de distance, la valeur d'une telle orientation m'offre l'occasion d'apporter une contribution à l'élaboration de la « doctrine sociale chrétienne ». La « nouvelle évangélisation », dont le monde moderne a un urgent besoin et sur laquelle j'ai insisté de nombreuses fois, doit compter parmi ses éléments essentiels l'annonce de la doctrine sociale de l'Eglise, apte, aujourd'hui comme sous Léon XIII, à indiquer le bon chemin pour répondre aux grands défis du temps présent, dans un contexte de discrédit croissant des idéologies. Comme à cette époque, il faut répéter qu'il n'existe pas de véritable solution de la « question sociale » hors de l'Evangile et que, d'autre part, les « choses nouvelles » peuvent trouver en lui leur espace de vérité et la qualification morale qui convient.

6. En se proposant de faire la lumière sur le conflit survenu entre le capital et le travail, Léon XIII affirmait les droits fondamentaux des travailleurs. C'est pourquoi la clé de lecture du texte pontifical est la dignité du travailleur en tant que tel et, de ce fait, la dignité du travail défini comme « l'activité humaine ordonnée à la satisfaction des besoins de la vie, notamment à sa conservation » (12). Le Pape qualifiait le travail de « personnel », parce que « la force de travail est inhérente à la personne et appartient en propre à celui qui l'exerce et dont elle est l'apanage » (13). Le travail appartient ainsi à la vocation de toute personne ; l'homme s'exprime donc et se réalise dans son activité laborieuse. Le travail possède en même temps une dimension « sociale », par sa relation étroite tant avec la famille qu'avec le bien commun, « puisqu'on peut affirmer sans se tromper que le travail des ouvriers est à l'origine de la richesse des Etats » (14). Tels sont les points que j'ai repris et développés dans l'encyclique Laborem exercens (15).

Il existe sans aucun doute un autre principe important, celui du droit à la « propriété privée ». La longueur du développement que lui consacre l'encyclique révèle à elle seule l'importance qui lui revient. Le Pape est bien conscient du fait que la propriété privée n'est pas une valeur absolue et il ne manque pas de proclamer les principes complémentaires indispensables, tels que celui de la destination universelle des biens de la terre (17).

Par ailleurs, s'il est vrai que le type de propriété privée qu'il considère au premier chef est celui de la propriété de la terre (18), il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui conservent leur valeur les raisons avancées pour protéger la propriété privée, c'est-à-dire pour affirmer le droit de posséder ce qui est nécessaire au développement personnel et à celui de sa famille, quelle que soit la forme effective prise par ce droit. Il faut l'affirmer une nouvelle fois devant les changements, dont nous sommes les témoins, survenus dans les systèmes où régnait le principe de la propriété collective des moyens de production, mais également devant les situations toujours plus nombreuses de pauvreté ou, plus exactement, devant les négations de la propriété privée, qui se présentent dans beaucoup de régions du monde, y compris celles où prédominent les systèmes qui reposent sur l'affirmation du droit à la propriété privée. A la suite de ces changements et de la persistance de la pauvreté, une analyse plus profonde du problème s'avère nécessaire, ce qui sera fait plus loin.

7. En relation étroite avec le droit de propriété, l'encyclique de Léon XIII affirme également d'autres droits, en disant qu'ils sont inhérents à la personne humaine et inaliénables. Au rang de ces droits, le « droit naturel de l'homme » à former des associations privées occupe une place de premier plan par l'ampleur du développement que lui consacre le Pape et l'importance qu'il lui attribue ; il s'agit avant tout du droit à créer des associations professionnelles de chefs d'entreprise et d'ouvriers ou simplement d'ouvriers (19). On saisit ici le motif pour lequel l'Eglise défend et approuve la création de ce qu'on appelle couramment des syndicats, non certes par préjugé idéologique ni pour céder à une mentalité de classe, mais parce que s'associer est un droit naturel de l'être humain et, par conséquent, un droit antérieur à sa reconnaissance par la société politique. En effet, « il n'est pas au pouvoir de l'Etat d'interdire leur existence », car « l'Etat est fait pour protéger et non pour détruire le droit naturel. En interdisant de telles associations, il s'attaquerait lui-même » (20).

Avec ce droit que le Pape — il est juste de le souligner — reconnaît explicitement aux ouvriers, ou, pour reprendre ses termes, aux « prolétaires », sont affirmés de manière tout aussi claire les droits à la « limitation des heures de travail », au repos légitime et à une différence de traitement pour les enfants et les femmes (21) en ce qui concerne la forme et la durée du travail.

Si l'on se souvient de ce que nous apprend l'histoire au sujet des pratiques admises, ou du moins pas interdites par la loi, dans le domaine des contrats, qui étaient passés sans aucune garantie d'horaires ni de conditions d'hygiène dans le travail, sans respect non plus pour l'âge ou le sexe des candidats à l'emploi, on comprend bien la sévérité des paroles du Pape. « Il n'est ni juste ni humain, écrivait-il, d'exiger de l'homme un travail tel qu'il s'abrutisse l'esprit et s'affaiblisse le corps par suite d'une fatigue excessive ». Et, de manière plus précise, en se référant au contrat, qui a pour objectif de faire entrer en vigueur de telles « relations de travail », il affirme : « Dans toute convention passée entre patrons et ouvriers, figure la condition expresse ou tacite » que l'on ménagera un temps de repos convenable, en proportion des « forces dépensées dans le travail » ; puis il conclut : « Un pacte contraire serait immoral » (22).

8. Immédiatement après, le Pape énonce un autre droit du travailleur en tant que personne. Il s'agit du droit à un « juste salaire », droit qui ne peut être laissé « au libre consentement des parties, de telle sorte que l'employeur, après avoir payé le salaire convenu, aurait rempli ses engagements et ne semblerait rien devoir d'autre » (23). L'Etat — disait-on à cette époque — n'a pas le pouvoir d'intervenir dans la détermination de ces contrats, sinon pour veiller à l'accomplissement de ce qui a été expressément convenu. Une telle conception des rapports entre patrons et ouvriers, purement pragmatique et inspirée par un individualisme strict, est sévèrement critiquée dans l'encyclique comme contraire à la double nature du travail en tant que fait personnel et nécessaire. En effet, si le travail, en tant que personnel, fait partie des capacités et des forces dont chacun a la libre disposition, il est, en tant que nécessaire, régi par le grave devoir pour chacun de « se garder en vie » ; « de ce devoir, conclut le Pape, découle nécessairement le droit de se procurer ce qui sert à la subsistance, que les pauvres ne se procurent que moyennant le salaire de leur travail » (24).

Le salaire doit suffire à faire vivre l'ouvrier et sa famille. Si le travailleur, « contraint par la nécessité ou poussé par la crainte d'un mal plus grand, accepte des conditions très dures, que d'ailleurs il ne peut refuser parce qu'elles lui sont imposées par le patron ou par celui qui fait l'offre du travail, il subit une violence contre laquelle la justice proteste » (25).

Dieu veuille que ces phrases, écrites tandis que progressait ce qu'on a appelé le « capitalisme sauvage », ne soient pas à reprendre et à répéter aujourd'hui avec la même sévérité ! Malheureusement, aujourd'hui encore, on trouve des cas de contrats passés entre patrons et ouvriers qui ignorent la justice la plus élémentaire en matière de travail des mineurs ou des femmes, pour les horaires de travail, les conditions d'hygiène dans les locaux et la juste rétribution. Cela arrive malgré lesDéclarations et les Conventions internationales qui en traitent (26), et même les lois des divers Etats. Le Pape assignait à l'« autorité publique » le « strict devoir » de prendre grand soin du bien-être des travailleurs, parce qu'en ne le faisant pas, on offensait la justice, et il n'hésitait pas à parler de « justice distributive » (27).

9. A ces droits, Léon XIII en ajoute un autre, toujours à propos de la condition ouvrière, que je désire rappeler, étant donné son importance : le droit d'accomplir librement ses devoirs religieux. Le Pape le proclame clairement dans le contexte des autres droits et devoirs des ouvriers, malgré le climat général où, déjà de son temps, on considérait que certaines questions appartenaient exclusivement au domaine de la vie privée. Il affirme la nécessité du repos dominical, afin de rappeler à l'homme la pensée des biens célestes et du culte que l'on doit à la majesté divine (28). De ce droit, qui s'enracine dans un commandement fondamental, personne ne peut priver l'homme : « Il n'est permis à personne de violer impunément cette dignité de l'homme que Dieu lui-même traite avec un grand respect ». Par conséquent, l'Etat doit assurer à l'ouvrier l'exercice de cette liberté (29).

On ne se tromperait pas en voyant en germe, dans cette affirmation claire, le principe du droit à la liberté religieuse, qui est devenu depuis lors l'objet de nombreuses Déclarationset Conventions internationales solennelles (30), sans oublier la célèbre Déclaration conciliaire et mes enseignements fréquents (31). Sur ce point, nous devons nous demander si les dispositions légales en vigueur et les pratiques des sociétés industrialisées permettent aujourd'hui d'assurer effectivement l'exercice de ce droit élémentaire au repos dominical.

10. Une autre donnée importante, riche d'enseignements pour notre époque, est la conception des rapports de l'Etat avec les citoyens. Rerum novarum critique les deux systèmes sociaux et économiques, le socialisme et le libéralisme. Elle consacre au premier la partie initiale qui réaffirme le droit à la propriété privée. Au contraire, il n'y a pas de section spécialement consacrée au second système, mais — et ceci mérite que l'on y porte attention — les critiques à son égard apparaissent lorsqu'est traité le thème des devoirs de l'Etat (32). L'Etat ne peut se borner à « veiller sur une partie de ses citoyens », celle qui est riche et prospère, et il ne peut « négliger l'autre », qui représente sans aucun doute la grande majorité du corps social. Sinon il est porté atteinte à la justice qui veut que l'on rende à chacun ce qui lui appartient. « Toutefois, dans la protection des droits privés, il doit se préoccuper d'une manière spéciale des petits et des pauvres. La classe riche, qui est forte de par ses biens, a moins besoin de la protection publique ; la classe pauvre, sans richesse pour la mettre à l'abri, compte surtout sur la protection de l'Etat. L'Etat doit donc entourer de soins et d'une sollicitude toute particulière les travailleurs qui appartiennent à la foule des déshérités » (33).

Ces passages gardent leur valeur aujourd'hui, surtout face aux nouvelles formes de pauvreté qui existent dans le monde, d'autant que des affirmations si importantes ne dépendent nullement d'une conception déterminée de l'Etat ni d'une théorie politique particulière. Le Pape reprend un principe élémentaire de toute saine organisation politique : dans une société, plus les individus sont vulnérables, plus ils ont besoin de l'intérêt et de l'attention que leur portent les autres, et, en particulier, de l'intervention des pouvoirs publics.

Ainsi, le principe de solidarité, comme on dit aujourd'hui, dont j'ai rappelé, dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis (34), la valeur dans l'ordre interne de chaque nation comme dans l'ordre international, apparaît comme l'un des principes fondamentaux de la conception chrétienne de l'organisation politique et sociale. Il a été énoncé à plusieurs reprises par Léon XIII sous le nom d'« amitié » que nous trouvons déjà dans la philosophie grecque. Pie XI le désigna par le terme non moins significatif de « charité sociale », tandis que Paul VI, élargissant le concept en fonction des multiples dimensions modernes de la question sociale, parlait de « civilisation de l'amour » (35).

11. En relisant l'encyclique à la lumière de la situation contemporaine, on peut se rendre compte de la sollicitude et de l'action incessantes de l'Eglise en faveur des catégories de personnes qui sont objet de prédilection de la part du Seigneur Jésus. Le contenu du texte est un excellent témoignage de la continuité, dans l'Eglise, de ce qu'on appelle l'« option préférentielle pour les pauvres », option définie comme une « forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne » (36). L'encyclique sur la « question ouvrière » est donc une encyclique sur les pauvres et sur la terrible condition à laquelle le processus d'industrialisation nouveau et souvent violent avait réduit de très nombreuses personnes. Aujourd'hui encore, dans une grande partie du monde, de tels processus de transformation économique, sociale et politique produisent les mêmes fléaux.

Si Léon XIII en appelle à l'Etat pour remédier selon la justice à la condition des pauvres, il le fait aussi parce qu'il reconnaît, à juste titre, que l'Etat a le devoir de veiller au bien commun et de pourvoir à ce que chaque secteur de la vie sociale, sans exclure celui de l'économie, contribue à le promouvoir, tout en respectant la juste autonomie de chacun d'entre eux. Toutefois, il ne faudrait pas en conclure que, pour le Pape Léon XIII, la solution de la question sociale devrait dans tous les cas venir de l'Etat. Au contraire, il insiste à plusieurs reprises sur les nécessaires limites de l'intervention de l'Etat et sur sa nature de simple instrument, puisque l'individu, la famille et la société lui sont antérieurs et que l'Etat existe pour protéger leurs droits respectifs sans jamais les opprimer (37).

L'actualité de ces réflexions n'échappe à personne. Il conviendra de reprendre plus loin ce thème important des limites inhérentes à la nature de l'Etat. Les points soulignés, qui ne sont pas les seuls abordés par l'encyclique, se situent dans la continuité de l'enseignement social de l'Eglise, et sont éclairés par une saine conception de la propriété privée, du travail, du développement économique, de la nature de l'Etat et, avant tout, de l'homme lui-même. D'autres thèmes seront mentionnés par la suite quand on examinera certains aspects de la réalité contemporaine, mais dès maintenant, il convient de garder présent à l'esprit que ce qui sert de trame et, d'une certaine manière, de guide à l'encyclique et à toute la doctrine sociale de l'Eglise, c'est la juste conception de la personne humaine, de sa valeur unique, dans la mesure où « l'homme est sur la terre la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même » (38). Dans l'homme, il a sculpté son image, à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26), en lui donnant une dignité incomparable, sur laquelle l'encyclique insiste à plusieurs reprises. En effet, au-delà des droits que l'homme acquiert par son travail, il existe des droits qui ne sont corrélatifs à aucune de ses activités mais dérivent de sa dignité essentielle de personne.

II. VERS LES "CHOSES NOUVELLES" D'AUJOURD'HUI

12. L'anniversaire de Rerum novarum ne serait pas célébré comme il convient si l'on ne regardait pas également la situation actuelle. Déjà, par son contenu, l'encyclique se prête à une telle réflexion ; en effet, le cadre historique et les prévisions qui y sont tracées se révèlent d'une exactitude surprenante, à la lumière de tous les événements ultérieurs.

Les faits des derniers mois de l'année 1989 et du début de 1990 en ont été une confirmation singulière. Ils ne s'expliquent, de même que les transformations radicales qui s'en sont suivies, qu'en fonction des situations antérieures qui avaient cristallisé ou institutionnalisé, dans une certaine mesure, les prévisions de Léon XIII et les signes toujours plus inquiétants perçus par ses successeurs. En effet, le Pape Léon XIII prévoyait les conséquences négatives — sous tous les aspects : politique, social et économique — d'une organisation de la société telle que la proposait le « socialisme », qui en était alors au stade d'une philosophie sociale et d'un mouvement plus ou moins structuré. On pourrait s'étonner de ce que le Pape parte du « socialisme » pour faire la critique des solutions qu'on donnait de la « question ouvrière », alors que le socialisme ne se présentait pas encore, comme cela se produisit ensuite, sous la forme d'un Etat fort et puissant, avec toutes les ressources à sa disposition. Toutefois, il mesura bien le danger que représentait pour les masses la présentation séduisante d'une solution aussi simple que radicale de la « question ouvrière » d'alors. Cela est plus vrai encore si l'on considère l'effroyable condition d'injustice à laquelle étaient réduites les masses prolétariennes dans les nations récemment industrialisées.

Il faut ici souligner deux choses: d'une part, la grande lucidité avec laquelle est perçue, dans toute sa rigueur, la condition réelle des prolétaires, hommes, femmes et enfants; d'autre part, la clarté non moins grande avec laquelle est saisi ce qu'il y a de mauvais dans une solution qui, sous l'apparence d'un renversement des situations des pauvres et des riches, portait en réalité préjudice à ceux-là mêmes qu'on se promettait d'aider. Le remède se serait ainsi révélé pire que le mal. En caractérisant la nature du socialisme de son époque, qui supprimait la propriété privée, Léon XIII allait au coeur du problème.

Ses paroles méritent d'être relues avec attention: « Les socialistes, pour guérir ce mal [l'injuste distribution des richesses et la misère des prolétaires], poussent les pauvres à être jaloux de ceux qui possèdent. Ils prétendent que toute propriété de biens privés doit être supprimée, que les biens de chacun doivent être communs à tous... Mais pareille théorie, loin d'être capable de mettre fin au conflit, ferait tort à l'ouvrier si elle était appliquée. D'ailleurs, elle est souverainement injuste, parce qu'elle fait violence aux propriétaires légitimes, dénature les fonctions de l'Etat et bouleverse de fond en comble l'édifice social » (39). On ne saurait pas mieux indiquer les maux entraînés par l'instauration de ce type de socialisme comme système d'Etat, qui prendrait le nom de « socialisme réel ».

13. Approfondissant maintenant la réflexion et aussi en référence à tout ce qui a été dit dans les encycliques Laborem exercens et Sollicitudo rei socialis, il faut ajouter que l'erreur fondamentale du « socialisme » est de caractère anthropologique. En effet, il considère l'individu comme un simple élément, une molécule de l'organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social, tandis que, par ailleurs, il estime que ce même bien de l'individu peut être atteint hors de tout choix autonome de sa part, hors de sa seule et exclusive décision responsable devant le bien ou le mal. L'homme est ainsi réduit à un ensemble de relations sociales, et c'est alors que disparaît le concept de personne comme sujet autonome de décision morale qui construit l'ordre social par cette décision. De cette conception erronée de la personne découlent la déformation du droit qui définit la sphère d'exercice de la liberté, ainsi que le refus de la propriété privée. En effet, l'homme dépossédé de ce qu'il pourrait dire « sien » et de la possibilité de gagner sa vie par ses initiatives en vient à dépendre de la machine sociale et de ceux qui la contrôlent ; cela lui rend beaucoup plus difficile la reconnaissance de sa propre dignité de personne et entrave la progression vers la constitution d'une authentique communauté humaine.

Au contraire, de la conception chrétienne de la personne résulte nécessairement une vision juste de la société. SelonRerum novarum et toute la doctrine sociale de l'Eglise, le caractère social de l'homme ne s'épuise pas dans l'Etat, mais il se réalise dans divers groupes intermédiaires, de la famille aux groupes économiques, sociaux, politiques et culturels qui, découlant de la même nature humaine, ont — toujours à l'intérieur du bien commun — leur autonomie propre. C'est ce que j'ai appelé la « personnalité » de la société qui, avec la personnalité de l'individu, a été éliminée par le « socialisme réel » (40).

Si on se demande ensuite d'où naît cette conception erronée de la nature de la personne humaine et de la personnalité de la société, il faut répondre que la première cause en est l'athéisme. C'est par sa réponse à l'appel de Dieu contenu dans l'être des choses que l'homme prend conscience de sa dignité transcendante. Tout homme doit donner cette réponse, car en elle il atteint le sommet de son humanité, et aucun mécanisme social ou sujet collectif ne peut se substituer à lui. La négation de Dieu prive la personne de ses racines et, en conséquence, incite à réorganiser l'ordre social sans tenir compte de la dignité et de la responsabilité de la personne.

L'athéisme dont on parle est, du reste, étroitement lié au rationalisme de la philosophie des lumières, qui conçoit la réalité humaine et sociale d'une manière mécaniste. On nie ainsi l'intuition ultime de la vraie grandeur de l'homme, sa transcendance par rapport au monde des choses, la contradiction qu'il ressent dans son coeur entre le désir d'une plénitude de bien et son impuissance à l'obtenir et, surtout, le besoin de salut qui en dérive.

14. C'est de cette même racine de l'athéisme que découle le choix des moyens d'action propre au socialisme condamné dansRerum novarum. Il s'agit de la lutte des classes. Le Pape, bien entendu, n'entend pas condamner tout conflit social sous quelque forme que ce soit : l'Eglise sait bien que les conflits d'intérêts entre divers groupes sociaux surgissent inévitablement dans l'histoire et que le chrétien doit souvent prendre position à leur sujet avec décision et cohérence. L'encyclique Laborem exercens, du reste, a reconnu clairement le rôle positif du conflit quand il prend l'aspect d'une « lutte pour la justice sociale » (41) ; et déjà dans Quadragesimo anno on lit : « La lutte des classes, en effet, quand on s'abstient d'actes de violence et de haine réciproque, se transforme peu à peu en une honnête discussion, fondée sur la recherche de la justice » (42).

Ce qui est condamné dans la lutte des classes, c'est plutôt l'idée d'un conflit dans lequel n'interviennent pas de considérations de caractère éthique ou juridique, qui se refuse à respecter la dignité de la personne chez autrui (et, par voie de conséquence, en soi- même), qui exclut pour cela un accommodement raisonnable et recherche non pas le bien général de la société, mais plutôt un intérêt de parti qui se substitue au bien commun et veut détruire ce qui s'oppose à lui. Il s'agit, en un mot, de la reprise — dans le domaine du conflit interne entre groupes sociaux — de la doctrine de la « guerre totale » que le militarisme et l'impérialisme de l'époque faisaient prévaloir dans le domaine des rapports internationaux. Cette doctrine substituait à la recherche du juste équilibre entre les intérêts des diverses nations celle de la prédominance absolue de son propre parti moyennant la destruction de la capacité de résistance du parti adverse, effectuée par tous les moyens, y compris le mensonge, la terreur à l'encontre des populations civiles et les armes d'extermination (qui étaient en élaboration précisément durant ces années-là). La lutte des classes au sens marxiste et le militarisme ont donc la même racine : l'athéisme, et le mépris de la personne humaine qui fait prévaloir le principe de la force sur celui de la raison et du droit.

15. Rerum novarum s'oppose — comme on l'a dit — à l'étatisation des instruments de production, qui réduirait chaque citoyen à n'être qu'une pièce dans la machine de l'Etat. Elle critique aussi résolument la conception de l'Etat qui laisse le domaine de l'économie totalement en dehors de son champ d'intérêt et d'action. Certes, il existe une sphère légitime d'autonomie pour les activités économiques, dans laquelle l'Etat ne doit pas entrer. Cependant, il a le devoir de déterminer le cadre juridique à l'intérieur duquel se déploient les rapports économiques et de sauvegarder ainsi les conditions premières d'une économie libre, qui présuppose une certaine égalité entre les parties, d'une manière telle que l'une d'elles ne soit pas par rapport à l'autre puissante au point de la réduire pratiquement en esclavage (43).

A ce sujet, Rerum novarum montre la voie des justes réformes susceptibles de redonner au travail sa dignité d'activité libre de l'homme. Ces réformes supposent que la société et l'Etat prennent leurs responsabilités surtout pour défendre le travailleur contre le cauchemar du chômage. Cela s'est réalisé historiquement de deux manières convergentes : soit par des politiques économiques destinées à assurer une croissance équilibrée et une situation de plein emploi ; soit par les assurances contre le chômage et par des politiques de recyclage professionnel appropriées pour faciliter le passage des travailleurs de secteurs en crise vers d'autres secteurs en développement.

En outre, la société et l'Etat doivent assurer des niveaux de salaire proportionnés à la subsistance du travailleur et de sa famille, ainsi qu'une certaine possibilité d'épargne. Cela requiert des efforts pour donner aux travailleurs des connaissances et des aptitudes toujours meilleures et susceptibles de rendre leur travail plus qualifié et plus productif ; mais cela requiert aussi une surveillance assidue et des mesures législatives appropriées pour couper court aux honteux phénomènes d'exploitation, surtout au détriment des travailleurs les plus démunis, des immigrés ou des marginaux. Dans ce domaine, le rôle des syndicats, qui négocient le salaire minimum et les conditions de travail, est déterminant.

Enfin, il faut garantir le respect d'horaires « humains » pour le travail et le repos, ainsi que le droit d'exprimer sa personnalité sur les lieux de travail, sans être violenté en aucune manière dans sa conscience ou dans sa dignité. Là encore, il convient de rappeler le rôle des syndicats, non seulement comme instruments de négociation mais encore comme « lieux » d'expression de la personnalité : ils sont utiles au développement d'une authentique culture du travail et ils aident les travailleurs à participer d'une façon pleinement humaine à la vie de l'entreprise (44).

L'Etat doit contribuer à la réalisation de ces objectifs directement et indirectement. Indirectement et suivant le principe de subsidiarité, en créant les conditions favorables au libre exercice de l'activité économique, qui conduit à une offre abondante de possibilités de travail et de sources de richesse. Directement et suivant le principe de solidarité, en imposant, pour la défense des plus faibles, certaines limites à l'autonomie des parties qui décident des conditions du travail, et en assurant dans chaque cas un minimum vital au travailleur sans emploi (45).

L'encyclique et l'enseignement social qui la prolonge ont influencé de multiples manières les dernières années du XIXème siècle et le début du XXème. Cette influence est à l'origine de nombreuses réformes introduites dans les secteurs de la prévoyance sociale, des retraites, des assurances contre les maladies, de la prévention des accidents, tout cela dans le cadre d'un respect plus grand des droits des travailleurs (46).

16. Les réformes furent en partie réalisées par les Etats, mais, dans la lutte pour les obtenir, l'action du Mouvement ouvrier a joué un rôle important. Né d'une réaction de la conscience morale contre des situations injustes et préjudiciables, il déploya une vaste activité syndicale et réformiste, qui était loin des brumes de l'idéologie et plus proche des besoins quotidiens des travailleurs et, dans ce domaine, ses efforts se joignirent souvent à ceux des chrétiens pour obtenir l'amélioration des conditions de vie des travailleurs.

Par la suite, ce mouvement fut dans une certaine mesure dominé précisément par l'idéologie marxiste contre laquelle se dressaitRerum novarum.

Ces mêmes réformes furent aussi le résultat d'un libre processus d'auto-organisation de la société, avec la mise au point d'instruments efficaces de solidarité, aptes à soutenir une croissance économique plus respectueuse des valeurs de la personne. Il faut rappeler ici les multiples activités, avec la contribution notable des chrétiens, d'où ont résulté la fondation de coopératives de production, de consommation et de crédit, la promotion de l'instruction populaire et de la formation professionnelle, l'expérimentation de diverses formes de participation à la vie de l'entreprise et, en général, de la société.

Si donc, en regardant le passé, il y a des raisons de remercier Dieu parce que la grande encyclique n'est pas restée sans résonance dans les coeurs et a poussé à une générosité active, néanmoins il faut reconnaître que l'annonce prophétique dont elle était porteuse n'a pas été complètement accueillie par les hommes de l'époque, et qu'à cause de cela de très grandes catastrophes se sont produites.

17. Quand on lit l'encyclique en la reliant à tout le riche enseignement du Pape Léon XIII (47), on voit qu'au fond elle montre les conséquences d'une erreur de très grande portée sur le terrain économique et social. L'erreur, comme on l'a dit, consiste en une conception de la liberté humaine qui la soustrait à l'obéissance à la vérité et donc aussi au devoir de respecter les droits des autres hommes. Le sens de la liberté se trouve alors dans un amour de soi qui va jusqu'au mépris de Dieu et du prochain, dans un amour qui conduit à l'affirmation illimitée de l'intérêt particulier et ne se laisse arrêter par aucune obligation de justice (48).

Les conséquences extrêmes de cette erreur sont apparues dans le cycle tragique des guerres qui ont secoué l'Europe et le monde entre 1914 et 1945. Il s'agit de guerres provoquées par un militarisme et un nationalisme exacerbés et par les formes de totalitarisme qui y sont liées, il s'agit de guerres provoquées par la lutte des classes, de guerres civiles et idéologiques. Sans le poids implacable de haine et de rancune, accumulées à la suite de tant d'injustices au niveau international et au niveau interne des Etats, on n'aurait pu connaître des guerres d'une telle férocité, où de grandes nations engagèrent leurs forces vives, où l'on n'hésita pas devant la violation des droits les plus sacrés de l'homme et où fut planifiée et exécutée l'extermination de peuples et de groupes sociaux entiers. Nous nous souvenons ici en particulier du peuple juif dont le terrible destin est devenu un symbole de l'aberration à laquelle l'homme peut arriver quand il se tourne contre Dieu.

Toutefois, la haine et l'injustice ne s'emparent de nations entières et ne les poussent à l'action que lorsqu'elles sont légitimées et organisées par des idéologies qui se fondent plus sur elles que sur la vérité de l'homme (49). Rerum novarum combattait les idéologies de la haine et a montré les manières de mettre un terme à la violence et à la rancœur par la justice. Puisse le souvenir de ces terribles événements guider les actions de tous les hommes et, en particulier, des gouvernants des peuples de notre temps, alors que d'autres injustices alimentent de nouvelles haines et que se profilent à l'horizon de nouvelles idéologies qui exaltent la violence !

18. Certes, depuis 1945 les armes se taisent sur le continent européen ; toutefois, on se rappellera que la vraie paix n'est jamais le résultat de la victoire militaire, mais suppose l'élimination des causes de la guerre et l'authentique réconciliation entre les peuples. Pendant de nombreuses années, par contre, il y a eu en Europe et dans le monde une situation de non- guerre plus que de paix authentique. La moitié du continent est tombée sous le pouvoir de la dictature communiste, tandis que l'autre partie s'organisait pour se défendre contre ce type de danger. Bien des peuples perdent le pouvoir de disposer d'eux-mêmes, sont enfermés dans les limites d'un empire oppressif tandis qu'on s'efforce de détruire leur mémoire historique et les racines séculaires de leur culture. Des masses énormes d'hommes, à la suite de cette violente partition, sont contraintes d'abandonner leur terre et déportées de force.

Une course folle aux armements absorbe les ressources nécessaires au développement des économies internes et à l'aide aux nations les plus défavorisées. Le progrès scientifique et technique, qui devrait contribuer au bien-être de l'homme, est transformé en instrument de guerre. La science et la technique servent à produire des armes toujours plus perfectionnées et plus destructrices, tandis qu'on demande à une idéologie, qui est une perversion de la philosophie authentique, de fournir des justifications doctrinales à la nouvelle guerre. Et la guerre est non seulement attendue et préparée, mais elle a lieu dans diverses régions du monde et cause d'énormes effusions de sang. De la logique des blocs, ou des empires, dénoncée par les documents de l'Eglise et récemment par l'encyclique Sollicitudo rei socialis (50), il résulte que les controverses et les discordes qui naissent dans les pays du Tiers-Monde sont systématiquement amplifiées et exploitées pour créer des difficultés à l'adversaire.

Les groupes extrémistes, qui cherchent à résoudre ces controverses par les armes, bénéficient facilement d'appuis politiques et militaires, sont armés et entraînés à la guerre, tandis que ceux qui s'efforcent de trouver des solutions pacifiques et humaines, respectant les intérêts légitimes de toutes les parties, restent isolés et sont souvent victimes de leurs adversaires. La militarisation de nombreux pays du Tiers-Monde et les luttes fratricides qui les ont tourmentés, la diffusion du terrorisme et de procédés toujours plus barbares de lutte politico-militaire trouvent aussi une de leurs principales causes dans la précarité de la paix qui a suivi la deuxième guerre mondiale. Sur le monde entier, enfin, pèse la menace d'une guerre atomique, capable de conduire à l'extinction de l'humanité. La science, utilisée à des fins militaires, met à la disposition de la haine, amplifiée par les idéologies, l'arme absolue. Mais la guerre peut se terminer sans vainqueurs ni vaincus dans un suicide de l'humanité, et alors il faut répudier la logique qui y conduit, c'est-à-dire l'idée que la lutte pour la destruction de l'adversaire, la contradiction et la guerre même sont des facteurs de progrès et de marche en avant de l'histoire (51). Si on admet la nécessité de ce refus, la logique de la « guerre totale » comme celle de la « lutte des classes » sont nécessairement remises en cause.

19. Mais à la fin de la deuxième guerre mondiale, un tel processus est encore en train de prendre forme dans les esprits, et le fait qui retient l'attention est l'extension du totalitarisme communiste sur plus de la moitié de l'Europe et sur une partie du monde. La guerre, qui aurait dû rétablir la liberté et restaurer le droit des gens, se conclut sans avoir atteint ces buts, mais au contraire d'une manière qui les contredit ouvertement pour beaucoup de peuples, spécialement ceux qui avaient le plus souffert. On peut dire que la situation qui s'est créée a provoqué des réactions différentes.

