Saints Ptolémée et Lucius
martyrs à Rome (✝ 160)
Nous connaissons leur vie par l'écrivain et apologistesaint Justin. Ptolémée avait converti une femme aux mœurs douteuses ce qui lui valut la dénonciation par un de ses amants déçus. Comme on le conduisait à la mort, un autre chrétien, Lucius, interpella le juge: «Comment sous le règne d'un empereur si pieux, peut-on punir un homme qui n'a rien fait de mal si ce n'est d'avoir reconnu sa qualité de chrétien?» Arrêté lui aussi, Lucius partagea le témoignage de la foi avec Ptolémée.
Commémoraison des saints martyrs Ptolémée, Lucius et un autre compagnon. Comme le rapporte saint Justin, chrétiens éprouvés de Rome, ils furent condamnés à mort, vers 160, sous Antonin le Pieux par le préfet Lollus Urbicus, pour lui avoir reproché une vie dissolue ou une sentence injuste.
Martyrologe romain
LE MARTYRE DE SAINT PTOLÉMÉE ET DE SES COMPAGNONS. A ROME, L'AN 160
Saint Justin entame sa deuxième Apologie par le récit d'un petit drame domestique qui rentre dans notre sujet. Les personnages appartiennent tous à la bourgeoisie, et l'épisode n'en est que plus curieux par la lumière qu'il jette sur cette classe intermédiaire, moins oonnue de nous, car d'ordinaire les littérateurs contemporains préfèrent choisir des modèles d'un relief bien marqué, parmi les grands ou dans les basses couches de l'humus populaire. La tragédie bourgeoise rapportée par l'apologiste fait partie d'un écrit dont e l'authenticité a été mise en doute pour des raisons insuffisantes ».
Voyez Dom MARAN, Opp. Justini, Apol. II, 2, et OTTO, Corp. Apologet., vol. I. — EUSÈBE, Hist. eccl., IV, 17. — DODWEL, Dissert. Cyprian., XI, 33. — Il faut probablement (voy. les § 2 et 15 de l'Apologie) rapporter cet écrit au règne d'Antonin, ceci est d'accord avec le cursus honorum de Lollius Urbicus (NOEL DES VERGERS, Essai sur Marc-Aurèle, p. 54. AUBÉ, Saint Justin, p. 30-33, 68 et suiv. ; CAVEDONI, Cenni(1855 et 1858), Sentenza diffinitiva (1856) ; BORGHESI, Oeuvres, VIII, p. 585 et suiv., voyez aussi 503 et suiv.) — RENAN, Origines du Christianisme, t. VII, p. 486, note. — P. ALLARD, Hist. des Perséc., t. I, p. 318 et suiv. — HARNACK, Gesch. der altchr. Litt., I, n, 99 et suiv. — BARDENHEWER, Patrologie(éd. all.), p. 98, donne une bibliographie copieuse que l'on peut compléter avec KRUGER, Grundriss der Theolog. Wissensch., p. 65. — BATIFFOL, La littérature grecque, p. 95 et suiv., et les répertoires CHEVALIER et RICHARDSON. — LIGHTFOOT, Ignatius,I, p. 509, propose la date 155-160, en s'appuyant sur BORGHESI, t. VIII, mais dans le dernier volume des oeuvres complètes (1884), BORGHESI incline vers une date plus ancienne. — RAMSAY, The Church in the roman Empire, 152.
LE MARTYRE DE SAINT PTOLÉMÉE
Il y avait à Rome une femme qui avait vécu avec son mari dans une honteuse débauche. Mais elle reçut la doctrine du Christ et renonça à ses désordres ; elle devint modeste et entreprit de persuader à son mari de vivre d'une manière plus réglée. Elle lui parlait de la doctrine de Jésus-Christ, et lui montrait dans l'avenir les feux éternels réservés à ceux qui déshonorent leur corps par des souillures que la raison condamne. Mais cet homme, sourd aux sages conseils de sa femme, continuait à rechercher des plaisirs illégitimes.
