Bienheureuse Marie-Louise Trichet
Religieuse française (✝ 1759)
Elle était née dans une famille chrétienne de Poitiers et fonda un nouvel institut religieux au service des pauvres, des aveugles et des estropiés. Elle se mit sous la direction de saint Louis Marie de Montfort et, à l'époque de "la philosophie des Lumières", elle comprit l'importance de la véritable sagesse, le Christ, Sagesse éternelle incarnée. C'est pourquoi elle donna ce nom aux religieuses de sa congrégation : les Filles de la Sagesse.
Ses reliques reposent à Saint-Laurent sur Sèvre, en Vendée, où le pape Jean-Paul II vint les vénérer lors de son pèlerinage en 1996.
La fête de Marie-Louise Trichet est célébrée le 7 Mai (jour de sa naissance). Elle est décédée le 28 avril, mais pour éviter la confusion avec la fête de saint Louis-Marie de Montfort qui est décédé lui aussi le 28 avril, Rome a décidé de placer sa fête le jour de sa naissance sur terre... et non celui de sa naissance 'au ciel' selon la tradition.
"Elle a été béatifiée en 1993. Il subsiste à l'hôpital de La Rochelle, au chevet de la chapelle tout contre son petit clocher carré, la 'chambre de la fondatrice' qui est l'humble réduit où l'on présume que Marie-Louise logeait lors de son séjour rochelais." (calendrier diocésain de La Rochelle Saintes)
À Saint-Laurent-sur-Sèvre, en 1759, la bienheureuse Marie-Louise Trichet, vierge, qui fut attirée à la vie religieuse par saint Louis-Marie Grignion et devint à Poitiers la première recrue de la Congrégation des Filles de la Sagesse, qu'elle dirigea avec prudence.
Martyrologe romain
Louis-Marie de Montfort et Marie-Louise Trichet, lors de la fondation des Filles de la Sagesse
MARIE-LOUISE TRICHET
Religieuse, cofondatrice, Bienheureuse
1684-1759
Marie-Louise Trichet (en religion Marie-Louise de Jésus) est, avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, co-fondatrice de la Congrégation des religieuses, appelées Filles de la Sagesse.
Née à Poitiers (France), le 7 mai 1684, elle est baptisée le jour même. Quatrième d'une famille de huitenfants, elle reçoit une solide éducation chrétienne dans sa famille et à l'école. A 17 ans, elle rencontre pour la première fois Louis-Marie Grignion de Montfort qui vient d'être nommé aumônier de l'hôpital de Poitiers. Sa renommée de prédicateur et de confesseur est déjà grande parmi la jeunesse de cette région du Poitou.
Spontanément, Marie-Louise offre ses services à l'hôpital: elle consacre une bonne partie de son temps aux pauvres et aux malades. Mais voilà que Louis-Marie de Montfort lui demande d'y "demeurer" . A cet appel, Marie-Louise répond par un oui total. A l'hôpital il n'y a pas de poste libre comme gouvernante... qu'à cela ne tienne, Marie-Louise se fait admettre tout simplement comme "pauvre" . Elle a 19 ans.
"Tu deviendras folle comme ce prêtre" lui avait dit sa mère. Quelle idée, quand on est belle, jeune et de bonne famille, de se vêtir d'un habit de bure grise (2 février 1703) et de passer son temps à soigner vagabonds, malades et pestiférés! Quelle folie de suivre "ce prêtre fou"!
Pendant dix ans, Marie-Louise va s'acquitter le plus parfaitement possible de son humble service de soignante. Louis-Marie de Montfort a quitté Poitiers; Marie-Louise est seule.
La célèbre croix que Montfort a dessinée est plantée au coeur de l'hôpital. Marie-Louise porte une croix sur sa bure grise, mais surtout dans son coeur. Elle doit vivre, en effet, le service épuisant de chaque jour, l'absence de compagnes, le décès de deux de ses soeurs et de son frère, jeune prêtre emporté par la peste, victime de son dévouement.
C'est le début d'une aventure qui est l'histoire même de la Congrégation des Filles de la Sagesse:
1714: Arrivée de la première compagne, Catherine Brunet.
1715: Fondation de la première communauté à La Rochelle (Charente) avec deux nouvelles recrues: Marie Régnier et Marie Valleau.
1716: Mort prématurée de Louis-Marie de Montfort à l'âge de 43 ans.
La jeune congrégation est bouleversée par cette nouvelle aussi douloureuse qu'inattendue. Marie-Louise expérimente une parole écrite par Louis-Marie de Montfort: "Si on ne hasarde quelque chose pour Dieu, on ne fait rien de grand pour Lui".
Pendant 43 ans, Marie-Louise de Jésus, seule, va former ses compagnes, conduire et développer les fondations qui se multiplient: petites écoles de charité, visites et soins des infirmes, soupe populaire pour les mendiants, gestion des grands hôpitaux maritimes de France.
Les pauvres de l'hôpital de Niort (Deux-Sèvres) l'appellent "la Bonne Mère Jésus" . C'est tout dire! Son programme de vie est tout simple: "Il faut bien que j'aime Dieu caché dans mon prochain" (Refrain d'un cantique composé par Louis-Marie de Montfort et destiné aux Filles de la Sagesse).
Quand elle meurt à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) le 28 avril 1759, la Congrégation compte 174 religieuses réparties en 36 communautés outre la Maison-Mère. Louis-Marie de Montfort et Marie-Louise de Jésus reposent tous deux à l'église paroissiale de Saint-Laurent.
Depuis cette date, des milliers et des milliers de Filles de la Sagesse (16 883) ont puisé leur Sagesse dans la Folie de l'Amour de Dieu et des Pauvres. Aujourd'hui, plus de 2 500 poursuivent cette aventure sur les 5 continents.
Le 16 mai 1993, Marie-Louise de Jésus (Trichet) est déclarée "Bienheureuse" par le Pape Jean-Paul II, à Rome.
Le 19 septembre 1996, le Pape Jean-Paul II vient se recueillir et prier sur les tombeaux de Saint Louis-Marie de Montfort et de la Bienheureuse Marie-Louise de Jésus, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée).
Par sa vie et par ses oeuvres, Marie-Louise de Jésus révèle un message d'une brûlante actualité : promotion intégrale de la personne humaine et service des plus pauvres, pour l'amour de Jésus-Christ-Sagesse.
Un Fondateur Une Fondatrice
Qui ne connaît cet homme passionné de la Sagesse, des pauvres, de la route et de la Parole : Saint Louis-Marie de Montfort ?
Au seuil du 17e siècle, il vient d'être nommé aumônier à l'hôpital général de Poitiers, en France, où sévît la misère sous toutes ses formes.
À la même époque, Marie-Louise Trichet, jeune poitevine, est sollicitée par un grand idéal de vie.
Elle désire ardemment se donner à Dieu, comme Religieuse. Voilà qu’elle rencontre Montfort et lui confie son désir.
Sous le coup de l’inspiration, celui-ci lui propose de venir résider à l’hôpital pour se mettre à l’école des pauvres.
Inattendu mystère de la grâce, Marie-Louise qui avait rêvé de solitude, de silence pour se consacrer à Dieu, en peu de temps, consentira au renversement de son premier rêve.
Malgré son jeune âge, elle quitte sa famille et se présente à l’hôpital. On lui en refuse l’entrée car, dit-on, «On a suffisamment de gouvernantes » !
Avec l’appui de l’Évêque du lieu, elle décide résolument de demander son admission à titre de pauvre. « Si on ne veut pas de moi comme gouvernante, peut-être voudra-t-on m’accepter en qualité de pauvre», dira-t-elle.
Chose faite ! Elle partagera même leur nourriture et leurs conditions de vie misérables.
Montfort est convaincu que seul un groupe de femmes au cœur compatissant pourrait rendre le milieu pitoyable de l’hôpital de Poitiers plus viable.
Il élaborera d’abord une règle et la proposera à un groupe de femmes malades et infirmes mais saines d’esprit et soucieuses de vie spirituelle.