Dans quelques pays et à certains points de vue, on assiste à un effort positif pour reconstruire, après les destructions de la guerre, une société démocratique inspirée par la justice sociale, qui prive le communisme du potentiel révolutionnaire représenté par les masses humaines exploitées et opprimées. Ces tentatives cherchent en général à maintenir les mécanismes du marché libre, en assurant par la stabilité de la monnaie et la sécurité des rapports sociaux les conditions d'une croissance économique stable et saine, avec laquelle les hommes pourront par leur travail construire un avenir meilleur pour eux et pour leurs enfants. En même temps, on cherche à éviter que les mécanismes du marché soient l'unique point de référence de la vie sociale et on veut les assujettir à un contrôle public qui s'inspire du principe de la destination commune des biens de la terre. Une certaine abondance des offres d'emploi, un système solide de sécurité sociale et de préparation professionnelle, la liberté d'association et l'action vigoureuse des syndicats, la protection sociale en cas de chômage, les instruments de participation démocratique à la vie sociale, tout cela, dans un tel contexte, devrait soustraire le travail à la condition de « marchandise » et garantir la possibilité de l'accomplir dignement.

En second lieu, d'autres forces sociales et d'autres écoles de pensée s'opposent au marxisme par la construction de systèmes de « sécurité nationale » qui visent à contrôler d'une façon capillaire toute la société pour rendre impossible l'infiltration marxiste. En exaltant et en augmentant le pouvoir de l'Etat, ces systèmes entendent préserver leurs peuples du communisme ; mais, ce faisant, ils courent le risque grave de détruire la liberté et les valeurs de la personne au nom desquelles il faut s'y opposer.

Enfin, une autre forme pratique de réponse est représentée par la société du bien-être, ou société de consommation. Celle-ci tend à l'emporter sur le marxisme sur le terrain du pur matérialisme, montrant qu'une société de libre marché peut obtenir une satisfaction des besoins matériels de l'homme plus complète que celle qu'assure le communisme, tout en excluant également les valeurs spirituelles. En réalité, s'il est vrai, d'une part, que ce modèle social montre l'incapacité du marxisme à construire une société nouvelle et meilleure, d'un autre côté, en refusant à la morale, au droit, à la culture et à la religion leur réalité propre et leur valeur, il le rejoint en réduisant totalement l'homme à la sphère économique et à la satisfaction des besoins matériels.

20. Dans la même période se déroule un impressionnant processus de « décolonisation », dans lequel de nombreux pays acquièrent ou reconquièrent leur indépendance et le droit à disposer librement d'eux-mêmes. Cependant, avec la reconquête formelle de leur souveraineté d'Etat, ces pays se trouvent souvent juste au début du chemin dans la construction d'une authentique indépendance. En fait, des secteurs décisifs de l'économie demeurent encore entre les mains de grandes entreprises étrangères, qui n'acceptent pas de se lier durablement au développement du pays qui leur donne l'hospitalité, et la vie politique elle-même est contrôlée par des forces étrangères, tandis qu'à l'intérieur des frontières de l'Etat cohabitent des groupes ethniques, non encore complètement intégrés dans une authentique communauté nationale. En outre, il manque un groupe de fonctionnaires compétents, capables d'administrer d'une façon honnête et juste l'appareil de l'Etat, ainsi que des cadres pour une gestion efficace et responsable de l'économie.

Etant donné cette situation, il semble à beaucoup que le marxisme peut offrir comme un raccourci pour l'édification de la nation et de l'Etat, et c'est pour cette raison que voient le jour diverses variantes du socialisme avec un caractère national spécifique. Elles se mêlent ainsi aux nombreuses idéologies qui se constituent différemment suivant les cas : exigences légitimes de salut national, formes de nationalisme et aussi de militarisme, principes tirés d'antiques sagesses populaires, parfois accordés avec la doctrine sociale chrétienne, et les concepts du marxisme-léni- nisme.

21. Il faut rappeler enfin qu'après la deuxième guerre mondiale et aussi en réaction contre ses horreurs, s'est répandu un sentiment plus vif des droits de l'homme, qui a trouvé une reconnaissance dans divers Documents internationaux (52) et, pourrait-on dire, dans l'élaboration d'un nouveau « droit des gens » à laquelle le Saint-Siège a apporté constamment sa contribution. Le pivot de cette évolution a été l'Organisation des Nations unies. Non seulement la conscience du droit des individus s'est développée, mais aussi celle des droits des nations, tandis qu'on saisit mieux la nécessité d'agir pour porter remède aux graves déséquilibres entre les différentes aires géographiques du monde, qui, en un sens, ont déplacé le centre de la question sociale du cadre national au niveau international (53).
En prenant acte de cette évolution avec satisfaction, on ne peut cependant passer sous silence le fait que le bilan d'ensemble des diverses politiques d'aide au développement n'est pas toujours positif. Aux Nations unies, en outre, on n'a pas réussi jusqu'à maintenant à élaborer des procédés efficaces, autres que la guerre, pour la solution des conflits internationaux, et cela semble être le problème le plus urgent que la communauté internationale ait encore à résoudre.

III. L'ANNÉE 1989

22. C'est à partir de la situation mondiale qui vient d'être décrite, et qui a déjà été largement exposée dans l'encycliqueSollicitudo rei socialis, que l'on comprend la portée inattendue et prometteuse des événements de ces dernières années. Leur point culminant, sans aucun doute, ce sont les événements survenus en 1989 dans les pays de l'Europe centrale et orientale, mais ils couvrent une période et un espace géographique plus larges. Au cours des années 1980, on voit s'écrouler progressivement dans plusieurs pays d'Amérique latine, et aussi d'Afrique et d'Asie, certains régimes de dictature et d'oppression. Dans d'autres cas commence un cheminement, difficile mais fécond, de transition vers des formes politiques qui laissent plus de place à la participation et à la justice. L'Eglise a fourni une contribution importante, et même décisive, par son engagement en faveur de la défense et de la promotion des droits de l'homme : dans des milieux fortement imprégnés d'idéologie, où les prises de position radicales obscurcissaient le sens commun de la dignité humaine, l'Eglise a affirmé avec simplicité et énergie que tout homme, quelles que soient ses convictions personnelles, porte en lui l'image de Dieu et mérite donc le respect. La grande majorité du peuple s'est bien souvent reconnue dans cette affirmation, et cela a conduit à rechercher des formes de lutte et des solutions politiques plus respectueuses de la dignité de la personne.

De ce processus historique sont sorties de nouvelles formes de démocratie qui suscitent l'espoir d'un changement dans les structures politiques et sociales précaires, grevées de l'hypothèque d'une douloureuse série d'injustices et de rancœurs, qui s'ajoutent à une économie désastreuse et à de pénibles conflits sociaux. Tout en rendant grâce à Dieu, en union avec toute l'Eglise, pour le témoignage, parfois héroïque, que beaucoup de Pasteurs, de communautés chrétiennes comme de simples fidèles et d'autres hommes de bonne volonté ont donné en ces circonstances difficiles, je le prie de soutenir les efforts accomplis par tous pour bâtir un avenir meilleur. C'est là, en effet, une responsabilité qui incombe non seulement aux citoyens de ces pays mais à tous les chrétiens et aux hommes de bonne volonté. Il s'agit de montrer que les problèmes complexes de ces peuples peuvent être résolus par la méthode du dialogue et de la solidarité, et non par la lutte pour détruire l'adversaire ou par la guerre.

23. Parmi les nombreux facteurs de la chute des régimes oppressifs, certains méritent d'être rappelés d'une façon particulière. Le facteur décisif qui a mis en route les changements est assurément la violation des droits du travail. On ne saurait oublier que la crise fondamentale des systèmes qui se prétendent l'expression du gouvernement et même de la dictature des ouvriers commence par les grands mouvements survenus en Pologne au nom de la solidarité. Les foules ouvrières elles-mêmes ôtent sa légitimité à l'idéologie qui prétend parler en leur nom, et elles retrouvent, elles redécouvrent presque, à partir de l'expérience vécue et difficile du travail et de l'oppression, des expressions et des principes de la doctrine sociale de l'Eglise.

Un autre fait mérite d'être souligné : à peu près partout, on est arrivé à faire tomber un tel « bloc », un tel empire, par une lutte pacifique, qui a utilisé les seules armes de la vérité et de la justice. Alors que, selon le marxisme, ce n'est qu'en poussant à l'extrême les contradictions sociales que l'on pouvait les résoudre dans un affrontement violent, les luttes qui ont amené l'écroulement du marxisme persistent avec ténacité à essayer toutes les voies de la négociation, du dialogue, du témoignage de la vérité, faisant appel à la conscience de l'adversaire et cherchant à réveiller en lui le sens commun de la dignité humaine.

Apparemment, l'ordre européen issu de la deuxième guerre mondiale et consacré par les Accords de Yaltane pouvait être ébranlé que par une autre guerre. Et pourtant, il s'est trouvé dépassé par l'action non violente d'hommes qui, alors qu'ils avaient toujours refusé de céder au pouvoir de la force, ont su trouver dans chaque cas la manière efficace de rendre témoignage à la vérité. Cela a désarmé l'adversaire, car la violence a toujours besoin de se légitimer par le mensonge, de se donner l'air, même si c'est faux, de défendre un droit ou de répondre à une menace d'autrui (54). Encore une fois, nous rendons grâce à Dieu qui a soutenu le cœur des hommes au temps de la difficile épreuve, et nous prions pour qu'un tel exemple serve en d'autres lieux et en d'autres circonstances. Puissent les hommes apprendre à lutter sans violence pour la justice, en renonçant à la lutte des classes dans les controverses internes et à la guerre dans les controverses internationales !

24. Comme deuxième facteur de crise, il y a bien certainement l'inefficacité du système économique, qu'il ne faut pas considérer seulement comme un problème technique mais plutôt comme une conséquence de la violation des droits humains à l'initiative, à la propriété et à la liberté dans le domaine économique. Il convient d'ajouter à cet aspect la dimension culturelle et nationale : il n'est pas possible de comprendre l'homme en partant exclusivement du domaine de l'économie, il n'est pas possible de le définir en se fondant uniquement sur son appartenance à une classe. On comprend l'homme d'une manière plus complète si on le replace dans son milieu culturel, en considérant sa langue, son histoire, les positions qu'il adopte devant les événements fondamentaux de l'existence comme la naissance, l'amour, le travail, la mort. Au centre de toute culture se trouve l'attitude que l'homme prend devant le mystère le plus grand, le mystère de Dieu. Au fond, les cultures des diverses nations sont autant de manières d'aborder la question du sens de l'existence personnelle : quand on élimine cette question, la culture et la vie morale des nations se désagrègent. C'est pourquoi la lutte pour la défense du travail s'est liée spontanément à la lutte pour la culture et pour les droits nationaux.
Mais la cause véritable de ces nouveautés est le vide spirituel provoqué par l'athéisme qui a laissé les jeunes générations démunies d'orientations et les a amenées bien souvent, dans la recherche irrésistible de leur identité et du sens de la vie, à redécouvrir les racines religieuses de la culture de leurs nations et la personne même du Christ, comme réponse existentiellement adaptée à la soif de vérité et de vie qui est au cœur de tout homme. Cette recherche a été encouragée par le témoignage de ceux qui, dans des circonstances difficiles et au milieu des persécutions, sont restés fidèles à Dieu. Le marxisme s'était promis d'extirper du cœur de l'homme la soif de Dieu, mais les résultats ont montré qu'il est impossible de le faire sans bouleverser le cœur de l'homme.

25. Les événements de 1989 donnent l'exemple du succès remporté par la volonté de négocier et par l'esprit évangélique face à un adversaire décidé à ne pas se laisser arrêter par des principes moraux ; ils constituent donc un avertissement pour tous ceux qui, au nom du réalisme politique, veulent bannir de la politique le droit et la morale. Certes, la lutte qui a conduit aux changements de 1989 a exigé de la lucidité, de la modération, des souffrances et des sacrifices ; en un sens, elle est née de la prière et elle aurait été impensable sans une confiance illimitée en Dieu, Seigneur de l'histoire, qui tient en main le coeur de l'homme. C'est en unissant sa souffrance pour la vérité et la liberté à celle du Christ en Croix que l'homme peut accomplir le miracle de la paix et est capable de découvrir le sentier souvent étroit entre la lâcheté qui cède au mal et la violence qui, croyant le combattre, l'aggrave.

On ne peut cependant ignorer les innombrables conditionnements au milieu desquels la liberté de l'individu est amenée à agir ; ils affectent, certes, la liberté, mais ils ne la déterminent pas ; ils rendent son exercice plus ou moins facile, mais ils ne peuvent la détruire. Non seulement on n'a pas le droit de méconnaître, du point de vue éthique, la nature de l'homme qui est fait pour la liberté, mais en pratique ce n'est même pas possible. Là où la société s'organise en réduisant arbitrairement ou même en supprimant le champ dans lequel s'exerce légitimement la liberté, il en résulte que la vie sociale se désagrège progressivement et entre en décadence.

En outre, l'homme, créé pour la liberté, porte en lui la blessure du péché originel qui l'attire continuellement vers le mal et fait qu'il a besoin de rédemption. Non seulement cette doctrine fait partie intégrante de la Révélation chrétienne, mais elle a une grande valeur herméneutique car elle aide à comprendre la réalité humaine. L'homme tend vers le bien, mais il est aussi capable de mal ; il peut transcender son intérêt immédiat et pourtant lui rester lié. L'ordre social sera d'autant plus ferme qu'il tiendra davantage compte de ce fait et qu'il n'opposera pas l'intérêt personnel à celui de la société dans son ensemble, mais qu'il cherchera plutôt comment assurer leur fructueuse coordination. En effet, là où l'intérêt individuel est supprimé par la violence, il est remplacé par un système écrasant de contrôle bureaucratique qui tarit les sources de l'initiative et de la créativité. Quand les hommes croient posséder le secret d'une organisation sociale parfaite qui rend le mal impossible, ils pensent aussi pouvoir utiliser tous les moyens, même la violence ou le mensonge, pour la réaliser. La politique devient alors une « religion séculière » qui croit bâtir le paradis en ce monde. Mais aucune société politique, qui possède sa propre autonomie et ses propres lois (55), ne pourra jamais être confondue avec le Royaume de Dieu. La parabole évangélique du bon grain et de l'ivraie (cf. Mt 13, 24-30. 36-43) enseigne qu'il appartient à Dieu seul de séparer les sujets du Royaume et les sujets du Malin, et que ce jugement arrivera à la fin des temps. En prétendant porter dès maintenant le jugement, l'homme se substitue à Dieu et s'oppose à la patience de Dieu.

Par le sacrifice du Christ sur la Croix, la victoire du Royaume de Dieu est acquise une fois pour toutes. Cependant la condition chrétienne comporte la lutte contre les tentations et les forces du mal. Ce n'est qu'à la fin de l'histoire que le Seigneur reviendra en gloire pour le jugement final (cf. Mt 25, 31) et l'instauration des cieux nouveaux et de la terre nouvelle (cf. 2 P 3, 13 ; Ap 21, 1). Mais, tant que dure le temps, le combat du bien et du mal se poursuit jusque dans le cœur de l'homme.

Ce que l'Ecriture nous apprend des destinées du Royaume de Dieu n'est pas sans conséquences pour la vie des sociétés temporelles qui, comme l'indique l'expression, appartiennent aux réalités du temps, avec ce que cela comporte d'imparfait et de provisoire. Le Royaume de Dieu, présent dans le monde sans être du monde, illumine l'ordre de la société humaine, alors que les énergies de la grâce pénètrent et vivifient cet ordre. Ainsi sont mieux perçues les exigences d'une société digne de l'homme, les déviations sont redressées, le courage d'œuvrer pour le bien est conforté. A cette tâche d'animation évangélique des réalités humaines sont appelés, avec tous les hommes de bonne volonté, les chrétiens, et tout spécialement les laïcs (56).

26. Les événements de 1989 se sont déroulés principalement dans les pays d'Europe orientale et centrale. Ils ont toutefois une portée universelle car il en est résulté des conséquences positives et négatives qui intéressent toute la famille humaine. Ces conséquences n'ont pas un caractère mécanique ou fatidique, mais sont comme des occasions offertes à la liberté humaine de collaborer avec le dessein miséricordieux de Dieu qui agit dans l'histoire.

La première conséquence a été, dans certains pays, la rencontre entre l'Eglise et le Mouvement ouvrier né d'une réaction d'ordre éthique et explicitement chrétien, contre une situation générale d'injustice. Depuis un siècle environ, ce Mouvement était en partie tombé sous l'hégémonie du marxisme, dans la conviction que les prolétaires, pour lutter efficacement contre l'oppression, devaient faire leurs les théories matérialistes et économistes.

Dans la crise du marxisme resurgissent les formes spontanées de la conscience ouvrière qui exprime une demande de justice et de reconnaissance de la dignité du travail, conformément à la doctrine sociale de l'Eglise (57). Le Mouvement ouvrier devient un mouvement plus général des travailleurs et des hommes de bonne volonté pour la libération de la personne humaine et pour l'affirmation de ses droits ; il est répandu aujourd'hui dans de nombreux pays et, loin de s'opposer à l'Eglise catholique, il se tourne vers elle avec intérêt.

La crise du marxisme n'élimine pas du monde les situations d'injustice et d'oppression, que le marxisme lui même exploitait et dont il tirait sa force. A ceux qui, aujourd'hui, sont à la recherche d'une théorie et d'une pratique nouvelles et authentiques de libération, l'Eglise offre non seulement sa doctrine sociale et, d'une façon générale, son enseignement sur la personne, rachetée par le Christ, mais aussi son engagement et sa contribution pour combattre la marginalisation et la souffrance.

Dans un passé récent, le désir sincère d'être du côté des opprimés et de ne pas se couper du cours de l'histoire a amené bien des croyants à rechercher de diverses manières un impossible compromis entre le marxisme et le christianisme. Le moment présent dépasse tout ce qu'il y avait de caduc dans ces tentatives et incite en même temps à réaffirmer le caractère positif d'une authentique théologie de la libération intégrale de l'homme (58). Considérés sous cet angle, les événements de 1989 s'avèrent importants aussi pour les pays du Tiers-Monde, qui cherchent la voie de leur développement, comme ils l'ont été pour les pays de l'Europe centrale et orientale.

27. La deuxième conséquence concerne les peuples de l'Europe. Bien des injustices, aux niveaux individuel, social, régional et national, ont été commises pendant les années de domination du communisme et même avant ; bien des haines et des rancœurs ont été accumulées. Après l'écroulement de la dictature, celles-ci risquent fort d'exploser avec violence, provoquant de graves conflits et des deuils, si viennent à manquer la tension morale et la force de rendre consciemment témoignage à la vérité qui ont animé les efforts du passé. Il faut souhaiter que la haine et la violence ne triomphent pas dans les cœurs, surtout en ceux qui luttent pour la justice, et qu'en tous grandisse l'esprit de paix et de pardon !

Mais il faut que des démarches concrètes soient effectuées afin de créer ou de consolider des structures internationales capables d'intervenir, pour l'arbitrage convenable dans les conflits qui surgissent entre les nations, de telle sorte que chacune d'entre elles puisse faire valoir ses propres droits et parvenir à un juste accord et à un compromis pacifique avec les droits des autres. Tout cela est particulièrement nécessaire pour les nations européennes, intimement unies par les liens de leur culture commune et de leur histoire millénaire. Un effort considérable doit être consenti pour la reconstruction morale et économique des pays qui ont abandonné le communisme. Pendant très longtemps, les relations économiques les plus élémentaires ont été altérées, et même des vertus fondamentales dans le secteur économique, comme l'honnêteté, la confiance méritée, l'ardeur au travail, ont été méprisées. Une patiente reconstruction matérielle et morale est nécessaire, alors que les peuples épuisés par de longues privations demandent à leurs gouvernants des résultats tangibles et immédiats pour leur bien-être, ainsi que la satisfaction de leurs légitimes aspirations.

La chute du marxisme a eu naturellement des conséquences importantes en ce qui concerne la division de la terre en mondes fermés l'un à l'autre, opposés dans une concurrence jalouse. La réalité de l'interdépendance des peuples s'en trouve plus clairement mise en lumière, et aussi le fait que le travail humain est par nature destiné à unir les peuples et non à les diviser. La paix et la prospérité, en effet, sont des biens qui appartiennent à tout le genre humain, de sorte qu'il n'est pas possible d'en jouir d'une manière honnête et durable si on les a obtenus et conservés au détriment d'autres peuples et d'autres nations, en violant leurs droits ou en les excluant des sources du bien-être.

28. Pour certains pays d'Europe, c'est, en un sens, le véritable après-guerre qui commence. La restructuration radicale des économies jusque-là collectivisées crée des problèmes et suppose des sacrifices qui peuvent être comparés à ceux que les pays de l'ouest du continent ont dû affronter pour leur reconstruction après le deuxième conflit mondial. Il est juste que, dans les difficultés actuelles, les pays anciennement communistes soient soutenus par l'effort solidaire des autres nations: ils doivent, bien évidemment, être les premiers artisans de leur développement, mais il faut leur donner une possibilité raisonnable de le mettre en œuvre, et cela ne peut se faire sans l'aide des autres pays. D'ailleurs, la situation actuelle, marquée par les difficultés et la pénurie, est la conséquence d'un processus historique dont les pays anciennement communistes ont souvent été les victimes et non les responsables ; ils se trouvent donc dans cette situation non pas en raison de choix libres ou d'erreurs commises, mais parce que de tragiques événements historiques, imposés par la force, les ont empêchés de poursuivre leur développement économique et civil.

L'aide des autres pays, d'Europe spécialement, qui ont eu part à la même histoire et en portent les responsabilités, répond à une dette de justice. Mais elle répond aussi à l'intérêt et au bien général de l'Europe, car celle-ci ne pourra pas vivre en paix si les conflits de diverse nature qui surgissent par suite du passé sont rendus plus aigus par une situation de désordre économique, d'insatisfaction spirituelle et de désespoir.

Toutefois, une telle exigence ne doit pas entraîner une diminution des efforts pour soutenir et aider les pays du Tiers-Monde, qui connaissent souvent des conditions de carence et de pauvreté beaucoup plus graves (59). Ce qui est requis, c'est un effort extraordinaire pour mobiliser les ressources, dont le monde dans son ensemble n'est pas dépourvu, vers des objectifs de croissance économique et de développement commun, en redéfinissant les priorités et les échelles des valeurs selon lesquelles sont décidés les choix économiques et politiques. D'immenses ressources peuvent être rendues disponibles par le désarmement des énormes appareils militaires édifiés pour le conflit entre l'Est et l'Ouest. Elles pourront s'avérer encore plus abondantes si l'on arrive à mettre en place des procédures fiables — autres que la guerre — pour résoudre les conflits, puis à propager le principe du contrôle et de la réduction des armements, dans les pays du Tiers-Monde aussi, en prenant les mesures nécessaires contre leur commerce (60). Mais il faudra surtout abandonner la mentalité qui considère les pauvres — personnes et peuples — presque comme un fardeau, comme d'ennuyeux importuns qui prétendent consommer ce que d'autres ont produit. Les pauvres revendiquent le droit d'avoir leur part des biens matériels et de mettre à profit leur capacité de travail afin de créer un monde plus juste et plus prospère pour tous. Le progrès des pauvres est une grande chance pour la croissance morale, culturelle et même économique de toute l'humanité.

29. Enfin, le développement ne doit pas être compris d'une manière exclusivement économique, mais dans un sens intégralement humain (61). Il ne s'agit pas seulement d'élever tous les peuples au niveau dont jouissent aujourd'hui les pays les plus riches, mais de construire, par un travail solidaire, une vie plus digne, de faire croître réellement la dignité et la créativité de chaque personne, sa capacité de répondre à sa vocation et donc à l'appel de Dieu. Au faîte du développement, il y a la mise en oeuvre du droit et du devoir de chercher Dieu, de le connaître et de vivre selon cette connaissance (62). Dans les régimes totalitaires et autoritaires, on a poussé à l'extrême le principe de la prépondérance de la force sur la raison. L'homme a été contraint d'accepter une conception de la réalité imposée par la force et non acquise par l'effort de sa raison et l'exercice de sa liberté. Il faut inverser ce principe et reconnaître intégralement les droits de la conscience humaine, celle-ci n'étant liée qu'à la vérité naturelle et à la vérité révélée. C'est dans la reconnaissance de ces droits que se trouve le fondement premier de tout ordre politique authentiquement libre (63). Il est important de réaffirmer ce principe, pour divers motifs :

a) parce que les anciennes formes de totalitarisme et d'autoritarisme ne sont pas encore complètement anéanties et qu'il existe même un risque qu'elles reprennent vigueur : cette situation appelle à un effort renouvelé de collaboration et de solidarité entre tous les pays ;

b) parce que, dans les pays développés, on fait parfois une propagande excessive pour les valeurs purement utilitaires, en stimulant les instincts et les tendances à la jouissance immédiate, ce qui rend difficiles la reconnaissance et le respect de la hiérarchie des vraies valeurs de l'existence humaine ;

c) parce que, dans certains pays, apparaissent de nouvelles formes de fondamentalisme religieux qui, de façon voilée ou même ouvertement, refusent aux citoyens qui ont une foi différente de celle de la majorité le plein exercice de leurs droits civils ou religieux, les empêchent de participer au débat culturel, restreignent le droit qu'a l'Eglise de prêcher l'Evangile et le droit qu'ont les hommes d'accueillir la parole qu'ils ont entendu prêcher et de se convertir au Christ. Aucun progrès authentique n'est possible sans respect du droit naturel élémentaire de connaître la vérité et de vivre selon la vérité. A ce droit se rattache, comme son exercice et son approfondissement, le droit de découvrir et d'accueillir librement Jésus-Christ, qui est le vrai bien de l'homme (64).

IV. LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE ET LA DESTINATION UNIVERSELLE DES BIENS

30. Dans l'encyclique Rerum novarum, Léon XIII affirmait avec force, contre le socialisme de son temps, le caractère naturel du droit à la propriété privée, et il s'appuyait sur divers arguments (65). Ce droit, fondamental pour l'autonomie et le développement de la personne, a toujours été défendu par l'Eglise jusqu'à nos jours. L'Eglise enseigne de même que la propriété des biens n'est pas un droit absolu mais comporte, dans sa nature même de droit humain, ses propres limites.

Tandis qu'il proclamait le droit à la propriété privée, le Pape affirmait avec la même clarté que l'« usage » des biens, laissé à la liberté, est subordonné à leur destination originelle commune de biens créés et aussi à la volonté de Jésus-Christ, exprimée dans l'Évangile. Il écrivait en effet : « Les fortunés de ce monde sont avertis [...] qu'ils doivent trembler devant les menaces inusitées que Jésus profère contre les riches ; qu'enfin il viendra un jour où ils devront rendre à Dieu, leur juge, un compte très rigoureux de l'usage qu'ils auront fait de leur fortune» ; et, citant saint Thomas d'Aquin, il ajoutait : « Mais si l'on demande en quoi il faut faire consister l'usage des biens, l'Eglise répond sans hésitation : A ce sujet, l'homme ne doit pas tenir les choses extérieures pour privées, mais pour communes », car « au-dessus des jugements de l'homme et de ses lois, il y a la loi et le jugement de Jésus-Christ » (66).

Les successeurs de Léon XIII ont repris cette double affirmation : la nécessité et donc la licéité de la propriété privée, et aussi les limites dont elle est grevée (67). Le Concile Vatican II a également proposé la doctrine traditionnelle dans des termes qui méritent d'être cités littéralement : « L'homme, dans l'usage qu'il fait de ses biens, ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes, en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres ». Et un peu plus loin : « La propriété privée ou un certain pouvoir sur les biens extérieurs assurent à chacun une zone indispensable d'autonomie personnelle et familiale ; il faut les regarder comme un prolongement de la liberté humaine. [...] De par sa nature même, la propriété privée a aussi un caractère social, fondé dans la loi de commune destination des biens » (68). J'ai repris la même doctrine d'abord dans le discours d'ouverture de la III Conférence de l'épiscopat latino-américain à Puebla, puis dans les encycliques Laborem exercenset, plus récemment, Sollicitudo rei socialis (69).

31. Lorsqu'on relit dans le contexte de notre temps cet enseignement sur le droit à la propriété et la destination commune des biens, on peut se poser la question de l'origine des biens qui soutiennent la vie de l'homme, qui satisfont à ses besoins et qui sont l'objet de ses droits.

La première origine de tout bien est l'acte de Dieu lui-même qui a créé la terre et l'homme, et qui a donné la terre à l'homme pour qu'il la maîtrise par son travail et jouisse de ses fruits (cf. Gn 1, 28-29). Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu'elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne. C'est là l'origine de la destination universelle des biens de la terre. En raison de sa fécondité même et de ses possibilités de satisfaire les besoins de l'homme, la terre est le premier don de Dieu pour la subsistance humaine. Or, elle ne produit pas ses fruits sans une réponse spécifique de l'homme au don de Dieu, c'est-à-dire sans le travail. Grâce à son travail, l'homme, utilisant son intelligence et sa liberté, parvient à la dominer et il en fait la demeure qui lui convient. Il s'approprie ainsi une partie de la terre, celle qu'il s'est acquise par son travail. C'est là l'origine de la propriété individuelle. Evidemment, il a aussi la responsabilité de ne pas empêcher que d'autres hommes disposent de leur part du don de Dieu ; au contraire, il doit collaborer avec eux pour dominer ensemble toute la terre.

Dans l'histoire, ces deux facteurs, le travail et la terre, se retrouvent toujours au principe de toute société humaine ; cependant ils ne se situent pas toujours dans le même rapport entre eux. Il fut un temps où la fécondité naturelle de la terre paraissait être, et était effectivement, le facteur principal de la richesse, tandis que le travail était en quelque sorte l'aide et le soutien de cette fécondité. En notre temps, le rôle du travail humain devient un facteur toujours plus important pour la production des richesses immatérielles et matérielles ; en outre, il paraît évident que le travail d'un homme s'imbrique naturellement dans celui d'autres hommes. Plus que jamais aujourd'hui, travailler, c'est travailler avec les autres ettravailler pour les autres : c'est faire quelque chose pour quelqu'un. Le travail est d'autant plus fécond et productif que l'homme est plus capable de connaître les ressources productives de la terre et de percevoir quels sont les besoins profonds de l'autre pour qui le travail est fourni.

32. Mais, à notre époque, il existe une autre forme de propriété et elle a une importance qui n'est pas inférieure à celle de la terre : c'est la propriété de la connaissance, de la technique et du savoir. La richesse des pays industrialisés se fonde bien plus sur ce type de propriété que sur celui des ressources naturelles.

On a fait allusion au fait que l'homme travaille avec les autres hommes, prenant part à un « travail social » qui s'étend dans des cercles de plus en plus larges. En règle générale, celui qui produit un objet le fait, non seulement pour son usage personnel, mais aussi pour que d'autres puissent s'en servir après avoir payé le juste prix, convenu d'un commun accord dans une libre négociation. Or, la capacité de connaître en temps utile les besoins des autres hommes et l'ensemble des facteurs de production les plus aptes à les satisfaire, c'est précisément une autre source importante de richesse dans la société moderne. Du reste, beaucoup de biens ne peuvent être produits de la manière qui convient par le travail d'un seul individu, mais ils requièrent la collaboration de nombreuses personnes au même objectif. Organiser un tel effort de production, planifier sa durée, veiller à ce qu'il corresponde positivement aux besoins à satisfaire en prenant les risques nécessaires, tout cela constitue aussi une source de richesses dans la société actuelle. Ainsi devient toujours plus évident et déterminant le rôle du travail humain maîtrisé et créatif et, comme part essentielle de ce travail, celui de la capacité d'initiative et d'entreprise (70).

