Chacune des trois questions suivantes correspond à un aspect particulier de l'étude de l'iconographie chrétienne. La première concerne le thème de l’Annonciation et l’évocation picturale des différents sujets qu’il met en jeu. La deuxième a trait à la disposition des éléments iconographiques et à leur signification respective dans la présentation figurative de la Nativité. La troisième touche à l'interprétation picturale du thème de la Présentation au Temple considérée du point de vue des relations qui s'établissent entre les figures, le lieu et les multiples significations de l’événement. En prenant appui sur vos notes de cours, mais aussi sur vos lectures et sur votre propre effort de réflexion et d'analyse, veuillez répondre à deux de ces trois questions. Il est bien entendu que vous êtes libre de consulter les sources et les documents qui vous paraîtront pertinents, et principalement ceux qui sont placés à la réserve du secteur Art & Musique. Soignez votre argumentation, et donnez-lui l’ampleur qu’elle mérite. Vos réponses doivent être remises au plus tard au plus tard le lundi 8 juin à 12 h 30.
1. Le thème iconographique de l’Annonciation traite visuellement, par la médiation de types figuratifs précis, de plusieurs sujets, qui procèdent tout autant du récit évangélique de Luc (I : 26-38) que des idées fondamentales que ce récit met en mouvement. À partir de l’analyse comparative de l’Annonciation d’Ambrogio Lorenzetti (1344, Sienne, Pinacothèque nationale), du Retable de Cortone de Fra Angelico (1433-1434, Cortone, Musée diocésain) et de l’Annonciation de Jan Van Eyck (1435, Washington, National Gallery), veuillez préciser comment ces différentes sujets, qui touchent directement au mystère chrétien de l’Incarnation, sont présentés en peinture. Insistez tout particulièrement sur les relations qui se nouent entre les figures et le lieu, ainsi que sur l’idée qui soutient la composition de l’image.
AMBROGIO LORENZETTI. Annonciation, 1344,
détrempe sur bois, 122 X 118, Sienne, Pinacoteca nazionale
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Beato FRA ANGELICO. Annonciation : Retable de de Cortone, 1433-1434,
détrempe sur bois, 175 X 180, Cortone, Museo diocesano
JAN VAN EYCK. Annonciation, 1439,
huile sur bois, 39 X 24, Madrid, Collection Thyssen-Bornemisza
huile sur bois, 39 X 24, Madrid, Collection Thyssen-Bornemisza
2. La Nativité de Jésus est, en peinture, un thème qui met en jeu de nombreux éléments narratifs provenant de sources variées : Évangiles selon Luc et selon Matthieu, évangiles apocryphes (Protévangile de Jacques, Évangile du Pseudo-Matthieu), La Légende dorée de Jacques de Voragine, les écrits mystiques de sainte Brigitte de Suède ou du Pseudo-Bonaventure, la liturgie de Noël. Il se présente aussi comme l’évocation de plusieurs moments de vie à partir de laquelle se déploie en peinture un réseau de rappels et de préfigurations, de correspondances et de similitudes, dont la raison est de préciser l'enjeu de l'Incarnation en la situant historiquement, liturgiquement et théologiquement. À partir de l'examen détaillé de La Nativité (école d’Andreï Roublev, début du XVe siècle, Moscou, Galerie Tretiakov), du panneau central du Retable Portinari d'Hugo van der Goes (v. 1476, Florence, Musée des Offices) et de La Nativité mystique de Sandro Botticelli (1500, Londres, National Gallery), veuillez préciser par quelles médiations iconographiques sont exposées ces dimensions qui donnent sens au thème de la Nativité.
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ÉCOLE d'ANDREI ROUBLEV. Icône de la Nativité, v.1430, Moscou, Galerie Tretiakov
SANDRO BOTTICELLI. Nativité mystique, 1500,
109 X 75, Londres, National Gallery.
L'inscription en grec, au-dessus de l'image, présente le texte suivant, ici traduit en français : « Moi, Alessandro, j'ai peint cette image à la fin de l'an 1500 durant les troubles d'Italie, à la moitié du temps dont parle le chapitre XI de l'Apocalypse de saint Jean, où il est annoncé que le diable sera laissé libre pour trois ans et demi, mais bientôt il sera enchaîné et nous le verrons renversé comme sur cette image. » Au registre inférieur, trois Anges embrassent trois hommes, figurant les « hommes de bonne volonté » (homines bonae voluntatis). Ces trois figures évoquent trois martyrs dominicains, Girolamo Savonarola, Domenico Buonvicini et Silvestro Marussi, amis de Botticelli.
HUGO VAN DER GOES. Nativité : panneau central du Retable Portinari, v.1475,
huile sur bois, panneau central : 258 X 304, Florence, Musée des Offices
huile sur bois, panneau central : 258 X 304, Florence, Musée des Offices
3. Le récit de la Présentation de Jésus au Temple, dans l’Évangile selon Luc (II : 22-38), a inspiré de nombreuses solutions figuratives visant à faire apparaître, de manière synthétique ou diffuse, différents aspects de l’événement : la Purification de Marie ; la consécration du premier-né et sa présentation au Temple ; l’Hypapante ou rencontre avec Syméon et Anne ; le Nunc Dimittis ; la prophétie de Syméon ; la Chandeleur). Parmi les artistes qui se sont donnés pour tâche de figurer ce moment, et avec lui l’une ou l’autre de ses dimensions conceptuelles ou liturgiques, Giotto, les frères Limbourg et Stefan Lochner ont décidé de le faire voir selon des déterminations formelles et iconographiques sensiblement distinctes. À partir de l’analyse comparative de La Présentation de Jésus au Temple de Giotto (1302-1355, Padoue, Chapelle Scrovegni), de La Purification de Marie des frères Limbourg (1410-1416, folio 54v des Très Riches Heures du duc de Berry, Chantilly, Musée Condé) et de La Présentation au Temple de Stefan Lochner (1447, Darmstadt, Musée de Darmstadt) veuillez discuter comment ce thème est évoqué en peinture. Insistez tout particulièrement sur l'organisation figurative de la mise en scène, ainsi que sur les aspects de l’événement que les peintres ont choisi de privilégier.
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GIOTTO. La Présentation de Jésus au Temple, 1302-1355,
fresque, 200 X 185, Padoue, Chapelle Scrovegni (dite aussi Chapelle de l'Arena)
STEFAN LOCHNER. La Présentation au Temple, 1447,
139 X 126, Darmstadt, Musée de Darmstadt.
À l'origine, tableau d'autel réalisé pour l'église Sainte-Catherine à Cologne, qui possédait une relique de saint Syméon, à qui était dédié le maître-autel de l'église. Le chevalier croisé placé à droite, derrière Syméon, tient un rouleau sur lequel est inscrit le texte suivant, ici traduit en français : « Jésus et Marie qui nous sauvez, vous êtes ici avec Syméon le juste, dont je montre les reliques dans leur grande beauté. »
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139 X 126, Darmstadt, Musée de Darmstadt.
À l'origine, tableau d'autel réalisé pour l'église Sainte-Catherine à Cologne, qui possédait une relique de saint Syméon, à qui était dédié le maître-autel de l'église. Le chevalier croisé placé à droite, derrière Syméon, tient un rouleau sur lequel est inscrit le texte suivant, ici traduit en français : « Jésus et Marie qui nous sauvez, vous êtes ici avec Syméon le juste, dont je montre les reliques dans leur grande beauté. »
HANS HOLBEIN L'ANCIEN, Présentation de Jésus au Temple, 1501,