Et Marie-Louise Trichet, quoiqu' en parfaite santé et fort jeune, figure parmi les « élues ». À leur tête, Montfort place une aveugle.
Geste à l’emporte-pièce d’un Saint qui, en toute droiture et soif d’absolu, met en valeur ce qui est sans apparence et même méprisable. Confondre la fausse sagesse du temps est au cœur d’une spiritualité naissante !
Le 2 Février 1703, Montfort offre à Marie-Louise Trichet le premier habit des Filles de la Sagesse : costume d'étoffe grossière, en tout semblable à celui des paysannes du temps.
C'est ainsi que débute l’histoire de la Congrégation des Filles de la Sagesse. Histoire qui se développera rapidement grâce au courage, à la fidélité et à l’amour d’une femme qui jamais ne se démentira.
En 1759, à la mort de la Fondatrice, tout 1'ouest de la France connaît ces femmes simples et généreuses que l’on rencontre dans plusieurs écoles, maisons de retraites (hospices) et hôpitaux.
En 1993, la première Fille de la Sagesse, Marie-Louise Trichet (Sœur Marie-Louise de Jésus), a été proclamée Bienheureuse, par le Pape Saint Jean-Paul II.
UN CHARISME
À la suite du Christ, Sagesse incarnée, créatrice et relationnelle, la Fille de la Sagesse est appelée à engager toutes les énergies de sa vie à contempler et à révéler la présence active de la Sagesse au cœur de notre monde et à collaborer avec Elle à transformer tout le créé, planète et humanité, dans l’amour, la vérité, la justice et la paix.
La Fille de la Sagesse aura toujours une tendresse et une attention particulières pour ceux et celles que nos sociétés négligent et rejettent.
UNE PRESENCE INTERNATIONALE
Les Filles de la Sagesse sont à présent partout dans le monde. Elles sont plus de 2500 qui œuvrent sur les cinq continents, suivant vaillamment la route tracée par Montfort et Marie-Louise Trichet.
Elles appartiennent à la grande famille montfortaine : les Frères de Saint-Gabriel, les Pères Montfortains et leurs Associées réciproques, ainsi que les Amies de la Sagesse, ces laïcs, hommes et femmes, qui cheminent avec elles, selon la spiritualité Sagesse.
Bienheureuse Marie Louise Trichet
Les saints et la France
Béatifiée par Jean-Paul II le 16 mai 1993, Marie-Louise Trichet fut la fille spirituelle de Louis-Marie Grignion de Monfort qui la mena par des chemins d’abnégation peu ordinaires ; elle le suivit avec une totale obéissance. Si leurs tempéraments, violence et douceur, leur origine, noblesse et bourgeoisie, leur province, Bretagne et Poitou, leur culture, intellectuel formé en Sorbonne et femme d’intérieur qui quitte l’école à 14 ans, tout cela semble les opposer, en fait ils travaillèrent dans la complémentarité. Montfort connut une série d’échecs et mourut à 43 ans sans que rien n’ait pris forme. Louise Trichet fut une femme de terrain qui donna corps aux grands projets du père de son directeur spirituel. Par la douceur, dans la quotidien obscur, elle incarna les rêves du prophète en réalités durables.
Sa jeunesse à Poitiers :
Marie-Louise est née en 1684 à Poitiers dans une famille toute imprégnée de christianisme. Son père était procureur au présidiale de cette capitale judiciaire ; elle est la quatrième d’une fratrie de sept enfants ; blonde, les yeux bleus, le visage arrondi, c’est une enfant calme et discrète qui grandit dans un foyer où il fait bon vivre, dans une pauvreté dorée car la concurrence est rude au sein de cette noblesse de robe qui ne compte pas moins de 180 procureurs pour la ville de Poitiers. Elle est spontanément pieuse : “ Dieu fera en elle de grandes choses. ” dit son père ; elle va à l’école Notre-Dame dirigée par la Compagnie Notre-Dame fondée par Jeanne de Lestonnac. La Vierge y est très honorée. Les religieuses offraient “ tout par les mains de Marie et honoraient Jésus en sa personne ”; elle apprit rapidement à lire, écrire, à manier l’aiguille mais, devant “ une maîtresse déplaisante à la physionomie méchante ”,, elle ne peut se résoudre à entrer en classe et, fuyant le mal et l’agressivité, va toute la matinée visiter les églises de la ville. Dès 9-10 ans, elle s’adonne à l’oraison et s’inflige même des pénitences corporelles ainsi que l’époque encourageait ce mode d’ascèse. Pour ses parents, c’est une enfant qui ne cause aucun souci.
Elle est alors témoin d’un miracle sur la personne de sa soeur aînée Jeanne qui, en pèlerinage à Notre-Dame des Ardilliers, se trouve guérie d’une paralysie ; cette même année naît sa dernière sœur Françoise –Elisabeth qui la suivra dans la vie religieuse. Elle partage avec sa sœur Elisabeth et son frère Alexis le goût de la prière, n’hésitant pas à aller aux messes matinales de la cathédrale saint Pierre : 5 heures l’hiver, six heures l’été ; elle visite les pauvres pour les secourir. Alexis et Marie-Louise créent entre eux une émulation : “ Il faut que vous soyez une Scolastique et moi un Benoît. ” Elle atteint ses quinze ans et sa vocation religieuse ne fait pas de doute mais il manque la dot indispensable pour les religieuses de chœur. Entrer parmi les sœurs converses, dont le travail supplée la dot, serait une humiliation pour la famille ; elle est devenue une charmante jeune fille au regard gracieux et au sourire sympathique.
Première rencontre avec Louis-Marie Grignion de Montfort : L’hôpital de Poitiers
En Novembre 1701, c’est la première rencontre avec Louis-Marie Grignion de Montfort auquel elle s’est confessée dans la chapelle de l’hôpital après avoir entendu son sermon dans l’église de Sainte-Austregésilde : “ Oh ma soeur, si vous saviez le beau sermon que je viens d’entendre ! Le prédicateur est un saint. ” Monsieur de Montfort a alors 28 ans ; aumônier à l’hôpital général qui est en fait un hospice, il est venu à pied avec ses vêtements en lambeaux donnant sur la route ce qu’il possédait aux pauvres ; il réforme la distribution de l’alimentation donnant du pain 4 fois dans la journée et ajoutant une soupe ;
Dès cette époque, il manifeste une grande facilité d’élocution qui lui ouvre les cœurs ; il confesse depuis le matin jusqu’au soir et, prophète, déclare à Marie-Louise au confessionnal : “ C’est la Sainte Vierge qui vous a dit de venir ici.” Sa mère s’inquiète : “ J’ai appris que tu allais à confesse à ce prêtre de l’hôpital, tu deviendras folle comme lui. ” Il donne des retraites dans un langage poétique et enflammé, incite ses retraitants au jeûne. Si il admire Marie-Louise dont il a découvert la riche nature, il la traite avec la plus grande intransigeance, la mortifie en public. Sans doute, lui promet-il qu’elle sera religieuse mais pour le moment ne l’aide en aucune démarche. Il part pour Paris.
Marie-Louise décide alors d’entrer chez les chanoinesses de Saint-Augustin comme sœur lay vouée aux humbles besognes pour pallier au problème de la dot. On soupçonne cet ordre de jansénisme et, sur le champ, madame Trichet retire sa fille ; celle-ci retrouve à Poitiers Louis-Marie, lui aussi de retour qui brûle de fonder la communauté des Filles de la Sagesse. Il choisit “ ce qu’il y a de plus pauvre au sein de la pauvreté : 20 pauvres filles disgraciées, ramassées dans l’enceinte de l’hôpital rassemblées dans une chambre séparée des salles de l’hôpital, lieu appelé la Sagesse. ” La supérieure est une fille pauvre et aveugle ; elles n’ont “ qu’un cœur et qu’une âme ” et Louis-Marie inscrit sur la Croix de Poitiers les onze maximes de la divine sagesse : Le vrai bonheur dans la pauvreté, dans une persécution injuste, dans le fait de porter sa croix tous les jours, dans la prière, dans l’amour des ennemis, dans la petitesse et la simplicité où la Sagesse révèle ses secrets. Marie-Louise n’appartient pas encore à cette communauté, elle se forme dans sa famille profondément et silencieusement à la pauvreté mais ni son âge, ni son milieu social, ni les dispositions de sa mère ne permettent d’envisager son entrée.