Il faut considérer avec une attention favorable ce processus qui met en lumière concrètement un enseignement sur la personne que le christianisme a constamment affirmé. En effet, avec la terre, la principale ressource de l'homme, c'est l'homme lui-même. C'est son intelligence qui lui fait découvrir les capacités productives de la terre et les multiples manières dont les besoins humains peuvent être satisfaits. C'est son travail maîtrisé, dans une collaboration solidaire, qui permet la création de communautés de travail toujours plus larges et sûres pour accomplir la transformation du milieu naturel et du milieu humain lui-même. Entrent dans ce processus d'importantes vertus telles que l'application, l'ardeur au travail, la prudence face aux risques raisonnables à prendre, la confiance méritée et la fidélité dans les rapports interpersonnels, l'énergie dans l'exécution de décisions difficiles et douloureuses mais nécessaires pour le travail commun de l'entreprise et pour faire face aux éventuels renversements de situations.

L'économie moderne de l'entreprisecomporte des aspects positifs dont la source est la liberté de la personne qui s'exprime dans le domaine économique comme en beaucoup d'autres. En effet, l'économie est un secteur parmi les multiples formes de l'activité humaine, et dans ce secteur, comme en tout autre, le droit à la liberté existe, de même que le devoir d'en faire un usage responsable. Mais il importe de noter qu'il y a des différences caractéristiques entre ces tendances de la société moderne et celles du passé même récent. Si, autrefois, le facteur décisif de la production était la terre, et si, plus tard, c'était le capital, compris comme l'ensemble des machines et des instruments de production, aujourd'hui le facteur décisif est de plus en plus l'homme lui-même, c'est-à-dire sa capacité de connaissance qui apparaît dans le savoir scientifique, sa capacité d'organisation solidaire et sa capacité de saisir et de satisfaire les besoins des autres.

33. On ne peut toutefois omettre de dénoncer les risques et les problèmes liés à ce type d'évolution. En effet, de nombreux hommes, et sans doute la grande majorité, ne disposent pas aujourd'hui des moyens d'entrer, de manière efficace et digne de l'homme, à l'intérieur d'un système d'entreprise dans lequel le travail occupe une place réellement centrale. Ils n'ont la possibilité ni d'acquérir les connaissances de base qui permettent d'exprimer leur créativité et de développer leurs capacités, ni d'entrer dans le réseau de connaissances et d'intercommunications qui leur permettraient de voir apprécier et utiliser leurs qualités. En somme, s'ils ne sont pas exploités, ils sont sérieusement marginalisés ; et le développement économique se poursuit, pour ainsi dire, au-dessus de leur tête, quand il ne va pas jusqu'à restreindre le champ déjà étroit de leurs anciennes économies de subsistance. Incapables de résister à la concurrence de produits obtenus avec des méthodes nouvelles et répondant aux besoins qu'ils satisfaisaient antérieurement dans le cadre d'organisations traditionnelles, alléchés par la splendeur d'une opulence inaccessible pour eux, et en même temps pressés par la nécessité, ces hommes peuplent les villes du Tiers-Monde où ils sont souvent déracinés culturellement et où ils se trouvent dans des situations précaires qui leur font violence, sans possibilité d'intégration. On ne reconnaît pas en fait leur dignité ni leurs capacités humaines positives, et, parfois, on cherche à éliminer leur présence du cours de l'histoire en leur imposant certaines formes de contrôle démographique contraires à la dignité humaine.

Beaucoup d'autres hommes, bien qu'ils ne soient pas tout à fait marginalisés, vivent dans des conditions telles que la lutte pour survivre est de prime nécessité, alors que sont encore en vigueur les pratiques du capitalisme des origines, dans une situation dont la « cruauté » n'a rien à envier à celle des moments les plus noirs de la première phase de l'industrialisation. Dans d'autres cas, c'est encore la terre qui est l'élément central du processus économique, et ceux qui la cultivent, empêchés de la posséder, sont réduits à des conditions de demi-servitude (71). Dans ces cas, on peut parler, aujourd'hui comme au temps de Rerum novarum, d'une exploitation inhumaine. Malgré les changements importants survenus dans les sociétés les plus avancées, les déficiences humaines du capitalisme sont loin d'avoir disparu, et la conséquence en est que les choses matérielles l'emportent sur les hommes ; et plus encore, pour les pauvres, s'est ajoutée à la pénurie de biens matériels celle du savoir et des connaissances qui les empêche de sortir de leur état d'humiliante subordination.

Malheureusement, la grande majorité des habitants du Tiers-Monde vit encore dans de telles conditions. Il serait cependant inexact de comprendre le Tiers- Monde dans un sens uniquement géographique. Dans certaines régions et dans certains secteurs sociaux de ce « Monde », des processus de développement ont été mis en œuvre, centrés moins sur la valorisation des ressources matérielles que sur celle des « ressources humaines ».

Il n'y a pas très longtemps, on soutenait que le développement supposait, pour les pays les plus pauvres, qu'ils restent isolés du marché mondial et ne comptent que sur leurs propres forces. L'expérience de ces dernières années a montré que les pays qui se sont exclus des échanges généraux de l'activité économique sur le plan international ont connu la stagnation et la régression, et que le développement a bénéficié aux pays qui ont réussi à y entrer. Il semble donc que le problème essentiel soit d'obtenir un accès équitable au marché international, fondé non sur le principe unilatéral de l'exploitation des ressources naturelles, mais sur la valorisation des ressources humaines (72).

Mais certains aspects caractéristiques du Tiers- Monde apparaissent aussi dans les pays développés où la transformation incessante des modes de production et des types de consommation dévalorise des connaissances acquises et des compétences professionnelles confirmées, ce qui exige un effort continu de mise à jour et de recyclage. Ceux qui ne réussissent pas à suivre le rythme peuvent facilement être marginalisés, comme le sont, en même temps qu'eux, les personnes âgées, les jeunes incapables de bien s'insérer dans la vie sociale, ainsi que, d'une manière générale, les sujets les plus faibles et ce qu'on appelle le Quart- Monde. Dans ces conditions, la situation de la femme est loin d'être facile.

34. Il semble que, à l'intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libresoit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins. Toutefois, cela ne vaut que pour les besoins « solvables», parce que l'on dispose d'un pouvoir d'achat, et pour les ressources qui sont « vendables », susceptibles d'être payées à un juste prix. Mais il y a de nombreux besoins humains qui ne peuvent être satisfaits par le marché. C'est un strict devoir de justice et de vérité de faire en sorte que les besoins humains fondamentaux ne restent pas insatisfaits et que ne périssent pas les hommes qui souffrent de ces carences. En outre, il faut que ces hommes dans le besoin soient aidés à acquérir des connaissances, à entrer dans les réseaux de relations, à développer leurs aptitudes pour mettre en valeur leurs capacités et leurs ressources personnelles. Avant même la logique des échanges à parité et des formes de la justice qui les régissent, il y a un certain dû à l'homme parce qu'il est homme, en raison de son éminente dignité. Ce dû comporte inséparablement la possibilité de survivre et celle d'apporter une contribution active au bien commun de l'humanité.

Les objectifs énoncés par Rerum novarum pour éviter de ramener le travail de l'homme et l'homme lui-même au rang d'une simple marchandise gardent toute leur valeur dans le contexte du Tiers-Monde, et, dans certains cas, ils restent encore un but à atteindre : un salaire suffisant pour faire vivre la famille, des assurances sociales pour la vieillesse et le chômage, une réglementation convenable des conditions de travail.

35. Tout cela constitue un champ d'action vaste et fécond pour l'engagement et les luttes, au nom de la justice, des syndicats et des autres organisations de travailleurs qui défendent les droits de ces derniers et protègent leur dignité, alors qu'ils remplissent en même temps une fonction essentielle d'ordre culturel, en vue de les faire participer de plein droit et honorablement à la vie de la nation et de les aider à progresser sur la voie de leur développement.

Dans ce sens, on peut parler à juste titre de lutte contre un système économique entendu comme méthode pour assurer la primauté absolue du capital, de la propriété des instruments de production et de la terre sur la liberté et la dignité du travail de l'homme (73). En luttant contre ce système, on ne peut lui opposer, comme modèle de substitution, le système socialiste, qui se trouve être en fait un capitalisme d'Etat, mais on peut opposer une société du travail libre, de l'entreprise et de la participation. Elle ne s'oppose pas au marché, mais demande qu'il soit dûment contrôlé par les forces sociales et par l'Etat, de manière à garantir la satisfaction des besoins fondamentaux de toute la société.

L'Eglise reconnaît le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement de l'entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants convenablement satisfaits. Cependant, le profit n'est pas le seul indicateur de l'état de l'entreprise. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu'en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l'entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement inadmissible, mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences négatives même pour l'efficacité économique de l'entreprise. En effet, le but de l'entreprise n'est pas uniquement la production du profit, mais l'existence même de l'entreprise comme communauté de personnes qui, de différentes manières, recherchent la satisfaction de leurs besoins fondamentaux et qui constituent un groupe particulier au service de la société tout entière. Le profit est un régulateur dans la vie de l'établissement mais il n'en est pas le seul ; il faut y ajouter la prise en compte d'autres facteurs humains et moraux qui, à long terme, sont au moins aussi essentiels pour la vie de l'entreprise.

On a vu que l'on ne peut accepter l'affirmation selon laquelle la défaite du « socialisme réel », comme on l'appelle, fait place au seul modèle capitaliste d'organisation économique. Il faut rompre les barrières et les monopoles qui maintiennent de nombreux peuples en marge du développement, assurer à tous les individus et à toutes les nations les conditions élémentaires qui permettent de participer au développement. Cet objectif requiert des efforts concertés et responsables de la part de toute la communauté internationale. Il convient que les pays les plus puissants sachent donner aux plus pauvres des possibilités d'insertion dans la vie internationale et que les pays les plus démunis sachent saisir ces possibilités, en consentant les efforts et les sacrifices nécessaires, en assurant la stabilité de leur organisation politique et de leur économie, la sûreté dans leurs perspectives d'avenir, l'augmentation du niveau des compétences de leurs travailleurs, la formation de dirigeants d'entreprises efficaces et conscients de leurs responsabilités.

Actuellement, sur les efforts constructifs qui sont accomplis dans ce domaine pèse le problème de la dette extérieure des pays les plus pauvres, problème encore en grande partie non résolu. Le principe que les dettes doivent être payées est assurément juste ; mais il n'est pas licite de demander et d'exiger un paiement quand cela reviendrait à imposer en fait des choix politiques de nature à pousser à la faim et au désespoir des populations entières. On ne saurait prétendre au paiement des dettes contractées si c'est au prix de sacrifices insupportables. Dans ces cas, il est nécessaire — comme du reste cela est entrain d'être partiellement fait — de trouver des modalités d'allégement, de report ou même d'extinction de la dette, compatibles avec le droit fondamental des peuples à leur subsistance et à leur progrès.

36. Il convient maintenant d'attirer l'attention sur les problèmes spécifiques et sur les menaces qui surgissent à l'intérieur des économies les plus avancées et qui sont liés à leurs caractéristiques particulières. Dans les étapes antérieures du développement, l'homme a toujours vécu sous l'emprise de la nécessité. Ses besoins étaient réduits, définis en quelque sorte par les seules structures objectives de sa constitution physique, et l'activité économique était conçue pour les satisfaire. Il est clair qu'aujourd'hui, le problème n'est pas seulement de lui offrir une quantité suffisante de biens, mais de répondre à une demande de qualité : qualité des marchandises à produire et à consommer ; qualité des services dont on doit disposer ; qualité du milieu et de la vie en général.

La demande d'une existence plus satisfaisante qualitativement et plus riche est en soi légitime. Mais on ne peut que mettre l'accent sur les responsabilités nouvelles et sur les dangers liés à cette étape de l'histoire. Dans la manière dont surgissent les besoins nouveaux et dont ils sont définis, intervient toujours une conception plus ou moins juste de l'homme et de son véritable bien. Dans les choix de la production et de la consommation, se manifeste une culture déterminée qui présente une conception d'ensemble de la vie. C'est là qu'apparaît lephénomène de la consommation. Quand on définit de nouveaux besoins et de nouvelles méthodes pour les satisfaire, il est nécessaire qu'on s'inspire d'une image intégrale de l'homme qui respecte toutes les dimensions de son être et subordonne les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles. Au contraire, si l'on se réfère directement à ses instincts et si l'on fait abstraction d'une façon ou de l'autre de sa réalité personnelle, consciente et libre, cela peut entraîner des habitudes de consommationet des styles de vie objectivement illégitimes, et souvent préjudiciables à sa santé physique et spirituelle. Le système économique ne comporte pas dans son propre cadre des critères qui permettent de distinguer correctement les formes nouvelles et les plus élevées de satisfaction des besoins humains et les besoins nouveaux induits qui empêchent la personnalité de parvenir à sa maturité. La nécessité et l'urgence apparaissent donc d'un vaste travail éducatif et culturel qui comprenne l'éducation des consommateurs à un usage responsable de leur pouvoir de choisir, la formation d'un sens aigu des responsabilités chez les producteurs, et surtout chez les professionnels des moyens de communication sociale, sans compter l'intervention nécessaire des pouvoirs publics.

La drogue constitue un cas évident de consommation artificielle, préjudiciable à la santé et à la dignité de l'homme, et, certes, difficile à contrôler. Sa diffusion est le signe d'un grave dysfonctionnement du système social qui suppose une « lecture » matérialiste et, en un sens, destructrice des besoins humains. Ainsi, les capacités d'innovation de l'économie libérale finissent par être mises en oeuvre de manière unilatérale et inappropriée. La drogue, et de même la pornographie et d'autres formes de consommation, exploitant la fragilité des faibles, cherchent à remplir le vide spirituel qui s'est produit.

Il n'est pas mauvais de vouloir vivre mieux, mais ce qui est mauvais, c'est le style de vie qui prétend être meilleur quand il est orienté vers l'avoir et non vers l'être, et quand on veut avoir plus, non pour être plus mais pour consommer l'existence avec une jouissance qui est à elle-même sa fin (75). Il est donc nécessaire de s'employer à modeler un style de vie dans lequel les éléments qui déterminent les choix de consommation, d'épargne et d'investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune. A ce propos, je ne puis m'en tenir à un rappel du devoir de la charité, c'est-à-dire du devoir de donner de son « superflu » et aussi parfois de son « nécessaire » pour subvenir à la vie du pauvre. Je pense au fait que même le choix d'investir en un lieu plutôt que dans un autre, dans un secteur de production plutôt qu'en un autre, est toujours un choix moral et culturel. Une fois réunies certaines conditions nécessaires dans les domaines de l'économie et de la stabilité politique, la décision d'investir, c'est-à-dire d'offrir à un peuple l'occasion de mettre en valeur son travail, est conditionnée également par une attitude de sympathie et par la confiance en la Providence qui révèlent la qualité humaine de celui qui prend la décision.

37. A côté du problème de la consommation, la question de l'écologie, qui lui est étroitement connexe, inspire autant d'inquiétude. L'homme, saisi par le désir d'avoir et de jouir plus que par celui d'être et de croître, consomme d'une manière excessive et désordonnée les ressources de la terre et sa vie même. A l'origine de la destruction insensée du milieu naturel, il y a une erreur anthropologique, malheureusement répandue à notre époque. L'homme, qui découvre sa capacité de transformer et en un sens de créer le monde par son travail, oublie que cela s'accomplit toujours à partir du premier don originel des choses fait par Dieu. Il croit pouvoir disposer arbitrairement de la terre, en la soumettant sans mesure à sa volonté, comme si elle n'avait pas une forme et une destination antérieures que Dieu lui a données, que l'homme peut développer mais qu'il ne doit pas trahir. Au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l'œuvre de la création, l'homme se substitue à Dieu et, ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui (76).

En cela, on remarque avant tout la pauvreté ou la mesquinerie du regard de l'homme, plus animé par le désir de posséder les choses que de les considérer par rapport à la vérité, et qui ne prend pas l'attitude désintéressée, faite de gratuité et de sens esthétique, suscitée par l'émerveillement pour l'être et pour la splendeur qui permet de percevoir dans les choses visibles le message de Dieu invisible qui les a créées. Dans ce domaine, l'humanité d'aujourd'hui doit avoir conscience de ses devoirs et de ses responsabilités envers les générations à venir.

38. En dehors de la destruction irrationnelle du milieu naturel, il faut rappeler ici la destruction encore plus grave du milieu humain, à laquelle on est cependant loin d'accorder l'attention voulue. Alors que l'on se préoccupe à juste titre, même si on est bien loin de ce qui serait nécessaire, de sauvegarder les habitats naturels des différentes espèces animales menacées d'extinction, parce qu'on se rend compte que chacune d'elles apporte sa contribution particulière à l'équilibre général de la terre, on s'engage trop peu dans la sauvegarde des conditions morales d'une « écologie humaine » authentique. Non seulement la terre a été donnée par Dieu à l'homme qui doit en faire usage dans le respect de l'intention primitive, bonne, dans laquelle elle a été donnée, mais l'homme, lui aussi, est donné par Dieu à lui-même et il doit donc respecter la structure naturelle et morale dont il a été doté. Dans ce contexte, il faut mentionner les problèmes graves posés par l'urbanisation moderne, la nécessité d'un urbanisme soucieux de la vie des personnes, de même que l'attention qu'il convient de porter à une « écologie sociale » du travail.

L'homme reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien. Toutefois, il est aussi conditionné par la structure sociale dans laquelle il vit, par l'éducation reçue et par son milieu. Ces éléments peuvent faciliter ou entraver sa vie selon la vérité. Les décisions grâce auxquelles se constitue un milieu humain peuvent créer des structures de péché spécifiques qui entravent le plein épanouissement de ceux qu'elles oppriment de différentes manières. Démanteler de telles structures et les remplacer par des formes plus authentiques de convivialité constitue une tâche qui requiert courage et patience (77).
39. La première structure fondamentale pour une « écologie humaine » est la famille, au sein de laquelle l'homme reçoit des premières notions déterminantes concernant la vérité et le bien, dans laquelle il apprend ce que signifie aimer et être aimé et, par conséquent, ce que veut dire concrètement être une personne. On pense ici à la famille fondée sur le mariage, où le don de soi réciproque de l'homme et de la femme crée un milieu de vie dans lequel l'enfant peut naître et épanouir ses capacités, devenir conscient de sa dignité et se préparer à affronter son destin unique et irremplaçable. Il arrive souvent, au contraire, que l'homme se décourage de réaliser les conditions authentiques de la reproduction humaine, et il est amené à se considérer lui-même et à considérer sa propre vie comme un ensemble de sensations à expérimenter et non comme une oeuvre à accomplir. Il en résulte un manque de liberté qui fait renoncer au devoir de se lier dans la stabilité avec une autre personne et d'engendrer des enfants, ou bien qui amène à considérer ceux-ci comme une de ces nombreuses « choses » que l'on peut avoir ou ne pas avoir, au gré de ses goûts, et qui entrent en concurrence avec d'autres possibilités.

Il faut en revenir à considérer la famille comme le sanctuaire de la vie. En effet, elle est sacrée, elle est le lieu où la vie, don de Dieu, peut être convenablement accueillie et protégée contre les nombreuses attaques auxquelles elle est exposée, le lieu où elle peut se développer suivant les exigences d'une croissance humaine authentique. Contre ce qu'on appelle la culture de la mort, la famille constitue le lieu de la culture de la vie.

Dans ce domaine, le génie de l'homme semble s'employer plus à limiter, à supprimer ou à annuler les sources de la vie, en recourant même à l'avortement, malheureusement très diffusé dans le monde, qu'à défendre et à élargir les possibilités de la vie elle-même. Dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis, ont été dénoncées les campagnes systématiques contre la natalité qui, fondées sur une conception faussée du problème démographique dans un climat de « manque absolu de respect pour la liberté de décision des personnes intéressées », les soumettent fréquemment « à d'intolérables pressions [...] pour les plier à cette forme nouvelle d'oppression » (78). Il s'agit de politiques qui étendent leur champ d'action avec des techniques nouvelles jusqu'à parvenir, comme dans une « guerre chimique », à empoisonner la vie de millions d'êtres humains sans défense.

Ces critiques s'adressent moins à un système économique qu'à un système éthique et culturel. En effet, l'économie n'est qu'un aspect et une dimension dans la complexité de l'activité humaine. Si elle devient un absolu, si la production et la consommation des marchandises finissent par occuper le centre de la vie sociale et deviennent la seule valeur de la société, soumise à aucune autre, il faut en chercher la cause non seulement et non tant dans le système économique lui-même, mais dans le fait que le système socio-culturel, ignorant la dimension éthique et religieuse, s'est affaibli et se réduit alors à la production des biens et des services (79).

On peut résumer tout cela en réaffirmant, une fois encore, que la liberté économique n'est qu'un élément de la liberté humaine. Quand elle se rend autonome, quand l'homme est considéré plus comme un producteur ou un consommateur de biens que comme un sujet qui produit et consomme pour vivre, alors elle perd sa juste relation avec la personne humaine et finit par l'aliéner et par l'opprimer (80).

40. L'Etat a le devoir d'assurer la défense et la protection des biens collectifs que sont le milieu naturel et le milieu humain dont la sauvegarde ne peut être obtenue par les seuls mécanismes du marché. Comme, aux temps de l'ancien capitalisme, l'Etat avait le devoir de défendre les droits fondamentaux du travail, de même, avec le nouveau capitalisme, il doit, ainsi que la société, défendre les biens collectifsqui, entre autres, constituent le cadre à l'intérieur duquel il est possible à chacun d'atteindre légitimement ses fins personnelles.

On retrouve ici une nouvelle limite du marché : il y a des besoins collectifs et qualitatifs qui ne peuvent être satisfaits par ses mécanismes ; il y a des nécessités humaines importantes qui échappent à sa logique ; il y a des biens qui, en raison de leur nature, ne peuvent ni ne doivent être vendus ou achetés. Certes, les mécanismes du marché présentent des avantages solides : entre autres, ils aident à mieux utiliser les ressources ; ils favorisent les échanges de produits ; et, surtout, ils placent au centre la volonté et les préférences de la personne, qui, dans un contrat, rencontrent celles d'une autre personne. Toutefois, ils comportent le risque d'une « idolâtrie » du marché qui ignore l'existence des biens qui, par leur nature, ne sont et ne peuvent être de simples marchandises.

41. Le marxisme a critiqué les sociétés capitalistes bourgeoises, leur reprochant d'aliéner l'existence humaine et d'en faire une marchandise. Ce reproche se fonde assurément sur une conception erronée et inappropriée de l'aliénation, qui la fait dépendre uniquement de la sphère des rapports de production et de propriété, c'est-à-dire qu'il lui attribue un fondement matérialiste et, de plus, nie la légitimité et le caractère positif des relations du marché même dans leur propre domaine. On en vient ainsi à affirmer que l'aliénation ne peut être éliminée que dans une société de type collectiviste. Or, l'expérience historique des pays socialistes a tristement fait la preuve que le collectivisme non seulement ne supprime pas l'aliénation, mais l'augmente plutôt, car il y ajoute la pénurie des biens nécessaires et l'inefficacité économique.

L'expérience historique de l'Occident, de son côté, montre que, même si l'analyse marxiste de l'aliénation et ses fondements sont faux, l'aliénation avec la perte du sens authentique de l'existence est également une réalité dans les sociétés occidentales. On le constate au niveau de la consommation lorsqu'elle engage l'homme dans un réseau de satisfactions superficielles et fausses, au lieu de l'aider à faire l'expérience authentique et concrète de sa personnalité. Elle se retrouve aussi dans le travail, lorsqu'il est organisé de manière à ne valoriser que ses productions et ses revenus sans se soucier de savoir si le travailleur, par son travail, s'épanouit plus ou moins en son humanité, selon qu'augmente l'intensité de sa participation à une véritable communauté solidaire, ou bien que s'aggrave son isolement au sein d'un ensemble de relations caractérisé par une compétitivité exaspérée et des exclusions réciproques, où il n'est considéré que comme un moyen, et non comme une fin.

Il est nécessaire de rapprocher le concept d'aliénation de la vision chrétienne des choses, pour y déceler l'inversion entre les moyens et les fins : quand il ne reconnaît pas la valeur et la grandeur de la personne en lui-même et dans l'autre, l'homme se prive de la possibilité de jouir convenablement de son humanité et d'entrer dans les relations de solidarité et de communion avec les autres hommes pour lesquelles Dieu l'a créé. En effet, c'est par le libre don de soi que l'homme devient authentiquement lui-même (81), et ce don est rendu possible parce que la personne humaine est essentiellement « capable de transcendance ». L'homme ne peut se donner à un projet seulement humain sur la réalité, à un idéal abstrait ou à de fausses utopies. En tant que personne, il peut se donner à une autre personne ou à d'autres personnes et, finalement, à Dieu qui est l'auteur de son être et qui, seul, peut accueillir pleinement ce don (82). L'homme est aliéné quand il refuse de se transcender et de vivre l'expérience du don de soi et de la formation d'une communauté humaine authentique orientée vers sa fin dernière qu'est Dieu. Une société est aliénée quand, dans les formes de son organisation sociale, de la production et de la consommation, elle rend plus difficile la réalisation de ce don et la constitution de cette solidarité entre hommes.

Dans la société occidentale, l'exploitation a été surmontée, du moins sous la forme analysée et décrite par Karl Marx. Cependant, l'aliénation n'a pas été surmontée dans les diverses formes d'exploitation lorsque les hommes tirent profit les uns des autres et que, avec la satisfaction toujours plus raffinée de leurs besoins particuliers et secondaires, ils se rendent sourds à leurs besoins essentiels et authentiques qui doivent régir aussi les modalités de la satisfaction des autres besoins (83). L'homme ne peut pas être libre s'il se préoccupe seulement ou surtout de l'avoir et de la jouissance, au point de n'être plus capable de dominer ses instincts et ses passions, ni de les unifier ou de les maîtriser par l'obéissance à la vérité. L'obéissance à la vérité de Dieu et de l'hommeest pour lui la condition première de la liberté et lui permet d'ordonner ses besoins, ses désirs et les manières de les satisfaire suivant une juste hiérarchie, de telle sorte que la possession des choses soit pour lui un moyen de grandir. Cette croissance peut être entravée du fait de la manipulation par les médias qui imposent, au moyen d'une insistance bien orchestrée, des modes et des mouvements d'opinion, sans qu'il soit possible de soumettre à une critique attentive les prémisses sur lesquelles ils sont fondés.

42. En revenant maintenant à la question initiale, peut-on dire que, après l'échec du communisme, le capitalisme est le système social qui l'emporte et que c'est vers lui que s'orientent les efforts des pays qui cherchent à reconstruire leur économie et leur société ? Est-ce ce modèle qu'il faut proposer aux pays du Tiers-Monde qui cherchent la voie du vrai progrès de leur économie et de leur société civile ?
La réponse est évidemment complexe. Si sous le nom de « capitalisme » on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l'entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu'elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive, même s'il serait peut-être plus approprié de parler d'« économie d'entreprise », ou d'« économie de marché », ou simplement d'« économie libre ». Mais si par « capitalisme » on entend un système où la liberté dans le domaine économique n'est pas encadrée par un contexte juridique ferme qui la met au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière, dont l'axe est d'ordre éthique et religieux, alors la réponse est nettement négative.

La solution marxiste a échoué, mais des phénomènes de marginalisation et d'exploitation demeurent dans le monde, spécialement dans le Tiers-Monde, de même que des phénomènes d'aliénation humaine, spécialement dans les pays les plus avancés, contre lesquels la voix de l'Eglise s'élève avec fermeté. Des foules importantes vivent encore dans des conditions de profonde misère matérielle et morale. Certes, la chute du système communiste élimine dans de nombreux pays un obstacle pour le traitement approprié et réaliste de ces problèmes, mais cela ne suffit pas à les résoudre. Il y a même un risque de voir se répandre une idéologie radicale de type capitaliste qui refuse jusqu'à leur prise en considération, admettant a priori que toute tentative d'y faire face directement est vouée à l'insuccès, et qui, par principe, en attend la solution du libre développement des forces du marché.

43. L'Eglise n'a pas de modèle à proposer. Les modèles véritables et réellement efficaces ne peuvent être conçus que dans le cadre des différentes situations historiques, par l'effort de tous les responsables qui font face aux problèmes concrets sous tous leurs aspects sociaux, économiques, politiques et culturels imbriqués les uns avec les autres (84). Face à ces responsabilités, l'Eglise présente, comme orientation intellectuelle indispensable, sa doctrine sociale qui — ainsi qu'il a été dit — reconnaît le caractère positif du marché et de l'entreprise, mais qui souligne en même temps la nécessité de leur orientation vers le bien commun. Cette doctrine reconnaît aussi la légitimité des efforts des travailleurs pour obtenir le plein respect de leur dignité et une participation plus large à la vie de l'entreprise, de manière que, tout en travaillant avec d'autres et sous la direction d'autres personnes, ils puissent en un sens travailler « à leur compte» (85), en exerçant leur intelligence et leur liberté.

Le développement intégral de la personne humaine dans le travail ne contredit pas, mais favorise plutôt, une meilleure productivité et une meilleure efficacité du travail lui-même, même si cela peut affaiblir les centres du pouvoir établi. L'entreprise ne peut être considérée seulement comme une « société de capital » ; elle est en même temps une « société de personnes » dans laquelle entrent de différentes manières et avec des responsabilités spécifiques ceux qui fournissent le capital nécessaire à son activité et ceux qui y collaborent par leur travail. Pour atteindre ces objectifs, un vaste mouvement associatif des travailleurs est encore nécessaire, dont le but est la libération et la promotion intégrale de la personne.

On a relu, à la lumière des « choses nouvelles » d'aujourd'hui, le rapport entre la propriété individuelle, ou privée, et la destination universelle des biens. L'homme s'épanouit par son intelligence et sa liberté, et, ce faisant, il prend comme objet et comme instrument les éléments du monde et il se les approprie. Le fondement du droit d'initiative et de propriété individuelle réside dans cette nature de son action. Par son travail, l'homme se dépense non seulement pour lui-même, mais aussi pour les autres et avec les autres : chacun collabore au travail et au bien d'autrui. L'homme travaille pour subvenir aux besoins de sa famille, de la communauté à laquelle il appartient, de la nation et, en définitive, de l'humanité entière (86). En outre, il collabore au travail des autres personnes qui exercent leur activité dans la même entreprise, de même qu'au travail des fournisseurs et à la consommation des clients, dans une chaîne de solidarité qui s'étend progressivement. La propriété des moyens de production, tant dans le domaine industriel qu'agricole, est juste et légitime, si elle permet un travail utile ; au contraire, elle devient illégitime quand elle n'est pas valorisée ou quand elle sert à empêcher le travail des autres pour obtenir un gain qui ne provient pas du développement d'ensemble du travail et de la richesse sociale, mais plutôt de leur limitation, de l'exploitation illicite, de la spéculation et de la rupture de la solidarité dans le monde du travail (87). Ce type de propriété n'a aucune justification et constitue un abus devant Dieu et devant les hommes.

L'obligation de gagner son pain à la sueur de son front suppose en même temps un droit. Une société dans laquelle ce droit serait systématiquement nié, dans laquelle les mesures de politique économique ne permettraient pas aux travailleurs d'atteindre un niveau satisfaisant d'emploi, ne peut ni obtenir sa légitimation éthique ni assurer la paix sociale. De même que la personne se réalise pleinement dans le libre don de soi, de même la propriété se justifie moralement dans la création, suivant les modalités et les rythmes appropriés, de possibilités d'emploi et de développement humain pour tous.

V. L'ETAT ET LA CULTURE

44. Léon XIII n'ignorait pas qu'il faut une saine théorie de l'Etat pour assurer le développement normal des activités humaines, des activités spirituelles et matérielles, indispensables les unes et les autres (89). A ce sujet, dans un passage de Rerum novarum, il expose l'organisation de la société en trois pouvoirs — législatif, exécutif et judiciaire —, et cela représentait alors une nouveauté dans l'enseignement de l'Eglise (90). Cette structure reflète une conception réaliste de la nature sociale de l'homme qui requiert une législation adaptée pour protéger la liberté de tous. Dans cette perspective, il est préférable que tout pouvoir soit équilibré par d'autres pouvoirs et par d'autres compétences qui le maintiennent dans de justes limites. C'est là le principe de l'« Etat de droit », dans lequel la souveraineté appartient à la loi et non pas aux volontés arbitraires des hommes.