Sa femme résolut donc de se séparer de lui, mais soucieuse de l'autorité de son père et de ses parents, qui lui conseillaient de prendre patience, dans l'espoir qu'il se produirait quelque changement chez son mari, elle y consentit avec répugnance. Mais enfin, ayant appris que, dans un voyage qu'il avait fait à Alexandrie, il s'était jeté dans des désordres encore plus révoltants, elle craignit que si elle demeurait plus longtemps avec lui, elle ne se rendît complice de ses crimes ; elle lui envoya des lettres de divorce et s'éloigna du domicile conjugal, Alors cet homme, qui aurait dû se réjouir de voir sa femme, qui avait renoncé aux excès d'autrefois, s'efforcer de l'en retirer lui-même, au lieu de respecter l'action en divorce, il l'accusa d'être chrétienne. Elle eut d'abord recours à la justice de l'empereur ; elle lui présenta une requête, sollicitant la liquidation de ses affaires domestiques et promettant de répondre ensuite à l'accusation qu'on avait intentée contre elle ; ce qui lui fut accordé. Son mari, ne pouvant plus rien contre elle, tourna sa haine contre un nommé Ptolémée, qui avait donné à cette femme les premiers enseignements de notre religion. Il obtint, d'un centurion de ses amis, de s'en saisir et de ne l'interroger que sur un seul chef, savoir s'il est chrétien. Ptolémée, homme loyal et dont l'âme candide ne pouvait souffrir le moindre déguisement, répondit sans hésiter qu'il était chrétien. Là-dessus le centurion le traita avec une extrême dureté et le retint longtemps dans une obscure prison. Enfin, Ptolémée comparut devant le préfet Urbicius, qui ne lui demanda que cette seule chose, s'il était chrétien. Lui, qui était persuadé que la doctrine de Jésus-Christ est une source féconde de toute sorte de biens, répondit pour la seconde fois qu'il était chrétien. Au reste, quiconque désavoue la religion chrétienne ne le peut faire que par deux motifs : ou parce qu'il la croit indigne de lui, ou parce que ses moeurs le rendent indigne d'elle. Or, ni l'un ni l'autre de ces motifs ne peut agir sur un véritable chrétien.
Comme on conduisait Ptolémée au supplice, Lucius, qui était chrétien comme lui, fut touché d'un jugement si inique; il alla aussitôt trouver Urbicius : « Quelle est donc cette justice, lui dit-il en l'abordant, qui te fait condamner un homme à perdre la vie, parce qu'il porte un nom qui t'est odieux ? Quoi ! sans être ni adultère, ni homicide, ni ravisseur du bien d'autrui, ni coupable d'aucun crime! Un pareil jugement est indigne de l'empereur, du philosophe fils de César et du Sénat.
— Tu m'as bien l'air d'être un chrétien toi aussi, dit le préfet.
— Oui, dit Lucius.
Le préfet l'envoya au supplice. « Je rends grâces de ce qu'on m'ôte au plus méchant de tous les maîtres, pour rue donner au meilleur de tous les Pères et au Roi du ciel. » Un troisième chrétien étant survenu partagea la mort des deux premiers.
LES MARTYRS. Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du Christianisme jusqu'au XXe siècle, traduites et publiées Par le R. P. Dom H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough, TOME I Les Temps Néroniens et Le Deuxième Siècle. Précédé d'une introduction. Quatrième édition. Imprimi potest. Fr. Ferdinandus CabroL, Prior Sancti Michaelis Farnborough. Die 4 Maii 1903. Imprimatur. Turonibus, die 18 Octobris 1920. P. Bataille, vic. gén. ANIMULAE NECTAREAE EORGINAE FRANCISCAE STUART
Ptolomaeus (Ptolemy) and Lucius MM (RM)
Died c. 165. The Roman Ptolomaeus was sentenced for teaching the catechism and converting a woman who had previously engaged in unspecified sexual sins with her husband. Her husband wanted to continue their indulgence; therefore, the woman requested a divorce. Consistent with Saint Paul's admonition, her friends persuaded her to remain with her husband in the hope of bringing him to faith. Word came from Alexandria that his behavior was worsening, so she finally issued a declaration of dissolution. Her husband filed a complaint against her for leaving him without his consent and reported that she was a Christian. He also persuaded a centurion to ask Ptolomaeus whether he was a Christian. The honest man, upon answering that he was, was put in chains and imprisoned for a long time until he was taken before Urbicius. He again confessed that he was a Christian because he was "fully aware of the benefits he enjoyed because of Christ's doctrine." When Urbicius ordered him to be executed, the Christian bystander, Lucius, protested that Ptolomaeus had not been convicted of adultery, fornication, murder, clothes-stealing, or any crime. "Your sentence, Urbicius, does not befit the Emperor Pius nor his philosopher son [Marcus Aurelius] nor the holy senate." Urbicius answered, "I think you too are one of them." Lucius responded, "Indeed I am." Thereupon, he too was executed. Their passion under Antoninus Pius is recounted by Saint Justin Martyr, their contemporary (Benedictines, Encyclopedia, Farmer).