Sur la suggestion de son confesseur qu’elle prend au mot, Marie-Louise décide d’aller demeurer à l’hôpital. L’Evêque, Monseigneur de la Poype, lui délivre une lettre pour qu’elle puisse être reçue en qualité de pauvre ; en fait, tenant compte de sa naissance au sein d’une famille honorable de la ville, il la donne pour seconde à la supérieure. Sans doute, Montfort la destine-t-il à sa petite communauté mais “ avant de commander, il faut qu’elle apprenne à obéir. ”
Elle ne se distingue en rien des pauvres filles, mange le même pain grossier. Montfort décide de la vêtir d’un habit de grosse étoffe, gris foncé, habit singulier, engoncé qui apparaît ridicule quand elle fait un tour par la ville. Il bénit son habit et lui donne le nom de Marie-Louise de Jésus ; elle a 18 ans et 9 mois. Sa mère s’insurge devant cet accoutrement bizarre mais Montfort tient bon quant à ce signe de l’état de pauvreté : “ Votre fille, madame, n’est plus à vous, elle est à Dieu. ” Il continue d’éprouver Marie- Louise, la reprenant, la mortifiant jusqu’à lui faire servir un “ bouillon gris où les vers surnagent ”, lui imposant d’aller en ville en gros sabots plats et vêtue d’une grossière cape de drap ; la sœur Trichet s’en allait aussi au grenier pour faire une journée d’oraison sans manger ni boire.
Quant à Montfort, il parcourait la ville avec un ânon bâté quêter la soupe des pauvres ; cette originalité fait exploser des critiques. Les retraites sont interdites par l’évêque. Louis-Marie risque d’être blessé par une broche de rouet qu’une contestataire lui jette ; finalement rejeté de Poitiers, il monte à Paris où, à l’hôpital général, il s’occupe de 5 000 pauvres. Dans son courrier à Marie-Louise, il demande ses prières et celles de ses amies pour que la divine Sagesse lui soit accordée ; ainsi, une heure tous les lundis, elle sont unies avec lui dans la même intention :“ Rien ne peut résister à vos prières. Dieu même, tout grand qu’il est, ne peut y résister. ” lui déclare Montfort.
Une pétition est écrite avec succès par les 400 pauvres de l’hôpital pour qu’il revienne ; à son retour, ils allument un feu de joie ; cependant à l’hôpital les coteries reprennent et, de son plein gré, il quitte l’hôpital tout en annonçant prophétiquement à Louise-Marie : “ Ma fille, ne sortez point de cette maison de 10 ans. Quand l’établissement des Filles de la Sagesse ne se ferait qu’au bout de ce terme, Dieu serait satisfait et ses desseins sur vous seraient accomplis. ” Nommé dans le diocèse directeur des pénitentes, il continue ses missions à Saint-Savin, Le Calvaire, Saint-Saturnin, Saint Hilaire. C’est encore trop et il reçoit une lettre de l’évêque lui ordonnant de quitter le diocèse. Il se rend alors à Rome où Clément X1, qui le reçoit, lui enjoint de ne point partir de France et lui confère le titre de “ missionnaire apostolique. ” Il lui remet un crucifix par lui béni. Marie-Louise reste seule au service inlassable des pauvres sans guide et sans communauté officielle.
Si son habit est critiqué, son efficacité, son humilité sont de plus en plus reconnues, elle garde le cœur ouvert aux détresses : disette, épidémie, elle fait merveille. Cette même année, elle perd successivement sa sœur Elisabeth avec qui elle était très liée, son frère Alexis. Peu après son ordination, celui-ci s’était enfermé avec les pestiférés détenus à l’hôpital des champs non loin de la ville et, atteint par la contagion, il meurt dans ce monde coupé des vivants.
Ses trente ans approchent ; elle projette d’entrer chez les filles de saint Vincent de Paul pour continuer d’œuvrer auprès des pauvres ; ses projets sont connus ; c’est la panique à l’hôpital où elle rend de grands services et Monseigneur intervient pour l’empêcher d’y donner suite. Elle pense à la Congrégation des filles du Calvaire. Monsieur de Montfort lui enjoint de demeurer patiemment à l’hôpital. Le Carmel la refuse pour raisons de santé. C’est bien à l’hôpital que Dieu la veut.
Le zèle de Montfort est toujours redouté et, dans le petit ermitage près de Poitiers où il vient de dormir après une nuit de voyage, un avis de l’Evéché lui ordonne de quitter la ville dans les vingt quatre heures. Après avoir vu discrètement Marie-Louise, il obéit ; il hâte ses projets car il sent sa mort prochaine ; il est exténué mais son regard est plus brillant que jamais, sa voix pacifiée et il rayonne une joie lumineuse. Marie-Louise lui confie ses soucis de ces sept années ; la Sagesse est au centre de leur entretien. Marie-Louise n’a pas oublié la longue prière autrefois apprise pour demander à Dieu cette mystérieuse sagesse, elle la répète chaque jour : “ Nous vous demandons le trésor infini de votre divine sagesse par les entrailles miséricordieuses de Marie, par le sang précieux de votre très cher fils et par le désir extrême que vous avez de communiquer vos biens à vos pauvres créatures. ” Ils parlent aussi des habits gris qui pourraient se joindre à elle : deux sœurs, les sœur Brunet, dont Catherine qui sera sa principale collaboratrice, seront les premières novices. Catherine Brunet prendra le nom de Sœur de la Conception.
La Rochelle :
Montfort est reparti reprendre ses missions et Marie-Louise dirige l’hôpital, chargée de l’administration mais plus encore attentive à l’océan des pauvres ; cependant Montfort l’a invité à se tenir prête : des écoles populaires entièrement gratuites doivent être créées dans le diocèse de La Rochelle ; des amphithéâtres étagés en neuf gradins pourraient contenir cent à cinquante enfants. Des oppositions empêchent son départ, l’hôpital, madame Trichet elle-même. Sur la prière d’une pauvre mendiante aveugle à qui l’on recommande avec insistance l’intention, la résistance de madame Trichet est enfin vaincue. L’évêque lui-même assure qu’il pourvoira au nécessaire. Marie-Louise rend ses comptes tant auprès de l’intendant de la nourriture qu’auprès de celui des bâtiments ; ils concluent toutefois “ qu’elle a perdu l’esprit. ” L’aumônier en appelle à sa conscience et la sœur aînée de Catherine ajoute : “ Vous êtes blâmables devant Dieu et devant les hommes. ” Pour rompre, il leur faut partir sur le champ ; des places sont arrêtées au coche et elles ressentent alors “ une joie inexprimable ”. Madame Trichet accompagne sa fille, jetant de grands cris et les larmes aux yeux.
Après 136 kilomètres, de chambre d’auberge en chambre d’auberge, elles arrivent ; rien n’est préparé pour les recevoir. Elles trouvent provisoirement un logis. A l’instigation de Montfort, elles se font faire de longues capes noires, qui représentaient leur mort à toutes choses, pour sortir en ville. Il leur donne ses premières instructions, dénommant leur communauté “ la communauté des Filles de la Sagesse pour l’instruction des enfants et les soins des pauvres. ” Il nomme responsable Marie Trichet pour 3 ans au moins, lui recommandant d’être à la fois ferme et charitable. Surtout, il leur dit sa joie de les rencontrer : “ Quand je vous ai vues, je ne savais si je devais chanter le Magnificat ou le Te Deum. ” Il conforte Marie-Louise dans ses fonctions de Supérieure : “ Voyez, ma fille, cette poule qui a sous ses ailes ses poussins. Avec quelle attention, avec quelle bonté elle les affectionne, c’est ainsi que vous devez faire et vous comporter avec toutes les filles dont vous allez désormais être la Mère. ” Sa prédiction vieille de dix ans pour l’établissement des Filles de la Sagesse est enfin réalisée et il lui dévoile qu’un jour on la demandera à Poitiers.