A l'époque moderne, contre cette conception s'est dressé le totalitarisme qui, dans sa forme marxiste-léniniste, considère que quelques hommes, en vertu d'une connaissance plus approfondie des lois du développement de la société, ou à cause de leur appartenance particulière de classe et de leur proximité des sources les plus vives de la conscience collective, sont exempts d'erreur et peuvent donc s'arroger l'exercice d'un pouvoir absolu. Il faut ajouter que le totalitarisme naît de la négation de la vérité au sens objectif du terme : s'il n'existe pas de vérité transcendante, par l'obéissance à laquelle l'homme acquiert sa pleine identité, dans ces conditions, il n'existe aucun principe sûr pour garantir des rapports justes entre les hommes. Leurs intérêts de classe, de groupe ou de nation les opposent inévitablement les uns aux autres. Si la vérité transcendante n'est pas reconnue, la force du pouvoir triomphe, et chacun tend à utiliser jusqu'au bout les moyens dont il dispose pour faire prévaloir ses intérêts ou ses opinions, sans considération pour les droits des autres. Alors l'homme n'est respecté que dans la mesure où il est possible de l'utiliser aux fins d'une prépondérance égoïste. Il faut donc situer la racine du totalitarisme moderne dans la négation de la dignité transcendante de la personne humaine, image visible du Dieu invisible et, précisément pour cela, de par sa nature même, sujet de droits que personne ne peut violer, ni l'individu, ni le groupe, ni la classe, ni la nation, ni l'Etat. La majorité d'un corps social ne peut pas non plus le faire, en se dressant contre la minorité pour la marginaliser, l'opprimer, l'exploiter, ou pour tenter de l'anéantir (91).

45. La culture et la pratique du totalitarisme comportent aussi la négation de l'Eglise. L'Etat, ou le parti, qui considère qu'il peut réaliser dans l'histoire le bien absolu et qui se met lui-même au-dessus de toutes les valeurs, ne peut tolérer que l'on défende un critère objectif du bien et du mal qui soit différent de la volonté des gouvernants et qui, dans certaines circonstances, puisse servir à porter un jugement sur leur comportement. Cela explique pourquoi le totalitarisme cherche à détruire l'Eglise ou du moins à l'assujettir, en en faisant un instrument de son propre système idéologique (92).

L'Etat totalitaire, d'autre part, tend à absorber la nation, la société, la famille, les communautés religieuses et les personnes elles-mêmes. En défendant sa liberté, l'Eglise défend la personne, qui doit obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (cf. Ac 5, 29), la famille, les différentes organisations sociales et les nations, réalités qui jouissent toutes d'un domaine propre d'autonomie et de souveraineté.

46. L'Eglise apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun (93). Cependant, l'Eglise ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir de l'Etat au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques.

Une démocratie authentique n'est possible que dans un Etat de droit et sur la base d'une conception correcte de la personne humaine. Elle requiert la réalisation des conditions nécessaires pour la promotion des personnes, par l'éducation et la formation à un vrai idéal, et aussi l'épanouissement de la « personnalité » de la société, par la création de structures de participation et de coresponsabilité. On tend à affirmer aujourd'hui que l'agnosticisme et le relativisme sceptique représentent la philosophie et l'attitude fondamentale accordées aux formes démocratiques de la vie politique, et que ceux qui sont convaincus de connaître la vérité et qui lui donnent une ferme adhésion ne sont pas dignes de confiance du point de vue démocratique, parce qu'ils n'acceptent pas que la vérité soit déterminée par la majorité, ou bien qu'elle diffère selon les divers équilibres politiques. A ce propos, il faut observer que, s'il n'existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l'action politique, les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire.

Et l'Eglise n'ignore pas le danger du fanatisme, ou du fondamentalisme, de ceux qui, au nom d'une idéologie qui se prétend scientifique ou religieuse, estiment pouvoir imposer aux autres hommes leur conception de la vérité et du bien. La vérité chrétiennen'est pas de cette nature. N'étant pas une idéologie, la foi chrétienne ne cherche nullement à enfermer dans le cadre d'un modèle rigide la changeante réalité sociale et politique et elle admet que la vie de l'homme se réalise dans l'histoire de manières diverses et imparfaites. Cependant l'Eglise, en réaffirmant constamment la dignité transcendante de la personne, adopte comme règle d'action le respect de la liberté (94).

Mais la liberté n'est pleinement mise en valeur que par l'accueil de la vérité : en un monde sans vérité, la liberté perd sa consistance et l'homme est soumis à la violence des passions et à des conditionnements apparents ou occultes. Le chrétien vit la liberté (cf. Jn 8, 31-32) et il se met au service de la liberté, il propose constamment, en fonction de la nature missionnaire de sa vocation, la vérité qu'il a découverte. Dans le dialogue avec les autres, attentif à tout élément de la vérité qu'il découvre dans l'expérience de la vie et de la culture des personnes et des nations, il ne renoncera pas à affirmer tout ce que sa foi et un sain exercice de la raison lui ont fait connaître.

47. Après la chute du totalitarisme communiste et de nombreux autres régimes totalitaires et de « sécurité nationale », on assiste actuellement, non sans conflits, au succès de l'idéal démocratique dans le monde, allant de pair avec une grande attention et une vive sollicitude pour les droits de l'homme. Mais précisément pour aller dans ce sens, il est nécessaire que les peuples qui sont en train de réformer leurs institutions donnent à la démocratie un fondement authentique et solide grâce à la reconnaissance explicite de ces droits (96). Parmi les principaux, il faut rappeler le droit à la vie dont fait partie intégrante le droit de grandir dans le sein de sa mère après la conception ; puis le droit de vivre dans une famille unie et dans un climat moral favorable au développement de sa personnalité ; le droit d'épanouir son intelligence et sa liberté par la recherche et la connaissance de la vérité ; le droit de participer au travail de mise en valeur des biens de la terre et d'en tirer sa subsistance et celle de ses proches ; le droit de fonder librement une famille, d'accueillir et d'élever des enfants, en exerçant de manière responsable sa sexualité. En un sens, la source et la synthèse de ces droits, c'est la liberté religieuse, entendue comme le droit de vivre dans la vérité de sa foi et conformément à la dignité transcendante de sa personne (97).

Même dans les pays qui connaissent des formes de gouvernement démocratique, ces droits ne sont pas toujours entièrement respectés. Et l'on ne pense pas seulement au scandale de l'avortement, mais aussi aux divers aspects d'une crise des systèmes démocratiques qui semblent avoir parfois altéré la capacité de prendre des décisions en fonction du bien commun. Les requêtes qui viennent de la société ne sont pas toujours examinées selon les critères de la justice et de la moralité, mais plutôt d'après l'influence électorale ou le poids financier des groupes qui les soutiennent. De telles déviations des mœurs politiques finissent par provoquer la défiance et l'apathie, et par entraîner une baisse de la participation politique et de l'esprit civique de la population, qui se sent atteinte et déçue. Il en résulte une incapacité croissante à situer les intérêts privés dans le cadre d'une conception cohérente du bien commun. Celui-ci, en effet, n'est pas seulement la somme des intérêts particuliers, mais il suppose qu'on les évalue et qu'on les harmonise en fonction d'une hiérarchie des valeurs équilibrée et, en dernière analyse, d'une conception correcte de la dignité et des droits de la personne (98).

L'Eglise respecte l'autonomie légitime de l'ordre démocratique et elle n'a pas qualité pour exprimer une préférence de l'une ou l'autre solution institutionnelle ou constitutionnelle. La contribution qu'elle offre à ce titre est justement celle de sa conception de la dignité de la personne qui apparaît en toute plénitude dans le mystère du Verbe incarné (99).

48. Ces considérations d'ordre général rejaillissent également sur le rôle de l'Etat dans le secteur économique. L'activité économique, en particulier celle de l'économie de marché, ne peut se dérouler dans un vide institutionnel, juridique et politique. Elle suppose, au contraire, que soient assurées les garanties des libertés individuelles et de la propriété, sans compter une monnaie stable et des services publics efficaces. Le devoir essentiel de l'Etat est cependant d'assurer ces garanties, afin que ceux qui travaillent et qui produisent puissent jouir du fruit de leur travail et donc se sentir stimulés à l'accomplir avec efficacité et honnêteté. L'un des principaux obstacles au développement et au bon ordre économiques est le défaut de sécurité, accompagné de la corruption des pouvoirs publics et de la multiplication de manières impropres de s'enrichir et de réaliser des profits faciles en recourant à des activités illégales ou purement spéculatives.

L'Etat a par ailleurs le devoir de surveiller et de conduire l'application des droits humains dans le secteur économique ; dans ce domaine, toutefois, la première responsabilité ne revient pas à l'Etat mais aux individus et aux différents groupes ou associations qui composent la société. L'Etat ne pourrait pas assurer directement l'exercice du droit au travail de tous les citoyens sans contrôler toute la vie économique et entraver la liberté des initiatives individuelles. Cependant, cela ne veut pas dire qu'il n'ait aucune compétence dans ce secteur, comme l'ont affirmé ceux qui prônent l'absence totale de règles dans le domaine économique. Au contraire, l'Etat a le devoir de soutenir l'activité des entreprises en créant les conditions qui permettent d'offrir des emplois, en la stimulant dans les cas où elle reste insuffisante ou en la soutenant dans les périodes de crise.

L'Etat a aussi le droit d'intervenir lorsque des situations particulières de monopole pourraient freiner ou empêcher le développement. Mais, à part ces rôles d'harmonisation et d'orientation du développement, il peut remplir des fonctions de suppléancedans des situations exceptionnelles, lorsque des groupes sociaux ou des ensembles d'entreprises trop faibles ou en cours de constitution ne sont pas à la hauteur de leurs tâches. Ces interventions de suppléance, que justifie l'urgence d'agir pour le bien commun, doivent être limitées dans le temps, autant que possible, pour ne pas enlever de manière stable à ces groupes ou à ces entreprises les compétences qui leur appartiennent et pour ne pas étendre à l'excès le cadre de l'action de l'Etat, en portant atteinte à la liberté économique ou civile.
On a assisté, récemment, à un important élargissement du cadre de ces interventions, ce qui a amené à constituer, en quelque sorte, un Etat de type nouveau, l'« Etat du bien-être ». Ces développements ont eu lieu dans certains Etats pour mieux répondre à beaucoup de besoins, en remédiant à des formes de pauvreté et de privation indignes de la personne humaine. Cependant, au cours de ces dernières années en particulier, des excès ou des abus assez nombreux ont provoqué des critiques sévères de l'Etat du bien-être, que l'on a appelé l'« Etat de l'assistance ». Les dysfonctionnements et les défauts des soutiens publics proviennent d'une conception inappropriée des devoirs spécifiques de l'Etat. Dans ce cadre, il convient de respecter également le principe de subsidiarité: une société d'ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d'une société d'un ordre inférieur, en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l'aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun (100).

En intervenant directement et en privant la société de ses responsabilités, l'Etat de l'assistance provoque la déperdition des forces humaines, l'hypertrophie des appareils publics, animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d'être au service des usagers, avec une croissance énorme des dépenses. En effet, il semble que les besoins soient mieux connus par ceux qui en sont plus proches ou qui savent s'en rapprocher, et que ceux-ci soient plus à même d'y répondre. On ajoutera que souvent certains types de besoins appellent une réponse qui ne soit pas seulement d'ordre matériel mais qui sache percevoir la requête humaine plus profonde. Que l'on pense aussi aux conditions que connaissent les réfugiés, les immigrés, les personnes âgées ou malades, et aux diverses conditions qui requièrent une assistance, comme dans le cas des toxicomanes, toutes personnes qui ne peuvent être efficacement aidées que par ceux qui leur apportent non seulement les soins nécessaires, mais aussi un soutien sincèrement fraternel.

49. Dans ce domaine, l'Eglise, fidèle au commandement du Christ, son Fondateur, a toujours été présente par ses œuvres conçues pour offrir à l'homme dans le besoin un soutien matériel qui ne l'humilie pas et qui ne le réduise pas à l'état de sujet assisté, mais qui l'aide à sortir de ses conditions précaires en l'affermissant dans sa dignité de personne. Dans une fervente action de grâce, il faut souligner que la charité active ne s'est jamais éteinte dans l'Eglise, et même qu'elle connaît aujourd'hui une progression réconfortante sous de multiples formes. A cet égard, une mention particulière est due au phénomène du volontariat que l'Eglise encourage et promeut en demandant à tous leur collaboration pour le soutenir et l'encourager dans ses initiatives.

Pour dépasser la mentalité individualiste répandue aujourd'hui, il faut un engagement concret de solidarité et de charité qui commence à l'intérieur de la famille par le soutien mutuel des époux, puis s'exerce par la prise en charge des générations les unes par les autres. C'est ainsi que la famille se définit comme une communauté de travail et de solidarité. Cependant, il arrive que, lorsque la famille décide de répondre pleinement à sa vocation, elle se trouve privée de l'appui nécessaire de la part de l'Etat, et elle ne dispose pas de ressources suffisantes. Il est urgent de promouvoir non seulement des politiques de la famille, mais aussi des politiques sociales qui aient comme principal objectif la famille elle-même, en l'aidant, par l'affectation de ressources convenables et de moyens efficaces de soutien, tant dans l'éducation des enfants que dans la prise en charge des anciens, afin d'éviter à ces derniers l'éloignement de leur noyau familial et de renforcer les liens entre les générations (101).

A part la famille, d'autres groupes sociaux intermédiaires remplissent des rôles primaires et mettent en œuvre des réseaux de solidarité spécifiques. Ces groupes acquièrent la maturité de vraies communautés de personnes et innervent le tissu social, en l'empêchant de tomber dans l'impersonnalité et l'anonymat de la masse, malheureusement trop fréquents dans la société moderne. C'est dans l'entrecroisement des relations multiples que vit la personne et que progresse la « personnalité » de la société. L'individu est souvent écrasé aujourd'hui entre les deux pôles de l'Etat et du marché. En effet, il semble parfois n'exister que comme producteur et comme consommateur de marchandises, ou comme administré de l'Etat, alors qu'on oublie que la convivialité n'a pour fin ni l'Etat ni le marché, car elle possède en elle-même une valeur unique que l'Etat et le marché doivent servir. L'homme est avant tout un être qui cherche la vérité et qui s'efforce de vivre selon cette vérité, de l'approfondir dans un dialogue constant qui implique les générations passées et à venir (102).

50. La culture de la nationest caractérisée par la recherche ouverte de la vérité qui se renouvelle à chaque génération. En effet, le patrimoine des valeurs transmises et acquises est assez souvent soumis à la contestation par les jeunes. Contester, il est vrai, ne signifie pas nécessairement détruire ou refuser a priori, mais cela vent dire surtout mettre à l'épreuve dans sa propre vie et, par une telle vérification existentielle, rendre ces valeurs plus vivantes, plus actuelles et plus personnelles, en distinguant dans la tradition ce qui est valable de ce qui est faux ou erroné, ou des formes vieillies qui peuvent être remplacées par d'autres plus appropriées à l'époque présente.

A ce propos, il convient de rappeler que l'évangélisation s'insère dans la culture des nations, en affermissant sa recherche de la vérité et en l'aidant à accomplir son travail de purification et d'approfondissement (103). Cependant, quand une culture se ferme sur elle-même et cherche à perpétuer des manières de vivre vieillies, en refusant tout échange et toute confrontation au sujet de la vérité de l'homme, elle devient stérile et va vers la décadence.

51. Toute l'activité humaine se situe à l'intérieur d'une culture et réagit par rapport à celle-ci. Pour que cette culture soit constituée comme il convient, il faut que tout l'homme soit impliqué, qu'il y développe sa créativité, son intelligence, sa connaissance du monde et des hommes. En outre, il y investit ses capacités de maîtrise de soi, de sacrifice personnel, de solidarité et de disponibilité pour promouvoir le bien commun. Pour cela, la première et la plus importante des tâches s'accomplit dans le cœur de l'homme, et la manière dont l'homme se consacre à la construction de son avenir dépend de la conception qu'il a de lui-même et de son destin. C'est à ce niveau que se situe la contribution spécifique et décisive de l'Eglise à la véritable culture. Elle favorise la qualité des comportements humains qui contribuent à former une culture de la paix, à l'encontre des modèles culturels qui absorbent l'homme dans la masse, méconnaissent le rôle de son initiative et de sa liberté et ne situent sa grandeur que dans les techniques conflictuelles et guerrières. L'Eglise rend ce service en prêchant la vérité sur la création du monde que Dieu a mise entre les mains des hommes pour la rendre féconde et la parfaire par leur travail, et en prêchant la vérité sur la rédemption par laquelle le Fils de Dieu a sauvé tous les hommes et, en même temps, les a unis les uns aux autres, les rendant responsables les uns des autres. La Sainte Ecriture nous parle constamment d'un engagement actif en faveur d'autrui et nous présente l'exigence d'une coresponsabilité qui doit impliquer tous les hommes.
Cette exigence ne s'arrête pas aux limites de la famille, ni même du peuple ou de l'Etat, mais elle concerne progressivement toute l'humanité, de telle sorte qu'aucun homme ne doit se considérer comme étranger ou indifférent au sort d'un autre membre de la famille humaine. Aucun homme ne peut affirmer qu'il n'est pas responsable du sort de son frère (cf. Gn 4, 9 ; Lc 10, 29-37 ; Mt 25, 31-46) ! Une sollicitude attentive et dévouée à l'égard du prochain au moment même où il en a besoin — facilitée aujourd'hui par les nouveaux moyens de communication sociale qui ont rendu les hommes plus proches les uns des autres — présente une importance particulière pour la recherche de modes de résolution, autres que la guerre, des conflits internationaux. Il n'est pas difficile d'affirmer que la puissance terrifiante des moyens de destruction, accessibles même aux petites et moyennes puissances, ainsi que les relations toujours plus étroites existant entre les peuples de toute la terre, rendent la limitation des conséquences d'un conflit très ardue ou pratiquement impossible.

52. Le Pape Benoît XV et ses successeurs ont clairement compris ce danger (104), et moi-même, à l'occasion de la récente et dramatique guerre du Golfe persique, j'ai repris le cri : « Jamais plus la guerre ! ». Non, jamais plus la guerre, qui détruit la vie des innocents, qui apprend à tuer et qui bouleverse également la vie de ceux qui tuent, qui laisse derrière elle une traînée de rancoeurs et de haines, rendant plus difficile la juste solution des problèmes mêmes qui l'ont provoquée! De même qu'à l'intérieur des Etats est finalement venu le temps où le système de la vengeance privée et des représailles a été remplacé par l'autorité de la loi, de même il est maintenant urgent qu'un semblable progrès soit réalisé dans la communauté internationale. D'autre part, il ne faut pas oublier qu'aux racines de la guerre il y a généralement des motifs réels et graves: des injustices subies, la frustration d'aspirations légitimes, la misère et l'exploitation de foules humaines désespérées qui ne voient pas la possibilité effective d'améliorer leurs conditions de vie par des moyens pacifiques.

C'est pourquoi l'autre nom de la paix est le développement (105). Il y a une responsabilité collective pour éviter la guerre, il y a de même une responsabilité collective pour promouvoir le développement. Sur le plan intérieur, il est possible, et c'est un devoir, de construire une économie sociale qui oriente son fonctionnement dans le sens du bien commun ; des interventions appropriées sont également nécessaires pour cela sur le plan international. Il faut donc consentir un vaste effort de compréhension mutuelle, de connaissance mutuelle et de sensibilisation des consciences. C'est là la culture désirée qui fait progresser la confiance dans les capacités humaines du pauvre et donc dans ses possibilités d'améliorer ses conditions de vie par son travail, ou d'apporter une contribution positive à la prospérité économique. Mais pour y parvenir, le pauvre — individu ou nation — a besoin de se voir offrir des conditions de vie favorables concrètement accessibles. Créer de telles conditions, c'est le but d'une concertation mondiale pour le développement qui suppose même le sacrifice de positions avantageuses de revenu et de puissance dont se prévalent les économies les plus développées (106).

Cela peut comporter d'importants changements dans les styles de vie établis, afin de limiter le gaspillage des ressources naturelles et des ressources humaines, pour permettre à tous les peuples et à tous les hommes sur la terre d'en disposer dans une mesure convenable. Il faut ajouter à cela la mise en valeur de nouveaux biens matériels et spirituels, fruits du travail et de la culture des peuples aujourd'hui marginalisés, arrivant ainsi à l'enrichissement humain global de la famille des nations.

VI. L'HOMME EST LA ROUTE DE L'EGLISE

53. Face à la misère du prolétariat, Léon XIII disait : « C'est avec assurance que Nous abordons ce sujet, et dans toute la plénitude de notre droit. [...] Nous taire serait aux yeux de tous négliger notre devoir » (107). Au cours des cent dernières années, l'Eglise a manifesté sa pensée à maintes reprises, suivant de près l'évolution continue de la question sociale, et elle ne l'a certes pas fait pour retrouver des privilèges du passé ou pour imposer son point de vue. Son but unique a été d'exercer sa sollicitude et ses responsabilités à l'égard de l'homme qui lui a été confié par le Christ lui-même, cet homme qui, comme le rappelle le deuxième Concile du Vatican, est la seule créature sur terre que Dieu ait voulue pour elle-même et pour lequel Dieu a son projet, à savoir la participation au salut éternel. Il ne s'agit pas de l'homme « abstrait », mais réel, de l'homme « concret », « historique ». Il s'agit de chaque homme, parce que chacun a été inclus dans le mystère de la Rédemption, et Jésus- Christ s'est uni à chacun, pour toujours, à travers ce mystère (108). Il s'ensuit que l'Eglise ne peut abandonner l'homme et que « cet homme est la première route que l'Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission [...], route tracée par le Christ lui-même, route qui, de façon immuable, passe par le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption » (109).

Tel est le principe, et le principe unique, qui inspire la doctrine sociale de l'Eglise. Si celle-ci a progressivement élaboré cette doctrine d'une manière systématique, surtout à partir de la date que nous commémorons, c'est parce que toute la richesse doctrinale de l'Eglise a pour horizon l'homme dans sa réalité concrète de pécheur et de juste.

54. La doctrine sociale, aujourd'hui surtout, s'occupe de l'homme en tant qu'intégré dans le réseau complexe de relations des sociétés modernes. Les sciences humaines et la philosophie aident à bien saisir que l'homme est situé au centre de la société et à le mettre en mesure de mieux se comprendre lui- même en tant qu'«être social ». Mais seule la foi lui révèle pleinement sa véritable identité, et elle est précisément le point de départ de la doctrine sociale de l'Eglise qui, en s'appuyant sur tout ce que lui apportent les sciences et la philosophie, se propose d'assister l'homme sur le chemin du salut.

L'encyclique Rerum novarum peut être considérée comme un apport important à l'analyse socio-économique de la fin du XIXème siècle, mais sa valeur particulière lui vient de ce qu'elle est un document du magistère qui s'inscrit bien dans la mission évangélisatrice de l'Eglise en même temps que beaucoup d'autres documents de cette nature. On en déduit que la doctrine sociale a par elle-même la valeur d'un instrument d'évangélisation : en tant que telle, à tout homme elle annonce Dieu et le mystère du salut dans le Christ, et, pour la même raison, elle révèle l'homme à lui-même. Sous cet éclairage, et seulement sous cet éclairage, elle s'occupe du reste : les droits humains de chacun et en particulier du « prolétariat », la famille et l'éducation, les devoirs de l'Etat, l'organisation de la société nationale et internationale, la vie économique, la culture, la guerre et la paix, le respect de la vie depuis le moment de la conception jusqu'à la mort.

55. L'Eglise reçoit de la Révélation divine le « sens de l'homme ». « Pour connaître l'homme, l'homme vrai, l'homme intégral, il faut connaître Dieu », disait Paul VI, et aussitôt après il citait sainte Catherine de Sienne qui exprimait sous forme de prière la même idée : « Dans ta nature, Dieu éternel, je connaîtrai ma nature ».

L'anthropologie chrétienne est donc en réalité un chapitre de la théologie, et, pour la même raison, la doctrine sociale de l'Eglise, en s'occupant de l'homme, en s'intéressant à lui et à sa manière de se comporter dans le monde, « appartient [...] au domaine de la théologie et spécialement de la théologie morale » (111). La dimension théologique apparaît donc nécessaire tant pour interpréter que pour résoudre les problèmes actuels de la convivialité humaine. Cela vaut — il convient de le noter — à la fois pour la solution « athée », qui prive l'homme de l'une de ses composantes fondamentales, la composante spirituelle, et pour les solutions inspirées par la permissivité et l'esprit de consommation, solutions qui, sous divers prétextes, cherchent à le convaincre de son indépendance par rapport à Dieu et à toute loi, l'enfermant dans un égoïsme qui finit par nuire à lui-même et à autrui.

Quand elle annonce à l'hommele salut de Dieu, quand elle lui offre la vie divine et la lui communique par les sacrements, quand elle oriente sa vie par les commandements de l'amour de Dieu et du prochain, l'Eglise contribue à l'enrichissement de la dignité de l'homme. Mais, de même qu'elle ne peut jamais abandonner cette mission religieuse et transcendante en faveur de l'homme, de même, elle se rend compte que son œuvre affronte aujourd'hui des difficultés et des obstacles particuliers. Voilà pourquoi elle se consacre avec des forces et des méthodes toujours nouvelles à l'évangélisation qui assure le développement de tout l'homme. A la veille du troisième millénaire, elle reste « le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine » (112), comme elle a toujours essayé de l'être depuis le début de son existence, cheminant avec l'homme tout au long de son histoire. L'encyclique Rerum novarum en est une expression significative.

56. En ce centième anniversaire de l'encyclique, je voudrais remercier tous ceux qui ont fait l'effort d'étudier, d'approfondir et de répandre la doctrine sociale chrétienne. Pour cela, la collaboration des Eglises locales est indispensable, et je souhaite que le centenaire soit l'occasion d'un nouvel élan en faveur de l'étude, de la diffusion et de l'application de cette doctrine dans les multiples domaines.

Je voudrais en particulier qu'on la fasse connaître et qu'on l'applique dans les pays où, après l'écroulement du socialisme réel, on paraît très désorienté face à la tâche de reconstruction. De leur côté, les pays occidentaux eux-mêmes courent le risque de voir dans cet effondrement la victoire unilatérale de leur système économique et ils ne se soucient donc pas d'y apporter maintenant les corrections qu'il faudrait. Quant aux pays du Tiers-Monde, ils se trouvent plus que jamais dans la dramatique situation du sous-développement, qui s'aggrave chaque jour.

Léon XIII, après avoir formulé les principes et les orientations pour une solution de la question ouvrière, a écrit ce mot d'ordre : « Que chacun se mette sans délai à la part qui lui incombe de peur qu'en différant le remède on ne rende incurable un mal déjà si grave! ». Et il ajoutait : « Quant à l'Eglise, son action ne fera jamais défaut en aucune manière » (113).

57. Pour l'Eglise, le message social de l'Evangile ne doit pas être considéré comme une théorie mais avant tout comme un fondement et une motivation de l'action. Stimulés par ce message, quelques-uns des premiers chrétiens distribuaient leurs biens aux pauvres, montrant qu'en dépit des différences de provenance sociale, une convivialité harmonieuse et solidaire était possible. Par la force de l'Evangile, au cours des siècles, les moines ont cultivé la terre, les religieux et religieuses ont fondé des hôpitaux et des asiles pour les pauvres, les confréries ainsi que des hommes et des femmes de toutes conditions se sont engagés en faveur des nécessiteux et des marginaux, dans la conviction que les paroles du Christ « ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40) ne devaient pas rester un vœu pieux mais devenir un engagement concret de leur vie.

Plus que jamais, l'Eglise sait que son message social sera rendu crédible par le témoignage des œuvres plus encore que par sa cohérence et sa logique internes. C'est aussi de cette conviction que découle son option préférentielle pour les pauvres, qui n'est jamais exclusive ni discriminatoire à l'égard d'autres groupes. Il s'agit en effet d'une option qui ne vaut pas seulement pour la pauvreté matérielle : on sait bien que, surtout dans la société moderne, on trouve de nombreuses formes de pauvreté, économique mais aussi culturelle et religieuse. L'amour de l'Eglise pour les pauvres, qui est capital et qui fait partie de sa tradition constante, la pousse à se tourner vers le monde dans lequel, malgré le progrès technique et économique, la pauvreté menace de prendre des proportions gigantesques. Dans les pays occidentaux, il y a la pauvreté aux multiples formes des groupes marginaux, des personnes âgées et des malades, des victimes de la civilisation de consommation et, plus encore, celle d'une multitude de réfugiés et d'émigrés ; dans les pays en voie de développement, on voit poindre à l'horizon des crises qui seront dramatiques si l'on ne prend pas en temps voulu des mesures coordonnées au niveau international.

58. L'amour pour l'homme, et en premier lieu pour le pauvre dans lequel l'Eglise voit le Christ, se traduit concrètement par la promotion de la justice. Celle-ci ne pourra jamais être pleinement mise en œuvre si les hommes ne voient pas celui qui est dans le besoin, qui demande un soutien pour vivre, non pas comme un gêneur ou un fardeau, mais comme un appel à faire le bien, la possibilité d'une richesse plus grande. Seule cette prise de conscience donnera le courage d'affronter le risque et le changement qu'implique toute tentative authentique de se porter au secours d'un autre homme. En effet, il ne s'agit pas seulement de donner de son superflu mais d'apporter son aide pour faire entrer dans le cycle du développement économique et humain des peuples entiers qui en sont exclus ou marginalisés. Ce sera possible non seulement si l'on puise dans le superflu, produit en abondance par notre monde, mais surtout si l'on change les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd'hui les sociétés. Il ne s'agit pas non plus de détruire des instruments d'organisation sociale qui ont fait leurs preuves, mais de les orienter en fonction d'une juste conception du bien commun de la famille humaine tout entière. Aujourd'hui est en vigueur ce qu'on appelle la « mondialisation de l'économie », phénomène qui ne doit pas être réprouvé car il peut créer des occasions extraordinaires de mieux-être. Mais on sent toujours davantage la nécessité qu'à cette internationalisation croissante de l'économie corresponde l'existence de bons organismes internationaux de contrôle et d'orientation, afin de guider l'économie elle-même vers le bien commun, ce qu'aucun Etat, fût-il le plus puissant de la terre, n'est plus en mesure de faire. Pour qu'un tel résultat puisse être atteint, il faut que s'accroisse la concertation entre les grands pays et que, dans les organismes internationaux spécialisés, les intérêts de la grande famille humaine soient équitablement représentés. Il faut également qu'en évaluant les conséquences de leurs décisions, ils tiennent toujours dûment compte des peuples et des pays qui ont peu de poids sur le marché international mais qui concentrent en eux les besoins les plus vifs et les plus douloureux, et ont besoin d'un plus grand soutien pour leur développement. Il est certain qu'il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine.

59. Afin que la justice s'accomplisse et que soient couronnées de succès les tentatives des hommes pour la mettre en œuvre, il est donc nécessaire que soit donnée la grâce qui vient de Dieu. Par la grâce, en collaboration avec la liberté des hommes, se réalise la mystérieuse présence de Dieu dans l'histoire, qui est la Providence.

La nouveauté dont on fait l'expérience à la suite du Christ doit être communiquée aux autres hommes dans la réalité concrète de leurs difficultés, de leurs luttes, de leurs problèmes et de leurs défis, afin que tout cela soit éclairé et rendu plus humain par la lumière de la foi. Celle-ci, en effet, n'aide pas seulement à trouver des solutions : elle permet aussi de supporter humainement les situations de souffrance, afin qu'en elles l'homme ne se perde pas et qu'il n'oublie pas sa dignité et sa vocation.

En outre, la doctrine sociale a une importante dimension interdisciplinaire. Pour mieux incarner l'unique vérité concernant l'homme dans des contextes sociaux, économiques et politiques différents et en continuel changement, cette doctrine entre en dialogue avec les diverses disciplines qui s'occupent de l'homme, elle en assimile les apports et elle les aide à s'orienter, dans une perspective plus vaste, vers le service de la personne, connue et aimée dans la plénitude de sa vocation.

A côté de la dimension interdisciplinaire, il faut rappeler aussi la dimension pratique et, en un sens, expérimentale de cette doctrine. Elle se situe à la rencontre de la vie et de la conscience chrétienne avec les situations du monde, et elle se manifeste dans les efforts accomplis par les individus, les familles, les agents culturels et sociaux, les politiciens et les hommes d'Etat pour lui donner sa forme et son application dans l'histoire.