L’école ouvre à la mi-mai 1715 ; les enfants ont de 7 à 14 ans et au-dessus, issus de familles pauvres ou aisés, instruits ou pas du tout ; c’est une incroyable improvisation ; il tient tellement à la gratuité qu’il tend un piège aux sœurs pour s’assurer qu’elles ne se laisseront pas circonvenir ; cette gratuité radicale entraîne un excessif dénuement des sœurs, il leur arrive de manquer de pain. A cette vie austère, Montfort ajoute des demandes provocantes telle celle de prendre des cercueils pour lits mais le bon sens reprend bientôt le dessus et une paillasse et un matelas sur des planches clouées sur deux tréteaux remplace ces cercueils-lits.
Dans l’ermitage de saint Eloi, Montfort continue la formation des soeurs et des postulantes, met la dernière main à la règle de la Sagesse et, une fois son travail achevé, le soumet à Sœur Trichet. La fin intérieure de la règle est l’acquisition de la Divine Sagesse, les sœurs exerceront la charité “ en soignant et en guérissant les pauvres incurables ”. Il laisse la possibilité de maintenir la supérieure en charge par une élection de trois ans en trois ans ; il conseille aussi que la supérieure se choisisse une bonne amie qui l’avertira charitablement de ses défauts et à laquelle les autres soeurs pourront facilement exposer leurs plaintes. La Sainte Vierge est la Supérieure et la Mère de toute la communauté et il met en garde contre “ les faux dévots qui, sous le manteau de la Mère, crucifient et déshonorent le Fils. ” Ses règles, à l’épreuve du temps, se révéleront solides.
Les premières vocations arrivent : Soeur de la Croix, Sœur de l’Incarnation, Sœur saint Michel. L’hôpital de la Rochelle est en difficulté, deux sœurs y sont dépêchées mais Montfort reste très présent et Marie-Louise se fait vertement reprendre pour avoir décidé de sa propre initiative une vêture ; il ponctue cette première année de la Sagesse par le cadeau d’un livre qu’il dédie aux sœurs “ en ce dernier de l’an ”. S’agit-il de l’amour de la Sagesse éternelle ou du secret de Marie ? : “ Voici un livre fait pour vous… Ne vous impatientez pas de mon absence. Moins j’aurai de part à cet établissement, plus il réussira. ” Il suit de près la vie spirituelle des sœurs mais il veut les habituer à se passer de lui.
Montfort meurt le 28 avril ; les sœurs perdaient leur soutien matériel et spirituel, celui qui était leur phare. Monseigneur de Champflour, très affecté par la perte de celui qu’il appelait “ le meilleur prêtre de mon diocèse ” se fit plus présent. Il acheta une maison où 400 élèves purent entrer ; 33 (les 33 années de la vie du Christ) seront formées en profondeur. Ainsi se passent à La Rochelle encore deux années et demi.
De la Rochelle à Poitiers :
Au lendemain des fêtes de Noël, changement de décor. Madame Trichet, bravant l’hiver, débarque par coche à l’hôpital et annonce que l’hôpital de Poitiers la réclame ; elle serait dans les meilleures conditions pour y fonder un noviciat ; après que madame Trichet eut arraché le consentement de l’évêque de haute lutte, il ne restait plus qu’à liquider l’œuvre enfin florissante ; la communauté se coupe, les deux rochelaises restent provisoirement. Catherine, sœur Marie-Louise et Soeur saint Joseph partent. Comment expliquer une décision aussi rapide ? Pour Marie-Louise, Poitiers représentait son éveil spirituel, sa rencontre avec Montfort, sa réussite à l’hôpital ; elle est accueillie avec chaleur et pourra réaliser dans l’hôpital même “ l’établissement des filles de la Sagesse avec le noviciat et la formation. ” Le bureau impose dans les clauses la nomination de la supérieure par l’hôpital et le don à celui-ci de la moitié de la dot des novices ; pour la congrégation, c’est une impasse car la Sagesse serait fixée sous la double dépendance des finances et du pouvoir. Marie-Louise tient bon face à ses exigences.
Saint Laurent sur Sèvre :
Un disciple de Monfort lui suggère alors Saint Laurent sur Sèvre, lieu de la mort du Père de Montfort et de son tombeau. Madame de Bouillé qui avait été guérie par la prière de Montfort et qui habite au château de la Machefolière à Saint-Laurent sur Sèvre se propose d’aider la cause de la Sagesse. C’est un trait de lumière dans le gouffre noir où se débat Marie-Louise. Elle monte dans sa chambre pour demander au Saint-Esprit son inspiration et a la réponse que son cœur désirait. Madame de Bouillé était la fille de l’ancien maire de Poitiers, elle présente sa requête à Monseigneur qui finit par donner son consentement ; le marquis de Magnanne, veuf, fort de 30 000 livres de rente s’est joint au projet ; la paroisse prend l’engagement d’accueillir les Filles de la Sagesse pour enseigner gratuitement les petites fille et soigner les pauvres malades : “ une maison est achetée, une petite chapelle va être bâtie. ”
Là encore, des ordres sont donnés pour empêcher son départ de l’hôpital, elle était si nécessaire : “ des gardes sont mis à toutes les portes pour l’empêcher d’en sortir ”. L’intendant l’envoie chercher : “ De la part du roi, je vous défends de sortir de cet hôpital. ”. Le convoyeur envoyé pour guider Marie-Louise dans son premier voyage à cheval piaffe pour précipiter le départ. Elle argue qu’il s’agit de la gloire de Dieu et part enfin seule, laissant les deux sœurs, à cheval , à travers les champs à perte de vue, avec son guide ; elle traverse le Poitou et le bocage, 117 kilomètres de sentiers rocailleux.
Au bout de la route, lui apparaît enfin le village où elle vient pour semer et faire croître un grand arbre dont elle n’imagine pas le faîte et l’envergure. La maison achetée se révèle une vielle maison composée de plusieurs galetas et masures sans meubles, ni linge ; les lits avaient plutôt l’air de lits de camp avec des draps et une couverture faite de plusieurs morceaux d’étoffe ; les bancs étaient quelques tisons de fagots, des écuelles et assiettes de grosse terre, des fourchettes et cuillères de bois et de pauvres lumignons complétaient l’ameublement. Le gros morceau de pain noir servi au terme du voyage était aussi difficile à mâcher qu’à avaler et digérer. ces inconvénients continueront plusieurs années.
Catherine Brunet (sœur de la Conception), sœur saint-Joseph et la propre sœur de Marie-Louise, Françoise Trichet, les rejoignent. Françoise prendra l’habit sous le nom de Sœur Séraphique ; “ dans la maison longue ”, on improvise des lits, des tables, des sièges il y a donc trois professes et une novice ; un petit oratoire est installé dans un galetas décoré d’images en papier, une cloche sonne les exercices depuis le lever à 4 heures jusqu’au coucher à 9 heures. Dans la maison rudimentaire, glaciale ou torride, la vie austère s’instaure. Elle sont soutenues par l’abbé Triault qui se sentait “ réservé par Dieu pour aider et soutenir les Filles de la Sagesse. ”
Soeur Marie-Louise veut faire de ce lieu une communauté fondatrice, un établissement de fondation. Seules, deux soeurs pour visiter les malades et pour y faire l’école sont attachées à la maison. Sous l’impulsion de Marie-Louise le rayonnement et l’essor des Filles de la Sagesse s’étend. Elle se consacre aux fondations dans la ligne prévue par Louis-Marie de Montfort : hôpitaux, écoles, maisons de charité ; la plupart des maisons de charité seront fondées avec deux sœurs seulement au lieu de trois nécessaires pour un rythme humain.
Marie-Louise est essentiellement maîtresse de novices qu’elle traite comme des plants tendres qui ne font encore que d’être transplantées et qui se sentent encore dans la terre du monde, dont elle ne font que d’être tirées. Elle est attentive à ne pas devancer l’action de la grâce mais se défie des fausses mystiques. Avec un discernement charismatique, elle dit à l’une ou l’autre :
“- Pensez que vous n’avez rien de plus à craindre que vous-même.
– J’ai expérimenté que j’ai toujours plus gagné par la patience et la douceur que je n’aurais fait autrement.
– Vive Jésus, vive sa Croix, ma très chère fille, souvenez vous du beau nom que vous portez qui est celui du Calvaire. Vous ne devriez pas être un moment sans être ornée de la chère Croix et vous devriez en faire tous les jours vos plus chers délices.
– Le courage avec lequel vous soutenez l’épreuve vous assure par avance un degré distingué de mérite et de gloire. ”
Dix ans avant sa mort, elle nomme une maîtresse spéciale des novices et la guidera dans ses fonctions de “ première maîtresse ” tout en gardant humblement l’emploi de “ seconde maîtresse ” . Elle poursuit en même temps à cadence accélérée les fondations multiples qui nécessitent de longs voyages.
A Rennes, en 1724, une maison est reprise qui devient une école modèle accueillant des orphelines pensionnaires. La Rochelle pose problème : Les deux rocheloises étaient rentrées dans leur famille, l’une vêtue d’un pauvre habillement faisait l’école aux petites filles c’était une fondation tout à fait indépendante, spontanée, qui pouvait devenir “ schismatique. ” Après avoir emprunté 10 écus, sœur Trichet chevauche vers la Rochelle, rencontre les sœurs comme si de rien n’était, loue l’arrangement du couvent, le nombre des soeurs et, par la douceur, en deux mois, gagne le cœur et l’esprit des Filles de La Sagesse qui ne peuvent porter ce nom sans être unies à celles de saint-Laurent. La prise en charge de l’hôpital a lieu sur de nouvelles bases. Catherine Brunet et un missionnaire de monsieur de Montfort font de cet hôpital un modèle qui sera propagé à Niort, Saint-Lô, Valognes. A L’ile de Ré, deux sœurs s’occupent de l’éducation et des pauvres.
Épuisée, Marie-Louise, tombe malade. A peine remise, c’est la nouvelle de la mort de Catherine Brunet à la Rochelle. La fondation de Niort se révèle pleine d’embûches, elle fut appelée “ le tombeau des Filles de la Sagesse ” tant il y a de décès. Pour la première fois, un hôpital masculin est pris en charge : l’hôpital du chateau d’Oléron laissées par les filles de Monsieur Vincent ; les filles de la Sagesse soignent les jeunes recrues parties pour les guerres coloniales et victimes du scorbut et font bien des conversions ; après la mort de Marie-Louise, de grands hôpitaux maritimes seront pris en charge , Brest, Cherbourg, Toulon.
Sa santé subit toujours des chocs sévères mais, suivant la prophétie de monsieur de Montfort, elle devait fonder l’hôpital de Poitiers avant sa mort ; cela ne se fera qu’en 1748 ; l’asile des pénitentes, l’asile des incurables s’y adjoindront. Une autre série de chantiers concernait les petites communautés dans les villes ou villages où deux sœurs assuraient un labeur écrasant. Grâce à la disposition de l’école en gradins, une seule sœur assurait l’instruction d’une soixantaine d’élèves de 7 à 15 ans, 5 heures par jour, arrachant les enfants aux ténèbres de l’ignorance scolaire et religieuse. Les patentes épiscopales ou royales établissaient juridiquement chaque maison. Du vivant de Marie- Louise, le cap fut franchi de plus de 100 sœurs et de 30 fondations.
Ses dernières années :
A la fin des années 1740, elle est obligée de partager ses responsabilités nommant une maîtresse des novices, soeur Honorée, et une assistance générale, sœur Florence, âgée de 40 ans, d’une grande fraîcheur d’esprit ; elle visite les fondations de Vendée, du Poitou, d’Aunis, de Saintonge.
Au seuil de ses 67 ans, elle sent l’usure ; lors d’un dernier voyage, elle part à cheval par les mauvais chemins visiter les 18 communautés pendant 4 mois ; ce sera son dernier périple. Elle agit alors par son rayonnement, ses lettres courtes et simples. Elle dirige de loin. A Saint-Laurent, elle est présente au noviciat, forme les institutrices et enseigne la pharmacie. Elle vit de la présence de Marie réfère tout à Montfort et surtout à Dieu. Elle va jusqu’à se choisir une sœur qui la commande en ce qui concerne sa conduite personnelle et continue l’effrayante rigueur d’ascèse qui était celle de Montfort et des personnes ferventes de son temps à base de disciplines ou autres instruments de pénitence. Par cet abandon, elle recherche la Sagesse, c’est-à-dire Jésus-Christ, le Verbe incarné.
En 1755, commence une grande épreuve : une coterie se forme qui se veut rénovatrice, on ironise sur ses initiatives qui étaient le sel de la maison. A-t-elle encore son bon sens ? Marie-Louise en souffre beaucoup : “ Quand je vois cette pauvre maison, cela me fait saigner le cœur. ” Le nouveau supérieur général élu, le Père Besnard, lui-même, la fait mettre à genoux en pleine assemblée pour lui faire réprimande pour une chose qu’elle n’a pas commise. Il finit par connaître les complots iniques formés contre elle. La paix bannie depuis près de deux ans revient enfin.
Elle confie à son père spirituel la voie où Dieu la conduit. Elle se veut victime du silence, (adorer le silence de Dieu qu’il a gardé pendant une éternité et le silence de Jésus au Saint-Sacrement,) victime de l’obéissance, victime de la Croix intérieure et extérieure : “ Mon père, traitez-moi comme la dernière des novices, mais une novice qui a un besoin infinie d’être éprouvée en tout : point de ménagement, s’il vous plaît, agissez à mon égard comme Dieu vous l’inspirera. ” Le père Besnard collabore à l’achèvement des constitutions ; elles sont prêtes pour la retraite de l’été 1758. Elle devient la doyenne de la Congrégation et soupire : “ Oh, ma chère Sagesse, pourquoi me laissez vous languir si longtemps sur la terre ? ”
Le 4 décembre, c’est l’accident : en sortant de sa chambre, elle heurte du pied un morceau de bois, tombe et se démonte l’épaule ; alors que 5 ou 6 personnes doivent la tenir, l’os déboité est remis dans la rotule par le chirurgien. Elle choisit elle-même, pour la soigner, une novice dont elle connaissait le peu d’habileté et de vigilance mais c’est une escalade de douleur et Marie-Louise avoue : “ Mon bon Jésus me favorise de sa Croix. ” Elle n’est plus occupée que de la pensée de l’éternité et du désir de voir son Dieu.
Elle commence à circuler de sa chambre à la chapelle et célèbre dans cet état Pâques, le 15 avril ; quelques jours après elle ressent un point de côté une fièvre très violente, elle reçoit le viatique. Elle est déjà toute à son bien-aimé Jésus ; les colloques se poursuivent avec Jésus, Marie, le Père de Montfort :
“ Venez donc , mon cher Jésus, paradis de mon âme,
Ma chère bonne Mère, ma bonne Marie tant aimée ! Ce n’est pas moi qui suis la supérieure de cette maison, c’est vous !
Cher Père de Montfort, je suis une de vos filles, j’irai vous voir sous peu…J’ai toujours désiré mourir entre Jésus et Marie.”
Elle trace le signe de Croix avec la statue de la Vierge sur le cercle de ses filles agenouillées et murmurant, Mon Seigneur et mon Dieu, elle meurt à 8 heures du soir, le même mois, le même jour, à la même heure, dans le même lieu que Montfort et tenant dans ses mains la même statue de la Vierge, 43 ans après lui qui était mort à 43 ans. Elle a presque 75 ans, le deuil est général. Elle est ensevelie à côté du fondateur.