60. En énonçant les principes de solution de la question ouvrière, Léon XIII écrivait : « Une question de cette importance demande encore à d'autres agents leur part d'activité et d'efforts » (114). Il était convaincu que les graves problèmes causés par la société industrielle ne pouvaient être résolus que par la collaboration entre toutes les forces. Cette affirmation est devenue un élément permanent de la doctrine sociale de l'Eglise, et cela explique notamment pourquoi Jean XXIII a adressé aussi à « tous les hommes de bonne volonté » son encyclique sur la paix.

Toutefois, le Pape Léon XIII constatait avec tristesse que les idéologies de son temps, particulièrement le libéralisme et le marxisme, refusaient cette collaboration. Depuis lors, bien des choses ont changé, surtout ces dernières années. Le monde prend toujours mieux conscience aujourd'hui de ce que la solution des graves problèmes nationaux et internationaux n'est pas seulement une question de production économique ou bien d'organisation juridique ou sociale, mais qu'elle requiert des valeurs précises d'ordre éthique et religieux, ainsi qu'un changement de mentalité, de comportement et de structures. L'Eglise se sent en particulier le devoir d'y apporter sa contribution et, comme je l'ai écrit dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis, il y a un espoir fondé que même les nombreuses personnes qui ne professent pas une religion puissent contribuer à donner à la question sociale le fondement éthique qui s'impose (115).

Dans le même document, j'ai aussi lancé un appel aux Eglises chrétiennes et à toutes les grandes religions du monde, les invitant à donner un témoignage unanime des convictions communes sur la dignité de l'homme, créé par Dieu (116). Je suis convaincu, en effet, que les religions auront aujourd'hui et demain un rôle prépondérant dans la conservation de la paix et dans la construction d'une société digne de l'homme.

D'autre part, il est demandé à tous les hommes de bonne volonté d'être disposés au dialogue et à la collaboration, et cela vaut en particulier pour les personnes et les groupes qui ont une responsabilité propre dans les domaines politique, économique et social, que ce soit au niveau national ou international.

61. Au début de la société industrielle, c'est l'existence d'un « joug quasi servile » qui obligea mon prédécesseur à prendre la parole pour défendre l'homme. L'Eglise est restée fidèle à ce devoir au cours des cent ans qui se sont écoulés depuis. En effet, elle est intervenue à l'époque tumultueuse de la lutte des classes, après la première guerre mondiale, pour défendre l'homme contre l'exploitation économique et la tyrannie des systèmes totalitaires. Après la seconde guerre mondiale, elle a centré ses messages sociaux sur la dignité de la personne, insistant sur la destination universelle des biens matériels, sur un ordre social exempt d'oppression et fondé sur l'esprit de collaboration et de solidarité. Elle a sans cesse répété que la personne et la société ont besoin non seulement de ces biens mais aussi des valeurs spirituelles et religieuses. En outre, comme elle se rendait toujours mieux compte que trop d'hommes, loin de vivre dans le bien- être du monde occidental, subissent la misère des pays en voie de développement et sont dans une situation qui est encore celle du « joug quasi servile », elle s'est sentie et elle se sent obligée de dénoncer cette réalité en toute clarté et en toute franchise, bien qu'elle sache que ses appels ne seront pas toujours accueillis favorablement par tous.

Cent années après la publication de Rerum novarum, l'Eglise se trouve encore face à des « choses nouvelles » et à des défis nouveaux. C'est pourquoi ce centenaire doit confirmer dans leur effort tous les hommes de bonne volonté et en particulier les croyants.

62. La présente encyclique a voulu regarder le passé mais surtout se tourner vers l'avenir. Comme Rerum novarum, elle se situe presque au seuil du nouveau siècle et elle entend, avec l'aide de Dieu, préparer sa venue.

La véritable et permanente « nouveauté des choses » vient en tout temps de la puissance infinie de Dieu, qui dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). Ces paroles se réfèrent à l'accomplissement de l'histoire, quand le Christ « remettra la royauté à Dieu le Père... afin que Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 24.28). Mais le chrétien sait bien que la nouveauté que nous attendons dans sa plénitude au retour du Seigneur est présente depuis la création du monde, et plus exactement depuis que Dieu s'est fait homme en Jésus-Christ, et qu'avec lui et par lui il a fait une « création nouvelle » (2 Co 5, 17 ; cf. Ga 6, 15).

Avant de conclure, je rends grâce encore une fois à Dieu tout-puissant qui a donné à son Eglise la lumière et la force nécessaires pour accompagner l'homme dans son cheminement terrestre vers son destin éternel. Au troisième millénaire aussi, l'Eglise continuera fidèlement à faire sienne la route de l'homme, sachant qu'elle ne marche pas toute seule mais avec le Christ, son Seigneur. C'est lui qui a fait sienne la route de l'homme et qui le conduit, même s'il ne s'en rend pas compte.

Puisse Marie, Mère du Rédempteur, elle qui reste auprès du Christ dans sa marche vers les hommes et avec les hommes, et qui précède l'Eglise dans son pèlerinage de la foi, accompagner de sa maternelle intercession l'humanité vers le prochain millénaire, dans la fidélité à Celui qui « est le même hier et aujourd'hui » et qui « le sera à jamais » (cf. He 13, 8), Jésus-Christ, notre Seigneur, au nom duquel, de grand cœur, j'accorde à tous ma Bénédiction.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 1er mai 1991 — mémoire de saint Joseph, travailleur —, en la treizième année de mon pontificat.

1 Leone XIII, lett. enc. Rerum novarum (15 maggio 1891): Leonis XIII P.M. Acta, XI, Romae 1892, 97-144. 

2Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno (15 maggio 1931): AAS 23 (1931), 177-228; Pio XII, Messaggio radiofonico del 1° giugno 1941: AAS 33 (1941), 195-205; Giovanni XXIII, lett. enc. Mater et Magistra (15 maggio 1961): AAS 53 (1961), 401-464; Paolo VI, epist. ap. Octogesima adveniens (14 maggio 1971): AAS 63 (1971), 401-441. 

3Cf Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno, III, l.c., 228. 

4Lett. enc. Laborem exercens (14 settembre 1981): AAS 73 (1981), 577- 647; Lett. enc. Sollicitudo rei socialis (30 dicembre 1987); AAS 80 (1988): 513-586. 

5 Cf S. Ireneo, Adversus haereses, I, 10, 1; III, 4, 1: PG 7, 549 s.; 855 s.; S Ch. 264, 154 s.; 211, 44-46. 

6 Leone XIII, lett. enc. Rerum novarum: l.c., 132. 

7 Cf, ad es., Leone XIII, epist. enc. Arcanum, divinae sapientiae (10 febbraio 1880): Leonis XIII P.M. Acta, II, Romae 1882, 10-40; epist. enc. Diuturnum illud (29 giugno 1881): Leonis XIII P.M. Acta, II, Romae 1882, 269-287; lett. enc. Libertas praestantissimum (20 giugno 1888): Leonis XIII P.M. Acta, VIII, Romae 1889, 212-246; epist. enc. Graves de communi (18 gennaio 1901): Leonis XIII P.M. Acta, XXI, Romae 1902, 3-20. 

8 Lett. enc. Rerum novarum: l.c., 97. 

9Ibid.: l.c., 98. 

10 Cf ibid.: l.c., 109 s. 

11Cf ibid.: descrizione delle condizioni di lavoro; associazioni operaie anti-cristiane: l.c., 110 s.; 136 s. 

12 Ibid.: l.c., 130; cf anche 114 s.


13 Ibid.: l.c., 130.

14 Ibid.: I.c., 123. 

15Cf lett. enc. Laborem exercens, 1, 2, 6: l.c., 578-583; 589-592. 

16Cf lett. enc. Rerum novarum: l.c., 99-107.


17 Cf ibid.: l.c., 102 s. 

18 Cf ibid.: l.c., 101-104. 

19 Cf ibid.: I.c., 134 s.; 137 s.

20Ibid.: l.c., 135. 

21 Cf ibid.: l.c., 128-129.


22Ibid.: l.c., 129.

23Ibid.: l.c., 129.

24Ibid.: l.c., 130 s.


25Ibid.: l.c., 131. 

26Cf Dichiarazione universale dei diritti dell’uomo. 

27Cf lett. enc. Rerum novarum: l.c., 121-123. 

28Cf ibid.: l.c., 127. 

29 Ibid.: l.c., 126 s. 

30Cf Dichiarazione universale dei diritti dell’uomo; Dichiarazione sull’eliminazione di ogni forma di intolleranza e discriminazione fondate sulla religione o sulle convinzioni. 

31Cf Conc. Ecum. Vat. II, Dichiarazione sulla libertà religiosa Dignitatis humanae; Giovanni Paolo II, Lettera ai capi di stato (1° settembre 1980): AAS 72 (1980), 1252-1260; Messaggio per la Giornata mondiale della pace 1988: AAS 80 (1988), 278-286. 

32 Cf lett. enc. Rerum novarum: l.c., 99-105; 130 s.; 135.


33Ibid.: 1.c., 125. 

34Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 38-40: l.c., 564-569; cf anche Giovanni XXIII, lett. enc. Mater et Magistra, l.c., 407.


35Cf Leone XIII, lett. enc. Rerum novarum: l.c., 114-116; Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno, III,l.c., 208; Paolo VI, Omelia per la chiusura dell’Anno santo (25 dicembre 1975): AAS68 (1976), 145; Messaggio per la Giornata mondiale della pace 1977: AAS 68 (1976), 709.

36Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 42: l.c., 572.

37Cf lett. enc. Rerum novarum: l.c., 101 s.; 104 s.; 130 s.; 136. 

38Conc. Ecum. Vat. II, cost. past. sulla chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 24.


39 Lett. enc. Rerum novarum: I.c., 99. 

40Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 15, 28: l.c., 530; 548 ss. 

41Cf lett. enc. Laborem exercens, 11-15: l.c., 602-618. 

42Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno, III: l.c., 213.


43Cf lett. enc. Rerum novarum: l.c., 121-125.



45Cf lett. enc. Laborem exercens, 8: l.c., 594-598. 

46Cf Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno: l.c., 178-181.

47Cf epist. enc. Arcanum divinae sapientiae (10 febbraio 1880): Leonis XIII P.M. Acta, II, Romae 1882, 10-40; epist. enc. Diuturnum illud (29 giugno 1881): Leonis XIII P.M. acta, II, Romae 1882, 269-287; epist. enc. Immortale Dei(1° novembre 1885): Leonis XIII P.M. Acta, V, Romae 1886, 118-150; lett. enc. Sapientiae Christiane (10 gennaio 1890): Leonis XIII P.M. Acta, X, Romae 1891, 10-41; epist. enc. Quod apostolici muneris (28 dicembre 1878): Leonis XIII P.M. Acta, I, Romae 1881, 170-183; lett. enc, Libertas praestantissimum (20 giugno 1888): Leonis XIII P.M. Acta, VIII, Romae 1889, 212-246. 

48Cf Leone XIII, lett. enc. Libertas praestantissimum: l.c., 224-226. 


50Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 20: l.c., 536 s. 

51Cf Giovanni XXIII, lett. enc. Pacem in terris (11 aprile 1963), III: AAS 55 (1963), 286-289.

52Cf Dichiarazione universale dei diritti dell’uomo, del 1948; Giovanni XXIII, lett. enc. Pacem in terris, IV: l.c., 291-296; «Atto Finale» della Conferenza sulla sicurezza e la Cooperazione in Europa (CSCE), Helsinki 1975. 

53Cf Paolo VI, lett. enc. Populorum progressio (26 marzo 1967), 61- 65: AAS 59 (1967), 287-289.



55Cf Conc. Ecum. Vat. II, costituzione pastorale sulla chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 36; 39.


56Cf esort. ap. Christifideles laici (30 dicembre 1988), 32-44: AAS 81 (1989), 431-481.

57Cf lett. enc. Laborem exercens, 20: l.c., 629-632.

58Cf Congregazione per la Dottrina della Fede, Istruzione sulla libertà cristiana e la liberazione Libertatis conscientia (22 marzo 1986): AAS 79 (1987), 554-599. 


60Cf Giovanni XXIII, lett. enc. Pacem in terris, III: l.c., 286-288. 

61Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 27-28: l.c., 547-550; Paolo VI, lett. enc. Populorum progressio, 43-44: l.c., 278 s.


62Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 29-31: l.c., 550-556.

63Cf Atto di Helsinki e Accordo di Vienna; Leone XIII, lett. enc. Libertas praestantissimum: l.c., 215-217

64Cf lett. enc. Redemptoris missio (7 dicembre 1990), 7: L’Osservatore Romano, 23 gennaio 1991.


65 Cf lett. enc. Rerum novarum: l.c., 99-107; 131-133

66Ibid.: l.c., 111-113 s. 

67Cf Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno, II: l.c., 191; Pio XII, Messaggio radiofonico del 1° giugno 1941: l.c., 199; Giovanni XXIII, lett. enc. Mater et Magistra: l.c. 428-429; Paolo VI, lett. enc. Populorum progressio, 22-24: l.c., 268 s. 

68Cost. past. sulla chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 69; 71. 

69Cf Discorso ai vescovi latinoamericani a Puebla (28 gennaio 1979), III, 4: AAS 71 (1979), 199-201; lett. enc. Laborem exercens, 14: l.c., 612- 616; lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 42: l.c., 572-574.


70Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 15: l.c., 528-531. 

71Cf lett. enc. Laborem exercens, 21: l.c., 632-634.

72Cf Paolo VI, enc. Populorum progressio, 33-42: l.c., 273-278. 

73Cf lett. enc. Laborem exercens, 7: l.c., 592-594. 

74Cf ibid., l.c., 594-598. 

75Cf Conc. Ecum. Vat. II, Cost. past. sulla chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 35; Paolo VI, lett. enc. Populorum progressio, 19: l.c., 266 s. 

76Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 34: l.c., 559; Messaggio per la Giornata mondiale della pace 1990: AAS 82 (1990), 147-156. 

77Cf esort. ap. Reconciliatio et Paenitentia (2 dicembre 1984), 16: AAS 77 (1985), 213-217; Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno, III, l.c., 219.

78Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 25: l.c., 544.


79 Cf ibid, 34: l.c., 599 s.

80 Cf lett. enc. Redemptor hominis (4 marzo 1979), 15: AAS 71 (1979), 286-289.


81 Cf Conc. Ecum. Vat. II, cost. past. sulla chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 24.

82 Cf ibid., 41.

83 Cf ibid., 26. 

84 Cf Conc. Ecum. Vat. II, cost. past. sulla chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 36; Paolo VI, lett. ap. Octogesima adveniens, 2-5: l.c., 402-405.


85Cf lett. enc. Laborem exercens, 15: l.c., 616-618.

86 Cf ibid., 10: l. c., 600-602.

87 Cf ibid., 14: l. c., 612-616.

88 Cf ibid., 18: l. c., 622-625.

89 Cf lett. enc. Rerum novarum; l. c., 126-128.

90 Cf ibid., l. c., 121 s.


91 Cf Leone XIII, lett. enc. Libertas praestantissimum; l. c., 224-226. 

92Cf Conc. Ecum. Vat. II, cost. past. sulla Chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 76. 

93Cf ibid. 29; Pio XII, Radiomessaggio natalizio del 24 dicembre 1944: AAS 37 (1945), 10-20. 

94Cf Conc. Ecum. Vat. II, dich. sulla libertà religiosa Dignitatis humanae

95Cf lett. enc. Redemptoris missio, 11: L’Osservatore Romano, 23 gennaio 1991. 

96Cf lett. enc. Redemptor hominis, 17: l. c. 270-272. 

97Cf Messaggio per la Giornata mondiale della pace 1988: l. c., 1572-1580: Messaggio per la Giornata mondiale della pace 1991: L’Osservatore Romano, 19 dicembre 1990; Conc. Ecum. Vat. II, dich. sulla libertà religiosa Dignitatis humanae, 1-2. 

98Conc. Ecum. Vat. II, cost. past. sulla Chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 26. 

99 Cf ibid., 22. 

100 Cf Pio XI, lett. enc. Quadragesimo anno, I: l. c., 184-186. 

101Cf esort. ap. Familiaris consortio (22 novembre 1981), 45: AAS 74 (1982), 136 s. 

102Cf Allocuzione all’UNESCO (2 giugno 1980): AAS 72 (1980), 735-752. 

103Cf lett. enc. Redemptoris missio, 39; 52: L’Osservatore Romano, 23 gennaio 1991.


104Cf Benedetto XV, esort. Ubi primum(8 settembre 1914): AAS 6 (1914), 501 s.; Pio XI, Radiomessaggio a tutti i fedeli cattolici e a tutto il mondo (29 settembre 1938): AAS 30 (1938), 309 s.; Pio XII, Radiomessaggio a tutto il mondo (24 agosto 1939), 333-335; Giovanni XXIII, lett. enc. Pacem in terris, III: l. c., 285-289; Paolo VI, Discorso all’ONU (4 ottobre 1965): AAS 57 (1965), 877-885.

105Cf Paolo VI, lett. enc. Populorum progressio, 76-77: l. c., 294 s.


106Cf esort. ap. Familiaris consortio, 48: l. c., 139 s.

107Lett. enc., Rerum novarum: l. c., 107

108Cf lett. enc. Redemptor hominis, 13: l. c., 283.


109Ibid., 14: l. c., 284 s.


111Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 41: l. c., 571.

112Conc. Ecum. Vat. II, cost. past. sulla Chiesa nel mondo contemporaneo Gaudium et spes, 76; cf Giovanni Paolo II, lett. enc. Redemptor hominis, 13: l. c., 283

113 Lett. enc. Rerum novarum: l. c., 143.

114Ibid.: l. c., 107.

115Cf lett. enc. Sollicitudo rei socialis, 38: l. c., 564-566.

116Ibid., 47: l. c., 582.


© Copyright - Libreria Editrice Vaticana


Saint IVO de HUNTINGDONSHIRE, ermite et évêque

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Ivo of Huntingdonshire, Hermit B (AC)
(also known as Ivia, Yvo)

Date unknown. According to medieval legend, Saint Ivo was a Persian bishop who enjoyed great honor and luxury in his own land but he yearned for a more disciplined and arduous life. Together with three companions he went to England. They settled as a hermits in the remote, wild fenlands in Huntingdonshire. There they died (in the 7th century according to the legend), and would have been forgotten.


However, about 1001, this story was attached to some bones with a bishop's insignia found in Slepe (near Ramsey abbey). Saint Ivo may have had no historical existence, though Saint Ives in Huntingdonshire is named for him. Goselin ("Vita S. Yvonis" in Patrologia Latina, ed. J. P. Migne, civ. 84 ff), who died about 1107, says that Ivo's cultus had been extant for a century. Following a peasant's dream, these episcopal bones were unhesitatingly identified as those of Ivo.

The four bodies, including those presumed to be Ivo, were translated to Ramsey Abbey, where a holy well sprung up, at which many miracles were performed as recorded by Ramsey's third abbot, Whitman. About a century later, light appeared at night reaching from Ramsey to Slepe, which was interpreted as meaning that the bones of Ivo's companions should be translated back to Slepe, where a new foundation from Ramsey could enjoy this subsidiary shrine.

The Saint Ives, formerly Porth Ia, in west Cornwall, however, is named for Saint Ia (Attwater, Benedictines, Bentley, Farmer, Husenbeth).

In art, Saint Ivo is portrayed as a Persian hermit with the attributes of a bishop. He is venerated at Huntingdonshire (Saint Ives, Ramsey) (Roeder).

Saint Ivo of Huntingdonshire

Also known as
  • Ivo of Ramsey
  • Ive of….
  • Ives of….
  • Ivia of….
  • Yves of….
  • Yvo of….
Profile

Bishop. Hermitat Huntingdonshire, England. The city of Saint Ives (formerly Slepe), Huntingdonshire (modern Cambridgeshire), Englandis named for him. His gravesite was lost for years, but in 1001four bodies were uncovered in an unmarked grave; one bore a bishop‘s insignia. A local laymanhad a vision that this was the body of Ivo, and all four were translated to the Ramsey Abbey. A spring soon appeared near the site of their interment, its waters known for healing miracles. A later vision convinced the brothers at Ramsey to keep the relics with the bishop‘s seal, and return the bodies of the three companions to Slepe.

  • Huntingdonshire, England of natural causes
Saint Ives, Cambridgeshire, England



Sant' Ivo Vescovo in Inghilterra


Persia, VI sec. – Sleve (Inghilterra), VII secolo

Il nome Ivo è molto diffuso in Europa, prendendo secondo i luoghi delle varianti, così in Italia è Ivo o Ivone, in Spagna Ivo o Ivano, Yves in Inghilterra e Francia. Proviene quasi certamente dal celtico ‘ivos’ che vuol dire ‘legno di tasso’; il tasso, infatti, per i Celti era un’albero sacro, con cui venivano fabbricate sia le armi sia le abitazioni. 

Ebbe un particolare sviluppo in Francia, soprattutto in Bretagna, nell’VIII secolo, diffondendosi poi in tutta Europa. Con questo nome, oltre al santo che menzioniamo in questa scheda, abbiamo due celebri santi, ambedue francesi, che furono vanto e onore del loro tempo: s. Yves vescovo di Chartres (1040-1116), che si celebra il 23 dicembre e s. Yves Hélory de Kermartin (1235-1303), sacerdote e avvocato, che si celebra il 19 maggio. 

S. Ivo, denominato vescovo in Inghilterra, era nato nel secolo VI, originario della Persia, appartenne ad una nobile famiglia e divenuto vescovo, si dedicò ad una predicazione itinerante, sul modello di s. Paolo apostolo, prima nell’Asia Minore e nell’Illiria (regione storica della Penisola Balcanica fra l’Istria ed i Monti Certuni, divenuta nel 228 provincia romana). 

Poi nel suo viaggiare, passò per Roma e da lì giunse in Francia dove ebbe un grande successo, onorato dal re, dai nobili e dal popolo; forse da lui il nome Ivo cominciò ad affermarsi maggiormente in Francia. 

Ma il vescovo volendo rifiutare tutti gli onori che gli venivano tributati per la sua evidente santità, passò con tre compagni in Inghilterra, dove lavorò fruttuosamente per parecchi anni nella Mercia (uno dei sette regni, “eptarchia”, fondati dagli anglosassoni nella seconda metà del V secolo), fissando infine la sua residenza nella città di Sleve (St-Yves) a tre miglia da Huntendun, dove dopo svariati anni di apostolato fra quelle popolazioni, morì agli inizi del VII secolo. 

Le sue reliquie furono prodigiosamente scoperte nel 1001 e trasferite nell’abbazia benedettina di Ramsey (Huntingdonshire); la sua ‘Vita’ da cui sono scaturite le biografie successive, fu scritta dal monaco Goscelino di Westminster nel 1091 per incarico dell’abate Ereberto. 
La sua celebrazione è al 24 aprile e al 10 giugno.


Autore: Antonio Borrelli



Saints MARTYRS ARMÉNIENS

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1915-2015 : l’Arménie commémore ses martyrs

Le 24 avril 2015

En ce jour commémoratif du centenaire du génocide des Arméniens par les Turcs, nous publions ci-dessous l’intégralité de l’article paru dans le dernier numéro de  « L’Eglise dans le monde » (la revue de l’AED) sur ce sujet. Une analyse historique, politique et actuelle rédigée par Philippe Oswald.
Le 24 avril 1915, l’arrestation de tous les notables arméniens de Constantinople (Istanbul) donne le coup d’envoi du génocide des Arméniens : les deux tiers seront exterminés, depuis les nourrissons jusqu’aux vieillards, entre avril et août 1915, sur l’ensemble du territoire de l’Empire turc – certains lieux sont aujourd’hui situés en Syrie, tel Rakka -, théâtre de nombreuses horreurs perpétrées récemment par les djihadistes du prétendu Etat islamique. Les Turcs, quant à eux, tuèrent environ un million et demi de personnes, soit 75% de la population, par l’épuisement (marches forcées dans le désert), par la faim ou par les armes.
Cette extermination avait été précédée, vingt ans plus tôt (1894-1897), par des massacres de grande ampleur (« massacres hamidiens ») ordonnés par un sultan panislamiste, renouvelés en 1909 (« massacres de Silicie ») par les Jeunes Turcs qui venaient de prendre le pouvoir. C’étaient les prémices du plan d’extermination de 1915 organisé au sommet de l’Etat par le triumvirat Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha.
La Turquie persiste à nier le génocide
Un siècle plus tard, la Turquie refuse toujours d’admettre l’existence de ce génocide, bien que celui-ci ne fasse aucun doute pour les historiens, et malgré sa reconnaissance par une vingtaine d’Etats dont la France et le Saint-Siège, et par de nombreux parlements et instances internationales. Le 2 juillet 1985, une sous-commission de l’ONU pour la prévention des droits de l’homme et la protection des minorités a publié un rapport qualifiant le massacre des Arméniens de « génocide ».
L’an dernier, alors que se préparait les cérémonies du centenaire  du génocide, le premier ministre turc islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan s’est tout de même fendu de « condoléances » aux descendants des victimes, mais en évitant soigneusement de prononcer le mot « génocide » et en usant d’une circonlocution alambiquée  : « Nous souhaitons que les Arméniens, qui ont perdu la vie dans les circonstances ayant caractérisé le début du XX° siècle, reposent en paix, et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants » (23 avril 2014). Pas de quoi apaiser les descendants des victimes qui, au-delà du deuil, continuent de subir des préjudices territoriaux, culturels, moraux et psychologiques.
En France, l’année de commémoration s’est ouverte le 28 janvier 2015, avec les représentants de la communauté arménienne (400 000 Arméniens français), en présence du Président de la République. La reconnaissance par la France en 2001 du génocide arménien, puis la tentative de criminaliser sa négation en 2012 – loi rejetée par le Conseil constitutionnel – continuent de perturber les relations entre Paris et Ankara. Le voyage de François Hollande en Turquie, en janvier 2014, n’aura guère permis de les réchauffer, le président français réitérant dans une conférence de presse en présence de son homologue Abdullah Güll son invitation à la Turquie d’effectuer un « travail de mémoire » aussi « douloureux » soit-il, et dévoilant son intention de transposer en France une loi-cadre européenne de 2008 qui punit « l’apologie, la négation ou la banalisation grossière publiques des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. » C’était à Ankara,  au palais de Cankaya, une propriété spoliée à une riche famille d’Arméniens devenue la résidence officielle des présidents turcs depuis Mustafa Kemal («  Atatürk »), le fondateur de la Turquie moderne…
Le génocide a dispersé les Arméniens dans le monde : ils sont 7 millions vivant à l’étranger contre 3 millions dans la République. Certains reviennent, fortune faite, pour aider leur pays et retrouver leur patrie, tels ceux qui se sont installés en Arménie après l’éclatement de l’Union soviétique. D’autres, plus récemment,  – environ 6000 – ont fui la guerre en Syrie.
Le « voyage spirituel » de l’Arménie chrétienne
Dès 301, soixante-dix-neuf-ans avant l’ouverture au christianisme de l’Empire Romain, l’Arménie devint officiellement chrétienne sous le double patronage de Grégoire « l’Illuminateur », fondateur de l’Eglise arménienne, et du roi Tiridate III qui sortit le patriarche de prison pour être guéri par lui.
C’est cette Eglise vénérable qui canonisera  ses martyrs à l’occasion du centenaire du génocide. Cette canonisation de masse se déroulera le 23 avril prochain à Etchmiadzine, ville où se trouve le siège de l’Eglise apostolique arménienne (orthodoxe). Le jour suivant deviendra la « Journée de la mémoire » de ces victimes, a annoncé le patriarche arménien Karékin II, dans une lettre encyclique, qui a ouvert officiellement les célébrations du centenaire. Celles-ci s’étaleront sur toute l’année, a-t-il annoncé, spécifiant que « chaque jour de 2015 sera un jour de souvenir et de dévotion envers notre peuple, un voyage spirituel aux mémoriaux de nos martyrs ». A Rome, le Pape François célèbrera une messe pour les fidèles arméniens le 12 avril prochain, en la fête de la divine Miséricorde, dans la basilique Saint-Pierre.
L’Eglise apostolique arménienne compte environ 6 millions de fidèles et compte deux catholicosats : celui d’Etchmiadzine en Arménie (350 prêtres et 130 séminaristes sous la houlette du patriarche Catholicos Karékin II, 132e successeur de Grégoire) et celui d’Antelias au Liban. S’y ajoutent deux patriarcats, le patriarcat de Jérusalem et de Constantinople, rattachés à l’autorité du Patriarche suprême d’Arménie.
Un moine arménien bientôt « docteur de l’Eglise universelle »
Les relations entre les deux Eglises catholique et arménienne (orthodoxe) ont été  consolidées par des visites échangées entre les Catholicos et les papes Jean-Paul II (visite à Etchmiadzin en 2001) et Benoît XVI (2008 et 2012). Le patriarche arménien était également présent à Rome pour la commémoration des témoins de la foi du XX siècle lors du grand jubilé 2000, et y revint pour les funérailles de Jean-Paul II et la cérémonie inaugurale du pontificat actuel. SS Karékin II, Catholicos d’Etchmiadzin, a été reçu par le pape François le 8 mai dernier, et Aram Ier Kechichian, le Catholicos de l’Eglise arménienne de Cilicie, le 5 juin (il avait déjà eu audience avec Jean Paul II en 1997 puis avec Benoît XVI en 2008).
L’Arménie sera également bientôt à l’honneur dans l’Eglise catholique avec l’élévation au rang de « docteur de l’Eglise universelle » d’un moine arménien, saint Grégoire de Narek (950 -1005), grand mystique, auteur d’un important recueil de prières utilisé dans la liturgie arménienne. Les thèmes principaux de l’œuvre de saint Grégoire de Narek sont la solidarité des hommes dans le péché, la confiance en la Miséricorde divine, la nécessité du combat spirituel et l’amour de la vie mystique. Narek se trouve aujourd’hui en territoire turc, sur la rive sud du lac de Van.
Philippe Oswald
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Santi Martiri del Genocidio Armeno


Cent’anni orsono si consumava uno dei più sanguinosi eccidi dei tempi moderni che costò la vita ad un milione e mezzo di cristiani armeni. Domenica 12 aprile Papa Francesco, durante la Messa presieduta in Vaticano non ha esitato a riconoscere questo tragico evento quale un vero e proprio genocidio, checché ne dicano coloro che ancora oggi si ostinano a non riconoscerlo come tale. Il 23 aprile la Chiesa Apostolica Armena ha canonizzato in massa questo milione e mezzo di uomini, donne e bambini morti a causa della loro appartenenza etnica e religiosa. Il giorno successivo, 24 aprile, a partire da quest’anno diviene così la “giornata della memoria” di queste vittime, come ha annunciato il patriarca armeno Karekin II nell’enciclica con cui ha aperto ufficialmente le celebrazioni del centenario del genocidio. Celebrazioni che si estenderanno per tutto l'anno, ha sottolineato, specificando che “ogni giorno del 2015 sarà un giorno di ricordo e di devozione al nostro popolo, un viaggio spirituale al memoriale dei nostri martiri. Nel 1915 e negli anni successivi un milione e mezzo di nostri figli e figlie ha subito la morte, la fame, la malattia; è stato deportato e costretto a camminare fino alla morte. Secoli di creatività e di obiettivi raggiunti sono stati distrutti in un istante. Migliaia di chiese e monasteri sono stati profanati e distrutti, le istituzioni nazionali e le scuole rase al suolo e demolite. I nostri tesori spirituali e culturali sono stati sradicati e cancellati”. In seguito, con il coraggio della fede e il genio che lo caratterizza, questo popolo ha potuto “risuscitare dalla morte” e tornare a brillare, come spiega il patriarca. “Riponendo la nostra speranza in Te, o Signore, il nostro popolo è stato illuminato e rafforzato. La tua luce ha acceso l'ingegno del nostro spirito. La tua forza ci ha orientati alle nostre vittorie. Abbiamo creato quando altri avevano distrutto le nostre creazioni. Abbiamo continuato a vivere quando altri ci volevano morti”. Il centenario permette di celebrare anche questa risurrezione. Anche la Chiesa Cattolica Armena ha già avviato le pratiche per la beatificazione di 43 suoi figli vittime del genocidio.