On attendit la canonisation du Père de Montfort pour engager la cause de Mère Marie-Louise : après une guérison exceptionnelle instantanée, complète, définitive, inexplicable scientifiquement de Sœur Rosa de la Sagesse entrée chez les Filles de la Sagesse à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Deux neuvaines de prières avaient été effectuées selon les intentions des soeurs et de la malade. L’authenticité du miracle est reconnu et elle est béatifiée le 16 mai 1993.
Epilogue :
Ce n’est pas par hasard que Montfort a voulu très vite cette communauté féminine et qu’il lui a donné le nom qui incarne son intuition primordiale. Montfort, s’appuyant sur le livre de la Sagesse, le moins commenté de la Bible, considère la Sagesse comme un secret à découvrir, un mystère, un idéal inaccessible. Il perçoit que la sagesse désigne Jésus-Christ, verbe incarné. C’est plus précisément la sagesse incarnée et crucifiée que le signe de la Croix manifeste jusqu’au bout dans le prolongement de l’Incarnation réalisée par Marie.
Le point commun de ces deux signes, c’est l’engagement de l’amour de Dieu pour le salut des hommes. Ce qui caractérise cet engagement et cet amour c’est qu’il est folie d’après le chapitre 1 de l’Épître aux Corinthiens ; cette Sagesse contredit celle du monde, parce qu’elle est l’expression de l’amour seul. Le propre de l’amour, c’est de se donner, c’est de se perdre. Cette doctrine est extrêmement concrète ; c’est ce qu’il a cherché à incarner en vivant comme un pauvre parmi les pauvres. C’est cette effrayante, radicale mais évangélique spiritualité que Marie- Louise a voulu vivre depuis la rencontre de ses 17 ans par son insertion parmi les pauvres et par son ascèse corporelle et spirituelle. Elle a laissé la place totale à Dieu seul, à l’amour unifiant qu’est Dieu.
Montfort l’a incarné prophétiquement de manière souvent provocante, inacceptable pour le monde et l’établissement ecclésiastique. Marie-Louise a su le vivre avec discrétion, modestie, sagesse, rondeur qui contraste avec l’anguleux Montfort au physique comme au spirituel. Il est mort sans avoir réalisé vraiment aucune fondation, c’est Marie-Louise qui, en tâtonnant, a trouvé le lieu providentiel de la fondation, qui l’a réalisée avec un vécu terriblement dépouillé.
L’homme exerce des pouvoirs bâtisseurs, la femme les incarne dans la durée intérieure, en assure la continuité : c’est en ce sens que le bienheureuse Marie-Louise Trichet fut cofondatrice de la Sagesse. C’est cette vie rayonnante et efficiente que reconnaît sa béatification. Montfort a été le grain qui meurt ; Marie- Louise l’a fait fructifier 10 pour 1. Elle est le vécu intégral du don de soi à Dieu et aux hommes.
BEATIFICAZIONE DI UN MARTIRE MISSIONARIO
E DI TRE RELIGIOSE APOSTOLE DELL’AMORE DI CRISTO
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO II
Basilica Vaticana - Domenica, 16 maggio 1993
“Acclamate a Dio da tutta la terra” (Sal 66, 1).
1. Il salmo responsoriale dell’odierna liturgia costituisce un gioioso invito alla lode. Dice il Salmista: “Venite e vedete le opere di Dio, mirabile nel suo agire sugli uomini” (Sal 66, 5). Il riferimento è anzitutto all’esodo: la liberazione del popolo eletto dalla schiavitù d’Egitto e l’intervento salvifico operato in suo favore nel passaggio del Mar Rosso.
Si tratta di un motivo tipicamente pasquale. Dalla Pasqua dell’antica Alleanza la liturgia passa all’Alleanza nuova stipulata nel sangue di Cristo: “Cristo è morto una volta per sempre per i peccati, giusto per gli ingiusti, per ricondurvi a Dio” (1 Pt 3, 18). Ecco, Fratelli e Sorelle, il nuovo “esodo”, così come lo presenta l’apostolo Pietro, che esclama: “Adorate il Signore, Cristo, nei vostri cuori” (1 Pt 3, 18). In questo tempo pasquale giunge a noi rinnovato e insistente l’annuncio di Pietro, primo tra i testimoni del Mistero pasquale di Cristo.
2. In questo medesimo Tempo, la liturgia torna frequentemente anche alle parole pronunciate da Cristo alla vigilia della sua morte in Croce. Parole pre-pasquali, che la Chiesa rilegge nella luce della Pasqua. Prima della morte e risurrezione di Cristo, esse erano annuncio e promessa. Ora, dopo la Pasqua, la Comunità dei credenti – come narrano gli Atti degli Apostoli – riconosce la realtà della salvezza: le promesse si sono adempiute. Ecco il tempo per gioire delle parole prima ascoltate e custodite nella memoria degli apostoli e dei discepoli del Risorto. Quant’è mirabile il modo in cui esse si sono verificate! Cristo assicura ai suoi: “Non vi lascerò orfani, ritornerò da voi. Ancora un poco e il mondo non mi vedrà più; voi invece mi vedrete, perché io vivo e voi vivrete” (Gv 14, 18-19).
Io vivo, perché sono nel Padre mio; anche voi vivrete, perché siete in me e io in voi (Gv 14, 20).
3. Durante il tempo di Pasqua, in modo particolare, la Chiesa intera è chiamata a riconoscere e sperimentare le opere mirabili che Dio compie tra gli uomini (Sal 66, 5), specialmente in coloro che “amano Cristo” in maniera eroica accogliendo senza riserve i suoi comandamenti e osservandoli fino in fondo (cf. Gv 14, 21). Dio stesso ama questi suoi figli con singolare predilezione, e viene a loro: il Padre e il Figlio prendono dimora in essi mediante lo Spirito Santo. A quanti sono stati pienamente disponibili alla sua parola, il Figlio ha rivelato se stesso e il Padre, poiché ama con un amore particolare coloro che lo amano.
Oggi, carissimi Fratelli e Sorelle, la Chiesa ha la gioia di proclamare “beati” quattro di questi discepoli, così disponibili alla parola del Signore da ricevere in se stessi la pienezza dell’amore del Padre e del Figlio.
Ecco i loro nomi: Maurice Tornay, Marie-Louise de Jésus Trichet, Colomba Gabriel, Florida Cevoli. Essi provengono da vari Paesi, da diversi popoli. Davvero in essi e per essi “tutta la terra acclama il Signore” (cf. Sal 66. 1).
4. Pour répondre généreusement à l’appel de Dieu, Maurice Tornay découvre qu’“ il faut aller jusqu’au bout ”, vivre l’amour héroïquement. L’amour de Dieu n’éloigne pas des hommes. Il pousse à la mission. Dans l’esprit de sainte Thérèse de Lisieux, Maurice Tornay n’a qu’un désir: “ Conduire les âmes à Dieu ”. Dans l’esprit de son Ordre, où chacun risque sa vie pour arracher des hommes à la tempête, il demande à partir au Tibet pour gagner des hommes au Christ.
Il commence par se faire Tibétain avec les Tibétains: il aime ce pays, qui devient sa seconde patrie; il s’attache à en apprendre la langue, afin de mieux communiquer le Christ. Comme le bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis, Maurice Tornay aime son peuple, au point de ne jamais vouloir l’abandonner.
Frères et Sœurs, implorons l’Esprit Saint. L’Église et le monde ont besoin de familles qui, comme la famille Tornay, soient des creusets où les parents transmettent à leurs enfants les appels du Christ à la vie chrétienne, sacerdotale ou religieuse. Rendons grâce pour les germes d’espérance dans la terre d’Asie. La mission et la passion du Père Tornay, et de ses prédécesseurs des Missions étrangères de Paris et des Chanoines du Grand Saint–Bernard, portent des fruits, silencieusement, dans la lente maturation. On ne peut que se réjouir du dialogue respectueux entre les moines tibétains et les moines catholiques, pour découvrir Celui qui est la voie, la vérité et la vie. Des vocations se lèvent, comme en témoigne l’ordination récente d’un élève du bienheureux; des chrétiens poursuivront l’œuvre du Père Tornay qui souhaitait instruire les enfants et les conduire à la sainteté; car seule une vie sainte mérite d’être vécue.