La persecuzione scatenata, tra il 1915 e il 1918, dai turchi nei confronti del popolo armeno residente in Anatolia e nel resto dell’Impero Ottomano rappresenta forse il primo esempio dell’epoca moderna di sistematica soppressione di una minoranza etnico-religiosa. Una campagna di eliminazione che non scaturì soltanto dell’ideologia, scopertamente razzista, del sedicente Partito “modernista e progressista” dei Giovani Turchi, ma trasse le sue origini più profonde anche dall’innata, anche se inconfessabile, insofferenza che i mussulmani ottomani e curdi di Anatolia hanno sempre manifestato nei confronti di una minoranza cristiana, quella armena, portatrice di valori religiosi e culturali semplicemente diversi.

Ma andiamo per ordine e cerchiamo di capire le motivazioni e la genesi di uno dei più orribili e meno pubblicizzati fenomeni di intolleranza etnico-religiosa del XX secolo. Lo sterminio degli armeni, verificatosi tra il 1915 e il 1918, in realtà non rappresenta che il completamento di una lunghissima campagna di persecuzioni e di discriminazioni che ebbe inizio a partire dalla seconda metà dell’Ottocento all’interno dei confini del decadente Impero Ottomano. Tra il 1894 e il 1896 ‘Abd ul-Hamid, l’ultimo sovrano, o meglio despota, della Sacra Porta, diede il via ad un programma di sterminio che, sotto molti aspetti è possibile paragonare a quello nazista nei confronti del popolo ebraico (1). Fu proprio in questo periodo, infatti, che il governo turco iniziò ad applicare nei confronti degli armeni - già discriminati in molti settori della vita civile ma ancora in grado di sopravvivere più o meno decorosamente - una serie di leggi volte non soltanto a perfezionare l’isolamento civile della minoranza, ma a decretarne e a renderne possibile, in buona sostanza, lo sterminio legale: una manovra che in buona misura venne attuata anche per scaricare sugli armeni - popolo, o meglio nazione, tradizionalmente molto attiva e mediamente colta - la responsabilità dei fallimenti di una politica di governo, quella dei sultani, assolutamente deficitaria ed arretrata. La persecuzione contro gli armeni, infatti, va anche vista come il risultato di quei complessi e traumatici processi storici che tra la seconda metà del XIX secolo e i primi tredici anni del XX determinarono lo sgretolamento dell’Impero Ottomano.

Dopo avere dovuto rinunciare (in seguito alla guerra con l’Italia del 1911/12 e alla Prima Guerra Balcanica del 1913) a gran parte dei suoi possedimenti (Libia, Albania, Macedonia e parte delle isole dell’Egeo), il governo di Costantinopoli, entrò in una fase di crisi molto acuta. Temendo la completa dissoluzione dell’Impero, prima la Sacra Porta e poi il Partito dei Giovani Turchi, iniziarono ad assumere un atteggiamento sempre più sospettoso nei confronti delle minoranze (come quella greca, bulgara, ebraica, beduina e armena), colpevoli - scendo i vertici di Costantinopoli - di tramare nei confronti dell’Impero, minandone le fondamenta. E complice quest’ottica distorta ed inesatta, fu proprio la minoranza armena quella a destare le maggiori attenzioni. Ma la ragione di tanta diffidenza da parte dei turchi nel confronti degli armeni scaturiva anche da precise considerazioni e timori di carattere politico internazionale. La Sacra Porta, infatti, vedeva in questa minoranza, che in gran parte abitava l’area anatolica nord orientale, una possibile se non sicura alleata dell’Impero Russo cristiano ortodosso, il più feroce e tradizionale nemico della Sacra Porta. Un Impero che, fino dai tempi di Pietro il Grande (1682-1725) e di Nicola I (1825-55), aveva sempre cercato di sottrarre alla Turchia le regioni confinanti del Caucaso, guadagnandosi la simpatia delle comunità armene ormai stanche di sottostare al dispotico dominio ottomano. Diverse furono le guerre che, tra il XVIII e il XIX secolo, contrapposero i turchi ai russi. Nel 1876, le forze zariste, che erano intervenute a sostegno della Bulgaria, costrinsero Costantinopoli ad una resa umiliante, imponendo alla Sacra Porta il Trattato di Santo Stefano. Un documento, quest’ultimo, che sancì tra l’altro la cessione alla Russia di alcune aree dell’Anatolia nord settentrionale, abitate da armeni.. Tuttavia, il Trattato, non divenne mai del tutto operativo, anche a causa delle pressioni esercitate dal Primo Ministro inglese Benjamin Disraeli, da sempre ostile ad una eccessiva espansione politica e militare russa, soprattutto sui Balcani. E in seguito all’intromissione di altre potenze occidentali (come la Francia e la Prussia) avverse anch’esse alla Russia, il documento venne così parzialmente modificato, con l’eliminazione della clausola relativa alla tutela della minoranza armena. In buona sostanza, nessuna potenza occidentale volle spendere una parola in favore della popolazione cristiana, preferendo orientarsi verso una real politik. Anche se, pochi anni dopo, nel 1878, l’articolo 61 del successivo Trattato di Berlino del 1878, sancì, almeno sulla carta, il diritto alla sopravvivenza di questa sfortunata comunità. Il sostanziale disimpegno delle nazioni europee permise al dispotico Sultano Abdul Hamid di sopprimere la fragile Costituzione concessa nel 1876, abolendo tutte le libertà più elementari, istituendo nuove, severe leggi contro le minoranze religiose del Paese e costituendo nel contempo un’efficientissima polizia segreta incaricata di schiacciare il neonato Movimento Indipendentista Armeno. Non contento, il Sultano incoraggiò inoltre le tribù curde mussulmane ad emigrare verso le tradizionali zone rurali armene della Turchia orientale, aizzandole contro i cristiani. Forti dell’appoggio della Polizia Segreta e dell’Esercito Ottomano, i curdi iniziarono così ad insediarsi in territorio armeno, scacciando con la forza la locale popolazione. Costretti alla fuga, gli armeni furono quindi obbligati a trasferirsi sempre più a nord est in direzione delle regioni caucasiche russe: una manovra che la Sacra Porta, con notevole malafede, volle interpretare come un atto di slealtà nei suoi confronti e di connivenza con il nemico zarista. Fu a quel punto che il Movimento Indipendentista Armeno iniziò a frantumarsi in diversi gruppi politici e società segrete, tra cui l’Armenakan (fondato nel 1885), il partito socialdemocratico Hunchak (1887) e il più radicale “movimento” Dashnak (1890), con lo scopo di combattere i turchi. Ma la risposta del Sultano non si fece attendere. Il despota di Costantinopoli organizzò i membri delle tribù curde nei cosiddetti reggimenti di cavalleria Hamidye: autentiche bande armate di predoni autorizzate dal governo a perseguitare e a massacrare gli armeni dell’Anatolia Orientale.

Ma se gli armeni rimasti incapsulati in territorio ottomano se la passavano male, occorre dire che anche quelli che erano riusciti a rifugiarsi nelle zone russo caucasiche non poterono certo considerarsi in salvo. Nel 1881, in seguito all’assassinio dello zar Alessandro II, il primo ministro liberale di origine armena Loris Melikov, dovette rassegnare le dimissioni, in quanto ritenuto incapace di governare il sempre crescente malcontento dei nazionalisti georgiani e armeni del Caucaso. Dopo l’uscita di Melikov, i successivi governi di San Pietroburgo iniziarono quindi a manifestare una certa diffidenza se non ostilità nei confronti degli armeni, sia quelli residenti in Turchia che quelli stanziati in territorio zarista (2). Nel 1903, lo zar Nicola II tentò perfino di confiscare le proprietà della Chiesa Nazionale Armena, ordinando la chiusura delle scuole e delle altre istituzioni della Transcaucasia russa. Questo drastico cambiamento di rotta russo, consentì al Sultano Abd ul-Hamid di alzare il tiro contro l’odiata minoranza, prendendo a presteso, tra l’altro, alcuni gravi ed insensati attentati compiuti, tra il 1890 e il 1894, dalle frange estremiste del Movimento Indipendentista Armeno. La situazione stava precipitando. Nel 1894, un affiliato del Hunchak, un certo Murat, convinse le popolazioni di montagna armene del distretto di Sassun a non pagare ai capi curdi locali l’odioso “hafir”, o contributo per la protezione. L’“hafir” era in realtà una forma di estorsione regolarizzata dal governo turco a tutto beneficio dei curdi che in questo modo potevano arricchirsi alle spalle dei contadini e dei montanari armeni.

L’11 marzo 1895, Gran Bretagna, Francia e Russia, scandalizzate dall’inasprirsi delle misure anti-armene, cambiarono improvvisamente atteggiamento, intimando al Sultano di concedere alla minoranza cristiana una forma di seppur limitata autonomia. La richiesta venne respinta da Hamid che per contro intensificò la sua politica repressiva, giungendo a compiere vere e proprie stragi di armeni, anche nelle principali città dell’Impero. Secondo precise testimonianze dell’epoca, riportate da diplomatici italiani, francesi, inglesi e americani, in più di un’occasione, le truppe turche e curde saccheggiarono villaggi, rubarono bestiame, violentarono donne e bambini, costringendo non di rado i prelati armeni a riunirsi nelle loro chiese alle quali appiccarono fuoco dopo averne inchiodato le porte. Tra il 1894 e il 1896, le forze ottomane e curde eliminarono nei modi più barbari dai 200 ai 250.000 armeni. Questa ondata di violenza raggiunse livelli tali da indurre l’Inghilterra, la Francia e gli Stati Uniti, ad invocare la destituzione del Sultano. Dal canto suo, sia lo zar che il kaiser Guglielmo II, che nel 1889 aveva già effettuato una visita di stato nella capitale del Bosforo, decisero invece di mantenere un atteggiamento neutrale nei confronti del Sultano. L’atteggiamento del kaiser scaturiva da ben precise considerazioni di carattere politico ed economico. Guglielmo II era infatti desideroso di portare a termine la costruzione della linea ferroviaria Berlino-Baghdad: un’arteria che, una volta ultimata, avrebbe consentito alla Germania di intensificare i suoi scambi commerciali con la Turchia e, soprattutto, di consentire all’Impero tedesco di allargare la sua sfera di influenza verso il Medio Oriente, la Mesopotamia e il Golfo Persico.

L’ultimo decennio del regno di Abd ul-Hamid fu caratterizzato da una situazione politica, economica e sociale interna molto incerta densa di difficoltà, destinata a sfociare in gravi sommosse. Verso la fine dell’800, in alcuni circoli di Salonicco, un gruppo di giovani ufficiali dell’esercito, i Liberi Massoni, assieme ad alcuni esiliati politici turchi confluiti nella società segreta di Unione e Progresso, iniziarono a tramare contro il vecchio potere centrale assolutista. In seguito, il cosiddetto Movimento dei Giovani Turchi andò però ben oltre, auspicando l’eliminazione del sultano e avviando un ambizioso, rapido e radicale processo di modernizzazione socio-politica, economica e culturale dell’Impero. La rivolta, capeggiata da un gruppo di giovani ufficiali favorevoli ad una sorta di “occidentalizzazione” dell’Impero, scoppiò nel 1908, a Monastir. Il 23 luglio dello stesso anno, il Comitato Centrale di Unione e Progresso intimò al Sultano di ripristinare immediatamente la Costituzione del 1876 (da lui soppressa nel 1878), intimando di marciare con l’esercito su Costantinopoli. Il Sultano questa volta cedette e la Costituzione venne ripristinata ufficialmente il 24 luglio 1908. Seguì un breve periodo di euforia con grandi festeggiamenti a Costantinopoli, Damasco, Baghdad e nelle città e regioni popolate dalle minoranze etniche e religiose armene, ebraiche, slave e arabe che vedevano nella rivolta militare contro il Sultano l’inizio di un nuovo periodo caratterizzato da maggiori libertà. Effettivamente, in un primo tempo, i giovani ufficiali turchi proclamarono che mussulmani, cristiani ed ebrei non sarebbero più stati divisi e avrebbero contribuito, tutti insieme e su uno stato di completa parità, alla gloriosa rinascita economica e sociale della nazione ottomana.

Nel 1909, dopo un fallito tentativo controrivoluzionario condotto dai sostenitori del regime assolutista di Hamid, gli ufficiali “modernisti” guidati da Taalat Pascià deposero definitivamente Hamid, costringendolo a lasciare il posto a suo fratello Muhammad (Mehemet) V. (3) E quest’ultimo, non volendo seccature, accettò di buon grado le direttive degli ufficiali rivoluzionari che, nel frattempo, avevano però cominciato ad elaborare programmi a forte contenuto nazionalista e razzista, rimangiandosi tutte le promesse di libertà (subito dopo la caduta di Hamid, i Giovani Turchi avevano dato vita ad un regime parlamentare, concedendo ad elementi cristiani, ebrei e arabi di entrare nella pubblica amministrazione e di prestare servizio nell’Esercito). Tuttavia, dopo la sconfitta subita ad opera dell’Italia nel 1912 e i rovesci subiti nell’ambito della Prima Guerra Balcanica, il 26 gennaio 1913 si verificò a Costantinopoli un nuovo colpo di stato. Enver Pascià, Taalat Pascià e Ahmed Jemal presero con la forza il potere dando vita ad una sorta di triumvirato. Abbandonati ben presto gli ideali liberali e parlamentari, i Giovani Turchi avviarono un capillare processo di “turchizzazione” dell’Impero Ottomano (una strategia politica che faceva perno sui principi del “pan-turanismo”, una corrente ideologica della “rinascita ottomana” sostenuta da Ziya Gok Alp, discepolo del sociologo francese Emile Durkheim). Imbevuti di questa dottrina, che magnificava le virtù degli antichi statisti, guerrieri e condottieri turchi, il mai completamente sopito e sostanziale atteggiamento di intolleranza dei Giovani Turchi nei confronti delle minoranze dell’Impero, soprattutto quella armena cristiana, iniziò ad emergere con estremo vigore. E verso la primavera del 1914, proprio alla vigilia dello scoppio della Prima Guerra Mondiale, la Giunta dei Giovani Turchi, iniziò a pianificare scientificamente quello che si sarebbe ben presto rivelato il primo “genocidio” programmato dell’era moderna. Dopo l’entrata in guerra dell’Impero Ottomano (29 ottobre 1914) a fianco degli Imperi Centrali, la comunità armena, allo scuro delle manovre segrete dei Giovani Turchi, volle dimostrare a Costantinopoli la sua fedeltà alla nazione ottomana. E nell’estate del 1914, ad Erzerum, in occasione dell’ottavo congresso del partito Dashnak, i leader del più forte movimento indipendentista armeno invitarono tutti gli iscritti ad assolvere ai loro doveri di fedeli sudditi e soldati dell’Impero. Nel giro di poche settimane ben 250.000 armeni si arruolarono nelle forze armate turche, dimostrando, già a partire dalla sfortunata campagna, scatenata nel successivo mese di dicembre da Enver nel Caucaso contro i russi, una assoluta lealtà nei confronti del governo che, nel frattempo, stava ultimando i preparativi per scatenare contro di essi un vero e proprio massacro a sorpresa.

All’inizio del 1915, nel corso di una riunione segreta del Comitato di Unione e Progresso, il segretario esecutivo Nazim concluse testualmente i lavori: “Siamo in guerra; e non potrebbe verificarsi un’occasione migliore per sterminare tutta la popolazione armeno. In un momento come questo è estremamente improbabile che vi siano interventi da parte delle grandi potenze e proteste da parte della stampa; e se anche ciò accadesse tutti si troverebbero di fronte ad un fatto compiuto”. Un altro dei presenti, Hassan Fehmin, aggiunse poi. “Siamo nelle condizioni ideali per spedire sul fronte caucasico tutti i giovani armeni ancora in grado di imbracciare un fucile. E una volta là, possiamo intrappolarli e annientarli con facilità, chiusi come saranno tra le forze russe che si troveranno davanti e le forze speciali che piazzeremo alle loro spalle”. In quella data il Comitato decise che “lo sterminio degli armeni” sarebbe stato affidato ad una speciale Commissione a tre, comprendente lo stesso segretario esecutivo Nazim, Behaettin Shakir e il Ministro della Pubblica Istruzione, Shoukri, sotto il diretto controllo di Taalat Pascià. La commissione istituì a sua volta la cosiddetta “Organizzazione Speciale” (Teshkilate Makhsusa) nella quale entrò a fare parte una folta schiera di ex detenuti e di delinquenti ai quali venne promessa la libertà in cambio di loschi servigi. All’inizio della primavera 1915, i capi turchi scatenarono l’esercito e le solite bande curde contro gli indifesi villaggi armeni che vennero depredati. Successivamente, bande armate curde e reparti dell’esercito e della polizia, incominciarono ad arrestare - accusandoli di connivenza con il nemico russo - tutti gli esponenti dei vari partiti armeni. Nel giro di poche settimane, decine di migliaia di cristiani vennero imprigionati e sottoposti a spaventose e documentate torture. I curdi mussulmani si accanirono in modo particolare contro i sacerdoti ai quali vennero strappati gli occhi, le unghie e i denti con punteruoli roventi e tenaglie. Gevdet Bey, vali della città di Van e cognato del Ministro della Difesa Enver Pascià, fu visto dare ordine ai suoi uomini di inchiodare ferri di cavallo ai piedi delle vittime, costringendo poi quei disgraziati ad effettuare improbabili danze mortali. Il 24 aprile 1915, a Costantinopoli, nel corso di una gigantesca retata, circa 500 esponenti del Movimento Armeno vennero incarcerati e poi strangolati con filo di ferro nel profondo di sordide segrete. (4) Stando ad un rapporto ufficiale del console statunitense ad Ankara, nel luglio 1915, duemila soldati di etnia armena, reduci dalla campagna del Caucaso, vennero improvvisamente disarmati dai turchi e spediti in catene nella regione della città di Kharput con il pretesto di utilizzarli nella costruzione di una strada. Ma giunti in una vallata, i militari armeni vennero circondati da un battaglione della polizia turca e massacrati a colpi di moschetto. Tutti i cadaveri vennero poi scaraventati in una profonda grotta. Identico destino toccò ad altri 2.500 militari armeni, anch’essi condotti nei pressi di una cava di pietra, in località Diyarbakir, e lì trucidati da un grosso reparto misto formato da soldati e miliziani curdi. Sempre secondo i resoconti dei diplomatici statunitensi, i corpi delle vittime vennero seviziati, spogliati e lasciati a marcire nella cava. Nel giugno 1916, dopo avere eliminato circa 150.000 militari di origine armena, i turchi decisero di fare fuori anche un terzo degli operai armeni impiegati nella costruzione e manutenzione dell’importante linea ferroviaria Berlino-Costantinopoli-Baghdad. Ma a questo punto, gli alleati tedeschi e austriaci, che da tempo avevano palesato il loro disappunto per le orrende carneficine, denunciarono finalmente, e in maniera ufficiale, le atrocità turche. L’ambasciatore tedesco a Costantinopoli, il conte von Wolff-Metternich, si precipitò alla Sublime Porta, accusando direttamente Taalat Pascià e il Ministro degli Esteri Halil Pascià “di inutili crudeltà e persino di atti di sabotaggio”. Tuttavia, le vibranti proteste dell’ambasciatore lasciarono impassibili i capi ottomani. 

Fu allora che molti ufficiali e sottufficiali armeni, scampati ai massacri, tentarono di organizzare sui monti la resistenza. Nell’aprile 1915, nella città di Van, alcune migliaia di civili armeni riuscirono a disarmare la locale guarnigione turca, barricandosi nel nucleo urbano dove resistettero per molti giorni alla controffensiva ottomana e curda; fino all’arrivo, provvidenziale, di una divisione di cavalleria russa che nel mese maggio liberò dall’assedio quei disperati. Eguale successo ebbe poi la storica e ormai famosa resistenza del massiccio montuoso del Musa Dagh, nei pressi di Antiochia (Golfo di Alessandretta). Su questo acrocoro non meno di 4.000 armeni si trincerarono decisi a vendere cara la pelle. Resistettero per ben quaranta giorni agli attacchi dei reparti regolari dell’esercito ottomano e dei “volontari” civili turchi, segnando una delle pagine più eroiche della storia del popolo armeno. Alla fine, proprio quando la resistenza sembrava dovere cedere di fronte alle preponderanza dell’avversario, i reduci vennero salvati dal provvidenziale arrivo nel Golfo di Alessandretta di una squadra navale francese che riuscì in gran parte a trarli in salvo (l’epopea del Musa Dagh venne in seguito narrata da Franz Werfel nel suo celebre romanzo storico “I quaranta giorni di Musa Dah”). Purtroppo, altri tentativi di resistenza non ebbero la medesima fortuna, come accadde ad di Urfa. Qui, tutta la guarnigione armena, composta di ex-militari e civili, dovette soccombere alle soverchianti forze ottomane che, a battaglia conclusa, massacrarono tutti i difensori ancora in vita, compresi i feriti.

Verso l’autunno del 1915, una volta eliminata la parte più giovane e combattiva della nazione armena, il Ministero degli Interni ottomano iniziò a pianificare lo sterminio di tutti gli adulti di età superiore ai 45 anni, che fino ad allora erano stati risparmiati perché ritenuti necessari al lavoro delle campagne, e degli ultimi prelati. Come testimonia questo brano tratto da un dispaccio inviato dal Ministro Taalat Pascià al governatore turco di Aleppo il 15 settembre 1915. “Siete già stato informato del fatto che il Governo ha deciso di sterminare l’intera popolazione armena…Occorre la vostra massima collaborazione…Non sia usata pietà per nessuno, tanto meno per le donne, i bambini, gli invalidi…Per quanto tragici possano sembrare i metodi di questo sterminio, occorre agire senza alcuno scrupolo di coscienza e con la massima celerità ed efficienza”. Per risparmiare denaro e per razionalizzare al massimo l’operazione, la Giunta dei Giovani Turchi avviò una deportazione di massa (dalla quale talvolta vennero però risparmiati i medici o i tecnici utili al governo, come accadde nella città di Kayseri) in modo da concentrare in pochi siti isolati tutti gli armeni ancora in vita. Una delle destinazioni prescelte fu la desolata e poverissima regione siriana di Deir al-Zor, dove, dopo una marcia a piedi di centinaia di chilometri, intere famiglie armene vennero ammassate e trucidate nei modi più raccapriccianti, tanto da sollevare le inutili proteste di un gruppo di ufficiali tedeschi e austriaci che assistette a quei tragici eventi. Queste deportazioni vennero architettate anche per facilitare l’esproprio dei beni immobili armeni. Abbandonata la precedente prassi della distruzione dei villaggi, molti dirigenti del partito dei Giovani Turchi e moltissimi funzionari di polizia e comandanti delle famigerate bande a cavallo curde ebbero modo di arricchirsi proprio in virtù di questi lasciti forzati.

Nell’inverno del ’15 il rappresentante tedesco a Costantinopoli, conte Wolff-Metternich - che, come si è già detto, non aveva mai mancato di stigmatizzare “il crudele e controproducente comportamento degli ottomani nei confronti delle minoranze cristiane” -  denunciò, in una missiva inviata a Berlino, questa “orribile prassi”, accusando nuovamente i Giovani Turchi di “tradimento nei confronti della comune causa tedesco-ottomana”. L’ambasciatore tedesco agì in maniera talmente diretta da indurre Enver Pascià e Taalat Pascià a chiederne a Berlino la sua sostituzione, cosa che in effetti avvenne nel 1916. A testimonianza delle dimensioni del fenomeno “espropriazioni”, dopo la fine della guerra, nel 1919, lo scrittore e storico tedesco J.Lepsius nel suo “Deutschland und Armenien” stimò che nel 1916 “i profitti derivati all’oligarchia dei Giovani Turchi e ai suoi lacché dai beni rapinati agli armeni fossero arrivati a toccare la cifra astronomica di un miliardo di marchi”. Per onestà va comunque detto che, in certi casi, alcuni governatori (i vali) turchi, (come quello di Angora, città nella quale vivevano 20.000 armeni), mostrarono indubbia pietà nei confronti degli armeni, arrivando anche a disubbidire alle direttive del governo. Tanto che, nel luglio del ’15, il governatore di Ankara - che si era opposto agli stermini - venne subito rimosso e sostituito con un funzionario più zelante. Come il vali Gevdet che, nell’estate del ’15, a Siirt, a sud di Bitlis, “fece massacrare - come testimonia Rafael de Nogales, un mercenario venezuelano che nel 1915 si era arruolato nell’esercito turco - oltre 10.000 tra armeni, cristiani nestoriani e giacobiti, lasciando i loro corpi ignudi in pasto agli avvoltoi e ai cani randagi”. Identici resoconti possono riscontrarsi anche nei documenti e nelle memorie di numerosi addetti diplomatici tedeschi, americani, svedesi e anche italiani. Sull’edizione del quotidiano Il Messaggero di Roma (25 agosto 1915) venne pubblicata la denuncia del console generale a Trebisonda, Giovanni Gorrini. Costui affermò che “degli oltre 14.000 armeni legalmente residenti a Trebisonda all’inizio del 1915 (dal punto di vista religioso la comunità era composta da cristiani gregoriani, cattolici e protestanti, nda) il 23 luglio dello stesso anno non ne rimanevano in vita che 90. Tutti gli altri, dopo essere stati spogliati di ogni avere, erano stati infatti deportati dalla polizia e dall’esercito ottomani in lande desolate o in vallate dell’entroterra e massacrati”. E intanto proseguiva senza soste la deportazione degli armeni destinati ai famigerati campi di raccolta (e di sterminio) della città di Deir al-Azor. Questi, privi di baracche, servizi igienici, iniziarono ad accogliere all’interno dei loro perimetri cintati da fitti sbarramenti di filo spinato sorvegliato da guardie armate, decine di migliaia di profughi. “Ben presto - come narra lo scrittore David Marshall Lang nel suo eccellente e ben documentato “Armeni, un popolo in esilio” - in questi recinti, rigurgitanti in gran parte di vecchi, donne e bambini, scoppiarono terribili epidemie di tifo e vaiolo che si allargarono a gran parte della popolazione siriana…Solo ad Aleppo, tra l’agosto 1916 e l’agosto 1917, circa 35.000 persone morirono di tifo”. Epidemie che si rivelarono talmente devastanti da mettere in allarme lo stesso generale Otto Liman von Sanders, comandante delle forze turco-tedesche in Medio Oriente. Questi, nel 1916, cercò di attivare, attraverso il suo Servizio Sanitario, una qualche forma di assistenza, sempre contrastato dalle autorità ottomane che, accecate dall’odio verso gli armeni, non si rendevano conto dell’immane disastro che avevano provocato. In terra siriana, qualche centinaio di ragazzine e di bambini armeni riuscì però a scampare alla morte per fame, malattia o alle fucilate degli aguzzini turchi. Le ragazze, soprattutto le più giovani e graziose, vennero infatti vendute per poche piastre ad alcuni possidenti arabi che le rinchiusero nei bordelli, non prima di averle fatte convertire forzatamente all’Islam. Nell’autunno del 1918, quando le forze inglesi del generale Edmund Allenby dopo avere sconfitto i turco-tedeschi a Megiddo, occuparono la Palestina e la Siria, trovarono ancora in vita alcune decine di queste derelitte, tutte marchiate a fuoco dagli stenti e dalle malattie veneree. Sorte ancora peggiore toccò ai bambini armeni rinchiusi nei campi siriani. Gran parte di questi vennero infatti sottratti alle madri e inviati anch’essi in bordelli per omosessuali o in speciali orfanotrofi per essere rieducati come turchi mussulmani da Halidé Edib Adivart, una mostruosa virago alla quale il governatore della Siria aveva affidato il compito di “raddrizzare la schiena alla ribelle gioventù armena”.

Nonostante tutto, il governo ottomano non si reputava ancora soddisfatto della risoluzione del “problema armeno”. Nei campi, “i cristiani infedeli morivano troppo lentamente”. Nel 1916, Enver Pascià, Taalat Pascià e Ahmed Gemal diedero quindi un ulteriore giro di vite alla loro politica di sterminio, intimando ai loro governatori e capi di polizia di “eliminare con le armi, ma se possibile, con mezzi più economici, tutti i sopravvissuti dei campi siriani e anatolici”. In questa seconda fase del massacro ebbe modo di distinguersi proprio il governatore del distretto di Deir al-Azor, certo Zekki, che ogni mattina era solito “cavalcare nei campi tra i profughi, tirare su un bambino, farlo roteare in aria, e scagliarlo contro le rocce”. Zekki - secondo quanto scrive J. Bryce (autore di “The Treatment of Armenians”), “rinchiuse 500 armeni all’interno di una stretta palizzata, costruita su una piana desertica, e li fece morire di fame e di sete”. E a dimostrazione dello zelo di questo governatore, basti pensare che, durante l’estate del 1916, i suoi uomini eliminarono oltre 20.000 armeni. Taalat Pascià, divenuto Gran Visir, arrivò addirittura a vantarsi dell’efficienza del suo governatore con l’esterrefatto ambasciatore americano Morgenthau, al quale egli ebbe anche l’ardire di chiedere “l’elenco delle assicurazioni sulla vita che gli armeni più ricchi (deceduti nei campi di sterminio) avevano precedentemente stipulato con compagnie americane, in modo da consentire al Governo di incassare gli utili delle polizze”.

Intanto, nelle regioni orientali e settentrionali dell’Impero Ottomano, la situazione delle comunità armene che erano riuscite a trovare rifugio nelle valli del Caucaso si fece improvvisamente drammatica. In seguito alla rivoluzione bolscevica del 1917, l’esercito russo aveva infatti iniziato a ritirarsi dall’Anatolia orientale e dalla Ciscaucasia, abbandonando gli armeni al loro destino. Rioccupata l’importante città-fortezza di Kars, le forze ottomane, ormai libere di agire, iniziarono una meticolosa caccia all’uomo, arrivando a sopprimere circa 19.000 persone in poche settimane. Identica sorte che toccò a quei profughi cristiani che, rifugiatisi preventivamente in Transcaucasia, soprattutto in Georgia e nella regione caspica di Baku, vennero massacrati dalle locali minoranze mussulmane tartare e cecene. Nel settembre del ’18, nella sola area di Baku furono eliminati 30.000 armeni.

Ma la guerra stava volgendo ormai al termine e nell’imminenza del crollo della Sublime Porta, i responsabili turchi delle stragi iniziarono a sparire nell’ombra, onde evitare il peggio. Quando, nell’ottobre 1918, la Turchia si arrese alle forze dell’Intesa, i principali dirigenti e responsabili del partito dei Giovani Turchi e del Comitato di Unione e Progresso vennero arrestati dagli inglesi e internati per un breve periodo a Malta. Successivamente, un tribunale militare turco condannò a morte, in contumacia, Enver Pascià, Ahmed Gemal e Nazim, accusati di avere architettato e portato a compimento, tra il 1914 e il 1918, l’olocausto armeno. Ormai espatriati, nessuno dei condannati finì però nelle mani della giustizia regolare. Ci pensò il destino e, come spesso accade, lo spirito vendicativo dell’uomo a colpire chi si era macchiato di tanti efferati crimini. Il 15 marzo 1921, Taalat Pascià, forse il più crudele dei tre triumviri di Costantinopoli, venne assassinato a Berlino da uno studente armeno, tale Soghomon Tehlirian (che venne processato da un tribunali tedesco e successivamente assolto); sorte che toccò il 21 luglio 1922 anche ad Ahmed Gemal, ucciso da un altro giovane armeno a Tbilisi, in Georgia. “Strana e sotto molti aspetti decisamente consona al personaggio fu invece la fine di Enver Pascià, il più intelligente e “idealista” dei tre: il “Piccolo Napoleone” dell’Impero, il propugnatore fanatico e determinato del Pan-Turanismo” (D.M. Lang). Rifugiatosi tra le tribù turche della remota regione asiatica centrale di Bukhara, dove pensava di portare a compimento la realizzazione del suo sogno, cioè la creazione di una Grande Nazione Turca, agli inizi degli anni Venti Enver si mise a capo di una rivolta turco-mussulmana contro il potere sovietico. Ma il 4 luglio 1922, egli venne circondato con il suo piccolo esercito da un grosso reparto bolscevico (combinazione guidato da un ufficiale armeno) e ucciso. Con la morte di Enver tramontava per sempre il progetto revanchista, di chiara matrice nazionalista e razzista, che non soltanto aveva trascinato la Turchia nel disastro del Primo Conflitto, ma che aveva contribuito a riaccendere l’atavico e mai sopito odio della popolazione turca nei confronti della minoranza armena cristiana. Oggi, a distanza di tanti anni, quell’impetuoso rigurgito di intolleranza etnico-religiosa che scatenò la persecuzione contro gli armeni, sta - paradossalmente - interessando un’altra minoranza, quella curda, che da colpevole fiancheggiatrice di una strage si è trasformata a sua volta in vittima di una logica di persecuzione assurda e spietata.