5. L’Évangile nous a fait entendre les paroles de Jésus: “ Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ”. Garder la parole du Christ, Sagesse éternelle de Dieu, rester fidèle à ses commandements, c’est apprendre, comme l’a fait Mère Marie–Louise Trichetà l’école de saint Louis–Marie Grignion de Montfort, à méditer la richesse infinie de sa présence et de son action dans le monde.
Marie–Louise de Jésus s’est laissée saisir par le Christ, elle qui a recherché passionnément l’alliance intérieure de la sagesse humaine avec la Sagesse éternelle. Et le déploiement naturel de ce lien d’intimité profonde, ce fut une action passionnément dévouée aux plus pauvres de ses contemporains. L’adoration de la Sagesse du Père, incarnée dans le Fils, porte toujours à servir quotidiennement ceux qui n’ont rien pour plaire aux yeux des hommes, mais qui demeurent très chers au regard de Dieu.
Ce matin, Frères et Sœurs, rendons grâce au Seigneur pour la fondation de la grande famille religieuse des Filles de la Sagesse, fruit de la sainteté personnelle de saint Louis–Marie et de la bienheureuse Marie–Louise de Jésus. Leur éminente charité, leur esprit de service, leur aptitude à conserver, comme la Vierge Marie, “ toutes choses en leur cœur ”, nous sont désormais données en exemple et en partage.
6. Quando una persona si rende disponibile interamente al soffio dell’amore di Dio, viene coinvolta in una “avventura” spirituale, che sfugge ad ogni umana previsione. La sua anima come vela s’apre al vento dello Spirito e Dio può spingerla secondo gli imperscrutabili disegni della sua provvidenziale Misericordia.
Così è stato per Madre Colomba Gabriel, che già dalla prima adolescenza pronunciò il suo “sì” pieno e sincero a Cristo, decisa a “non anteporre nulla al suo amore”, secondo, l’insegnamento del grande Padre Benedetto. Lo Spirito Santo, attraverso la via della sofferenza, la distaccò dalla terra d’origine, la condusse a lasciare tutto e a ricominciare da capo. In lei, infatti, il Signore aveva posto un carisma speciale: il dono dell’apostolato attivo della carità, da innestare sul tronco contemplativo della regola benedettina.
Com’è attuale, Madre Colomba, la missione da te vissuta e trasmessa alle tue Figlie! Oggi più che mai le nuove generazioni hanno bisogno di guide che siano testimoni fedeli di Dio: esse vanno alla ricerca di persone che chiamino alla vita con la voce del Cristo vivente. I giovani domandano – magari in modo implicito – educatori veri, animati da un profondo senso di maternità e paternità spirituale, né possessiva né dimissionaria, ma liberante con la forza della verità e dell’amore, con quella forza dolcissima che Dio solo può donare.
7. Un profondo desiderio di piena conformazione alla volontà di Dio caratterizzò anche l’intera vita di consacrazione della Beata Florida Cevoli, formata alla scuola spirituale di Santa Veronica Giuliani. Animata dallo Spirito di Verità, che conduce i credenti ad interiorizzare la Parola di Dio trasformando e santificando dall’interno la loro esistenza, la nuova Beata, nel suo ufficio di Abbadessa, seppe vivere con stile evangelico il suo compito, come vera serva delle Consorelle. Con l’esempio trascinò l’Ordine delle Clarisse Cappuccine alla generosa osservanza della regola francescana, in modo speciale per quel che riguarda la povertà, l’austerità e la semplicità della vita.
La riservatezza della clausura e il desiderio del raccoglimento in Dio non le impedirono tuttavia di accogliere e condividere i problemi della società circostante. L’intimità spirituale rese anzi maggiormente convinto ed efficace il suo interessamento, come testimonia sia la corrispondenza che tenne con alcuni personaggi influenti del suo tempo, sia l’autorevole mediazione da lei offerta per la pacificazione della popolazione di Città di Castello.
L’espressione “Iesus amor, fiat voluntas tua”, con cui costantemente iniziavano le sue lettere, ben riassume il senso profondo dell’intera sua esistenza, totalmente orientata all’amore di Gesù crocifisso e al servizio dei fratelli.
8. “Tutta la terra acclama il Signore”. Oggi, carissimi, una grande gioia si diffonde in questa Città, nella Roma di Pietro e di Paolo, e si espande fino alle regioni e ai Paesi d’origine dei Beati, da cui essi sono entrati nel mistero della Comunione dei Santi.
Ecco, essi hanno adorato il Signore, Cristo, nei loro cuori (1 Pt 3, 15). Nella potenza di Cristo, sono stati sempre pronti a rispondere a chiunque ha domandato ragione della speranza che era in loro (1 Pt 3, 15), della speranza che tutti ci unisce in quanto popolo messianico della Nuova ed Eterna Alleanza.
Siate benedetti, Fratelli e Sorelle, oggi proclamati Beati, per la gioia pasquale dell’odierna domenica. Voi avete dato questa grande gioia alla Chiesa mediante la testimonianza della vostra vita. Cristo ha vissuto in voi. Per vostro mezzo, Cristo viene oggi a noi e ci ripete: “Non vi lascerò orfani” (Gv 14, 18).
Vieni, Signore Gesù, e resta con noi!
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Beata Maria Luisa di Gesù Trichet Cofondatrice
Poitiers, Francia, 7 maggio 1684 – Saint-Laurent-sur-Sèvre, Vandea, 28 aprile 1759
La beata francese Maria Luisa di Gesù Trichet, suora professa cofondatrice della Congregazione delle Figlie della Sapienza, fu primo membro dell'ordine e poi superiora generale. Giovanni Paolo II la beatificò il 16 maggio 1993.
Martirologio Romano: Nel villaggio di Saint-Laurent-sur-Sèvre in Francia, beata Maria Luisa di Gesù Trichet, vergine, che vestì come prima associata l’abito della Congregazione delle Figlie della Sapienza, che governò con saggezza.
Se il santo fondatore delle “Figlie della Sapienza”, Luigi Maria Grignion di Montfort, fu l’artefice della costituzione della Congregazione, in cui profuse il suo carisma, la beata Maria Luisa di Gesù Trichet, ne fu la reale organizzatrice e autentica cofondatrice, perché resse da sola per 43 anni, la responsabilità e la diffusione della benemerita Istituzione religiosa.
Maria Luisa Trichet, nacque a Poitiers in Francia, il 7 maggio 1684, quarta degli otto figli di Giuliano Trichet procuratore e Francesca Lecoq, genitori di grande fede, rettitudine e bontà.
In famiglia ricevette una solida educazione cristiana e culturale; a sette anni fu mandata dai genitori come alunna esterna, alla scuola retta dalle Figlie di Notre Dame a Poitiers, dove rimase fino ai 13 anni, ricevendo l’istruzione primaria per le ragazze di quel tempo; dalle suore acquisì una profonda devozione alla Madonna e una sensibilità caritativa.
A 17 anni, Maria Luisa Trichet incontrò il futuro santo, padre Luigi Maria Grignion di Montfort (1673-1716), fondatore nel 1705 dei Sacerdoti Missionari della Compagnia di Maria, che allora era cappellano dell’Ospedale Generale di Poitiers.
Fu un incontro di particolare grazia spirituale per Maria Luisa e che sarà determinante per il futuro della sua vita; padre Grignion divenne il suo confessore e visto la naturale disposizione della giovane a consacrarsi a Dio, le propose nel frattempo, di entrare immediatamente al servizio dell’ospedale.