Autore: Alberto Rosselli




CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI DÉCLARATION "DOMINUS IESUS" SUR L'UNICITÉ ET L'UNIVERSALITÉ SALVIFIQUE DE JÉSUS-CHRIST ET DE L'ÉGLISE

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CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

DÉCLARATION
"DOMINUS IESUS"
SUR L'UNICITÉ ET L'UNIVERSALITÉ SALVIFIQUE
DE JÉSUS-CHRIST ET DE L'ÉGLISE

INTRODUCTION


1. Le Seigneur Jésus, avant de monter aux cieux, a transmis à ses disciples le commandement d'annoncer l'Évangile au monde entier et de baptiser toutes les nations : « Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16,15-16) ; « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin de l'âge » (Mt 28,18-20 ; voir aussi Lc 24,46-48 ; Jn 17,18 ; 20,21 ; Ac 1,8).

La mission universelle de l'Église naît du commandement de Jésus-Christ et se réalise au long des siècles par la proclamation du mystère de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et du mystère de l'incarnation du Fils, comme événement salvifique pour toute l'humanité. Tels sont les contenus fondamentaux de la profession de foi chrétienne : « Je crois en un seul Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, Lumière, né de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par Lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, Il descendit du ciel ; par l'Esprit Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie, et S'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et Il monta au ciel ; Il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son Règne n'aura pas de fin. Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie. Il procède du Père ; avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire ; Il a parlé par les prophètes. Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir ».1

2. L'Église, au long des siècles, a proclamé l'Évangile de Jésus et lui a rendu fidèlement témoignage. Cependant, au terme du second millénaire, cette mission est encore loin d'être accomplie.2 Par conséquent, l'exclamation de l'apôtre Paul sur la tâche missionnaire de tous les baptisés est plus que jamais d'actualité : « Annoncer l'Évangile en effet n'est pas pour moi un titre de gloire ; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile! » (1 Co 9,16). D'où l'attention particulière du Magistère à encourager et à soutenir la mission évangélisatrice de l'Église, vis-à-vis surtout des traditions religieuses du monde.3

Considérant de manière ouverte et positive les valeurs dont témoignent ces traditions et qu'elles offrent à l'humanité, la Déclaration conciliaire sur les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes affirme : « L'Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes ».4 Continuant dans la même direction, la tâche ecclésiale d'annoncer Jésus-Christ, « chemin, vérité et vie » (cf. Jn 14,6) emprunte aujourd'hui encore la voie du dialogue interreligieux qui ne remplace certainement pas la missio ad gentes mais l'accompagne plutôt, à cause de ce « mystère d'unité » dont « découle que tous ceux et celles qui sont sauvés participent, bien que différemment, au même mystère de salut en Jésus-Christ par son Esprit ».5 Ce dialogue, qui fait partie de la mission évangélisatrice de l'Église,6 comporte une attitude de compréhension et un rapport de connaissance réciproque et d'enrichissement mutuel, dans l'obéissance à la vérité et le respect de la liberté.7

3. De la pratique et de la théorisation du dialogue entre la foi chrétienne et les autres traditions religieuses, naissent de nouvelles questions ; il faut les affronter en parcourant de nouvelles pistes d'investigation, en avançant des propositions et en suggérant des comportements, qui doivent être soumis à un discernement attentif. La présente Déclaration intervient dans cette recherche pour rappeler aux Évêques, aux théologiens et à tous les fidèles catholiques certains contenus doctrinaux essentiels, qui puissent aider la réflexion théologique à découvrir peu à peu des solutions conformes aux données de la foi et aptes à répondre aux défis de la culture contemporaine.

Cette Déclaration est un exposé en raison de sa finalité. On n'entend pas y traiter organiquement la problématique de l'unicité et de l'universalité salvifique du mystère de Jésus-Christ et de l'Église, ni offrir des solutions à des questions théologiques librement disputées. On veut plutôt exposer une nouvelle fois la doctrine de la foi catholique sur ce point, en indiquant en même temps certains problèmes fondamentaux qui restent ouverts à d'ultérieurs approfondissements, et réfuter quelques opinions erronées ou ambiguës. Ainsi la Déclaration reprend la doctrine enseignée dans de précédents documents du Magistère, pour proclamer à nouveau des vérités qui appartiennent au patrimoine de foi de l'Église.

4. La pérennité de l'annonce missionnaire de l'Église est aujourd'hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto mais aussi de iure (ou en tant que principe). Elles retiennent alors comme dépassées des vérités comme par exemple le caractère définitif et complet de la révélation de Jésus-Christ, la nature de la foi chrétienne vis-à-vis des autres religions, l'inspiration des livres de la Sainte Écriture, l'unité personnelle entre le Verbe éternel et Jésus de Nazareth, l'unité de l'économie du Verbe incarné et du Saint-Esprit, l'unicité et l'universalité salvifique du mystère de Jésus-Christ, la médiation salvifique universelle de l'Église, la non-séparation, quoique dans la distinction, entre le Royaume de Dieu, le Royaume du Christ et l'Église, la subsistance de l'unique Église du Christ dans l'Église catholique.

Ces théories s'appuient sur certains présupposés de nature philosophique ou théologique qui rendent difficiles la compréhension et l'accueil de la vérité révélée. On en signalera quelques-uns : la conviction que la vérité sur Dieu est insaisissable et ineffable, même par la révélation chrétienne ; l'attitude relativiste vis-à-vis de la vérité, entraînant que ce qui est vrai pour certains ne le serait pas pour d'autres ; l'opposition radicale qu'on établit entre la mentalité logique occidentale et la mentalité symbolique orientale ; le subjectivisme de qui, tenant la raison comme seule source de connaissance, devient « incapable d'élever son regard vers le haut pour oser atteindre la vérité de l'être » ;8 la difficulté à percevoir et comprendre dans l'histoire la présence d'événements définitifs et eschatologiques ; la privation de sa dimension métaphysique de l'incarnation historique du Logos éternel et sa réduction à une simple apparition de Dieu dans l'histoire ; l'éclectisme qui, dans la recherche théologique, prend des idées dans différents contextes philosophiques et religieux, sans se soucier ni de leur cohérence systématique ni de leur compatibilité avec la vérité chrétienne ; la tendance finalement à lire et à interpréter la Sainte Écriture en dehors de la Tradition et du Magistère de l'Église.

Sur la base de ces présupposés adoptés sans uniformité, comme des affirmations pour certains, comme des hypothèses pour d'autres, des propositions théologiques sont élaborées qui font perdre leur caractère de vérité absolue et d'universalité salvifique à la révélation chrétienne et au mystère de Jésus-Christ et de l'Église, ou y jettent au moins une ombre de doute et d'incertitude.

I. LA RÉVÉLATION DE JÉSUS-CHRIST COMPLÈTE ET DÉFINITIVE



5. Pour remédier à cette mentalité relativiste toujours plus répandue, il faut réaffirmer avant tout que la révélation de Jésus-Christ est définitive et complète. On doit en effet croire fermement que la révélation de la plénitude de la vérité divine est réalisée dans le mystère de Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6) : « Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27) ; « Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître » (Jn 1,18) ; « En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, et vous vous trouvez en lui associés à sa plénitude » (Col 2,9-10).

Fidèle à la parole de Dieu, le Concile Vatican II enseigne : « La profonde vérité que cette révélation manifeste, sur Dieu et sur le salut de l'homme, resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le médiateur et la plénitude de toute la révélation ».9 Et il précise : « Jésus-Christ donc, le Verbe fait chair, “homme envoyé aux hommes”, “prononce les paroles de Dieu” (Jn 3,34) et achève l'œuvre de salut que le Père lui a donné à faire (cf. Jn 5,36 ; 17,4). C'est donc lui — le voir, c'est voir le Père (cf. Jn 14,9) — qui, par toute sa présence et par la manifestation qu'il fait de lui-même par paroles et œuvres, par signes et miracles, et plus particulièrement par sa mort et par sa résurrection glorieuse d'entre les morts, par l'envoi enfin de l'Esprit de vérité, achève en la complétant la révélation, et la confirme encore en l'attestant divinement [...]. L'économie chrétienne, étant l'Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n'est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ (cf. 1 Tm 6,14 et Tt 2,13) ».10

Aussi l'encyclique Redemptoris missio rappelle à l'Église la tâche de proclamer l'Évangile comme plénitude de la vérité : « Dans cette Parole définitive de sa révélation, Dieu s'est fait connaître en plénitude : il a dit à l'humanité qui il est. Et cette révélation définitive que Dieu fait de lui-même est la raison fondamentale pour laquelle l'Église est missionnaire par sa nature. Elle ne peut pas ne pas proclamer l'Évangile, c'est-à-dire la plénitude de la vérité que Dieu nous a fait connaître sur lui-même ».11 Seule la révélation de Jésus-Christ « fait donc entrer dans notre histoire une vérité universelle et ultime, qui incite l'esprit de l'homme à ne jamais s'arrêter ».12

6. Est donc contraire à la foi de l'Église la thèse qui soutient le caractère limité, incomplet et imparfait de la révélation de Jésus-Christ, qui compléterait la révélation présente dans les autres religions. La cause fondamentale de cette assertion est la persuasion que la vérité sur Dieu ne pourrait être ni saisie ni manifestée dans sa totalité et dans sa complétude par aucune religion historique, par le christianisme non plus par conséquent, et ni même par Jésus-Christ.

Cette position contredit radicalement les précédentes affirmations de foi selon lesquelles la révélation complète et définitive du mystère salvifique de Dieu se réalise en Jésus-Christ. Aussi, les mots, les œuvres et toute l'existence historique de Jésus, quoique limités en tant que réalités humaines, ont cependant comme sujet la Personne divine du Verbe incarné, « vraiment Dieu et vraiment homme » ;13 ils portent donc en eux le caractère complet et définitif de la révélation des voies salvifiques de Dieu, même si la profondeur du mystère divin en lui-même demeure transcendante et inépuisable. La vérité sur Dieu n'est pas abolie ou réduite quand elle est exprimée dans un langage humain. Elle demeure en revanche unique, complète et définitive car celui qui parle et qui agit est le Fils de Dieu incarné. Dès lors la foi exige qu'on professe que dans tout son mystère, de l'incarnation à la glorification, le Verbe fait chair est la source, participée mais réelle, et l'accomplissement de toute révélation salvifique de Dieu à l'humanité,14et que l'Esprit Saint, qui est l'Esprit du Christ, enseigne cette « vérité tout entière » (Jn 16,13) aux apôtres et à travers eux à l'Église de tous les temps.

7. La réponse adéquate à la révélation divine est « “l'obéissance de la foi ” (Rm 1,5 ; cf. Rm 16,26 ; 2 Co 10,5-6), par laquelle l'homme s'en remet tout entier et librement à Dieu dans un “complet hommage d'intelligence et de volonté à Dieu qui révèle” et dans un assentiment volontaire à la révélation qu'il fait ».15 La foi est un don de grâce : « Pour exister, cette foi requiert la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l'esprit et donne “à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité” ».16

L'obéissance de la foi comporte l'accueil de la vérité de la révélation du Christ, garantie par Dieu qui est la Vérité même :17« La foi est d'abord une adhésion personnelle de l'homme à Dieu ; elle est en même temps, et inséparablement, l'assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélée».18 La foi par conséquent, « don de Dieu » et « vertu surnaturelle infuse par lui »,19 comporte une double adhésion : à Dieu qui révèle et à la vérité qu'il révèle, à cause de la confiance accordée à la personne qui affirme. C'est pour cela que « nous ne devons croire en nul autre que Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ».20
On doit donc tenir fermement la distinction entre la foi théologale et la croyance dans les autres religions. Alors que la foi est l'accueil dans la grâce de la vérité révélée, qui « permet de pénétrer le mystère, dont elle favorise une compréhension cohérente »,21 la croyance dans les autres religions est cet ensemble d'expériences et de réflexions, trésors humains de sagesse et de religiosité, que l'homme dans sa recherche de la vérité a pensé et vécu, pour ses relations avec le Divin et l'Absolu.22

Cette distinction n'est pas toujours présente dans la réflexion actuelle, ce qui provoque souvent l'identification entre la foi théologale, qui est l'accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions, qui est une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l'assentiment à Dieu qui se révèle. C'est là l'un des motifs qui tendent à réduire, voire même à annuler, les différences entre le christianisme et les autres religions.

8. On avance aussi l'hypothèse de l'inspiration des textes sacrés d'autres religions. Il faut certes reconnaître que certains éléments de ces textes sont de fait des instruments pour que des multitudes de personnes au cours du temps aient pu, aujourd'hui comme hier, alimenter et conserver leur rapport religieux avec Dieu. Ainsi donc, en considérant les manières de faire, les règles et les doctrines des autres religions, le Concile Vatican II — comme on l'a rappelé supra — affirme que : « Quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle-même [l'Église] tient et propose, cependant [elles] apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes ».23

Néanmoins, la tradition de l'Église réserve la qualification de textes inspirés aux livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, en tant qu'inspirés par le Saint-Esprit.24 Recueillant cette tradition, la Constitution dogmatique sur la Révélation divine du Concile Vatican II enseigne : « Notre sainte Mère l'Église, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l'inspiration de l'Esprit-Saint (cf. Jn 20,31 ; 2 Tm 3,16 ; 2 Pt 1,19-21 ; 3,15-16), ils ont Dieu pour auteur et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Église elle-même ».25Ces livres « enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu pour notre salut a voulu voir consignée dans les Lettres Sacrées ».26

Cependant, parce qu'il veut appeler à lui tous les peuples en Jésus-Christ et leur communiquer la plénitude de sa révélation et de son amour, Dieu ne manque pas de se rendre présent de manière multiforme « non seulement aux individus mais encore aux peuples, par leurs richesses spirituelles dont les religions sont une expression principale et essentielle, bien qu'elles comportent “des lacunes, des insuffisances et des erreurs” ».27 Par conséquent, les livres sacrés des autres religions qui de fait nourrissent et dirigent l'existence de leurs adeptes, reçoivent du mystère du Christ les éléments de bonté et de grâce qu'ils contiennent.

II. LE LOGOS INCARNÉ ET LE SAINT-ESPRIT DANS L'ŒUVRE DU SALUT

9. Dans la réflexion théologique contemporaine, apparaît souvent la conception de Jésus de Nazareth comme une figure historique particulière, finie, révélatrice du divin mais sans exclusive, comme complément d'autres présences révélatrices et salvifiques. L'Infini, l'Absolu, le Mystère ultime de Dieu se manifesterait ainsi à l'humanité sous maintes formes et par maintes figures historiques : Jésus de Nazareth serait l'une d'entre elles. Plus concrètement, il serait pour certains l'un des multiples visages que le Logos aurait pris au cours du temps pour communiquer salvifiquement avec l'humanité.

En outre, pour justifier d'une part l'universalité du salut chrétien et d'autre part le fait du pluralisme religieux, on propose une économie du Verbe éternel, également valide en dehors de l'Église et sans rapport avec elle, et une économie du Verbe incarné. La première aurait une valeur ajoutée d'universalité vis-à-vis de la seconde, limitée aux seuls chrétiens, mais où la présence de Dieu serait plus complète.

10. Ces thèses contrastent vivement avec la foi chrétienne. On doit en effet croire fermement la doctrine de foi qui proclame que Jésus de Nazareth, fils de Marie, et seulement lui, est le Fils et le Verbe du Père. Le Verbe, qui « au commencement [...] était auprès de Dieu » (Jn 1,2) est celui qui « s'est fait chair » (Jn 1,14). En Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16), « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2,9). Il est « le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père » (Jn 1,18), son « Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption [...]. Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix » (Col 1,13-14. 19-20).

Fidèle à la Sainte Écriture et refusant les interprétations erronées et réductrices, le premier Concile de Nicée définit solennellement sa foi en « Jésus-Christ le Fils de Dieu engendré du Père, unique engendré, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, ce qui est dans le ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu et s'est incarné, s'est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, viendra juger les vivants et les morts ».28 Suivant les enseignements des Pères, le Concile de Chalcédoine professa aussi que le « seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme [...], consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l'humanité [...], avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même [engendré] pour nous et pour notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l'humanité ».29

Aussi, le Concile Vatican II affirme que le Christ, « Nouvel Adam », « image du Dieu invisible » (Col 1,15), « est l'homme parfait qui a restauré dans la descendance d'Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché [...]. Agneau innocent, par son sang librement répandu, il nous a mérité la vie ; et, en lui, Dieu nous a réconciliés avec lui-même et entre nous, nous arrachant à l'esclavage du diable et du péché. En sorte que chacun de nous peut dire avec l'apôtre : le Fils de Dieu “m'a aimé et il s'est livré lui-même pour moi” (Ga 2,20) ».30

À cet égard, Jean-Paul II a explicitement déclaré : « Il est contraire à la foi chrétienne d'introduire une quelconque séparation entre le Verbe et Jésus-Christ [...] : Jésus est le Verbe incarné, Personne une et indivisible [...]. Le Christ n'est autre que Jésus de Nazareth, et celui-ci est le Verbe de Dieu fait homme pour le salut de tous [...]. Alors que nous découvrons peu à peu et que nous mettons en valeur les dons de toutes sortes, surtout les richesses spirituelles, dont Dieu a fait bénéficier tous les peuples, il ne faut pas les disjoindre de Jésus-Christ qui est au centre du plan divin de salut ».31

Il est donc contraire à la foi catholique de séparer l'action salvifique du Logos en tant que tel de celle du Verbe fait chair. Par l'incarnation, toutes les actions salvifiques que le Verbe de Dieu opère sont toujours réalisées avec la nature humaine qu'il a assumée pour le salut de tous les hommes. L'unique sujet agissant dans les deux natures, divine et humaine, est la personne unique du Verbe.32

Elle n'est donc pas compatible avec la doctrine de l'Église la théorie qui attribue une activité salvifique au Logos comme tel dans sa divinité, qui s'exercerait « plus loin » et « au delà » de l'humanité du Christ, même après l'incarnation.33

11. Il faut pareillement croire fermement la doctrine de foi sur l'unicité de l'économie salvifique voulue par le Dieu Un et Trine. Cette économie a comme source et comme centre le mystère de l'incarnation du Verbe, médiateur de la grâce divine pour la création et pour la rédemption (cf. Col 1,15-20), regroupant toutes choses (cf. Ep 1,10), « devenu pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption » (1 Co 1,30). Le mystère du Christ en effet a une unité intrinsèque, de l'élection éternelle en Dieu jusqu'à la parousie : « [Le Père] nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour » (Ep 1,4) ; « En lui encore [...] nous avons été mis à part, désignés d'avance, selon le plan préétabli de celui qui mène toutes choses au gré de sa volonté » (Ep 1,11) ; « Car ceux que d'avance il [le Père] a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l'image de son Fils, afin qu'il soit l'aîné d'une multitude de frères ; et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés » (Rm 8,29-30).

Le Magistère de l'Église, fidèle à la révélation divine, confirme que Jésus-Christ est le médiateur et rédempteur universel : « Le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s'est lui-même fait chair, afin que, homme parfait, il sauve tous les hommes et récapitule toutes choses en lui [...]. C'est lui [le Seigneur] que le Père a ressuscité d'entre les morts, a exalté et a fait siéger à sa droite, le constituant juge des vivants et des morts ».34Cette médiation salvifique implique aussi l'unicité du sacrifice rédempteur du Christ, prêtre souverain et éternel (cf. He 6,20 ; 9,11 ; 10,12-14).

12. D'autres envisagent encore l'hypothèse d'une économie de l'Esprit Saint au caractère plus universel que celle du Verbe incarné, crucifié et ressuscité. Cette affirmation aussi est contraire à la foi catholique, qui considère en revanche l'incarnation salvifique du Verbe comme un événement trinitaire. Dans le Nouveau Testament le mystère de Jésus, Verbe incarné, constitue le lieu de la présence du Saint-Esprit et le principe de son effusion sur l'humanité non seulement aux temps messianiques (cf. Ac 2,32-36 ; Jn 7,39 ; 20,22 ; 1 Co 15,45), mais aussi à l'époque précédant la venue du Christ dans l'histoire (cf. 1 Co 10,4 ; 1 Pt 1,10-12).

Le Concile Vatican II a rappelé cette vérité fondamentale à la conscience de foi de l'Église. Dans l'exposition du plan salvifique du Père sur toute l'humanité, le Concile relie immédiatement et strictement le mystère du Christ et le mystère de l'Esprit.35 Tout le travail d'édification de l'Église par Jésus-Christ Tête au cours des siècles est décrit comme réalisé en communion avec son Esprit.36

En outre, l'action salvifique de Jésus-Christ, avec et par son Esprit, s'étend à toute l'humanité, au delà des frontières visibles de l'Église. Traitant du mystère pascal, où le Christ associe déjà maintenant le croyant à sa vie dans l'Esprit et lui donne l'espérance de la résurrection, le Concile affirme : « Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal ».37

Le lien entre le mystère salvifique du Verbe fait chair et celui de l'Esprit est donc clair, qui en fin de compte introduit la vertu salvifique du Fils incarné dans la vie de tous les hommes, appelés par Dieu à une même fin, qu'ils aient précédé historiquement le Verbe fait homme ou qu'ils vivent après sa venue dans l'histoire : l'Esprit du Père, que le Fils donne sans mesure (cf. Jn 3,34) les anime tous.

Pour cette raison le Magistère récent de l'Église a fermement et clairement rappelé la vérité sur l'unique économie divine : « La présence et l'activité de l'Esprit ne concernent pas seulement les individus, mais la société et l'histoire, les peuples, les cultures, les religions [...]. Le Christ ressuscité agit désormais dans le cœur des hommes par la puissance de son Esprit [...]. C'est encore l'Esprit qui répand les “semences du Verbe”, présentes dans les rites et les cultures, et les prépare à leur maturation dans le Christ ».38 Tout en reconnaissant le rôle historico-salvifique de l'Esprit dans l'univers entier et dans toute l'histoire,39 le Magistère précise cependant : « Ce même Esprit a agi dans l'incarnation, dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus, et il agit dans l'Église. Il ne se substitue donc pas au Christ, et il ne remplit pas une sorte de vide, comme, suivant une hypothèse parfois avancée, il en existerait entre le Christ et le Logos. Ce que l'Esprit fait dans le cœur des hommes et dans l'histoire des peuples, dans les cultures et les religions, remplit une fonction de préparation évangélique et cela ne peut pas être sans relation au Christ, le Verbe fait chair par l'action de l'Esprit, “afin que, homme parfait, il sauve tous les hommes et récapitule toutes choses en lui” ».40

En conclusion, l'Esprit n'agit pas à côté ou en dehors du Christ. Il n'y a qu'une seule économie salvifique du Dieu Un et Trine, réalisée dans le mystère de l'incarnation, mort et résurrection du Fils de Dieu, mise en œuvre avec la coopération du Saint-Esprit et élargie dans sa portée salvifique à l'humanité entière et à l'univers : « Les hommes ne peuvent donc entrer en communion avec Dieu que par le Christ, sous l'action de l'Esprit ».41

III. UNICITÉ ET UNIVERSALITÉ DU MYSTÈRE SALVIFIQUE DE JÉSUS-CHRIST

13. On répète aussi souvent la négation de l'unicité et de l'universalité du mystère salvifique de Jésus-Christ. Cette position n'a aucun support biblique. Il faut en effet croire fermement, comme un élément permanent de la foi de l'Église, la vérité sur Jésus-Christ, Fils de Dieu, Seigneur et unique sauveur, qui par son incarnation, sa mort et sa résurrection a accompli l'histoire du salut, dont il est la plénitude et le centre.

Le Nouveau Testament en témoigne clairement : « Le Père a envoyé son Fils comme sauveur du monde » (1 Jn 4,14) ; « Voici l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Dans son discours devant le sanhédrin, pour justifier la guérison de l'impotent de naissance réalisée au nom de Jésus (cf. Ac 3,1-8), Pierre proclame : « Il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12). Le même apôtre ajoute en outre que Jésus-Christ est « le Seigneur de tous » ; il est « le juge établi par Dieu pour les vivants et les morts » ; et donc « quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés » (Ac 10,36.42.43).

S'adressant à la communauté de Corinthe, Paul écrit : « Bien qu'il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux — et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneurs —, pour nous en tous cas, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous allons » (1 Co 8,5-6). L'apôtre Jean affirme aussi : « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par son entremise » (Jn 3,16-17). Dans le Nouveau Testament, la volonté salvifique universelle de Dieu est strictement reliée à la médiation unique du Christ : « [Dieu] veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2,4-6).

Parce que conscients du don de salut unique et universel offert par le Père en Jésus-Christ dans l'Esprit (cf. Ep 1,3-14), les premiers chrétiens se sont tournés vers Israël pour lui montrer l'accomplissement du salut au delà de la Loi. Ils se sont ensuite adressés au monde païen d'alors, qui aspirait au salut par une pluralité de dieux sauveurs. Cet héritage de foi a été récemment proposé à nouveau par le Magistère de l'Église : « L'Église, quant à elle, croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous (cf. 2 Co 5,15), offre à l'homme, par son Esprit, lumière et forces pour répondre à sa très haute vocation. Elle croit qu'il n'est pas d'autre nom donné aux hommes par lequel ils doivent être sauvés (cf. Ac 4,12). Elle croit aussi que la clé, le centre et la fin de toute histoire humaine se trouve en son Seigneur et Maître ».42

14. Il faut donc croire fermement comme vérité de foi catholique que la volonté salvifique universelle du Dieu Un et Trine est manifestée et accomplie une fois pour toutes dans le mystère de l'incarnation, mort et résurrection du Fils de Dieu.

Compte tenu de cette donnée de foi, la théologie d'aujourd'hui, lorsqu'elle médite sur la présence d'autres expériences religieuses et sur leur signification dans le plan salvifique de Dieu, est invitée à examiner les aspects et les éléments positifs de ces religions : entrent-ils dans le plan divin de salut? Comment? La recherche théologique trouve dans cette réflexion un vaste champ de travail sous la direction du Magistère de l'Église. Le Concile Vatican II a d'ailleurs affirmé que « l'unique médiation du Rédempteur n'exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source ».43 Il faut élucider le contenu de cette médiation participée, qui doit rester guidée par le principe de l'unique médiation du Christ : « Le concours de médiations de types et d'ordres divers n'est pas exclu, mais celles-ci tirent leur sens et leur valeur uniquement de celle du Christ, et elles ne peuvent être considérées comme parallèles ou complémentaires ».44Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l'unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique.

15. On se propose souvent d'éviter en théologie des termes comme « unicité », « universalité », « absolu », parce qu'ils donneraient l'impression d'une insistance excessive sur le sens et la valeur de l'événement salvifique de Jésus-Christ vis-à-vis des autres religions. Or, ce langage exprime en fin de compte la fidélité à la révélation, car il est un développement : il provient des sources mêmes de la foi. La communauté des croyants a en effet immédiatement reconnu la vertu salvifique spécifique de Jésus : par cette vertu, lui seul, comme Fils de Dieu fait homme crucifié et ressuscité, donne la révélation (cf. Mt 11,27) et la vie divine (cf. Jn 1,12 ; 5,25-26 ; 17,2) à toute l'humanité et à chaque homme par la mission reçue du Père et dans la puissance du Saint-Esprit.

Dans cette mesure, on peut et on doit dire que Jésus-Christ a une fonction unique et singulière pour le genre humain et pour son histoire : cette fonction lui est propre, elle est exclusive, universelle et absolue. Jésus est en effet le Verbe de Dieu fait homme pour le salut de tous. Recueillant cette conscience de foi, le Concile Vatican II enseigne : « Le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s'est lui-même fait chair, afin que, homme parfait, il sauve tous les hommes et récapitule toutes choses en lui. Le Seigneur est le terme de l'histoire humaine, le point vers lequel convergent tous les désirs de l'histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations. C'est lui que le Père a ressuscité d'entre les morts, a exalté et fait siéger à sa droite, le constituant juge des vivants et des morts ».45« C'est précisément ce caractère unique du Christ qui lui confère une portée absolue et universelle par laquelle, étant dans l'histoire, il est le centre et la fin de l'histoire elle-même : “Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin” (Ap 22,13) ».46

IV. UNICITÉ ET UNITÉ DE L'ÉGLISE

16. Le Seigneur Jésus, unique sauveur, n'a pas simplement établi une communauté de disciples mais il a constitué l'Église comme mystère de salut : il est lui-même dans l'Église et l'Église est en lui (cf. Jn 15,1ss. ; Ga 3,28 ; Ep 4,15-16 ; Ac 9,5) ; c'est pourquoi la plénitude du mystère salvifique du Christ appartient aussi à l'Église, inséparablement unie à son Seigneur. La présence et l'œuvre de salut de Jésus-Christ continuent en effet dans l'Église et à travers l'Église (cf. Col 1,24-27),47 qui est son Corps (cf. 1 Co 12,12-13.27 ; Col 1,18).48Et comme la tête et les membres d'un corps vivant sont inséparables mais distincts, le Christ et l'Église ne peuvent être ni confondus ni séparés et forment un seul « Christ total ».49 Cette non-séparation est aussi exprimée dans le Nouveau Testament par l'analogie de l'Église comme Épouse du Christ (cf. 2 Co 11,2 ; Ep 5,25-29 ; Ap 21,2.9).50

Par conséquent, compte tenu de l'unicité et de l'universalité de la médiation salvifique de Jésus-Christ, on doit croire fermement comme vérité de foi catholique en l'unicité de l'Église fondée par le Christ. Tout comme il existe un seul Christ, il n'a qu'un seul Corps, une seule Épouse : une « seule et unique Église catholique et apostolique ».51 De plus, les promesses du Seigneur de ne jamais abandonner son Église (cf. Mt 16,18 ; 28,20) et de la guider par son Esprit (cf. Jn 16,13) impliquent, selon la foi catholique, que l'unicité et l'unité, comme tout ce qui appartient à l'intégrité de l'Église, ne feront jamais défaut.52

Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique53— entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique : « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf. Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18ss.), et dont il a fait pour toujours la “colonne et le fondement de la vérité” (1 Tm 3,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui ».54 Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales : d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique ; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures »,55 c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique.56 Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».57

17. Il existe donc un'unique Église du Christ, qui subsiste dans l'Église catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui.58 Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières.59 Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine.60

En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique,61 ne sont pas des Églises au sens propre ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu'imparfaite avec l'Église.62Le baptême en effet tend en soi à l'acquisition de la plénitude de la vie du Christ, par la totale profession de foi, l'Eucharistie et la pleine communion dans l'Église.63

« Aussi n'est-il pas permis aux fidèles d'imaginer que l'Église du Christ soit simplement un ensemble — divisé certes, mais conservant encore quelque unité — d'Églises et de Communautés ecclésiales ; et ils n'ont pas le droit de tenir que cette Église du Christ ne subsiste plus nulle part aujourd'hui de sorte qu'il faille la tenir seulement pour une fin à rechercher par toutes les Églises en commun ».64En effet, « les éléments de cette Église déjà donnée existent, unis dans toute leur plénitude, dans l'Église catholique et, sans cette plénitude, dans les autres Communautés ».65« En conséquence, ces Églises et Communautés séparées, bien que nous les croyions souffrir de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».66

Le manque d'unité entre les chrétiens est certes une blessure pour l'Église, non pas comme privation de son unité, mais « en tant qu'obstacle pour la réalisation pleine de son universalité dans l'histoire ».67

V. ÉGLISE, ROYAUME DE DIEU ET ROYAUME DU CHRIST

18. La mission de l'Église est « d'annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l'instaurer dans toutes les nations, formant de ce Royaume le germe et le commencement sur la terre ».68 D'un côté, l'Église est « sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain ».69Elle est donc signe et instrument du Royaume : appelée à l'annoncer et à l'instaurer. De l'autre côté, l'Église est le « peuple qui tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » ;70 elle est ainsi « le règne du Christ déjà mystérieusement présent »,71 puisqu'elle en constitue le germe et le principe. Le Royaume de Dieu a en effet une dimension eschatologique : c'est une réalité présente dans le temps, mais elle ne se réalisera pleinement qu'à la fin ou accomplissement de l'histoire.72

À partir des textes bibliques et des témoignages patristiques, comme des documents du Magistère de l'Église, on ne déduit une acception univoque ni pour Royaume des Cieux, Royaume de Dieu et Royaume du Christ ni pour leur rapport avec l'Église, elle-même mystère irréductible à un concept humain. Diverses explications théologiques peuvent donc exister sur ces problèmes. Cependant, aucune de ces explications possibles ne doit refuser ou réduire à néant le lien étroit entre le Christ, le Royaume et l'Église. En effet, le « Royaume de Dieu tel que nous le connaissons par la Révélation » ne peut être séparé « ni du Christ ni de l'Église [...]. Si l'on détache le Royaume de Jésus, on ne prend plus en considération le Royaume de Dieu qu'il a révélé, et l'on finit par altérer le sens du Royaume, qui risque de se transformer en un objectif purement humain ou idéologique, et altérer aussi l'identité du Christ, qui n'apparaît plus comme le Seigneur à qui tout doit être soumis (cf. 1 Co 15,27). De même, on ne peut disjoindre le Royaume et l'Église. Certes, l'Église n'est pas à elle-même sa propre fin, car elle est ordonnée au Royaume de Dieu dont elle est germe, signe et instrument. Mais, alors qu'elle est distincte du Christ et du Royaume, l'Église est unie indissolublement à l'un et à l'autre ».73

19. Affirmer l'union inséparable entre Église et Royaume ne signifie cependant pas que le Royaume de Dieu — même considéré dans sa phase historique — s'identifie avec l'Église dans sa réalité visible et sociale. On ne doit pas oublier « l'action du Christ et de l'Esprit Saint hors des limites visibles de l'Église ».74 On doit donc garder en mémoire que « le Royaume concerne les personnes humaines, la société, le monde entier. Travailler pour le Royaume signifie reconnaître et favoriser le dynamisme divin qui est présent dans l'histoire humaine et la transforme. Construire le Royaume signifie travailler pour la libération du mal dans toutes ses formes. En un mot, le Royaume de Dieu est la manifestation et la réalisation de son dessein de salut dans sa plénitude ».75

En considérant les rapports entre le Royaume de Dieu, le Royaume du Christ et l'Église, il est de toute manière nécessaire d'éviter des formulations unilatérales comme ces « conceptions qui mettent délibérément l'accent sur le Royaume et se définissent comme “régnocentriques” ; elles mettent en avant l'image d'une Église qui ne pense pas à elle-même, mais se préoccupe seulement de témoigner du Royaume et de le servir. C'est une “Église pour les autres” dit-on, comme le Christ est “l'homme pour les autres” [...]. À côté d'aspects positifs, ces conceptions comportent souvent des aspects négatifs. D'abord, elles gardent le silence sur le Christ : le Royaume dont elles parlent se fonde sur un “théocentrisme”, parce que — dit-on — le Christ ne peut pas être compris par ceux qui n'ont pas la foi chrétienne, alors que les peuples, les cultures et les diverses religions peuvent se rencontrer autour de l'unique réalité divine, quel que soit son nom. Pour le même motif, elles privilégient le mystère de la création qui se reflète dans la diversité des cultures et des convictions, mais elles se taisent sur le mystère de la rédemption. En outre, le Royaume tel qu'elles l'entendent, finit par marginaliser ou sous-estimer l'Église, par réaction à un “ecclésiocentrisme” supposé du passé et parce qu'elles ne considèrent l'Église elle-même que comme un signe, d'ailleurs non dépourvu d'ambiguïté ».76 Ces thèses sont contraires à la foi catholique parce qu'elles nient l'unicité de rapport du Christ et de l'Église avec le Royaume de Dieu.

VI. L'ÉGLISE ET LES RELIGIONS FACE AU SALUT

20. Ce qui a été jusqu'ici rappelé impose nécessairement des étapes au chemin que la théologie doit parcourir pour élucider le rapport de l'Église et des religions avec le salut.

On doit avant tout croire fermement que l'« Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l'Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc 16,16 ; Jn 3,5), c'est la nécessité de l'Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu'il nous a confirmée en même temps ».77 Cette doctrine ne doit pas être opposée à la volonté salvifique universelle de Dieu (cf. 1 Tm 2,4) ; aussi, « il est nécessaire de tenir ensemble ces deux vérités, à savoir la possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes et la nécessité de l'Église pour le salut ».78

L'Église est « sacrement universel de salut »,79 parce que, de manière mystérieuse et subordonnée, toujours unie à Jésus-Christ sauveur, sa Tête, elle a dans le dessein de Dieu un lien irremplaçable avec le salut de tout homme.80Pour ceux qui ne sont pas formellement et visiblement membres de l'Église, « le salut du Christ est accessible en vertu d'une grâce qui, tout en ayant une relation mystérieuse avec l'Église, ne les y introduit pas formellement mais les éclaire d'une manière adaptée à leur état d'esprit et à leur cadre de vie. Cette grâce vient du Christ, elle est le fruit de son sacrifice et elle est communiquée par l'Esprit Saint ».81 Elle est liée à l'Église, qui « tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père ».82

21. Sur la modalité de transmission aux non-chrétiens de la grâce salvifique de Dieu, toujours donnée par le Christ en l'Esprit et dans un rapport mystérieux avec l'Église, le Concile Vatican II s'est contenté d'affirmer que Dieu la donne « par des voies connues de lui ».83 La théologie cherche à approfondir cette idée. Ce travail théologique doit être encouragé, parce qu'il sert sans aucun doute à une meilleure compréhension des desseins salvifiques de Dieu et des formes de leur réalisation. Cependant, d'après ce qui a été rappelé jusqu'ici sur la médiation de Jésus-Christ et sur la « relation singulière et unique »84 entre l'Église et le Royaume de Dieu parmi les hommes — qui est en substance le Royaume du Christ sauveur universel —, il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l'Église comme un chemin de salut parmi d'autres. Les autres religions seraient complémentaires à l'Église, lui seraient même substantiellement équivalentes, bien que convergeant avec elle vers le Royaume eschatologique de Dieu.

Certes, les différentes traditions religieuses contiennent et proposent des éléments de religiosité qui procèdent de Dieu,85 et font partie de « ce que l'Esprit fait dans le cœur des hommes et dans l'histoire des peuples, dans les cultures et les religions ».86 De fait, certaines prières et certains rites des autres religions peuvent assumer un rôle de préparation évangélique, en tant qu'occasions ou enseignements encourageant le cœur des hommes à s'ouvrir à l'action divine.87 On ne peut cependant leur attribuer l'origine divine et l'efficacité salvifique ex opere operato qui sont propres aux sacrements chrétiens.88Par ailleurs, on ne peut ignorer que d'autres rites naissent de superstitions ou d'erreurs semblables (cf. 1 Co 10,20-21) et constituent plutôt un obstacle au salut.89

22. Avec l'avènement de Jésus-Christ sauveur, Dieu a voulu que l'Église par lui fondée fût l'instrument du salut de toute l'humanité (cf. Ac 17,30-31).90 Cette vérité de foi n'enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l'Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste « imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que “toutes les religions se valent” ».91 S'il est vrai que les adeptes d'autres religions peuvent recevoir la grâce divine, il n'est pas moins certain qu'objectivement ils se trouvent dans une situation de grave indigence par rapport à ceux qui, dans l'Église, ont la plénitude des moyens de salut.92« Tous les fils de l'Église doivent [...] se souvenir que la grandeur de leur condition doit être rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ ; s'ils n'y correspondent pas par la pensée, la parole et l'action, ce n'est pas le salut qu'elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement ».93 On comprend ainsi que, suivant le commandement du Seigneur (cf. Mt 28,19-20) et comme exigence d'amour pour tous les hommes, l'Église « annonce, et est tenue d'annoncer sans cesse, le Christ qui est “la voie, la vérité et la vie” (Jn 14,6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s'est réconcilié toutes choses ».94

La mission ad gentes, dans le dialogue interreligieux aussi, « garde dans leur intégrité, aujourd'hui comme toujours, sa force et sa nécessité ».95 En effet, « “Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité” (1 Tm 2,4). Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l'Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ; mais l'Église, à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. C'est parce qu'elle croit au dessein universel de salut qu'elle doit être missionnaire ».96 Le dialogue donc, tout en faisant partie de la mission évangélisatrice, n'est qu'une des actions de l'Église dans sa mission ad gentes.97 La parité, condition du dialogue, signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus-Christ — Dieu lui-même fait homme — et les fondateurs des autres religions. L'Église en effet, guidée par la charité et le respect de la liberté,98 doit en premier lieu annoncer à tous la vérité définitivement révélée par le Seigneur, et proclamer la nécessité, pour participer pleinement à la communion avec Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, de la conversion à Jésus-Christ et de l'adhésion à l'Église par le baptême et les autres sacrements. D'autre part la certitude de la volonté salvifique universelle de Dieu n'atténue pas, mais augmente le devoir et l'urgence d'annoncer le salut et la conversion au Seigneur Jésus-Christ.

CONCLUSION

23. Pour proclamer à nouveau et éclairer certaines vérités de foi, la présente Déclaration a voulu suivre l'exemple de l'apôtre Paul face aux Corinthiens : « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu » (1 Co 15,3). Vis-à-vis de certaines propositions problématiques voire même erronées, la réflexion théologique est appelée à confirmer la foi de l'Eglise et à donner raison de son espérance avec conviction et efficacité.

À propos de la vraie religion, les Pères du Concile Vatican II ont affirmé : « Cette unique et vraie religion, nous croyons qu'elle subsiste dans l'Église catholique et apostolique à qui le Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les hommes, lorsqu'il dit aux apôtres : “Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit” (Mt 28,19-20). Tous les hommes, d'autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et quand ils l'ont connue, de l'embrasser et de lui être fidèles ».99

La révélation du Christ continuera d'être dans l'histoire « la vraie étoile sur laquelle s'oriente » 100 toute l'humanité : « La Vérité, qui est le Christ, s'impose comme une autorité universelle ». 101 Le mystère chrétien dépasse en effet toute limite d'espace et de temps ; il réalise l'unité de la famille humaine : « Des divers lieux et des différentes traditions, tous sont appelés dans le Christ à participer à l'unité de la famille des fils de Dieu [...]. Jésus abat les murs de division et réalise l'unification de manière originale et suprême, par la participation à son mystère. Cette unité est tellement profonde que l'Église peut dire avec saint Paul : “Vous n'êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu” (Ep 2,19) ». 102

Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, au cours de l'audience accordée le 16 juin 2000 au soussigné cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec science certaine et son autorité apostolique a approuvé la présente Déclaration, décidée en session plénière, l'a confirmée et en a ordonné la publication.

Donné à Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 6 août 2000, en la fête de la Transfiguration du Seigneur.

Joseph Card. Ratzinger
Préfet

Tarcisio Bertone, S.D.B.
Archevêque émérite de Verceil
Secrétaire


(1) Conc. oecum. de Constantinople I, Symbolum Constantinopolitanum : DS 150 ; cf. Cathéchisme de l'Eglise Catholique, 50.

(2) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 1 : AAS 83 (1991) 249-340.

(3) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Ad gentes et Décl. Nostra aetate ; cf. aussi Paul VI, Exhort. ap. Evangelii nuntiandi : AAS 68 (1976) 5-76 ; Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio.

(4) Conc. OEcum. Vat. II, Décl. Nostra aetate, n. 2.

(5) Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux et Congrégation pour l'Évangélisation des peuples, Instr. Dialogue et annonce, n. 29 : AAS 84 (1992) 414-446 ; cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 22.

(6) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 55.

(7) Cf. Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux et Congrégation pour l'Évangélisation des peuples, Instr. Dialogue et annonce, n. 9.

(8) Jean-Paul II, Encycl. Fides et ratio, n. 5 : AAS 91 (1999) 5-88.

(9) Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Dei verbum, n. 2.

(10) Ibid., n. 4.

(11) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 5.

(12) Jean-Paul II, Encycl. Fides et ratio, n. 14.

(13) Conc. OEcum. de Chalcédoine, Symbolum Chalcedonense : DH 301. Cf. S. Athanase d'Alexandrie, De Incarnatione, 54, 3 : SC 199, 458.

(14) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Dei verbum, n. 4.

(15) Ibid., n. 5.

(16) Ibid.

(17) Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, n. 144.

(18) Ibid., n. 150.

(19) Ibid., n. 153.

(20) Ibid., n. 178.

(21) Jean-Paul II, Encycl. Fides et ratio, n. 13.

(22) Cf. ibid., nn. 31-32.

(23) Conc. OEcum. Vat. II, Décl. Nostra aetate, n. 2. Cf. aussi Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Ad gentes, n. 9, qui évoque les éléments positifs présents dans « les rites particuliers et les civilisations particulières des peuples » ; Const. dogm. Lumen gentium, n. 16, qui fait référence à ce qui peut se trouver de bon et de vrai chez les non-chrétiens et qui peut être considéré comme une préparation à l'accueil de l'Évangile.
(24) Cf. Conc. OEcum. de Trente, Décr. De libris sacris et de traditionibus recipiendis : DH 1501 ; Conc. OEcum. Vat. I, Const. dogm. Dei Filius, cap. 2 : DH 3006.

(25) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Dei verbum, n. 11.

(26) Ibid.

(27) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 55. Cf. aussi n. 56. Paul VI, Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 53.

(28) Conc. OEcum. de Nicée I, Symbolum Nicaenum : DH 125.

(29) Conc. OEcum. de Chalcédoine, Symbolum Chalcedonense : DH 301.

(30) Conc. OEcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 22.

(31) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 6.

(32) Cf. S. Léon le Grand, Tomus ad Flavianum : DH 294.

(33) Cf. S. Léon le Grand, Lettre « Promisisse me memini » ad Leonem I Imp. : DH 318 : « In tantam unitatem ab ipso conceptu Virginis deitate et humanitate conserta, ut nec sine homine divina, nec sine Deo agerentur humana ». Cf. aussi ibid. : DH 317.

(34) Conc. OEcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 45. Cf. aussi Conc. OEcum. de Trente, Décr. De peccato originali, n. 3 : DH 1513.

(35) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 3-4.

(36) Cf. ibid., n. 7. Cf. S. Irénée, qui affirmait que dans l'Église « a été déposée la communion avec le Christ, c'est-à-dire l'Esprit Saint » (Adversus haereses, III, 24, 1 : SC 211, 472).

(37) Conc. OEcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 22.

(38) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 28. Pour les « semences du Verbe », cf. aussi S. Justin, Apologia II, 8,1-2 ; 10,1-3 ; 13,3-6 : éd. E.J. Goodspeed, 84 ; 85 ; 88-89.

(39) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, nn. 28-29.

(40) Ibid., n. 29.

(41) Ibid., n. 5.

(42) Conc. OEcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 10. Cf. S. Augustin, qui affirmait : « Hors de cette voie [le Christ] qui n'a jamais fait défaut au genre humain, [...] personne n'a été délivré, personne n'est délivré, personne ne sera délivré » : De civitate Dei, 10, 32, 2 : CCL 47, 312.

(43) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 62.

(44) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 5.

(45) Conc. OEcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 45. La singularité et l'universalité du Christ dans l'histoire humaine sont nécessaires et absolues : saint Irénée a bien exprimé ce concept dans sa contemplation de la primauté de Jésus comme Premier-né : « [Primauté] aux cieux, d'abord, parce que Premier-né du conseil du Père, Verbe parfait gouvernant toutes choses et leur imposant sa loi ; sur la terre, ensuite, parce que Premier-né de la Vierge, homme juste, saint, pieux, bon, agréable à Dieu, parfait en tout ; enfin, sauvant des enfers tous ceux qui le suivent, parce que Premier-né des morts et Initiateur de la vie de Dieu » : Demonstratio, 39 : SC 406, 138.

(46) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 6.

(47) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 14.

(48) Cf. ibid., n. 7

(49) Cf. S. Augustin, Enarrat. in Psalmos, Ps. 90, Sermo 2, 1 : CCL 39, 1266 ; S. Grégoire le Grand, Moralia in Job, Praefatio, 6, 14 : PL 75, 525 ; S. Thomas d'Aquin, Summa Theologiae, III, q. 48, a. 2, ad 1.

(50) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 6.

(51) Grand symbole de foi de l'Église arménienne : DH 48. Cf. Boniface VIII, Bulle Unam Sanctam : DH 870-872 ; Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 8.

(52) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 4 ; Jean-Paul II, Encycl. Ut unum sint, n. 11 : AAS 87 (1995) 921-982.

(53) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 20 ; cf. aussi S. Irénée, Adversus haereses, III, 3, 1--3 : SC 211, 20-44 ; S. Cyprien, Epist. 33, 1 : CCL 3 B, 164-165 ; S. Augustin, Contra adversarium legis et prophetarum, 1, 20, 39 : CCL 49, 70.

(54) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 8.

(55) Ibid., cf. Jean-Paul II, Encycl. Ut unum sint, n. 13. Cf. aussi Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 15 et Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.

(56) Contraire à la signification authentique du texte conciliaire est donc l'interprétation qui tire de la formule subsistit in la thèse que l'unique Église du Christ pourrait aussi subsister dans des Églises et Communautés ecclésiales non catholiques. « Le Concile avait, à l'inverse, choisit le mot subsistit précisément pour mettre en lumière qu'il existe une seule “subsistance” de la véritable Église, alors qu'en dehors de son ensemble visible, existent seulement des elementa Ecclesiae qui — étant des éléments de la même Église — tendent et conduisent vers l'Église catholique » (À propos du livre « Église : charisme et pouvoir » du P. Leonardo Boff. Notification de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : AAS 77 [1985] 756-762).

(57) Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.

(58) Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Décl. Mysterium Ecclesiae, n. 1 : AAS 65 (1973) 396-408.

(59) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, nn. 14 et 15 ; Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lett. Communionis notio, n. 17 : AAS 85 (1993) 838-850.

(60) Cf. Conc. OEcum. Vat. I, Const. dogm. Pastor aeternus : DH 3053-3064 ; Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 22.

(61) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 22.

(62) Cf. ibid., n. 3.

(63) Cf. ibid., n. 22.

(64) Congr. pour la Doctrine de la Foi, Décl. Mysterium Ecclesiae, n. 1.

(65) Jean-Paul II, Encycl. Ut unum sint, n. 14.

(66) Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.

(67) Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lett. Communionis notio, n. 17. Cf. aussi Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 4.

(68) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 5.

(69) Ibid., n. 1.

(70) Ibid., n. 4. Cf. S. Cyprien, De Dominica oratione, 23 : CCL 3A, 105.

(71) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 3.

(72) Cf. ibid., n. 9. Cf. aussi la prière à Dieu, que recueille la Didachè, 9, 4 : SC 248, 176 : « Que ton Église soit rassemblée de la même manière des extrémités de la terre dans ton Royaume » et ibid., 10, 5 : SC 248, 180 : « Souviens-toi, Seigneur, de ton Église [...]. Et rassemble-la des quatre vents, cette Église sanctifiée, dans ton Royaume que tu lui as préparé ».

(73) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 18 ; cf. Exhort. ap. Ecclesia in Asia, n. 17 : en L'Osservatore Romano, 7 novembre 1999. Le Royaume est tellement inséparable du Christ que, dans un certain sens, il s'identifie à lui (cf. Origène, Commentaria in Matthaeum, 14, 7 : PG 13, 1197 ; Tertullien, Adversus Marcionem, IV, 33, 8 : CCL 1, 634.

(74) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 18.

(75) Ibid., n. 15.

(76) Ibid., n. 17.

(77) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 14. Cf. Décr. Ad gentes, n. 7 ; Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.

(78) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 9. Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, nn. 846-847.

(79) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 48.

(80) Cf. S. Cyprien, De catholicae ecclesiae unitate, 6 : CCL 3, 253-254 ; S. Irénée, Adversus haereses, III, 24, 1 : SC 211, 472‑474.

(81) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 10.

(82) Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Ad gentes, n. 2. C'est dans le sens ici expliqué qu'il faut interpréter la formule célèbre extra Ecclesia nullus omnino salvatur (cf. Conc. OEcum. Latran IV, Cap. 1. De fide catholica : DH 802). Cf. aussi Lettre du Saint-Office à l'archevêque de Boston : DH 3866-3872.

(83) Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Ad gentes, n. 7.

(84) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 18.

(85) Ce sont les semences du Verbe divin (semina Verbi), que l'Église reconnaît avec joie et respect (cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Ad gentes, n. 11 ; Décl. Nostra aetate , n. 2).

(86) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 29.

(87) Cf. ibid. ;Catéchisme de l'Église Catholique, n. 843.

(88) Cf. Concile OEcum. de Trente, Décr. De sacramentis, can. 8, de sacramentis in genere : DH 1608.

(89) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 55.

(90) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 17 ; Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 11.

(91) Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 36.

(92) Cf. Pie XII, Encycl. Mystici corporis : DH 3821.

(93) Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 14.

(94) Conc. OEcum. Vat. II, Décl. Nostra aetate, n. 2.

(95) Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Ad gentes, n. 7.

(96) Catéchisme de l'Église Catholique, n. 851 ; cf. aussi nn. 849-856.

(97) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 55 ; Exhort. ap. Ecclesia in Asia, n. 31.

(98) Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Décl. Dignitatis humanae, n. 1.

(99) Ibid.

(100) Jean-Paul II, Encycl. Fides et ratio, n. 15.

(101) Ibid., n. 92.

(102) Ibid., n. 70.


Bienheureux STANISLAW KUBISTA, prêtre et martyr

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Beato Stanislaw KubistaSacerdote e martire



Alta Slesia (allora Prussia), 27 settembre 1898 - Sachsenhausen, Germania, 26 aprile 1940

«La tua vita non vale più niente». Pronunciando queste parole sprezzanti un nazista soffocò il già agonizzante sacerdote verbita polacco Stanislaw Kubista nel lager di Sachsenhausen. Era il 26 aprile 1940. Nato in Alta Slesia (allora Prussia), nel 1898, Kubista era divenuto prete nel 1927. Le sue attività di apostolato principali furono la letteratura e il giornalismo sulle riviste «Il piccolo missionario», «Il tesoro familiare» e «Il Messaggero di san Giuseppe», santo di cui era molto devoto. (Avvenire)

Martirologio Romano: Nel campo di prigionia di Sachsenhausen in Germania, beato Stanislao Kubista, sacerdote della Società del Verbo Divino e martire, che, durante l’occupazione militare della Polonia in tempo di guerra da parte di un regime nemico di Dio, in questo carcere esalò il suo spirito tra atroci torture. Insieme a lui si commemora il beato Ladislao Goral, vescovo ausiliare di Lublino, che nello stesso luogo e durante la medesima persecuzione difese con coraggio la dignità umana e della fede, morendo in prigione di malattia in un giorno sconosciuto.
Papa Giovanni Paolo II ha beatificato il 13 giugno 1999 a Varsavia, durante il suo settimo viaggio apostolico in Polonia, 108 martiri vittime della persecuzione contro la Chiesa polacca, scaturita durante l’occupazione nazista tedesca, dal 1939 al 1945. 
L’odio razziale operato dal nazismo, provocò più di cinque milioni di vittime tra la popolazione civile polacca, fra cui molti religiosi, sacerdoti, vescovi e laici impegnati cattolici. 
Fra tutti si è potuto, in base alle notizie raccolte ed alle testimonianze, istruire vari processi per la beatificazione di 108 martiri, il primo processo fu aperto il 26 gennaio 1992 dal vescovo di Wloclawek, dove il maggior numero delle vittime subì il martirio; in questo processo confluirono poi altri e il numero dei Servi di Dio, inizialmente di 92 arrivò man mano a 108. 
Diamo qualche notizia numerica di essi, non potendo riportare in questa scheda tutti i 108 nomi. Il numeroso gruppo di martiri è composto da quattro gruppi principali, distinti secondo gli stati di vita: vescovi, clero diocesano, famiglie religiose maschili e femminili e laici; appartennero a 18 diocesi, all’Ordinariato Militare ed a 22 Famiglie religiose. 
Tre sono vescovi, 52 sono sacerdoti diocesani, 3 seminaristi, 26 sacerdoti religiosi, 7 fratelli professi, 8 religiose, 9 laici. Subirono torture, maltrattamenti, imprigionati, quasi tutti finirono i loro giorni nei campi di concentramento, tristemente famosi di Dachau, Auschwitz, Sutthof, Ravensbrück, Sachsenhausen; subirono a seconda dei casi, la camera a gas, la decapitazione, la fucilazione, l’impiccagione o massacrati di botte dalle guardie dei campi. La loro celebrazione religiosa è singola, secondo il giorno della morte di ognuno. 
Fra loro ci fu il sacerdote Stanislaw Kubista, nato il 27 settembre 1898 in Alta Slesia in Polonia. Nel 1920 era entrato nella ‘Società del Verbo Divino’, fondata da s. Arnold Janssen (1837-1909), canonizzato il 5 ottobre 2003, sacerdote tedesco con spirito missionario, che fondò ben tre Congregazioni religiose con finalità missionarie. 
Stanislaw Kubista fece la professione religiosa solenne il 29 settembre 1926 e fu ordinato sacerdote il 25 maggio 1927; rivestì la carica di Direttore della Casa religiosa Verbita di Górna Grupa. 
Fu attivo nell’apostolato anche come giornalista delle riviste “Il piccolo missionario”, “Il tesoro familiare” e il “Messaggero di S. Giuseppe”, santo a cui era particolarmente devoto. 
Dopo l’invasione della Polonia, fu catturato dai tedeschi il 5 febbraio 1940 insieme ad altri confratelli e fu trasferito nel campo di concentramento di Sachsenhausen in Germania, dove il 26 aprile dello stesso anno, venne ucciso dal capo-baracca. 
Martire della fede, perché la sua morte fu frutto dell’odio fanatico contro i religiosi, tanto più se polacchi.


Autore: Antonio Borrelli


Bienheureux RAMON OROMI SULLÀ, prêtre et martyr

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Beato Ramón Oromí SullàSacerdote e martire



Sacerdote, consulente per molti anni e anche segretario generale dell'Istituto. È stato direttore dell'Associazione della Sacra Famiglia della rivista Sacra Famiglia. Autore della prima biografia di San Giuseoppe Manyanet e altri scritti. Ha dedicato molti anni alla formazione scientifica e religiosa dei giovani. Predicatore zelante e propagatore delle glorie della Sacra Famiglia a favore delle famiglie. La rivoluzione lo ha sorpreso a Balneario de Vallfogona de Riucorp, ma da qui si rifugia a Barcellona. Qui il 26 aprile 1937 firma una dichiarazione confessando la sua identità sacerdotale. Deportato a S. Elia è poi ucciso Moncada, il 26 aprile 1937. I suoi resti sono stati gettati nella fossa comune.


Saint RAFFAELE ARNAIZ BARON, religieux trappiste

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San Raffaele Arnaiz Baron Religioso trappista


Burgos, Spagna, 9 aprile 1911 – Duenas, Spagna, 26 aprile 1938

Nel monastero di sant’Isidoro di Duenas il beato spagnolo Raffaele Arnàiz Baròn, fratello dell’Ordine dei Cistercensi Riformati o di Stretta Osservanza, colpito ancora novizio da grave malattia, sopportò con grande pazienza l’infermità, confidando sempre nel Signore. Giovanni Paolo II lo beatificò il 27 settembre 1992. Benedetto XVI lo ha canonizzato in Piazza San Pietro l'11 ottobre 2009.

Martirologio Romano: Nel monastero di Sant’Isidoro di Dueñas in Spagna, beato Raffaele Arnáiz Barón, religioso dell’Ordine Cistercense, che, colpito ancora novizio da una grave malattia, con strenua pazienza sopportò la malferma salute confidando sempre in Dio.

C’è uno zio, particolarmente devoto e illuminato, sulla strada dello spagnolo Raffaele Arnaiz Baròn verso la Trappa. Non è che i suoi genitori non siano buoni cristiani, anzi: papà, ingegnere forestale di Burgos, e mamma, devotissima e dalla messa quotidiana, sono ricchi tanto di beni e di proprietà terriere quanto di fede viva e profonda. Ma è a zio Leopoldo, duca di Maqueda, che Raffaele apre il suo cuore.

Nato nel 1911, è un giovane esuberante, pieno di vita, intelligente e brillante negli studi, avviato ad una promettente carriera. In lui però si scorgono anche, chiari ed evidenti, i segni di una religiosità profonda, di una fede viva, di un forte desiderio di interiorità; è un ragazzo dalla comunione quotidiana, dalla prolungata adorazione eucaristica, dalla penitenza e dalla mortificazione ormai abituali. Ha imparato anche ad esercitarsi nella carità, cominciando da quelli a lui più prossimi, cioè le persone di servizio, per estendersi poi ai tanti bisognosi che sua mamma già soccorre ed agli altri che lui va a scovare.

Leggendo la biografia di un trappista francese che lo zio ha fatto pubblicare e facendo a 21 anni gli esercizi spirituali in una trappa, comincia a sentirsi irresistibilmente attratto verso questa vita di silenzio, preghiera e austerità. E’ naturalmente zio Leopoldo il primo ad essere messo al corrente della sua decisione di entrare nella Trappa ed il primo a gioirne, anche se poi la gioia si estende a tutta la famiglia, che pure avrebbe desiderato vederlo prima laureato.

A metà febbraio 1934 Raffaele entra come novizio nella Trappa di San Isidro di Duenas. Pieno di salute e di vitalità come sempre, scrive a casa di essere convinto che “Dio ha fatto la Trappa per me e me per la Trappa”; confida a papà che quando è nel coro con i confratelli “possono passare ore e ore senza che me ne accorga”; confessa candidamente a mamma di provare i morsi della fame, del freddo e del sonno, ma di non essersi “mai alzato da tavola così contento come in quei venerdì di quaresima in cui non abbiamo mangiato che pane ed acqua”. Eppure, incredibile a dirsi, in quel ragazzone che scoppia di salute si verifica il crollo della salute in meno di un mese. Arriva il diabete mellito a minare il suo fisico forte e in appena otto giorni perde 24 chili di peso. Lo rimandano a casa, malgrado la sua disperazione, dove si riprende in fretta, tanto da poter tornare nella Trappa, ma ormai le sue condizioni di salute sono incompatibili con la vita monastica.

Chiede allora di essere accolto come semplice “oblato”, abitando a fasi alterne nell’infermeria come ospite (difatti papà pagherà per lui una pensione giornaliera), con l’unica ambizione di “vivere la mia vita di infermo nella Trappa con il sorriso sulle labbra”, pienamente convinto che “il mio centro non è la Trappa, né il mondo, né alcuna creatura, ma solo Dio, Dio crocifisso”, offrendo e soffrendo da “oblato infermo e inutile..per i peccati dei miei fratelli, per i sacerdoti, i missionari, per le necessità della chiesa, per i peccati del mondo”. Arso dalla febbre, divorato da un tormentoso senso di fame e di sete, fra Raffaele muore il 26 aprile 1938, ad appena 27 anni, dopo 19 mesi e 12 giorni di permanenza nella Trappa.

Giovanni Paolo II° lo ha beatificato nel 1992 e i tanti scritti spirituali che ha lasciato fanno oggi di lui uno dei più grandi mistici del XX secolo.


Autore: Gianpiero Pettiti



Bienheureux WLADYSLAW GORAL, évêque et martyr

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Beato Ladislao (Wladyslaw) Goral Vescovo e martire



Stoczek, Polonia, 1° maggio 1898 – Sachsenhausen, Germania, aprile 1945

Wladyslaw Goral, vescovo ausiliare di Lublin, cadde vittima dei nazisti in odio alla sua fede cristiana. Papa Giovanni Paolo II il 13 giugno 1999 lo elevò agli onori degli altari con ben altre 107 vittime della medesima persecuzione.

Martirologio Romano: Nel campo di prigionia di Sachsenhausen in Germania, beato Stanislao Kubista, sacerdote della Società del Verbo Divino e martire, che, durante l’occupazione militare della Polonia in tempo di guerra da parte di un regime nemico di Dio, in questo carcere esalò il suo spirito tra atroci torture. Insieme a lui si commemora il beato Ladislao Goral, vescovo ausiliare di Lublino, che nello stesso luogo e durante la medesima persecuzione difese con coraggio la dignità umana e della fede, morendo in prigione di malattia in un giorno sconosciuto.


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