Superando le difficoltà frapposte dai genitori, Maria Luisa riuscì a farsi ammettere come aiutante della superiora delle suore; nel 1702, sempre più desiderosa di farsi religiosa, fece una breve esperienza fra le Canonichesse di Sant’Agostino a Chatellerault, uscendone però per motivi di salute.
Ritornata a Poitiers, riprese ad essere guidata da padre Luigi Grignion di Montfort, il quale aveva in animo di fondare una Congregazione religiosa femminile, e ispirato, vedeva in Maria Luisa la persona basilare della nuova comunità.
Ma i tempi non sembravano ancora maturi, per cui non ne parlava alla giovane, rassicurandola soltanto che sarebbe stata una religiosa.
Ma col trascorrere del tempo, Maria Luisa avvertiva insistentemente il desiderio di entrare in convento e ripetutamente lo chiedeva al confessore. Padre Luigi Maria, acconsentendo alla fine, quasi per scherzo le disse: “Vieni a vivere in Ospedale”; era una proposta sconcertante, difficile e inconcepibile a quel tempo, specie per lei, figlia della ricca borghesia.
Maria Luisa non si fece troppi scrupoli e decise di aderire a quell’invito, solo che le difficoltà sorsero dall’amministrazione dell’ospedale, che non poteva assumere altre governanti; allora lei con gesto coraggioso, si rivolse al vescovo per una lettera di presentazione, utile per entrare nell’ospedale in “qualità di povera”, e per servire i poveri.
Con questo stratagemma, nel gennaio 1703 entrò all’Ospedale di Poitiers, accolta dal cappellano Montfort, che la introdusse nel cenacolo “Sapienza”, un’associazione da lui creata, che comprendeva una dozzina di povere ricoverate molto virtuose, che vivevano la spiritualità della Sapienza, tema trattato con amore dal Montfort.
E lì, in quell’ambiente di miseria e di difficoltà per lei, Maria Luisa Trichet, si preparò, guidata dal cappellano, nella preghiera e al servizio della carità, alla missione di cofondatrice preparata per lei.
Il 2 febbraio 1703, ricevette come prima suora, l’abito della nuova Istituzione, le “Figlie della Sapienza”, l’abito era di grossolana stoffa grigia, con l’aggiunta di due importanti elementi, il crocifisso sul petto e la corona di grossi grani al fianco, per non dimenticare mai Gesù e Maria.
Modificò altresì il suo nome in Maria Ludovica di Gesù; quell’abito della nascente Congregazione, lo portò da sola per 10 anni, senza una compagna; furono anni di duro lavoro, di costante adesione alla volontà di Dio, spesso non chiara, vissuta però sempre con viva fede, superando difficoltà ed ostacoli enormi.
Furono dieci anni di solitudine, di attesa e d’incertezza, dove lavorava con zelo e gesti di carità, ostacolata dalle gelose governanti e dal 1705, privata anche dell’aiuto del Fondatore, che dovette lasciare l’Ospedale a causa di intrighi. Maria Luisa di Gesù, ebbe la consolazione di una compagna solo nel 1714, con la venuta di Caterina Brunet (Suora della Concezione).
Un anno dopo, nel 1715, dietro insistenza del Montfort, Maria Luisa lasciò per sempre Poitiers e si trasferì con la consorella Caterina Brunet, a La Rochelle, per fondare una scuola per ragazze; e a La Rochelle, sorse la prima comunità delle Figlie della Sapienza, con l’aggiunta di due nuove aderenti Maria Regnier (Suora della Croce) e Maria Valleau (Suora dell’Incarnazione).
Nel frattempo il fondatore, dopo aver consultato suor Maria Luisa, compose la Regola della Congregazione, fatta approvare dal vescovo diocesano, il 10 agosto 1715.
Ma l’ancor giovane Fondatore Grignion di Montfort, ad appena 43 anni, morì il 28 aprile 1716, lasciando madre Maria Luisa sola responsabile della nascente Congregazione e del suo sviluppo.
Nel 1719, la superiora lasciò La Rochelle, cercando di fondare una Casa madre nella sua città natale di Poitiers, ma il tentativo fallì, allora si trasferì a Saint-Laurent-sur-Sèvre in Vandea, sempre con l’intento di fondare la Casa Madre e il Noviziato.
Non mancarono difficoltà da affrontare, ma con coraggio le superò tutte e nel giugno 1720, riuscì finalmente a formare una piccola comunità, nella cosiddetta “Maison longue”, riuscendo man mano a trasformare la fragile comunità iniziale, in una fiorente congregazione.
Infatti due anni dopo, il 16 dicembre 1722, furono ammesse a professare i voti quattro novizie, nel contempo venivano aperte altre Case.
Nei 23 anni, dal 1725 al 1748, la cofondatrice si impegnò in prima persona, in tutta una serie di fondazioni di Case, con lo scopo primario di servizio ai più poveri; che ricordava con l’esempio alle sue suore, che l’imitavano a loro volta nello zelo.
Non si può non ricordare la casa di Niort, fondata nel 1729, dove compì atti di eroismo e di carità, tali da essere denominata spontaneamente dai derelitti, “Madre-Gesù”; anche le sue suore si prodigarono per quei poverissimi, sino a dare la vita stessa; parecchie di loro morirono di stenti, tanto che fu detto: “Niort, tomba delle Figlie della Sapienza”.
Madre Maria Luisa di Gesù, governò da sola la Congregazione per 43 anni, fondò una trentina di Case, che si svilupparono e moltiplicarono dopo la sua morte; piccole comunità di suore, per l’educazione dei bambini poveri, visite e cura degli ammalati, mensa per i mendicanti, assistenza ai poveri reclusi.
Assisterono e curarono nell’Isola di Oléron, soldati e marinai ammalati,; per queste impegnative esperienze, le Figlie della Sapienza ebbero affidato il governo di grandi ospedali marittimi della Francia, seguendo il motto della fondatrice “Bisogna che ami Dio nascosto nel tuo prossimo!”.
Non mancarono a lei, le sofferenze delle incomprensioni, anche fra le stesse sue figlie spirituali; affrontò la prova con un vero amore della Croce.
La sua instancabile quarantennale opera, fu sempre appoggiata dai successori di Grignion di Montfort, i superiori dei Missionari della Compagnia di Maria (Monfortani), a cui è affidata la direzione spirituale delle suore.
Incredibilmente, madre Maria Luisa di Gesù Trichet, morì nello stesso luogo, mese, giorno ed ora, della scomparsa del Fondatore, il 28 aprile 1759, a Saint-Laurent-sur Sèvre, a 75 anni, dei quali circa 60 trascorsi al servizio di Dio e per i fratelli sofferenti.
E nella chiesa parrocchiale di Saint Laurent, fu sepolta accanto alla tomba del fondatore e da subito si diffuse la fama della sua santità.
Negli anni della Rivoluzione Francese, l’orda rivoluzionaria travolse una cinquantina di Figlie della Sapienza; il numero delle suore si assottigliò, riprendendosi solamente nell’Ottocento, quando le attività rifiorirono e l’assistenza riprese sempre più vasta, scrivendo delle belle pagine nella storia religiosa della Francia.
La Congregazione delle “Figlie della Sapienza”, fu approvata nel 1853 da papa Pio IX e confermata da Pio X nel 1904. Nel 1964, la Congregazione raggiunse i 5000 membri, con un’attività estesa nei 5 continenti, in una trentina di Paesi; negli anni successivi il calo di numero delle suore europee, è stato rimpiazzato con fresche leve venute dal Terzo Mondo.
Madre Maria Luisa di Gesù Trichet, è stata proclamata Beata da papa Giovanni Paolo II, il 16 maggio 1993 a Roma.
La sua festa liturgica è il 28 aprile mentre la Congregazione delle Figlie della Sapienza la ricorda il 7 maggio.
Autore: Antonio Borrelli
Marie Louise of Jesus. Jesus living in Mary: Handbook of the spirituality of St. Louis de Montfort : http://www.ewtn.com/library/Montfort/Handbook/Marloui.htm